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3,9

sur 2173 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Les Furtifs parle d'une société en quête de repaires, proche de la nôtre, une France de 2040 aliénée par la technologie et le marketing. Sous sa forme alarmiste, Alain Damasio joue avec les mots et les ruptures linguistiques. On passe d'un narrateur à un autre, d'une vision du monde à une autre. le style de l'écrivain plaît ou ne plaît pas. Alain Damasio, notamment au travers de ses êtres invisibles que sont les Furtifs, cherche à trouver un point de fuite face à un monde trop technologique.
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En 2041, le monde a un peu changé, il s'est déplacé quelques vertèbres de plus. La digitalisation des processus a progressé, nous sommes des citoyens-clients bagués (pour notre bien grâce au self-serf vice), de nombreuses grandes villes sont privatisées et découpées en zones (premium, privilège, standard) hormis quelques VAG (Villes Auto Gérées) comme Nantes, et le phénomène urbain des furtifs prend de l'ampleur : une nouvelle forme de vie qui échappe aux radars et à la majorité des flicages technologiques. Est-ce une légende ou un fantasme ? Des équipes de l'armée commencent à s'intéresser de plus près à leur cas, à ces êtres de chair évolutive et de sons mal audibles, aux grandes capacités de métamorphose. C'est le cas de la Meute du Récif (pour Recherches, Etudes, Chasse et Investigations Furtives) qui se consacre à la traque de ces furtifs. Lorca vient de l'intégrer, dans un objectif très personnel : retrouver la trace de sa fillette disparue deux ans auparavant....

Les furtifs est un gros roman dystopique, qui est riche de mille idées, d'une pléiade de concepts attribués à un possible futur, de plein d'innovations typographiques également. Il m'a bien fallu la moitié du roman pour commencer à m'y faire, pour vaincre ce vocabulaire techno-spécifique, ces longs chapitres initiaux de traque, d'entraînement, qui m'ont semblés flous voire indigestes. A la moitié du roman, l'histoire se concentre sur une recherche, celle de Tishka, et les personnages sont davantage cernés. L'auteur joue sur la typographie avec des caractères spécifiques pour chaque personnage, qui prennent la parole à tour de rôle, et des vocabulaires également différents.

