La chère et l'esprit propose un voyage à travers l'histoire des valeurs, des symboles, des significations de la nourriture et de la table dans la culture chrétienne. Dans cet essai, l'historien italien montre comment le christianisme, pour se démarquer du judaïsme, n'a pas imposé de réels tabous alimentaires mais a développé toute une gamme de traditions et d'obligations qui ont évolué au fil du temps.
C'est un voyage passionnant, instructif et parfois amusant mais qui n'a pas été de tout repos pour moi qui ne lis jamais d'essai. D'après la 4ème de couverture, l'auteur fait preuve d'une " remarquable simplicité ", c'est ce qui m'a incitée à faire cette lecture mais j'ai quand même eu quelques difficultés à aborder son texte malgré tout l'intérêt que je porte au sujet. C'est parfois très savant, truffé de références philosophiques et religieuses qui me sont étrangères et les nombreux renvois aux notes en fin d'ouvrage ne facilitent vraiment pas la lecture. Si je n'ai pas tout assimilé, j'ai cependant apprécié de lire cet ouvrage repéré lors d'une opération masse critique. Merci à l'éditeur et à Babelio pour cette découverte enrichissante !
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Voici une lecture savante, ça fait du bien de temps en temps. J'y ai beaucoup appris sur certains points, notamment le rapport à la viande au cours de l'histoire chrétienne, l'histoire du jeûne... L'auteur est très bien documenté et ça fourmille de références.
Mais...
J'ai en fait trouvé l'ouvrage assez inégal. Certains chapitres m'ont passionnée, d'autre ennuyée, et je n'ai pas trouvé de fil conducteur. On passe d'un thème à l'autre sans comprendre le déroulé logique de l'argumentaire. N'ayant pas été au catéchisme, de nombreuses références me manquaient. J'aurais aimé y apprendre pourquoi les Chrétiens mangent de l'agneau à Pâques, pourquoi Mardi Gras et le Carême, etc. La 4e de couverture nous annonce "une remarquable simplicité", "un sujet d'actualité", mais le livre traite plutôt de la vie monastique au Moyen-Age et des débats entre ermites.
Je remercie toutefois les Editions Alma de m'avoir offert ce livre dans le cadre de Masse Critique, de m'avoir donné l'occasion de faire une lecture intelligente.
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Dans un essai limpide et évocateur, l’historien Massimo Montanari explique comment des règles morales de nutrition ont peu à peu investi une religion très permissive à l’origine.
Lire la critique sur le site : Liberation
(l'auteur cite Ovide, qui lui-même cite Pythagore, p62)
Abstenez-vous, ô mortels, de contaminer votre corps avec de la nourriture impie! [...] La terre généreuse vous procure tous les biens de Dieu et vous offre des banquets sans besoin de tueries et de sang. [...] Ah! Quel crime immense que d'engloutir des viscères dans ses viscères, d'engraisser un corps goulu en y entassant un autre corps, de vivre de la mort d'un autre être vivant!
"Il n'existe pas de modèle alimentaire chrétien. On rencontre des chrétiens omnivores et des chrétiens végétariens; des chrétiens obsédés par le péché de gourmandise et des chrétiens qui vivent sereinement leur rapport à la nourriture; des chrétiens indifférents à ce qu'ils mangent et des chrétiens qui considèrent la table comme le lieu central de la vie : autant d'attitudes et de choix déclinés dans toutes les directions possibles et dont aucun, en réalité, ne peut vraiment se déclarer "chrétien" parce que la tradition chrétienne, a priori, ne prévoit pas de contraintes dans ce domaine."
La condamnation de Luther fut tout aussi nette: "Comme le père dit à sa famille: "soyez attentifs à ma volonté; pour le reste, mangez, buvez, habillez-vous comme bon vous semble", ainsi Dieu ne se soucie-t-il pas de ce que nous mangeons ni de la façon dont nous nous habillons." (p136)
Massimo Montanari - La chère et l'esprit : histoire de la culture alimentaire chrétienne