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4,08

sur 643 notes
"J'ai grandi parmi des gens modérés et intègres. Ce livre est pour eux"... c'est par ces mots qu'Etienne Davodeau clôture cette BD témoignage. Il s'intéresse à ses racines, en interviewant et en dressant le portrait de ses parents.

Ses parents, parce qu'ils sont témoins, passeurs, représentatifs d'une "certaine France"... Pas la France d'en-bas, chère à d'aucuns, mais une France militante, fervente, proche des ouvriers, proche de la terre. Humaine et populaire. Ouverte et militante.

C'est à tout cela qu'Etienne Davodeau s'intéresse. Et pour ce faire il démarre en 1945. Son père et sa mère ont 2-3 ans. Ils vont grandir dans une région catholique, agricole, isolée, les Mauges, entre Angers, Saumur et Cholet. Ils vont suivre un parcours dans les années 50 dans les mouvements chrétiens. La JOC. Puis ce sera le parcours en usine. le syndicalisme. Tout cela dans un processus "trois pas en avant, deux pas en arrière", tour à tour encouragé par les prêtres ouvriers ou les curés "modernes", puis interdit par l'Eglise ou le pape. Ce sera Vatican II. Puis Mai 68. Les enfants. Les espoirs. le Grand Soir...

La BD d'Etienne Davodeau est passionnante, même pour un Belge citadin comme moi. J'ai connu des expériences similaires aux siennes. J'ai un peu le même âge. Issu d'un milieu croyant, athée moi-même, j'ai connu les mouvements de jeunesse. Et bien des choses qu'il effleure.

Sa BD n'est pas drôle. L'humour vient plutôt d'une ironie, d'une situation, d'un cynisme inhérent au monde des affaires ou aux dérives de la société. Elle a les avantages de ses travers, et vice versa. On perd parfois le fil. On trouve parfois le temps long. Pendant pas mal de pages, il ne se passe rien, ou on a l'impression qu'il ne se passe rien. Mais le témoignage reste fort. Et nécessaire, car près de 40 ans après le Grand Soir, on peut avoir l'impression que tout est à refaire.

Je terminerai sur une note, tout à fait subjective concernant les dessins qui m'ont largement ennuyé.
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Un album de bande dessinée certes, mais rapporté comme une enquête de sociologie, avec Étienne Davodeau dans le rôle de l'enquêteur, et ses parents dans ceux d'enquêtés. J'adore ce style. Pas de nostalgie, la vie de l'usine était dure, mais elle avait aussi ses bons côtés. La bande dessinée est juste au service du récit, entre BD sociale et roman graphique. On n'y trouve pas encore la maîtrise graphique de Rural! Chronique d'une collision politique ou de les ignorants, mais le traitement à la façon d'un enquête sociologique rappelle les grands travaux des sociologues des années 2000 et les essais de transcriptions en bande dessinée, à la suite de ce volume pionnier d'Étienne Davodeau, avec par exemple La communauté de Hervé Tanquerelle (dessin et scénario) et Yann Benoît (scénario) (revoir mes avis sur la première et la deuxième parties, parues respectivement en 2008 et 2010) ou encore Apprenti, mémoires d'avant-guerre de Bruno Loth, paru également en 2010.
Lien : http://vdujardin.over-blog.c..
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Etienne Davodeau conte avec beaucoup de justesse et de tendresse la vie de ces deux amants qui ont consacré une grande partie de leur vie au militantisme. Il se replonge dans certains documents d'époque, comme ces journaux écrits par les gamins du village pour tenir informés les appelés en Algérie. On y découvre les premières manifestations ouvrières, et en fond, les enjeux politiques nationaux avec la lente mais sûre prise du pouvoir à gauche par le PS du Mitterrand face au PC de Marchais. C'est une tranche de vie personnelle absolument passionnante qui est décrite ici, avec peu d'effets et une grande sensibilité. Une excellente BD documentaire pour se plonger dans la construction du militantisme et la vie de ceux qui y consacrent leur vie.
Lien : http://livres-et-cin.over-bl..
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Voici un autre ouvrage d'Étienne Davodeau. Après Un homme est mort, qui m'a bouleversée, je retrouve là l'auteur qui sait parler des ouvriers et de leur solidarité.
Les Mauvaises gens. Une histoire de militants raconte l'engagement progressif de ses parents dans un monde d'après-guerre très ouvrier. Il raconte la création de la JOC, puis de la CFDT, du PS, etc. A la fois une leçon d'Histoire et un récit profondément humain.
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En ayant découvert Etienne Davodeau avec le chien qui louche, j'ai exploré sa bibliographie, et j'ai decouvert qu'il avait réalisé un album sur les Mauges, région que je connais personnellement.
Les mauvaises gens est une étude sociologique sur le monde ouvrier dans cette région du Maine-et-Loire, ainsi que l'histoire des parents de l'auteur. J'ai bien aimé comment l'auteur raconte cette histoire en dessinant notamment ses échanges avec ses parents ou amis de ses parents.
Cet album m'a appris beaucoup de choses sur la vie de ses ouvriers, les syndicats, ce patronnat très patriarcal et cette culture catholique omniprésente.
J'ai apprécié cet album car il me parlait personnellement. Je le conseillerais aux lecteurs qui souhaitent découvrir les mauges et son monde ouvrier des années 1950 à 1980.
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J'ai découvert une BD très « militante » mais en même temps très instructive sur l'évolution sociale et syndical dans une région catholique et ouvrière. le sujet concernant le syndicalisme n'est pas des plus faciles à traiter en bande dessinée et c'est pari gagné.

