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EAN : 9782371140639
288 pages
Envolume (26/10/2018)
4.59/5   35 notes
Résumé :
Mais que vient faire Caviani, l’artificier des Brigades rouges à Paris en 1979 ? Et pourquoi fréquente-t-il un certain Jacques ? Terrorisme et grand-banditisme la main dans la main ? Le Commissaire Fourrier a de quoi se faire du souci. D’autant plus qu’Ema l’a quitté. Alors Fourrier court après Caviani l’insaisissable, après la jeune Ema qui a disparu. Trois solitudes qui jouent au chat et à la souris dans un XXème arrondissement lunaire, dans une ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (33) Voir plus Ajouter une critique
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Sur l'un des rabats de la couverture, Pierre-Michel Pranville, directeur de collection aux éditions Envolume, s'interroge à propos de Palikao79 : est-ce un polar historique, un polar nostalgique ?
Après l'avoir lu, je dirai, à la lumière de la citation de Schopenhauer que Joël le rapin, un artiste-peintre, assène à Fourrier, que c'est un polar réparateur.
«Chacun aime ce qui lui fait défaut»
C'est le sens de la démarche de Dario, déjà dans la valise et le cercueil, puis aujourd'hui dans Palikao79, faire revivre des mondes qui n'existent plus.
On ne peut que souligner le talent de l'auteur dans la reconstitution minutieuse de l'atmosphère des années 1979-1980.
Lors de sa séance de dédicaces au Salon l'autre Livre, le 17 novembre, Dario a livré quelques unes de ses méthodes de travail, notamment son immersion dans la période sur laquelle il écrit, via le visionnage de films, de documentaires, d'actualités ou la lecture de romans de la période considéré.
«J'ai vécu pendant deux années en 1979-1980» dit-il.

Reconstitutions qui font le régal de ceux qui ont vécu ces époques. J'en suis. Et qui permettent aux plus jeunes de découvrir des événements et de sentir une odeur du temps qui ne leur seront jamais aussi bien servis.
Sans forfanterie ni exagération, les nombreuses références subtilement glissées dans le récit lui donne son corps, sa réalité, sa véracité.

Pour les choses de la vie, savon Fa, chewing-gum Chicklet, voitures Innocenti, Pacer, 504, R16 et R18, Gitanes et Zippo, Pall Mall sans filtre, Walkman Sony - j'ai acheté le mien en avril 1980 avec ma première véritable paye -
L'évocation de Lambert, un pompiste de nuit ex-flic, comme dans Tchao Pantin, collègue du commissaire Fourrier, est une évocation juste, pleine d'émotion et de respect de la façon dont Coluche a joué au cinéma le rôle de ce personnage de JP Manchette. On voit même à un moment du récit se profiler la silhouette de Richard Anconina courbée sur sa mob sous la pluie.

L'époque est caractérisée par ses outrances politiques, la chasse aux gauchistes, la Gauche Prolétarienne, Action Directe, les Brigades rouges, l'IRA, l'engouement pour la cause Palestinienne et la lutte contre la dictature en Argentine, les titres du journal ROUGE : «On fusille nos frères !», le retour des anciens de l'OAS sous Giscard, l'empathie dont bénéficient Jacques Mesrine et Spaggiari dans l'opinion.

Côté atmosphère, les bars le Sportif et l'Aviateur, le gastos Chez Odette, donnent au tabac la dimension sociale qu'il avait quand il mêlait son odeur douceâtre à celles de la cuisine, des boiseries patinées des comptoirs, des sols lavées à l'eau de Javel, des alcools vins fins, bières ou anis selon les cas. Une odeur aujourd'hui disparue.

Mais attention, le roman ne se réduit pas à un inventaire de références. Pour le bon mot, on ne sait dire à la lecture, si l'évocation de l'époque est au service du récit ou si le récit est au service de l'évocation de l'époque. C'est l'une des qualités du roman.

La construction du récit en est une autre. Un enchaînement nerveux de plus de quarante courts chapitres, calibrés et peaufinés avec soin - Dario est un artisan de l'écriture - nous permet de suivre les parcours croisés de Fourrier, le commissaire «en charge du groupe des gauchos à la PJ», de Marco Caviani, l'artificier des Brigades Rouges, d'Ema Waremme l'amante fugace de Fourrier.

