La version "roman" m'avait bien plu et j'ai voulu tester la version graphique. Il m'a fallu du temps avant de pouvoir le faire, mais c'est chose faite.
Si les graphismes, au départ, m'ont un peu déstabilisées, surtout celui de la grand-mère, toute petite, après, je m'y suis habituée et j'ai particulièrement apprécié les dessins des souris.
Le côté dramatique est particulièrement bien rendu : un petit garçon a perdu ses parents, le voici orphelin, avec pour seule famille sa grand-mère, déjà âgée, aux manières peu orthodoxes (elle fume le cigare et joue au casino). La vie est injuste, dès les premières pages, on nous le rappelle.
Sa mamy va alors lui raconter une drôle d'histoire avec des
sorcières, mais des vraies, pas comme celles accusées injustement d'en être. Là, j'ai retrouvé les explications que je venais de lire dans le livre de
Mona Chollet "
Sorcières" et en fin d'ouvrage,
Pénélope Bagieu remercie justement Mona Cholet…
Bien vu d'avoir ajouté ces explications afin de bien discerner les pauvres femmes accusées de sorcelleries parce qu'elles vivaient de manière indépendante et les vraies
sorcières qui ne sont que des espèces de femmes déguisées en femmes : perruques pour cacher leurs crânes chauves, gants pour cacher les doigts crochus, souliers à talons pour masquer leurs pieds sans orteils.
L'adaptation en bédé est réussie ! Les personnages sont touchants, plein de justesse, sans jamais sombrer dans le pathos et l'autrice a juste remplacé le gamin grassouillet qu'était Bruno Jenkins par une jeune fille intrépide et pleine de verve. Bien vu, le duo marche bien, il se complète et la jeune fille est plus dynamique que le gosse du roman (qui était raillé à cause de son poids et de sa gourmandise).
En 300 pages, l'autrice arrive à replacer tout ce qui était important dans le roman, à commencer son histoire doucement, à poser les décors, avant d'envoyer le gamin et sa mamy dans un hôtel anglais, au bord de la plage de Brighton, où notre jeune garçon va rencontrer son destin et faire basculer celui d'autres personnes.
C'est enlevé, dynamique, les dessins sont parfaits pour cet album, on s'attache à cette petite grand-mère aux lunettes énormes, à l'épaisse chevelure mauve, qui n'arrête pas de palabrer et d'appeler son petit-fils par toute sorte de petits noms d'animaux.
Attention, le récit est noir ! Déjà que nous avons un orphelin, une grand-mère qu'il a peur de perdre (elle est âgée, mais ne le dites pas devant elle), qu'il a peur des
sorcières et que ces dernières ne veulent pas moins éradiquer tous les enfants de la surface de la planète !
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