L'auteur à savoir Davodeau a décrit le parcours de ses propres parents au travers d'un récit autobiographique qui va des années 40 à l'élection de François Mitterrand en 1981. J'ai apprécié le naturel des dialogues.

De plus, le dessin en noir et blanc est simple et aéré. Cette BD se veut être un documentaire qui décrit purement et simplement les faits. C'est beaucoup plus en réalité. Cet album présente l'intérêt de faire découvrir la réalité du monde ouvrier à l'époque où il se battait pour défendre ses conditions de travail. Cet oeuvre primé à Angoulême mérite pour cela le respect.

Note Dessin : 3.75/5 – Note Scénario : 4.25/5 – Note Globale : 4/5
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Roman graphique sans doute plus que bande dessinée, disons qu'Étienne Davodeau écrit et dessine là un reportage sur quarante années de vie de ses parents entre le début des années 40, leur naissance jusqu'à 1981, le 10 mai pour être plus précis jour de l'élection de François Mitterrand à la présidence de la république. Né un an après Étienne Davodeau, j'ai vécu un peu les mêmes choses que lui : éducation religieuse à l'ancienne, culpabilisante et totalement archaïque mais qui marquait de manière forte les enfants impressionnables, communion, et tout le toutim... Et comme lui, je m'en suis sorti, ouf, moi, maintenant, je serais plutôt du genre athée-bouffeur-de-curé, mais avec le respect de ceux qui croient pourvu qu'on ne m'emmerde pas avec ce qui est de l'ordre du privé. Je connais bien la JOC pour en avoir fait partie, c'était plutôt le côté copains qui m'intéressait, je séchais beaucoup les réunions où l'on réfléchissait sur l'importance de la religion. J'ai grandi comme Étienne Davodeau dans un milieu ouvrier, avec la grande différence d'habiter une grande ville donc moins soumise aux diktats de l'Église. Mais mes parents qui étaient instituteurs dans des écoles privées dans la campagne de Loire Atlantique jusque dans les années 60 m'ont raconté bien souvent des choses similaires à celles qu'ont vécues Maurice et Marie-Jo. C'était très mal vu à l'époque de militer, surtout à gauche. Les patrons étaient bien bons d'offrir du travail aux gens de la région et encore meilleur de les payer alors il ne fallait pas trop la ramener. La couverture de l'ouvrage est très symptomatique : les mauvaises gens entre l'église et l'usine, les deux grandes forces de l'époque, l'une prétendait diriger les vies professionnelles et l'autres les vies privées et spirituelles. Alors quiconque se levait contre l'une se mettait l'autre à dos avant que n'arrive dans ces communes des prêtres-militants, ceux qui ont permis aux jeunes de militer à la JOC et de se libérer de leurs carcans. Car il faut bien le reconnaître et "Dieu me crapahute" comme disait Pierre Desproges, c'est quand même grâce à ces jeunes prêtres qui se sont rapproché des ouvriers et qui pour certains en sont devenus que la jeunesse ouvrière s'est ouverte à la modernité.

Un roman graphique important pour ne pas oublier ce que firent nos parents pour s'émanciper de la double religion église-usine. Les luttes syndicales ont permis tellement d'avancées sociales qu'on a sans doute oublié qu'elles étaient d'abord menées par des hommes et des femmes comme les autres avec peut-être un peu plus de convictions ou d'envies de les partager et d'en faire profiter les autres.
Lien : http://lyvres.fr
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Cette bande dessinée qui a eu le Prix du meilleur album au Festival d'Angoulême 2006, le Prix du Public et celui du Scénario.

Dans la région de Cholet, dans les années d'après-guerre, la vie est difficile pour les ouvriers. Les parents de l'auteur vont peu à peu découvrir, grâce au curé et aux JOC, le militantisme. Tout une période défile devant nous et les luttes d'hier nous rappellent que des gens se sont battus pour que nous ayions une vie meilleure.

J'avais eu un coup de coeur pour "Rural" du même auteur qui inaugurait sa période bande dessinée documentaire. "Les mauvaises gens" est de la même veine. A lire absolument.
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Dans l'introspection, Etienne Davodeau a interrogé ses parents, et quelques autres qui ont croisé leur chemin. Il se rapelle.

C'est la place des Jeunesses Ouvrières Chrétiennes dans la vie de ses parents, puis du militantisme CGT / CFDT , l'engagement politique de son père, la motée d u socialisme et l'élection deFrançois Mitterand.
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J'ai beaucoup aimé cette plongée dans les Mauges, que je ne connaissais pas du tout. Les parcours militants présentés par l'auteur sont bien contextualisés, ils sont sincères et m'ont touchée. La plume et le trait de crayons m'ont charmée, un carton plein ! C'est un bel hymne au militantisme sous toutes ses formes ! J'ai appris beaucoup et je recommande chaleureusement ce superbe ouvrage (et je recommande de militer bien entendu...)
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