C'est dans la poésie et la musicalité aussi de certains passages que j'ai apprécié suivre Lorca et son ex dans cette quête ultime, dans le rapprochement opéré sur une dimension nouvelle, quasi imperceptible. Bien sûr, en filigrane on lit la projection dans un monde qui précipite les êtres dans la marchandisation à outrance ou vers la radicalité de la fuite. Les altermondialistes ont dû s'adapter, travailler à échapper à la surveillance multi-sensorielle, s'inventer un monde hors sol, dans les hauteurs, en brouillant la géolocalisation. Les sons ont une grande importance dans le récit, la lumière aussi. Un roman vertigineux, érudit
Lien : http://chezlorraine.blogspot..
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Alternant scènes d'action et disgressions socio-politico-philosophiques, l'auteur (dont je n'ai rien lu d'autre) m'a tenu en haleine jusqu'au bout. Son point de vue sur l'emprise des réseaux sociaux et la réduction des libertés humaines via les objets connectés est glaçant. C'est pour moi la force première du livre. Alain Damasio n'a pas inventé un univers inédit, c'est pire : il a observé, analysé notre quotidien de tracés-captifs… Il transpose avec maestria notre aujourd'hui dans un demain tout proche. (On entend souvent, et il développe ce paradigme : « si c'est gratuit, c'est que VOUS êtes le produit ».) Les chapitres sont consacrés tantôt à une thématique particulière, tantôt à la progression de l'intrigue, alourdissant quelque peu le rythme. Néanmoins, le style est inventif, riche, un brin répétitif à la longue (allitérations, anagrammes, néologismes… pullulent) ; la typographie est au service de ce style… : depuis longtemps je n'avais pas été surpris par la forme d'un roman d'anticipation.
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Histoire très originale et captivante. Elle interpelle sur le choix de société humaine malgré nous et nos contradictions (plus de sécurité = plus de contrôle = vie encadrée). le furtif est une opportunité de contrôle supplémentaire pour la gouvernance, un thème d'actualité... Il faut cependant s'accrocher tant la lecture est ardue (syntaxe, accentuation, forme...).
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Les fifs ils font peur, est ce le danger? Ou au contraire sont ils l avenir?
Une aventure passionnante dans un futur possible et proche avec ses technologies auxquelles on offre toutes nos liberté et ce rebelles venus parfois du ciel
Lecture étonnante, c est un pavé mais j étais contente de le lire
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Un début excellent. Une lecture agréable, mais parfois des lenteurs dans le récit... ce qui nous gâche le plaisir.
La construction du livre en soi est dommage. J'ai eu l'impression qu'au final, les furtifs sont une excellente idée mais qu'ils ne sont as assez exploitées, ou mal je ne sais pas. La dernière partie est sympa mais assez décousue par rapport au reste de l'histoire. On a envie d'y croire mais un certain aspect ne marche pas avec le ministre qui devient seulement dans cette partie là un ennemi notoire. Pourquoi ne l'a t-il pas été avant ?
La France décrite est excellente. On se rapproche beaucoup de la Zone du dehors par aspect et ce n'est pas pour me déplaire.
J'ai lu cet ouvrage comme un hommage de Damasio aux ZAD et à ce qui se crée dans ces endroits. Ce sont des lieux de débats, de constructions et d'imaginations du futur. Des endroits précurseurs d'à venir, dans la résistance comme dans l'espoir. Et on retrouve cette énergie dans ce livre.
Seulement, le fait d'avoir surtout retrouvé ça m'attriste un peu. Car Je n'ai pas voyagé comme dans la horde. Ce dernier est un ouvrage tellement complet qu'en fait, il est quasi-impossible de retrouver le souffle que j'y avais inspiré.
Mais comme objet de débat, quel roman que "les furtifs". Pour anecdote, un extrait est présent dans un manuel de français pour étranger que j'utilise. Il y est présenté la relation à la ville et aux entreprises. Extrait difficile à comprendre pour mes étudiants mais point de départ de discussions intéressantes.
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Quelle expérience intense que la lecture de ce roman ! L'impression d'avoir entre les mains un livre organique, qui respire, vibre, souffle, palpite, et qui nous communique son flux ; l'incroyable pouvoir des mots de Damasio.
On est en 2041, dans l'antique ville d'Orange "libérée" en 2028 -c'est à dire privatisée et rachetée par... Orange, après sa faillite et le désengagement de l'Etat. La ville est une smart-city qui ferait rêver n'importe quel adepte de la start-up nation, peuplée d'habitants catégorisés selon leur forfait-citoyen : privilège, premium ou standard -les autres étant invités à vivre ailleurs. On suit Lorca, ancien sociologue communard reconverti en chasseur de furtifs, séparé de sa femme Sahar, proferrante dans les quartiers démunis depuis la faillite de l'Education nationale. Leur couple a explosé lorsque leur petite fille, Tishka, a disparu. Mais au fait, qu'est-ce donc qu'un furtif ?
C'est ici que la poésie la plus explosive d'Alain Damasio s'harmonise avec l'anticipation la plus crue. L'auteur invente une nouvelle espèce, une forme de vie d'une beauté absolue que l'oeil humain ne peut pas voir -sous peine de la céramiser (la réduire en poterie) : le furtif. Evidemment, une telle découverte ne peut pas échapper à l'armée, qui a tout intérêt à découvrir le secret de ce pouvoir extraordinaire qu'est la liberté de fuir toute tentative de détection et de traçage.
Sur 900 pages, on suit donc la quête de Lorca et de son équipe de chasseurs, leurs questionnements et remises en question. Impossible d'en dévoiler davantage, si ce n'est que l'on croisera une foule de personnages bizarros, des insurgés épris de liberté dans une société flippante de connectivité, d'intelligence artificielle et de virtualité.
La smart-city imaginée par Damasio me paraît terriblement proche de ce qui nous attend, et j'ai pris plaisir à cette démonstration implacable de l'emprise du néolibéralisme sur notre environnement, notre existence et notre esprit. Heureusement, il y a la beauté transcendante des furtifs -et je me surprends à espérer qu'ils existent vraiment, juste pour rendre la vie plus supportable. Enfin, il y a le style Damasio, qui joue avec les mots et les sons, invente une nouvelle langue et de nouveaux signes, et c'est un enchantement à lire ! J'avais l'impression que mon esprit s'ouvrait et se déployait davantage, au fur et à mesure que je tournais les pages et découvrais une nouvelle poésie-fantaisie des mots et une nouvelle conception du monde, un peu à l'instar des personnages.
Seul bémol : l'histoire d'amour entre Lorca et Sahar, et celle de leur amour fou pour Tishka, qui donnent un petit coup de mou au roman dans son deuxième tiers. du moins, mon âme endurcie y a été moins sensible.
Ca reste néanmoins un livre incroyable de force et d'inventivité, de beauté et de poésie, de folie, de liberté, d'émotion et d'intelligence. Eblouissant.
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Après l'éblouissement qu'a été "La Horde du Contrevent", je ne pouvais pas en rester là avec M. Damasio. Et malgré les nombreux avis comparant à son désavantage "Les furtifs" à "La Horde...", malgré les signalements, même, d'abandons, j'ai décidé de voir par moi-même. Et j'ai bien fait…
Alors oui, ma lecture des "Furtifs" a parfois été laborieuse parce que c'est un roman dense, voire par moments exigeant, et je garde une préférence pour La Horde, qui nous emmène dans un univers inédit, source d'un intense dépaysement. Mais c'est bel et bien un coup de coeur tout de même que j'ai eu pour ce roman d'une richesse inouïe.

