AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,9

sur 484 notes
L'histoire d'un homme qui sort de prison à Berlin, où il a été enfermé pour avoir tué sa compagne. Celui-ci évolue dans un milieu modeste et, d'apparence simple (comme chacun), il est complexe : à la fois bonhomme, déterminé, brutal, sensible, ce que l'auteur rend admirablement. Ainsi, cet homme est décidé à reprendre son destin en main et à demeurer honnête. Naturellement, la vie va lui tendre de nombreux pièges et autres tentations. le style de l'écriture est original et direct, sans emphase, et l'histoire parsemée de coupures hétéroclites tantôt tirées de la religion, tantôt de journaux, de radios, de conversations ou encore de réclames. J'ai trouvé ce roman un peu long à démarrer, après quoi on se prend au jeu et on veut voir comment le héros va s'en tirer ou comment il va chuter. Pour finir, j'ai parfois été un peu gêné par ces entremêlements dont j'ai parlé avant, n'en saisissant pas toujours la visée. Un bon livre.
Commenter  J’apprécie          110
Évitez cette traduction, elle est bien en dessous de la richesse de la langue de Döblin. Lisez la version d'Olivier Lelay, non expurgée, bien plus brutale, plus proche du texte de Döblin.

La raison est dans cet extrait d'interview d'Olivier Lelay:

Dans la traduction de 1933, il manque des chapitres entiers – les plus difficiles à traduire -, les contresens abondent et surtout deux éléments disparaissent : l'écriture simultanée et polyphonique de Döblin et la langue drue, heurtée des personnages. Zoya Motchane, sans doute par souci de confort pour le lecteur, renonçait à ce brouillage permanent des fréquences qu'opère Döblin. Les changements de niveau de langue ne sont pas rendus, la langue bâtarde de Döblin est unifiée et épurée. Surtout, le langage de ces gens de la rue, Franz, Reinhold, Mieze, ce parler rugueux, rocailleux, se change en une langue de petit-bourgeois qui s'encanaille. On est transporté d'un coup chez Dabit et Carco, dans un fantasme de langue populaire. Les écorchures et la violence du texte de Döblin s'estompent. C'est ce que j'entends par les exigences modernes d'une traduction : ne pas s'aligner sur une quelconque homogénéité collective, ne pas anéantir au nom d'une quelconque lisibilité tout ce qui fait l'originalité d'un texte.