Une course poursuite s'engage entre Fourrier et Caviani dont on ignore la raison de la présence en France. Dans la paranoïa politique de l'époque, on imagine des projets d'attentats connectés soit avec le grand banditisme soit avec des officines gauchistes, soit avec les deux. Seul Fourrier, avec l'aide de Didier Champi - un brigadier pied-noir - est capable de démêler cet écheveau, notamment grâce à sa pratique des interrogatoires, sa madrerie vis à vis de ses indics, sa capacité à s'extraire du quotidien.

«Le commissaire Fourrier ne croit ni aux arts ménagers ni au design, et pas toujours, aux tuyaux des indics.»

Les nombreuses scènes d'action, de planques, d'interrogatoires, soutiennent le récit avec réalisme. L'enquête policière proprement dite est entrecoupé de chapitres relatifs à la relation complexe entre Fourrier et Ema. Bien qu'ils fassent parfois retomber la tension, ces chapitres illustrent d'une certaine façon la dérive de deux êtres parallèle à celle des valeurs traditionnelles. Ils donnent une dimension humaine et faillible au personnage de Fourrier et permettent de comprendre ce qui le meut.

Mon avis : le livre se lit d'une traite. L'écriture précise et nerveuse de Dario maintient l'intérêt du lecteur. L'histoire restitue avec justesse, sans lourdeurs et sans longueurs, les avanies d'une époque qui marque la fin d'une période. Les chocs pétroliers ont mis à mal la croissance économique. La contestation politique et sociale s'affranchit des réseaux politiques et syndicaux traditionnels, notamment la CGT et le PC. le Gauchisme se radicalise et son action flirte avec le droit commun. le septennat de VGE finit en capilotade et n'assume plus son ambition de faire progresser la société française vers la Société Libérale Avancée promise par le candidat. L'enquête de Fourrier se situe dans ce substrat qui est rendu de façon très réaliste dans Palikao79.


PS : Côté vocabulaire, on citera l'utilisation des mots héliophanie, égrotant, nissart, sudète, orbe. Des mots aussitôt soulignés par mon correcteur Word, sauf orbe, qui existent réellement, je vous laisse le soin d'en découvrir la signification.

Le livre est aussi un bel objet : couverture à deux rabats intérieurs, positionnement élégant de la numérotation des pages. Merci aux éditions Envolume pour cette belle réalisation et pour l'accueil sur leur stand du Salon l'Autre Livre.
Lien : http://desecrits.blog.lemond..
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En 1979, les terroristes étaient européens, Brigades rouges, bande à Baader, Action directe,très politisés , version anti-capitalisme, ils n'en étaient pas moins meurtriers. C'est après un activiste italien Caviani, que l'inspecteur Fourier lance une traque. A petits pas la toile se tisse autour de cet artificier de génie . Une vedette, du grand banditisme est elle aussi, très recherchée par les flics de France et de Navarre.

C'est une bonne histoire de traque, bien menée et qui se termine par un final qui ne ménage pas le lecteur. Les personnages de flics et les moyens disponibles sont parfaitement adaptés à l'époque .

Il y a des plus, le clin d'oeil à Lambert le pompiste, les rappels du contexte,les pieds-noirs, l'OAS, les groupes gauchistes, la moustache de" beauf" et les tous débuts de ce qu'on appelait les trois H. Tous ces éléments rendent le récit plus crédible et palpitant.

Un gros bémol, Emma, ce personnage m'a laissée de marbre, très difficile pour moi de comprendre l'engouement de Fourier pour cette nana, du coup je trouve qu'elle prend trop de place dans la narration. Mais l'ensemble donne une lecture réjouissante. smilesmile

