Je m'excuse d'être aussi long…
Le regretté Pierre Dac ironisait avec cette citation, qui est pour moi superbe : « Si Dieu existe s'il le prouve, s'il n'existe pas qu'il est courage de l'avouer ! »
Pas facile de faire une synthèse sur un gros livre aussi riche en informations en la matière.
Boris Cyrulnik, neuropsychiatre de renom, au langage très accessible, connaît son sujet et le maitrise parfaitement bien, en fournissant beaucoup d'exemples.
Je ne rentre pas dans les détails, je fais un résumé général suivant mon ressenti.
Boris Cyrulnik nous éclaire sur les besoins psychiques qu'a l'Homme de croire en un être suprême. Et que l'esprit humain est finalement très complexe et est un « grand fabriquant de Dieux. »
Que dans toutes les civilisations et dans toutes les cultures, les Hommes ont eu et ont besoin de se sentir en sécurité et apaisés, pour répondre aux questions récurrentes de leur existence.
Et que la croyance à un Dieu « régisseur » de toutes choses visibles et invisibles, calmera leurs angoisses existentielles.
Et
Boris Cyrulnik va même plus loin dans ses réflexions. Il avance que l'être humain, par son essence, est condamné à trouver en son Dieu, un « maître absolu », qui est au-dessus de toutes lois terrestres, un Dieu à la fois Créateur, Amour, Juge, Punisseur et bien sûr Rédempteur.
La grande raison à cette Croyance, c'est que beaucoup gens, de groupes, de populations ne supportent pas la représentation de « rien ». Et qu'anxieux par le vertige du vide, ils se dépêchent de mettre des récits fabuleux et religieux à la place du néant, pour leur propre équilibre mental.
Un processus de défense qui est inné depuis le plus jeune âge.
Pour le neuropsychiatre, il y a « une croyance » dans chaque individu, qu'elle soit d'ordre religieux, d'ordre spirituel, ou d'ordre d'un idéal politique.
Même les athées ont leurs croyances puisqu'ils croient que Dieu n'existe pas, tandis que les agnostiques pensent qu'on ne peut pas savoir.
Pour beaucoup des patients observés par le neuropsychiatre, cette croyance à Dieu agit comme une substance hallucinogène qui provoque des modifications de la conscience. L'individu entrera dans une sorte d'euphorie, ou de contemplation ou d'extase qui lui donnera une intense sensation physique.
Mais pour une majorité de croyants, leur attachement à Dieu est souvent accru dans un état de crise, à la rencontre de situations d'insécurité, d'évènements dramatiques ou de la perte d'un être cher.
Et cet attachement sera d'autant plus fort lorsque les individus se retrouvent proche ou face à la mort. Cette mort légitime et angoissante qui poussée à l'extrême, peut devenir pathologique.
D'après de sérieuses études menées, 80% les personnes interrogées se réfèrent à Dieu. Elles affirment que leur foi les aide dans la vie de tous les jours. La croyance religieuse pour ces personnes est donc « un moteur » qui leur permet de traverser toutes les épreuves rencontrées dans une vie
Boris Cyrulnik explique aussi et entre autres, le processus de l'endoctrinement.
Il prévient que des individus plongés dans une errance psychologique, qui ont besoin d'une réassurance, basculeront dans une exaltation trop contemplative avec Dieu. Une exaltation qui petit à petit altérera leur perception de la réalité.
Et que cette modification de l'état psychique d'un sujet mène inéluctablement au fanatisme extrémisme religieux, qui a traversé l'histoire des hommes et qui a causé tant de souffrance.
Je me souviens d'une émission, où Éric-Emmanuel Schmitt, en réponse à la l'exubérante
Marie Darrieussecq, avait eu cette phrase magnifique :
- « Ce n'est pas la croyance qui est dangereuse, mais c'est la façon de croire qui l'est ! ».