2040. Les progrès technologiques dans le domaine de la défense militaire ont quasiment délivré le monde de tout conflit. Faut-il s'en réjouir ? Sans doute… ceci dit, le monde que nous fait explorer Alain Damasio -qui n'est pas si éloigné du nôtre, dont il n'est finalement qu'une extrapolation très fortement inspirée de l'orientation prise par nos modes de vie actuels- ne fait pas très envie. Les nations ont basculé dans la seule guerre mondiale résiduelle, celle des marchés. Les grandes villes de France, en faillite, ont été vendues à des multinationales, à l'instar d'Orange, où se déroule l'intrigue, rachetée par le groupe de télécommunications du même nom.

Les communes ainsi privatisées sont gérées selon ce que l'on pourrait comparer à un système de castes, la population se divisant en trois catégories de citoyens dont seuls les plus riches peuvent accéder aux territoires les mieux aménagés, les plus sécurisés de leurs villes, par ailleurs débarrassées d'une bonne partie de la population la plus pauvre grâce à la suppression des aides sociales.

C'est un monde où tout se paye -les services publics n'y sont plus qu'un lointain souvenir -, ultra digitalisé, efficace et aseptisé dont l'organisation sur le modèle de l'open-space permet une visibilité maximum. Tout -les déplacements, les communications, les émotions- y est scanné, tracé, par un système d'intelligence ambiante permettant à l'informatique d'essaimer partout : en plein air, dans les rues, sur le mobilier urbain, dans les services rendus aux habitants ou encore dans le système de gestion des transports. Il n'y a plus d'intimité ni d'anonymat, et le harcèlement commercial est constant.

Une dictature, en somme ? Pas vraiment, dans la mesure où ce système est majoritairement accepté, avalisé par les citoyens, car il répond à leurs rêves d'un monde bienveillant, attentif à leurs corps et à leurs esprits stressés. En les protégeant, en les choyant, en les assistant, en corrigeant leurs erreurs, il crée, par le confort et le bien-être qu'il procure, une addiction, et alimente l'engrenage d'un cercle vicieux. L'interfaçage extrême des rapports que les individus entretiennent avec leur environnement les coupe du monde, les réduit à n'être plus que des îlots dans un océan de données, provoquant un manque qu'ils compensent à l'aide d'encore plus de technologie, par le lien à des objets, en parlant à dispositifs qui rassurent, et distancent en même temps davantage… le repli dans ce techno-cocon qui offre l'absence de toute confrontation à la frustration plonge dans un état de béatitude passive, mortifère, et annihile toute imagination.

On compte pourtant quelques rétifs à ce mode de vie, les membres de rares communautés subsistant coupées de la technologie et entretenant des rapports non lucratifs, basés sur la bienveillance et la confiance, des activistes nomades qui parcourent la ville dans la clandestinité : tagueurs couvrant les murs de leur art ou squatteurs poétisant pour exprimer d'autres possibles par leur liberté joyeuse et transgressive.

