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sur 643 notes
Entre l'église et l'usine, les mauvaises gens (dont la contraction aurait donné le nom de Mauges au pays qui s'étend autour de Cholet) sont apparemment tenaillés entre deux pouvoirs. Pourtant, le livre d'Etienne Davodeau tend à montrer qu'après la Seconde Guerre mondiale, et jusqu'à l'élection de François Mitterrand en 1981 à la présidence de la République, la vie sociale, voire sociétale, fut d'une grande richesse. Richesse dont furent à la fois témoins et acteurs les parents d'Etienne Davodeau, qui sont les personnages centraux de ce récit.
Davodeau l'indique en sous-titre : son oeuvre, c'est une histoire de militants. Au pluriel. Car ces militants, nombreux, sont sur plusieurs fronts : militantisme religieux, puisque les Mauges, proches de la Vendée, sont une terre de catholicisme ; militantisme syndical à une époque où certaines réussites industrielles s'accommodent mal du désir de mieux-être des ouvriers ; militantisme politique, enfin, dans les années 1970 surtout, époque où la gauche française se réunit et envisage réellement de gouverner.

La politique s'entend ici au sens noble du terme : c'est à la vie de la cité que Maurice Davodeau, le père de l'auteur, veut participer. Lui, l'ancien ouvrier devenu professeur dans un lycée technique, milite pour une vision de la gauche et de la société portée par l'égalité. Elle est le prolongement naturel, pour ces hommes et ces femmes simples, d'un syndicalisme porté, à l'origine, par la nécessité de mieux vivre son travail. On pourra peut-être - ce n'est pas mon cas - reprocher à Etienne Davodeau de livrer un récit extrêmement orienté politiquement. Mais vouloir la neutralité dans un tel récit, ce serait demander probablement l'impossible à un homme qui rend ici hommage à ses parents et à leurs compères, et qui a été éduqué (et même bercé) par les réunions en tout genre et les soirées à coller des affiches.

Le regard d'Etienne Davodeau est plus critique quand il s'agit de parler de religion. Naturellement, le lecteur sent une certaine aversion pour les bonnes soeurs qui se sont occupé de l'éducation de sa mère (les valeurs chrétiennes sont en réalité dépassées par les logiques sociales à l'oeuvre, qui veulent que les clercs soient proches des élites sociales et les favorisent). Cependant, l'arrivée des Jeunesses Ouvrières Chrétiennes, qui promeuvent une nouvelle vision de la société (brimée d'abord par Rome puis autorisée par le concile de Vatican II), plus proche des plus modestes, sont aussi un facteur de libération de la jeunesse. Les parents de Davodeau y apprennent la solidarité, l'estime de soi, la confiance dans sa foi.

Nettement ancrée dans le genre documentaire, la bande-dessinée d'Etienne Davodeau est intéressante dans la mesure où elle dresse donc un triple portrait de la région des Mauges, qui présente la particularité d'être à la fois très ouvrière et très chrétienne. Les conflits sociaux à l'oeuvre dans les années 1960 et 1970 n'opposent pas que des classes sociales, mais divisent aussi la population au sujet de la vision de l'Eglise (au sens de la communauté des croyants catholiques). Toutefois, l'hommage est peut-être parfois trop appuyé, ou bien est-ce la volonté absolue du respect de l'ordre historique et chronologique, et l'on regrette peut-être de ne pas sentir la même acidité qu'Etienne Davodeau pouvait porter dans Rural ! Éminemment intéressant d'un point de vue historique et sociologique, Les mauvaises gens atteint son objectif : se faire le messager de vies de combat.
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Etienne Davodeau nous raconte ici le parcours militants de ses parents. C'est réussi et agréable à lire. Une très chouette bande dessinée documentaire.
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Une BD qui sort du lot. Une résussite.

L'auteur nous présente ses parents, leur vie dans une région rurale (que je connais), la vie de la famille, le parcours militant.

Plus qu'une BD, un documentaire, l'histoire de gens simples qui ont participé a l'évolution de cette génération, L Histoire.
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L'histoire : les "mauvaises gens", c'est l'origine possible du nom des Mauges (voir extrait plus bas). Dans cette BD, Etienne Davodeau nous raconte le parcours de travailleurs militants, chrétiens et syndiqués, dans les années 60 et 70 : ses parents. le récit est rendu très vivant par des allers-retours constants entre le récit de l'époque et aujourd'ui, pendant la rédaction du livre.

