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sur 698 notes
C'est volontairement que j'ai choisi de découvrir cet auteur avec « Mon Père » de Grégoire DELACOURT. En effet, son dernier opus «l'enfant réparé », y fait suite dans le passage du silence à la vérité.

J'arrive après de nombreuses belles critiques de mes amis Babélio.

Je cherche ici à exprimer mes ressentis.

Au cours de ma lecture, je suis passée par de nombreuses émotions et me suis interrogée sur l'origine de ce roman, qui ressemble à une confession, à un drame vécu dans la vraie vie.

Page après page, mon coeur s'est serré toujours plus. Je m'en suis arrachée des pétales de larmes.

Grégoire DELACOURT a les mots justes qui vous mouchent, qui vous bousculent et vous font sortir de votre zone de confort.

Je n'en suis pas remise.

Un cri de douleur pour dire l'indicible dans la vie de ce jeune couple séparé, rattrapé par son destin.

L'histoire d'un père, Edouard, qui cherche à comprendre son fils Benjamin 11 ans, qui n'est plus le même depuis qu'il est allé en colonie de vacances avec la paroisse.

Pourtant, il lui a envoyé une carte postale avec une seule phrase : viens me chercher. Edouard n'a pas compris le message.

L'auteur fait un parallèle biblique avec Abraham qui obéit à Dieu en acceptant le sacrifice de son fils Isaac, sur le bûcher pieds et poings liés. Il en fait une autre lecture tout à fait adaptée aux circonstances dans lesquelles il se trouve.
« Je suis seul dans ma douleur
Benjamin, frère d'Isaac, est seul dans son silence ?
Les fils sont des égarés »

Son fils est mutique, mal dans sa peau, mais son corps finit par manifester des signes inquiétants.

Il est hospitalisé et les meurtrissures sont là.

Edouard sait et réalise maintenant.

Il va aller retrouver le curé Préaumont, pédophile et lui régler son compte.

Une fureur sauvage habite Edouard, il va saccager l'église. Ce face à face avec le curé abuseur, tourne en un moment de vérité. Il va le faire passer aux aveux, le torturer de ses abominations et le briser.

Il s'est fait justice lui-même pour que son enfant puisse être reconnu comme victime et entamer un travail de réparation.

« je veux te demander pardon de n'avoir pas su te protéger mais je crains que tu ne sois plus capable de pardon. Plus capable de rendre un bien pour un mal. C'est quelque chose dont le poinçon de ton abuseur t'a aussi amputé. En cela nos vies attentées, nous sommes toi et moi semblables désormais. Nos coeurs se sont retournés tout à fait. Nous avons arrêté de croire aux Eglises, à la mansuétude et à la bonté de nos frères humains. Nous croyons désormais à un châtiment, et cela tant que l'amour sera plus vulnérable que le mal. Et le mal, croyez-nous, vous qui connaissez maintenant notre histoire, prolifère à une vitesse vertigineuse, il n'est pas rare qu'un dépravé en remplace un autre qui en remplace un autre ainsi de suite pour l'éternité car ils sont comme du chiendent ».