Lorca Varèse a fait partie de ces "dissidents". Ce quadragénaire ouvert et liant a longtemps oeuvré à la constitution de petites collectivités vivant détachées du système. Son ex-compagne Sahar s'investit quant à elle en faisant oeuvre de "proferrance", dispensant en plein air -et illégalement- un enseignement gratuit et itinérant à ceux qui n'ont pas les moyens de fréquenter une école devenue hors d'atteinte.

Mais Lorca et Sahar sont séparés, leur couple n'a pas survécu au traumatisme de l'inexplicable disparition de Tishka, leur fille de cinq ans. Sahar, portée par la volonté de faire un deuil dont dépend sa survie, ne comprend pas la folle obsession de Lorca, persuadé que sa fille s'est faite furtive… dans l'espoir -insensé- de la retrouver, il a intégré le Récif, seul centre spécialisé dans la chasse aux Furtifs, où il vient de terminer sa formation.

Nous y voilà enfin ! Car vous vous demandez surement, vous impatientant de ce long préambule, qui sont donc ces fameux furtifs…

Eh bien disons qu'ils sont eux aussi, intrinsèquement, des rétifs à ce monde d'ultra contrôle. Ce sont des êtres libres et invisibles, qui se nichent dans les angles morts de tout environnement, dans lequel ils se fondent avec une perfection qui relève de l'osmose. D'une mobilité inatteignable par l'homme, ils ont une faculté à surprendre, à innover, qui en persuadent certains qu'ils sont l'ultime étape de l'évolution du vivant, dont ils incarnent la forme la plus élevée car ils ont renoncé à la forme parfaite. Ils sont en tous cas les seuls êtres capables d'échapper à ce monde de l'hyper traçage, se métamorphosant sans cesse. Ce sont des forces, plus que des substances, et ils représentent l'essence de ce que beaucoup de nombreux hommes ont perdu en se soumettant aux diktats de la technologie.

Pour beaucoup, les Furtifs ne sont qu'une légende urbaine. Mais bientôt, la rumeur de la preuve de leur existence les met en danger, car rien ni personne ne doit pouvoir se cacher…

J'en ai dit à la fois beaucoup et bien peu, et ce n'est qu'en le lisant que vous prendrez la mesure de ce roman foisonnant, à l'intrigue haletante, dont les thématiques, qu'elles soient sociétales ou individuelles -la perte, le deuil, l'amour parental- sont traitées avec sensibilité et profondeur. La forme est comme le fond d'une extraordinaire richesse, le texte étant porté par plusieurs voix, toutes singulières, l'auteur nous gratifiant d'une verve inventive et flexible mais parfaitement maîtrisée, quitte à se réapproprier les mots et à les tordre pour en faire dégorger le sens.

C'est beau et énergique, moderne et poétique, débordant de sons, de couleurs, d'émotions, comme une ode passionnée à la vie et à son imperfection, que menacent notre mépris du vivant et notre phobie de l'imprévisible.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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C'est beau, c'est émouvant, non bouleversant. L'écriture, les personnages, leurs histoires, l'anticipation, les interrogations qui sont amenées, l'espoir. Tout ce que j'aime. Une belle découverte.
J'ai particulièrement apprécié cette forme de narration à la première personne qui permet de s'attacher à de nombreux personnages et ces furtifs à l'exacte opposé de la société dans laquelle ils évoluent par leur invisibilité et par les liens qu'ils créent car ils ne sont que création alors que la société fait au contraire perdre à l'être humain toute son imagination.
Merci Alain Damasio. C'était mon premier. Je vais m'empresser de découvrir les autres livres.
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Je n'avais jusque là jamais lu Alain Damasio et j'aurais sincèrement préféré le découvrir avec sa célèbre Horde du Contrevent mais Prix Imaginales des Bibliothécaires oblige, j'ai plongé tête la première au milieu des Furtifs et le moins que l'on puisse dire, c'est que j'ai failli me noyer plus d'une fois ! Après 4 mois de lutte entre moments passionnés et ennui profond, j'ai enfin tourné la dernière page de ce mastodonte.