Source dans le lien ci-dessous
Lien : https://aberlin.fr/berlin-al..
Commenter  J’apprécie          100
Qu'est ce que c'est Berlin Alexanderplatz? Première réponse-la plus évidente et la plus directe-: c'est l'histoire de Frantz Biberkopf, un pauvre bougre, qui après avoir purgé quatre années d'emprisonnement pour avoir tué sa femme, décide de changer de vie, et de rester honnête coûte que coûte. Cependant, malgré tous ses efforts et ses bonnes intentions, il n ' y parviendra pas.Ensuite, il y a le livre culte, celui que tout le monde décrit comme monument unique de la littérature mondiale. Pourquoi? principalement par son style. L'écriture de Döblin ( du moins dans ce roman) est plus que de simples mots, ceux sont des images, des sons, des envolées lyriques ( pas beaucoup) au milieu d'un fatras d'argot, le tout englué dans les bruits de la ville, des tramways, des passants, des marchands ambulants, des flics, des voleurs, des prostitués, des enseignes de magasins, des titres et articles de journaux ...On pense tout de suite à Joyce pour le style et à Céline pour l'ambiance, et certains passages sont atroces à lire tant ils sont réalistes, comme le long, très long chapitre décrivant la chaîne des opérations dans les abattoirs de la ville . Sans oublier les monologues intérieurs, dignes de la plus pointue des psychanalyses, et des invectives directes de l'auteur envers son lecteur......Mais il y a autre chose.....autre chose sur quoi on n'arrive pas à mettre le doigt, et qui turlupine tout au long de la lecture. Autre chose qui fait penser qu'au delà de ces évidences, se cache une particularité. Et puis, bam!!! Magie de la lecture, on comprend!!. Qu'es ce que c'est Berlin Alexanderplatz? et bien c'est la grandeur des petites choses, c'est l'exceptionnel dans le banal, dans le quotidien, dans le commun. Et cet exceptionnel, Döblin nous le fait sentir tout d'abord par l'attention minutieuse qu'il donne à absolument toute chose, mais sans peser, naturellement. Ensuite, par une tendresse ressentie en filigrane, ou du moins une sorte d'invitation, peut être pas à l'indulgence (Döblin n'est pas tendre avec ses personnages) mais à la compréhension, à l'acceptation de ces destins qui oscillent entre lutte et résignation. Et au cas où cet exceptionnel n'est pas encore assez évident, et bien Döblin invite carrément le sacré et le religieux pour orner son texte, à l'aide de personnages à l'allure et au discours bibliques. Ainsi, l'existence de monsieur tout le monde, les petits événements de sa petite vie, deviennent un élément d'un tout qui a un sens....sacré justement....peut être une manière d'excuser certaines existences misérables. Dans l'édition que j'ai lue, il y a un chapitre intitulé: Les villes de l'homme et son âme, par R.WFassbinder, réalisateur d'une adaptation du roman....et ce chapitre à lui seul vaut le détour. Car en plus d'aider à mettre des mots sur des impressions, il apporte un autre éclairage- personnel- sur le livre. Ainsi, Fassbinder a vu des choses qui m'avaient échappées ( à tort ou à raison): l'amitié quasi amoureuse entre Biberkopf et Reinhold, l'homme qui va s'acharner à causer sa perte, mais aussi la découverte de la psychanalyse et des théories de Freud.Selon Fassbinder toujours, les tourments de Döblin au sujet de la religion sont peut être évoqués. Mais le plus touchant, c'est l'évocation par Fassbinder de l'importance qu'a eu ce livre sur sa vie personnelle, professionnelle et artistique.Il reste tant de choses à dire sur ce roman. C'est un roman exigeant, à tout moment de la lecture, mais singulièrement passionnant. Un grand roman.
Commenter  J’apprécie          100
Lu pendant un long séjour à Berlin: un livre sombre sur la fatalité. La vie de Berlin avant-guerre y est particulièrement bien décrite.
Pour les amoureux de cette ville incroyable.
Commenter  J’apprécie          100
Ce roman est comparé à Céline, Joyce, Brecht ou Dos Passos en 4 ème de couve'rture, ce qui met la barre un peu haut peut-être.
Je m'attendais à plus de violence (mais c'est peut-être un tort : quand je vois le mot "violence", je m'attends à un cran au-dessus de ce que j'ai déjà lu) mais j'ai été séduite par contre par l'humour et la distance de l'auteur par rapport à son personnage, un criminel qui erre dans les bas-fonds du Berlin des années 20.
Un des meilleurs passages se situe vers le milieu du livre avec la description d'un abattoir.
Il me semble que ce roman a inspiré d'autres auteurs (Alasdair Gray dans "Lanark", c'est évident avec cet homme qui a tué sa compagne et qui a peur d'être condamné à commettre indéfiniment le même crime) et des artistes d'autres disciplines (les deux anges à la fin qui veillent sur Franz ont forcément inspiré Wim Wenders dans "Les ailes du désir").
Le style peut en effet faire penser à Céline, il faut dire que ça a été écrit à peu près à la même époque, mais en moins fort il me semble même s'il y a une forme de gouaille. L'originalité tient beaucoup au mélange entre narration classique, interpellation du lecteur, fragments de publicités, d'affiches, de tracts politiques, de coupures de journaux, d'extraits de la Bible.
Commenter  J’apprécie          90
Prenzlauerstrasse, le tramway 41, les bals de la République de Weimar, Berlin Alexanderplatz...tout un monde de bas fonds berlinois qui remonte à la surface avec son lot de proxénètes, de voleurs, d'alcooliques etc...
C'est l'histoire de Franz Biberkopf ou celle de Berlin ? Ou la vie de la grande ville qui s'insinue en Franz Biberkopf, ex-taulard qui a décidé de tourner honnête mais qui n'y arrivera pas...?