Merci aux éditions Envolume que je découvre au travers de ce titre grâce à masse critique.
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1979, Marco Caviani un terroriste membre des Brigades rouges est repéré à Paris. le commissaire Claude Fourrier a la délicate mission de découvrir ses intentions et de le traquer avant qu'il ne passe à l'acte.
Caviani est en rupture de ban avec l'organisation terroriste depuis une vendetta personnelle en Irlande du nord qui a fortement déplu.
Le commissaire n'est pas au mieux, il recherche Ema, avec un seul M, la femme qu'il aime, qui a disparu après l'avoir quitté.
Des contacts auprès d'anciens membres de l'OAS, l'infiltration des milieux gauchistes et l'aide précieuse de Lambert ancien flic à la dérive devenu pompiste de nuit ( il me semble que cela me rappelle ... ) permettent de remonter la piste de Caviani qui a été vu en compagnie d'un certain Jacques, figure du grand banditisme, association qui n'augure rien de bon.
Je dois avouer avoir été un peu perturbé au début de ma lecture par une écriture manquant un peu de naturel à mon goût, l'auteur usant souvent de figures de style imagées ( «l'horloge hache l'air glacial des cinq heures trente») comme s'il voulait se démarquer d'un trop grand classicisme, un peu au détriment du rythme et de la compréhension de l'histoire.
Je me suis également interrogé sur la pertinence de chapitres où la narratrice est Ema, passages hors du temps et de l'intrigue qui ralentissent le récit, mais qui prendront finalement tout leur sens dans un moment émouvant rappelant que pour certains, dans ces années là, un autre terrible combat commençait.
Peu à peu la traque qui s'intensifie laisse présager un affrontement inéluctable entre Fourrier et Caviani comme un western qui ne pourrait se terminer que par un face à face mortel.
Le final est tout simplement impressionnant, apothéose épique d'une tragédie en plusieurs actes, avec Caviani, Fourrier, Ema et Jacques en personnages confrontés à un destin inexorable. Oubliées d'un coup toutes les petites réserves que j'avais pu avoir au début de la lecture de ce roman, assurément noir, agréablement surprenant, et particulièrement convaincant.
Merci à Babelio et aux éditions Envolume pour cette lecture dans le cadre d'une opération Masse Critique.
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Quel bonne surprise que ce Polar des éditions Envolume : Palikao 79.
Ce roman raconte une histoire simple. Nous sommes à Paris en 1979. Fourrier, commissaire de police a deux obsessions. Retrouver Caviani, poseur de bombe italien qui serait à Paris pour commettre un sale coup. Et retrouver Ema, jeune femme pour laquelle il nourrit une forte passion.
Il va s'avérer que Caviani navigue dans les milieux alternatifs des squats de Belleville et Menilmontant , qu'Ema est hospitalisée, rongée par un mal mystérieux, et qu'elle pourrait avoir un rapport avec nos deux protagonistes principaux.
A mon humble avis, ce roman est une grande réussite, il parvient à recréer l'ambiance de la fin des années 70 en France. La guerre d'Algérie n'est pas très loin. Les moyens de communication sont restreints. le contexte politique est épineux.
Même si le fourmillement de détails n'est pas d'une exactitude absolue, on revit sans problème l'exaltation des concerts dans les squats et la traque minutieuse qu'opère le commissaire Fourrier dans un Paris glacial et délavé.
Intéressantes aussi les connexions mises en évidence entre le terrorisme international, le milieu du grand banditisme et les organisation gauchisantes qui tenaient les squats.
Le livre offre une belle diversité de situations qui mettent en scène des personnalités issues des ces populations.
Il faut aussi évoquer le style de Dario, auteur gagnant à être connu.
Il lorgne vraisemblablement vers les grands du néo-polar et on retrouve du Manchette dans l'approche radicale des situations ou du Pouy pour le goût des jeux de mots et des références.
Quoi qu'il en soit j'ai pris beaucoup de plaisir à tourner les pages de ce livre Envolume, dont l'édition est très soignée.
Je remercie donc Envolume et Babelio de m'avoir offert ce bon moment de lecture dans le cadre de l'opération Masse critique.
Et je jetterais dorénavant un oeil attentif aux productions de cette maison d'édition qui devrait être plus connue.