Ensuite, j'ai lu "l'enfant réparé", mais il est encore trop tôt pour en dire un mot, mon émotion est encore trop vive.
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En écrivant ce livre, d'un père apprenant la sauvagerie d'un prêtre sur son fils de onze ans, c'est le silence assassin qui a entouré les faits qui le crucifie.
Son propre silence, parce qu'il ne savait pas, parce qu'il ne pouvait pas savoir, parce qu'il aurait dû savoir.
Le silence de son fils, dont il voyait le mal être, à qui il disait tu peux tout me dire, dis moi, et l'enfant s'enfermait dans un silence de choses indicibles.
Et le silence d'Isaac, le fils unique d'Abraham, qui se laisse lier sur un autel de bois, qui demande où est le bélier, puisque c'est un sacrifice, et qui, sauvé par l'ange, s'enfonce dans le silence, ne se révolte pas, ne demande pas pourquoi. Son père a voulu l'immoler, point.
Personne n'est intervenu, le silence inexpliqué s'instaure pour des siècles, sur ces petits crucifiés, muets, jusqu'au nouvel Isaac, Benjamin, parti faire une colonie de vacances en été. Il écrit bien pourtant à son père : « viens me chercher » et pourtant la pesanteur endors ce dernier, pesanteur de la religion, du désir de sa mère à lui, un peu bigote, bref.
Et aussi parce que dire, c'est faire exister l'horreur, c'est reconnaître l'odeur du sang, c'est nommer l'innommable.
Le silence couvre toujours une grande souffrance, voilà pourquoi il est si difficile de le briser, nous dit Grégoire Delacourt, dans un livre totalement différent de son premier ( la liste de mes envies) car, lui, il brise le silence en écrivant sur ce petit innocent qu'est son fils et sur tous les petits innocents , en disant sa colère que cela, la violence faite sur des petits continue encore et encore, en deux mille ans de honte.
Abraham n'a même pas imploré le pardon de son fils après avoir tenté de l'immoler.
Et le père de l'histoire n'a pas réussi à protéger son fils.
Grégoire Delacourt tisse les deux histoires millénaires qui n'en sont qu'une, le martyr d'enfants violés, condamnés au silence où ils sont seuls désormais. Et « l'impuissance de l'amour des pères à parfois ramener leurs petits à la surface du monde »
Aujourd'hui, Benjamin parle un peu, son père a compris son calvaire, et l'auteur nous confie son cheminement.
C'est Yvan-T qui m'a conseillé de lire « Mon père » avant « l'enfant réparé ». Je dois sécher mes larmes d'abord.
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Quelles violences dans ce livre :violence des faits, violence du récit du père. Rien ne nous est épargné, tout est raconté, les mots employés sont terribles. le coupable est le prêtre (lequel, d ailleurs ?), le coupable est ce père qui ne se pardonne pas de n avoir rien vu et qui entraîne dans sa conviction sa mère et son épouse. Les allusions à Abraham et Isaac sont parfois un peu pesantes et peut être inutiles, sauf si on les rapproche à ces multiples citations de la Bible que l on retrouve tout au long du récit. Manière peut être de rendre compte de l imprégnation de l auteur à la religion depuis son plus jeune âge grace ou à cause de sa mère. La dernière page est terrible...très pessimiste, le fléau de la pédophilie dans l Église n est pas prêt de disparaître
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Je ne vais pas m'attarder à résumer une nième fois ce roman dont on ne sort pas indemne.

Toute cette violence que ce soit envers les enfants de la part du prêtre ou du père envers le curé, était à la limite du soutenable.

Et pourtant cela existe. le clergé tente tant bien que mal d'imposer le silence et veut faire "justice" lui-même. Pourtant la justice civile serait plus indiquée. On ne peut être juge et partie.

Ce roman est tellement bien écrit, que plus d'une fois je me suis demandé si je lisais une biographie, un récit de vie.

Le lecteur est tenu en haleine à tel point que j'ai lu ce roman quasiment d'une traite.

J'ai aussi apprécié le jeu de mot du titre.

J'ai lu l'édition de poche qui contient en fin de livre un texte toujours écrit par Grégoire Delacourt destiné aux enfants.

Ce texte sous forme de conte (fabuleux) explique aux enfants qu'il ne faut jamais faire confiance à personne, qu'il y a des choses qu'un adulte ne peut pas demander à un enfant.