Beaucoup d'encre a déjà coulé pour décortiquer en long, en large et en travers ce titre. Certains fans de Damasio de la première heure ont été déçus, d'autres ont salué ce nouveau coup de génie et enfin, et c'est ce que, personnellement, j'ai le plus retenu de tout ce qui a pu être dit sur le sujet : certains non lecteurs de science-fiction (voire réfractaires au genre) ont été embarqués. Ce que je trouve particulièrement intéressant même si, parfois, assez ridicule de ne surtout pas prononcer des mots comme “science-fiction” et “imaginaire” pour ménager “l'élite littéraire”.

N'ayant aucune prétention et aucun bagage pour la critique approfondie, je ne reviendrai pas sur tout ce qui a été dit d'un point de vue politique, sociologique, linguistique, étymologique et j'en passe. D'autres le font bien mieux que moi et je vous invite à aller les lire.
Je peux en revanche revenir sur les émotions, sensations et quelques modestes réflexions qui m'ont traversée pendant ma lecture.

J'ai été happée par la recherche de cette petite fille disparue. Son père, Lorca, devient chasseur de furtifs pour être au plus près, sur le terrain, car il est persuadé que sa petite Tishka a été enlevée par ces créatures invisibles et intouchables. L'espoir malgré les 2 années passées sans nouvelle et sans preuve, la quête effrénée, l'amour pur de ce père pour son enfant : c'est beau et c'est très puissant. Sahar, la mère, réagit complètement différemment à la disparition de sa fille et ne croit absolument pas en l'existence des Furtifs ; elle est passée à autre chose, semble avoir fait le deuil. Ses réactions sont différentes mais l'amour est là également. Ce lien familial, c'est beau. Vraiment.

J'ai été intriguée et très curieuse d'en savoir plus sur ces furtifs. Qu'est-ce que c'est ? Et surtout, est-ce qu'ils existent vraiment ? Et ont-ils un lien avec la petite Tishka ? Et pourquoi ? Les informations arrivent petit à petit, alors que les personnages progressent dans leur quête et font eux-mêmes des découvertes importantes. C'est l'élément “imaginaire” du livre, celui qui fait verser véritablement le texte du côté de la science-fiction. Et en même temps et paradoxalement, c'est aussi l'élément qui, en permettant la métaphore de la liberté, se raccroche le plus aux humains que nous sommes et à ce que nous aspirons (et aspirerions certainement si nous vivions dans une telle société, pas si éloignée d'un futur possible).

En revanche, j'ai souvent eu des coups de mou, ennuyée par certains passages interminables, répétitifs et, à mon goût, très poussifs dans la forme.
Je l'ai bien compris, Alain Damasio joue avec les mots, avec les symboles (pour preuve par exemple : le glyphe associé à chaque personnage), avec les sons (une bande sonore a été créée en lien avec le roman). Il créé un langage organisé, tout a du sens et chacune de ses figures possède une voix narrative très reconnaissable. MAIS, c'est parfois très LOURD à la lecture. Par exemple les passages dédiés à Toni (ou à Ner, je ne sais plus) écrits de façon très oralisante, dans une sorte d'argot urbain futuriste. Imbitable et insupportable. Pour tout avouer, je les sautais quasi systématiquement. C'est l'avantage d'avoir des paragraphes différents selon les personnages, stylistiquement très reconnaissables (également grâce aux symboles d'ouverture).
En plus de cette forme pas toujours très fluide à mon goût, le manque de subtilité m'a aussi un peu gênée. Politiquement parlant notamment. Je pense qu'on a tous bien compris quelles sont les convictions d'Alain Damasio (que je partage pour la plupart d'ailleurs) mais c'est un peu amené avec des gros sabots et pas mal martelé pendant 700 pages. La société de contrôle, le capitalisme, la privatisation de l'État… tout ça c'est vraiment pas joli joli. L'avenir est zadiste (et furtif) ou n'est pas. Au cas où vous ne l'auriez pas compris. Bref.

Pendant 4 mois, j'ai sans cesse oscillé entre intense passion et ennui profond. J'en conclus donc que si j'ai aimé la plupart des idées avancées par l'auteur et l'émotion palpable à bien des endroits, j'ai eu un peu plus de mal avec l'exécution générale choisie par Alain Damasio. Je lirai assurément La Horde du Contrevent, mais peut-être pas cette année, je vais attendre un peu avant de me replonger dans un autre monstre sacré.
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