Dans le livre de Döblin, il y a les mêmes ressorts narratifs que dans "Ulysse" de Joyce : cette façon d'être dans la tête de Franz Biberkopf et de celle des principaux protagonistes, notamment ce monstrueux Reinhold...Mais aussi cette façon de style indirect libre qui permet le glissement des sensations des personnages à des descriptions plus factuelles...
Mais il y a aussi une parenté forte avec le "Voyage au bout de la nuit" de Louis-Ferdinand Céline, dans la forme d'expression où les phrases et la syntaxe sont parfois très lacunaires...Un monde sombre comme celui de Bardamu...
M'ont impressionné aussi ces passages où le personnage déambule dans Berlin et où Döblin transcrit sa vision de l'environnement et notamment les publicités mises bout à bout, comme un long travelling...
C'est aussi le roman d'une certaine forme d'expressionnisme avec ces ritournelles symboliques qui reviennent tout au long du récit. et surtout le magnifique chapitre de l'arrivée de la mort !
Döblin livre le récit d'un monde riche en sensations et émotions, d'un monde très noir où les moments d'espoir conditionnent aussi la chute des protagonistes.
Commenter  J’apprécie          80
La lecture de ce classique de la littérature allemande du XXème siècle n'est pas toujours aisée. Souvent comparé au "Manhattan Transfer" de Dos Passos, ce roman m'a plutôt fait penser à "Ulysse" de Joyce par sa construction assez heurtée, faite de ruptures de ton et de répétitions, de collages (références bibliques assez développées, publicités). Suivre Frantz Biberkopf dans sa chute, le personnage principal de ce roman déconcertant, n'est donc pas une partie de plaisir mais j'ai quand même trouvé de quoi avancer dans cette lecture et y trouver de l'intérêt.
Commenter  J’apprécie          80
Un classique inclassable... Cette nouvelle traduction est très différente.
Commenter  J’apprécie          70
Une horreur ! Un style illisible frisant le vulgaire. J'ai arrêté à la soixante dizième page environ en me demandant pourquoi ce livre à eu un tel accueil chaleureux et est considéré comme un classique de la littérature allemande. Je concède l'histoire intéressante, mais c'est loin d'être suffisant.
Commenter  J’apprécie          72
Les livres audio ne font pas partie de ma pratique de lectrice. Pourtant, en achevant le roman d'Alfred Döblin (quelques 600 pages, paru en 1929 et qui a bénéficié d'une magnifique seconde traduction en français par Olivier le Lay en 2009), j'ai pensé immédiatement que j'aimerais écouter ce livre lu par des comédiens. Lire "Berlin Alexanderplatz", c'est en effet participer à un chaos sonore, un choeur de voix de registres très différents : l'argot berlinois, mêlé de yiddish, des conversations de bistrot ou de rue avec en fond sonore le bruit répétitif de la rame du tramway, des refrains ("clap clap clap font les mimines, tap tap tap font les bottines, des slogans publicaitaires, des nouvelles extraites des journaux, juxtaposées avec un récit mythologique (Oreste et Agamemnon) ou un autre biblique (les malheurs de Job, le sacrifice d'Isaac), Döblin allant jusqu'à reproduire des bulletins métérologiques, des extraits de jugements administratifs, ou même faire appel aux lois et formules de Newton pour décrire la dispute violente de Franz et Ida avec un fouet à pâtisserie et ses conséquences meurtrières !
"Berlin Alexanderplatz", j'en avais entendu parler il y a longtemps, lorsque je découvrais les films de Fassbinder. le cinéaste allemand a en effet tourné une adaptation du roman de Döblin pour la télévision allemande, diffusée en 1980 sous la forme de quatorze épisodes d'une durée totale de 15h30. Sans avoir vu cette série (disponible maintenant sur youtube), le titre m'évoquais donc une oeuvre monumentale ( de fait, le roman de Döblin est considéré comme une oeuvre majeure de la littérature allemande) à laquelle j'hésitais à me confronter. L'histoire est en elle-même banale. C'est celle de Franz Biberkopf, un ancien débardeur, qui sort tout juste de la prison de Tegel à Berlin, après y avoir purgé une peine de quatre ans pour avoir tué sa maîtresse Ida et qui se fait la promesse d'être honnête. Mais Biberkopf va vite retomber dans les combines, rencontrer un double maléfique en la personne de Reinhold, perdre un bras, se comporter en proxénète avec Mieze qu'il aime pourtant, atterrir à l'asile. Franz est-il un naïf ? A-t-il une "araignée au plafond" ? Ses monologues s'apparentent souvent à une sorte de bégaiement mental (même si c'est à Reinhold qu'il arrive de bégayer). C'est souvent la phrase même de Döblin qui se répète, saccadée comme le rythme du tramway. Franz Biberkopf semble emporté par le flux de la grande ville, sa volonté dissoute dans le kaléidoscope urbain. "Il en va de l'homme comme du bétail. Comme celui-ci meurt, il meurt aussi" (titre du châpitre sur les abattoirs de Berlin).
"Marche, marche, nous partons à la guerre, cent musiciens partent avec nous, fifres et tambours, roum badaboum boum, pour les uns ce sera droit, pour les autres de guingois, les uns restent debout, les autres se rompent le cou, les uns courent encore, les autres tombent raides morts, roum badaboum boum".
Commenter  J’apprécie          60




Lecteurs (1766) Voir plus



Quiz Voir plus

Quiz: l'Allemagne et la Littérature

Les deux frères Jacob et Whilhelm sont les auteurs de contes célèbres, quel est leur nom ?

Hoffmann
Gordon
Grimm
Marx

10 questions
420 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature allemande , guerre mondiale , allemagneCréer un quiz sur ce livre

{* *}