"J'ai grandi parmi des gens modérés et intègres. Ce livre est pour eux"... c'est par ces mots qu'Etienne Davodeau clôture cette BD témoignage. Il s'intéresse à ses racines, en interviewant et en dressant le portrait de ses parents.
Ses parents, parce qu'ils sont témoins, passeurs, représentatifs d'une "certaine France"... Pas la France d'en-bas, chère à d'aucuns, mais une France militante, fervente, proche des ouvriers, proche de la terre. Humaine et populaire. Ouverte et militante.
C'est à tout cela qu'Etienne Davodeau s'intéresse. Et pour ce faire il démarre en 1945. Son père et sa mère ont 2-3 ans. Ils vont grandir dans une région catholique, agricole, isolée, les Mauges, entre Angers, Saumur et Cholet. Ils vont suivre un parcours dans les années 50 dans les mouvements chrétiens. La JOC. Puis ce sera le parcours en usine. le syndicalisme. Tout cela dans un processus "trois pas en avant, deux pas en arrière", tour à tour encouragé par les prêtres ouvriers ou les curés "modernes", puis interdit par l'Eglise ou le pape. Ce sera Vatican II. Puis Mai 68. Les enfants. Les espoirs. le Grand Soir...
La BD d'Etienne Davodeau est passionnante, même pour un Belge citadin comme moi. J'ai connu des expériences similaires aux siennes. J'ai un peu le même âge. Issu d'un milieu croyant, athée moi-même, j'ai connu les mouvements de jeunesse. Et bien des choses qu'il effleure.
Sa BD n'est pas drôle. L'humour vient plutôt d'une ironie, d'une situation, d'un cynisme inhérent au monde des affaires ou aux dérives de la société. Elle a les avantages de ses travers, et vice versa. On perd parfois le fil. On trouve parfois le temps long. Pendant pas mal de pages, il ne se passe rien, ou on a l'impression qu'il ne se passe rien. Mais le témoignage reste fort. Et nécessaire, car près de 40 ans après le Grand Soir, on peut avoir l'impression que tout est à refaire.
Je terminerai sur une note, tout à fait subjective concernant les dessins qui m'ont largement ennuyé.
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Cette bande dessinée qui a eu le Prix du meilleur album au Festival d'Angoulême 2006, le Prix du Public et celui du Scénario.
Dans la région de Cholet, dans les années d'après-guerre, la vie est difficile pour les ouvriers. Les parents de l'auteur vont peu à peu découvrir, grâce au curé et aux JOC, le militantisme. Tout une période défile devant nous et les luttes d'hier nous rappellent que des gens se sont battus pour que nous ayions une vie meilleure.
J'avais eu un coup de coeur pour "Rural" du même auteur qui inaugurait sa période bande dessinée documentaire. "Les mauvaises gens" est de la même veine. A lire absolument.
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J'ai beaucoup aimé cette plongée dans les Mauges, que je ne connaissais pas du tout. Les parcours militants présentés par l'auteur sont bien contextualisés, ils sont sincères et m'ont touchée. La plume et le trait de crayons m'ont charmée, un carton plein ! C'est un bel hymne au militantisme sous toutes ses formes ! J'ai appris beaucoup et je recommande chaleureusement ce superbe ouvrage (et je recommande de militer bien entendu...)
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