Être ici est une splendeur est une biographie sur Paula M. Becker, peintre allemande du début du XXe siècle. Je ne la connaissais pas du tout auparavant, c'est un peu comme pour
Charlotte Salomon de
David Foenkinos.
J'ai adoré la façon dont l'auteure a raconté sa vie, on fait la connaissance de la peintre de façon intime et délicate, on sent que
Marie Darrieussecq a énormément pensé à Paula Becker. Sur le point de vue de la forme je n'ai rien à dire, les pages s'avalent rapidement, le tout est bien aéré par des paragraphes et en plus, il y a peu de phrases longues cette fois !
Je suis entrée dans l'histoire, que ce soit celle de Paula ou celle de l'Allemagne du début du XXe, du moins jusqu'en 1907, année de la mort de l'artiste.
Sa vie, même si elle n'est pas forcément semée de tonnes de péripéties - faut dire qu'elle est morte à seulement 31 ans - et particulièrement bien racontée. Mais il n'y a pas qu'elle sa vie dans ce livre, il y a aussi ses proches, son mari, peintre lui aussi, ses amis, dont
Rainer Maria Rilke que j'ai déjà eu l'occasion de lire dans Je couche toute nue, dans des lettres adressées à Rodin. Il y a aussi des passages où l'auteure parle directement d'elle, où elle donne son avis, elle nous raconte sa propre "rencontre" avec l'artiste.
Et puis,
Être ici est une splendeur ce sont aussi ces passages où l'on nous parle de la condition de la femme, de son rôle dans le mariage, mais aussi en tant qu'artiste. Les femmes sont souvent dévaluées dans le milieu de l'art c'est un fait, et Paula Becker en est un bon exemple. Après tout, il a fallu que je me plonge dans sa biographie pour apprendre qu'elle était la première femme à réaliser des autoportraits nus, c'est quand même dingue ! Enfin personnellement, je trouve ça dingue, je pense vraiment que peu de gens le savent et c'est dommage, si ce n'est injuste.
La condition de la femme est abordée de manière frontale, après tout, qui est le mieux placer pour parler d'une artiste femme qu'une femme elle-même ? Il en va de même pour la mort de Paula, mort qui est tellement tragique... j'ai trouvé ça dégueulasse, cette façon de mourir aussi bêtement... on sent bien que c'était un siècle auparavant et que les accouchements pouvaient être fatals, et c'est pour cette raison que l'auteure le met en perspective avec sa propre expérience et une fois encore, qui mieux qu'une femme ayant eu des enfants peut commenter un accouchement d'une façon qui soit la plus juste ?
La vie de Paula m'apparaît comme un long fleuve tranquille ayant néanmoins connu des périodes de folies, d'abandons, notamment lors de ses voyages à Paris. Paula Becker était une artiste de talent, une artiste qui souhaitait vivre comme elle le souhaitait, et une femme énigmatique aussi. Elle souhaitait divorcer de son mari, et pourtant, elle est morte suite à la naissance de son seul enfant, avait-elle un amant ? un regain d'amour pour son mari ? C'est difficile de tout comprendre maintenant c'est sûr, mais je salue
Marie Darrieussecq pour ce petit livre, aussi enrichissant qu'attachant.
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