Cette histoire est celle d'une rupture lente et douloureuse. Une de celle qui crée un vide profond, impossible à combler parce qu'il lézarde l'être au plus profond de lui-même. Une de celle qu'on n'oublie pas, qui s'enracine en dépit des années et qui blesse, quand bien même la vie continue. Car si la rupture amoureuse fait mal, elle se surmonte bien souvent avec le temps, avec des rencontres et avec un nouvel amour, tandis que la rupture en amitié, lorsqu'elle a lieu entre deux amies de longue date, détruit à tout jamais une part de nous-même.
C'est ce qui est arrivé à Cécile et à Alice, amies depuis le jardin d'enfance, soudées jusqu'à n'être plus qu'une entité, complices au-delà des mots. Lorsque le récit commence, Cécile, presque la cinquantaine, est couchée sur un lit d'hôpital, plongée dans le coma suite à un accident de voiture. Ce demi-sommeil est l'occasion pour elle de se replonger dans les méandres du passé. Une seule personne occupe alors son esprit : Alice, cette amie tant chérie qui a pourtant disparu de sa vie.
Le texte alterne ainsi les moments d'introspection de Cécile, qui se présentent sous la forme de véritables déclarations à Alice, avec des flash-back sur la jeunesse des deux femmes et sur les moments forts ou fragiles de leur amitié.
Kéthévane Davrichewy parvient dans ce texte magnifique à parler de l'amitié avec un grand A. Elle y décrit avec justesse la relation dans tout ce qu'elle peut avoir de passionnel, de fusionnel, d'exclusif et de destructeur. Elle révèle les failles d'une amitié où l'on n'a de cesse de protéger l'autre, au détriment de soi, où l'on est prêt à se taire pour ne pas heurter. Entre Cécile et Alice, ce sont les non-dits qui ont eu raison de leur relation, ainsi que la jalousie refoulée mais grandissante. L'écriture est extrêmement sensible et féminine et offre un texte bouleversant de sincérité et de tendresse. «
Les séparées » et un roman fort, sublime, qui ne laissera personne indifférent. C'est en tout cas un gros coup de coeur en ce qui me concerne.