Quelle déception, mais quelle déception après avoir tant aimé "La Horde" !
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Les Furtifs" est une interminable ode pseudo-poétique à l'anarchisme, métissée de ZADisme et minée par les effets de styles aussi innovants que boiteux et illisibles.
Pourtant, il y a un imaginaire très intéressant, une critique globalement saine des dérives de notre société capitaliste et technologique. Mais le problème, c'est ce qu'
Alain Damasio nous propose pour la combattre : un bordel sans nom où tout, du récit jusqu'au langage même, est foulé au pied, reconstruit sans aucune authenticité. Honnêtement, on dirait parfois un gros délire sorti tout droit du cerveau perché d'un ZADiste de Notre-Dame-des-Landes à quatre heures du matin.
Je respecte et j'ai de l'admiration pour cet auteur qui a le mérite d'être unique, de posséder un monde et un langage propres, mais j'ai souffert ici d'une vraie désillusion.
La quête de cette fille disparue fut mon seul point d'accroche après les 250 pages initiales que j'ai accepté d'endurer par respect pour mon excellent souvenir de "La Horde". Mais tout cela fut vite oublié et terminer ce livre, je dois l'avouer, fut un calvaire que je me suis infligé seulement, encore une fois, car je n'acceptais pas d'y croire...
Un personnage du nom de Toni Tou-fou mêle français, anglais, arabe et parler voyageur dans le roman. On sent bien que c'est ce genre de métissage dont rêve l'auteur dans son imaginaire pour notre monde. Pourquoi pas. Mais alors, c'est tellement peu crédible, si éloigné de nous, des rebeus et des manouches que je connais, que tout le discours politique devient abscons, et toute proposition inféconde...
Ainsi ne soyez pas surpris de n'y trouver qu'une immense critique de notre méchante société et civilisation occidentale, et bien entendu, un regard si bienveillant à l'égard de tous ceux qui viennent d'ailleurs, quelle que soit leur culture.
Mon conseil : si vous n'adhérez toujours pas au bout de 200 pages, il sera peut-être bon de ne pas insister.
Je regrette d'avoir des mots si durs pour cette oeuvre et je souhaite vraiment qu'
Alain Damasio continue de nous parler avec son coeur et sa débordante imagination - que cela me plaise ou non n'a pas d'importance. On ne m'y reprendra simplement pas.