Mon avis : pas impérissable mais intéressant. J'ai failli le lâcher vers la fin du premier tiers, que j'avais trouvé rasoir, et puis à ce moment, ça s'est débloqué et c'est devenu plus captivant :) Pas non plus le livre qu'on ne eput pas lâcher, mais il se crée une certaine attache affective avec ces gens ordinaires qui y ont cru et se sont battu pour leurs idéaux à leur échelle. Cette histoire combinée à un dessin tout en dégradés subtils de gris fait que l'ensemble dégage une force sereine et tranquille assez étonnante.
Lien : http://ploufetreplouf.over-b..
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Ca se confirme, j'adore ce que fait Etienne Davodeau. Il raconte ici la vie de ses parents dans les Mauges, élevés dans la tradition catholique et qui découvre le syndicalisme au cours de leur vie professionnelle. Comme pour 'Rural!', il s'agit d'une BD 'reportage' très documentée. Davodeau resitue toujours les évènements dans leur contexte historique. du beau travail !
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Etienne DAVODEAU nous plonge cette fois dans les souvenirs d'un couple de militants syndicalistes des Mauges.
Nous parcourons ainsi le passé militant français de l'Après-Guerre jusqu'à l'élection de François Mitterrand en 1981. Une France rurale coincée entre le marteau et l'enclume : l'usine (le Patronat) et la religion.
Quand la BD est utile et se charge de transmettre un capital culturel...
Prix du Meilleur scénario et Prix du public à Angoulême en 2006, Grand Prix de la critique ACBD en 2006...
Lien : http://chezmo.wordpress.com/..
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Une bd émouvante. L'auteur raconte les différents témoignages de militants syndicalistes et ouvriers dans un contexte rural français. L'histoire est très enrichissante car jette un regard nouveau sur le militantisme grâce à des personnages attachantes, qui sont pourtant ordinaires et ont toujours vécu des vies simples.
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Un vrai coup de coeur cette bande dessinée ! Les mauvaises gens, une histoire de militants d'Étienne Davodeau, publiée aux éditions Delcourt en 2005 est un travail de mémoire mené par l'auteur sur le militantisme dans l'Ouest de la France, le tout en dessins noir et blanc sur plus de 180 pages. L'histoire de sa famille nous est narrée, une histoire de militants jociste, cédétiste et socialiste dans les Mauges, une région située à l'ouest du Maine-et-Loire, de la Libération à l'arrivée au pouvoir de François Mitterrand.

Une génération d'actions pour l'émancipation des travailleurs, pour la défense de leurs conditions de travail et de vie dans cette région fortement imprégnée de catholicisme, dominée par un patronat paternaliste et autoritaire, dirigeant des usines de biens de consommation implantées en milieu rural pour exploiter une main-d'oeuvre docile et peu chère. La vie rurale, l'attrait du salaire régulier de l'usine, l'enfer de la chaîne et du travail sous-qualifié, les réunions militantes à la maison, la première rencontre des délégués avec la direction, les premières manifestations… Autant d'évènements d'une vie ouvrière et militante rapportés avec soin et pudeur par Étienne Davodeau.

Le style du dessin est figuratif et la narration alterne les allers et retours dans le temps, entre souvenirs des personnes interrogées et reproduction des scènes d'entretiens avec ses parents ou d'autres acteurs. On retrouve là un procédé déjà utilisé avec brio par Art Spiegelman dans Maus. A chaque nouveau chapitre, un bref rappel des principaux évènements politiques, économiques ou encore sociaux est assuré afin de ne pas perdre de vue la vie nationale et internationale. Les différentes organisations citées (JOC, JOC-F, ACO, CFTC puis CFDT, PS) bénéficient d'un rapide historique, le tout rendant la lecture aisée pour tous.

Une démarche m'a particulièrement touché, celle de la reproduction d'éléments d'archives : article de presse, journaux syndicaux, tracts, manifestations… L'auteur ne s'est pas « contenté » d'interroger les acteurs de cette époque, mais il a fait un véritable travail d'historien en consultant les archives des Unions locales CFDT et de l'Union départementale CFDT du Maine-et-Loire et en dépouillant la presse régionale. Au final, une grande dignité ressort de cette bande dessinée que je conseille vivement !
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L'auteur nous plonge dans la vie de Marie-Jo et Maurice, deux jeunes gens dans la région des Mauges.
Nous les suivrons sur plusieurs décennies et les verrons évoluer. Il y aura le temps de l'école, des premiers emplois et enfin les engagements syndicaux, religieux et politiques.
Comment vivait-on dans les années 1950-1980 dans ces territoires très ruraux, c'est ce que nous montre ce joli livre.
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En faisant un retour sur les terres de son enfance, Etienne Davodeau nous fait faire un bond dans le passé pour nous raconter, à sa manière, à travers divers témoignage qu'il met en scène ici, ce que fut le son enfance dans sa région d'origine : Les Mauges, du côté d'Angers.
Il raconte comment l'église et l'usine, longtemps les deux piliers incontournable de la vie au en ce milieu du XXème siècle, ont psé sur la société et ont l'ont fait évoluer jusqu'au 10 mai 1981 (date de l'élection de François Mitterrand), là où se termine l'album.
Tout au long des 176 pages que dure ce poignant récit, Davodeau dessine et fait parler ses parents, avec beaucoup de pudeurs et de respect. On y découvre des gens humbles qui ont été au coeur des luttes sociales et politiques dans les années 60 et 70. On y apprend la difficulté de vie à l'usine et la toute puissance des patrons, les luttes syndicales, alors très dures à l'époque, les jeunesses catholiques ouvrières, le militantisme auquel étaient très attachés les parents et proches de l'auteur.
Avec un regard posé, lucide et partisan, Davodeau nous montre comment fut vécu ce siècle ici aux Mauges, un peu de la même manière qu'il fut vécu partout en France, avec les grands tourments politiques que furent la Guerre d'Algérie ou mai 68.
Davodeau met donc en scène les témoignages mais aussi tout ce qui d'habitude reste en off. D'abord lui, en tant qu'enfant puis témoin, mais aussi et surtout les difficultés rencontrées pour faire accepter le projets à ses parents et les démarches effectuées pour retrouver certaines personnes.
Au final, Les mauvaises gens se révèle comme un bel hommage et un témoignage d'amour parental, mais aussi, un portrait à froid d'une époque belle et bien révolue.
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