En allant découvrir une exposition consacrée au polar à la bibliothèque Floresca Guépin (qui ne situe pas du tout dans mon quartier), j'en ai donc profité pour emprunter Winter's Bone de
Daniel Woodrell et j'ai pensé à Cataract de
Craig Davidson - mais il n'y était pas, par contre jai trouvé son recueil de nouvelles intitulé
Un goût de rouille et d'os.
Je sais que vous pensez au film (que je n'ai toujours pas vu, j'avoue que j'ai un problème avec Marion Cotillard, elle m'agace) mais le pauvre Davidson n'y est pour rien!
Je vous livre ici la critique du journal le Monde : "Une écriture aussi impitoyable qu'un uppercut, aussi cruelle et violente que peut l'être la vie, rythmée comme un match.. un grand livre".
Et ce livre me servira à débuter le challenge le Canada en 12 romans contemporains (la faute à Marie-Claude). Pas mal, non ?
8 nouvelles composent ce recueil. Pour tout vous dire, j'ai eu un peu de mal à plonger dans l'univers de Davidson, comme si la Marion venait gâcher une nouvelle histoire d'amour en pointant le bout de son nez. le livre est resté chez moi trois semaines sans que j'y touche puis la magie a opéré et j'ai enchainé les nouvelles les unes après les autres.
En premier lieu, le film d'Audiard est en fait inspiré par deux nouvelles distinctes du recueil (Un goût de rouille et La fusée), le réalisateur français a donc jouer de magie avec deux personnages solitaires pour créer son film. Car le point commun à l'ensemble des nouvelles, c'est bien l'extrême solitude des personnages. Même s'ils sont en couple, amis, entraineur et élève, père et fils, frère et soeur, au final ils sont toujours seuls - seuls face à leurs démons. Vous êtes prévenu. Ici le Canada n'a rien du pays d'Anne et de ses pignons verts !
Tous dévorés par des secrets inavouables : des peurs, des obsessions (sexuelles comme dans Friction) ou des sentiments telle la culpabilité qui dévore un ancien boxeur dans de chair & d'os. La boxe, parlons-en : elle est très présente dans ce recueil - et soyons clairs, je trouve que Davidson excelle lorsqu'il parle de sport (la boxe dans deux nouvelles et le basket-ball dans Un bon tireur). Il sait parfaitement retranscrire l'atmosphère, le ring, la sueur, les coups donnés et ceux reçus et écrire sur ces êtres qui choisissent ainsi de recevoir des coups pour l'argent, pour la gloire ou pour faire pénitence. Des choix de vie qui les mènent sur un ring prêt à en découdre. Un vrai plaisir pour la lectrice que je suis ! Oui, j'ai eu un vrai coup de coeur pour plusieurs nouvelles.
Comme j'ai beaucoup aimé la relation père-fils dans la nouvelle consacrée au basket-ball. Davidson vous confronte à ces histoires d'êtres brisés, cassés - souvent par leur propre fait - comme ici ce père qui va tout sacrifier pour la réussite de son fils. Une nouvelle marquante, comme celle sur l'orque (La fusée), étrange parabole sur la vie et la mort.
Oui, j'ai vraiment aimé certaines nouvelles - où la sueur, le sang se mêlent à une certaine excitation. du grand.
Mais j'ai trouvé l'ensemble légèrement inégal. J'avoue que j'ai lu Un usage cruel avec quelques difficultés (combats illégaux de chiens), même si j'ai adoré la fin (la toute fin). Il faut s'accrocher et résister à l'envie de fermer les yeux plusieurs fois ! Mais je tiens à remercier l'auteur canadien de nous présenter ici des personnages moins aimables, des personnes qui, je l'avoue, existent, mais dont l'univers me reste totalement étranger. le romancier canadien vous force ici à ouvrir les yeux. La violence est là, physique, mentale, psychologique - elle nous entoure, nous accompagne, nous paralyse, nous pousse à agir .
La suite sur mon blog ;-)
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