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Magistral, magnétique, ce roman policier habile, surdoué est une prouesse. le lire est indispensable. L'auteur Dario, par une plume digne d'un génie évident prouve par sa souplesse verbale ce qu'une réussite littéraire a de meilleur. le lecteur reste en haleine jusqu'au point final. le liant prend dans une ferveur policière où rien n'est laissé au hasard. C'est un roman fort qui se déguste à petites gorgées tel un café serré. le suspense est là posé sur les lignes où chaque mot prend racine pour renforcer le caractère rugueux de cette histoire. Et pourtant ! Les sentiments sont authentiques, sincères et vifs. Les traits des protagonistes des lumières qui perforent le gris du temps. Paris déchire son voile sombre et laisse passer subrepticement les battements de coeur en éclaircies de velours. On s'attache aux hôtes de cette histoire de renom. A Ema écorchée vive, fleur qui ne retient que la tendresse jusqu'au bout de ses cils. Au commissaire Fourrier, grand sentimental, solitaire et éperdument amoureux d'Ema. L'ambiance reste constante. Aucun soupir ne s'échappe d'un filigrane majeur. On ressent Paris, les courants d'air, les imperméables trempés et ce nuancé qui s'abat jusqu'aux regards des protagonistes. Caviani est l'homme à abattre. Ce mythique personnage emblème d'une période où Les Brigades Rouges semaient la terreur à fleur de ciel. Tout est au summum dans les ruelles abouties de l'auteur. On entend les claquements de portières, les pas pressés, les armes qui dévorent les causes et détruisent l'idéologie. Cette histoire est un cercle autour de 1979. Dans cette sphère où l'auteur renforce la puissance de ce policier par un levier des plus mesurés. L'écriture reste toujours divine, stylée. Elle parfume les pages. La page 233 est à apprendre par coeur tant c'est une merveille. le rythme est doux, ciselé, on sent la patte d'un brillant qui n'a pas dit son dernier mot. « La veille c'était la Toussaint. On le devenait au glissement de l'air à travers le papier cristal des bouquets de chrysanthèmes. Il flottait encore un parfum à la violette, un parfum de vieilles dames qui viennent annuellement brosser les pierres tombales avec des balais de crin. Les morts aussi ont le droit d'être propres. » L'humour aussi est au rendez-vous subrepticement dans les éclaircies. L'éclat tient sa grâce jusqu'au mot de la fin. Caviani recule, tombe, peut-être…. le commissaire Fourrier regarde l'horizon en devenir. le lecteur n'ose pas refermer Palikao 79. Son palpitant est dans cette phrase citée par Dario « Chacun aime ce qui lui fait défaut. » Il attend un autre roman de l'auteur avec fièvre. Impatient, il lui reste à méditer sur ce grand livre qui délivre le message très fort qu'en chacun de nous se trouve et l'agneau et le loup . Ou bien celle de Pline « L'homme est un loup pour l'homme. » Publié par Les Editions Envolume, ce roman policier, culte, majeur,époustouflant est à lire en urgence.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
À la première gorgée de bière, amère et sombre comme la mer d’Irlande, un nerf a bougé sous la peau de sa mâchoire. Des cercles pâles… vingt visages, tous tournés vers la grande silhouette du nouveau venu. On observe les cheveux mi- longs qui effleurent ses épaules et ses avant-bras, pliés sur le bar. L’étranger porte une chemise de coton à carreaux ; belle étoffe et belle façon. Progressivement, l’un après l’autre, les regards des clients se détachent de lui. Les consommateurs du HMS Victory reprennent leurs conversations, une table, puis l’autre. Les buveurs de gin et de bière du pub, commencent à s’habituer à la présence de ce grand type. Le nouveau venu, un homme du sud, a jeté sur un tabouret de bois noir, son Perfecto crème. Il parle avec un accent chantant, et porte des santiags claires. Talon biseauté, ses bottes mexicaines ferrées, lui montent à mi-mollet. Un touriste en jeans Wrangler riveté… un Espagnol ou un Italien. En tout cas, pas un Français ; le patron du bar a foré pour Elf-Aquitaine en Mer du Nord, il en aurait reconnu l’accent. L’étranger et sa valise intriguent. Il faut dire que des touristes, avec le guide de voyage à la main, on en voit peu à Shankill road, coeur loyaliste de Belfast.
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Une rafale de vent avait fait tomber une branche de robinier, et les huit hommes en planque côté cimetière, dans les cryptes, sous les troènes ou derrière les cénotaphe, avaient crispé le poing sur leurs crosses, certaines noires, d'autres argentées, mais toutes marquées de la sueur et de l'humidité de la nuit.
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Et on se disait encore et encore que le client du jour, putain... était une pointure. Des truands, des marlous, on en avait tant alpagués... mais là, c'était rien de moins que Caviani.
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