Le Sacrifice des dames, de
Jean-Michel Delacomptée est un des livres les plus originaux de cette rentrée littéraire.
Inclassable, on l'a, par facilité, rangé dans les romans historiques, ce qu'il n'est pas. le cadre est la Hongrie du début du XVIème siècle, peu avant la terrible bataille de Mohacs en 1526, date à laquelle la Hongrie devint ottomane, comme, avant elle, la Bulgarie, la Serbie, la Bosnie, les Balkans.
Jean-Michel Delacomptée situe son roman à un moment où l'histoire d'un pays s'apprête à basculer, période propice à l'expression de caractères hors du commun.
C'est le cas de Judit, héroïne de ce livre, jeune fille de 16 ans, d'une grande intelligence, fille de Gabor, Ispan de Pacs, une province hongroise inventé par l'auteur. En ces mois précédent la confrontation avec les Ottomans, la situation à Pacs semble désespérée. Gabor, devenu ivrogne par l'usure de la vie, attend, fataliste, l'arrivée des nouveaux maîtres turcs. Judit, pour sa part, ne peut s'y résoudre, et va employer toute son intelligence et sa science du jeu d'échecs où elle excelle, pour ne pas que son pays disparaisse, rayé de la carte.
Judit est une jeune femme de 16 ans, habitée comme on l'est à cet âge, par les grandes passions, les grands combats et engagements, qui apparaissent plus grands que sa propre vie. Elle prouvera lors d'une partie d'échecs extraordinaire sur un étang, et par les événements que sa dimension est supérieure encore.
Jean-Michel Delacomptée, dans une langue fastueuse, précise, très visuelle, ouverture à tous les voyages, fait de Judit une allégorie de l'héroïsme, la résistance, et la foi. Que l'anecdote et le roman historique semblent loin!