J'ai aussi beaucoup aimé ce texte adapté aux enfants.
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C'est une colère, une colère énorme qui amène le narrateur à détruire une église puis à vivre trois jours en huis-clos avec le prêtre de cette église.
En effet, son fils Benjamin a été une des victimes sexuelles de cet homme d'église.
Benjamin s'en remet si mal.
Et ce père qui n'a pas su le protéger laisse tout exploser de sa haine incontrôlable.
Un livre difficile
Certes, certaines scènes ne sont pas réalistes, mais c'est un roman.
Un livre coup de poing comme la violence de ce père qui se sent coupable de son enfant brisé.
Toutes les histoires de pédophilie sont révoltantes et inadmissibles.
Celles faites par des prêtres plus difficiles à comprendre encore..
Cette colère est légitime
Et si ce livre a quelques défauts, ce n'est pas grave, on ne se révoltera jamais assez contre ce fléau.
Toutes les manières de le dénoncer sont utiles et louables.
J'ai été un peu agacée par le parallèle avec l'histoire d'Abraham et Isaac qui revenait un peu trop souvent, mais le sentiment de manquement du père qui n'a pas vu la souffrance de son enfant est aussi une conséquence de ces actes barbares et criminels.
Un livre qui laisse un goût d'impuissance et de révolte.
Et si j'ai bien compris le dernier chapitre, ce goût est bien plus amer encore devant le silence complice de l'église.
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Quand je te dis que je sors de mon périmètre de sécurité, tu rigoles… Ben arrête de rigoler !
Grégoire Delacourt, il est à plusieurs encablures du dernier roman de Fauquemberg…
Mais bon, faut pas que je meure idiot. Ce mec, c'est celui qu'a écrit « La liste ». Pas de Schindler, celle de ses envies. Autant dire que quand je l'ai choppé au détour d'un rayon, Gérard m'a demandé ce que j'avais fumé.
Je fume pas.
Alors bien sûr qu'après lecture et grand énervement parce que s'il y a un truc qui m'énerve, genre qui me donne envie de distribuer des coups de fourchettes, c'est les porcs en levrette sur des mômes, et donc bien sûr qu'après ça, je me suis demandé qui avait écrit sur ces ignominies.
Alors tu repenses à Justine Niogret et à son varan. Un des romans les plus vivants sur le sujet qu'il m'ait été donné de lire depuis de longs jours.
Alors bien sûr que tu repenses à Gabriel Tallent, et à « My absolute darling ».
Bien sûr.
Et puis tu penses à ce film, « Spotlight », celui qui m'a mis en colère et qui a engendré un de mes trucs à moi, qui s'appelle « T'auras pas mal ».
Et puis tu te dis, après avoir écumé chacune des pages de ce texte, que certaines de ses phrases sont juste belles. Belles à crever le ventre de ces bêtes qui sous couvert de Bondieuseries s'imaginent à l'abri de la justice des hommes.
C'est sans doute ça.
Alors un cri.
Le cri du père face au Bon Dieu, ou à un des ses agents commerciaux, qui lui dit de croire encore au pardon et à la rédemption.
Sans déconner.
Alors une histoire de vengeance.
Parce que face au vide monstrueux laissé par ces mecs qui imaginent que l'enfant est juste un morceau de viande, sans âme et sans douleur, et que même les petites filles sont faites pour le plaisir des hommes qui ont trente ou quarante ans de plus qu'elles, face à ce vide au milieu de leur crâne, je reste sans voix.
Alors je crie pas.
Parce que quand tu cries, t'as tendance à dire les trucs qui te sortent du ventre, pas de la tête. Ça veut dire que t'as tendance à dire n'importe quoi, et c'est pas la solution.
Alors je peux imaginer le père que je suis face à ce vide-là. Je peux imaginer le père que tu es peut-être face à ce vide-là. Mais je ne fais qu'imaginer.
Je peux imaginer la rage du père face à ce vide-là.
La suite :
Lien : https://leslivresdelie.net/m..
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Un père.
Un Père.
Un enfant.

Qu'il a été difficile à lire ce roman ! le sujet est tellement dur et pourtant il est nécessaire d'aborder ces questions. le silence. La soif de faire justice soi même. le pardon.

Un père.
Un Père.
Un enfant.

Il s'agit donc de Benjamin, enfant de parents divorcés. Benjamin souffre et ses parents l'envoient en camp de vacances encadré par des prêtres. Au retour Benjamin n'est plus le même et son père apprend qu'il s'est passé l'inimaginable. Il mène son enquête et décide de faire justice lui-même. S'ensuit un huis clos entre le père et le Père où tout va être dit.
Il faut lire ce livre jusqu'au bout, malgré les tripes qui se tordent, malgré les mains qui voudraient frapper, malgré les yeux qui pleurent.

Un père.
Un Père.
Un enfant.

J'adore Grégoire Delacourt, je ne manque aucune sortie et ses romans ne m'ont jamais laissée indifférente. J'ai aimé certains livres (« La liste de mes envies » ), j'ai adoré d'autres livres (« On ne voyait que le bonheur », « Les Quatre Saisons de l'été »), j'ai franchement moins aimé d'autres (« La Première Chose qu'on regarde »).
« Mon père » restera gravé longtemps dans mes lectures.

(Critique écrite en mai 2019)
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Ce livre m'a été prêté par une amie au sein de notre petit cercle de lecteurs et le moins qu'on puisse dire c'est que cela détonne d'une certaine manière avec les précédents ouvrages du même auteur.
Etonnement, déroute puis choc, gêne et douleur à la lecture de ce récit qui étouffe de vérité, qui la laisse éclater avec véhémence. La polysémie du titre permet de croiser les différentes figures paternelles, intergénérationnelles du père au Père, du géniteur à la figure du passeur, celui qui guide et celui qui égare et abuse. le sujet-tabou de la pédophilie permet de dresser le portrait noir et sombre d'un prédateur sexuel (mais lequel ?) qui prive de son corps, de sa dignité, enfin de sa parole un enfant le ramenant à son mutisme originel, étymologique. du courroux à la rédemption, du sacrilège au sacrifice, du silence aux mots qui permettent de se reconstruire pour (se) dire et (se) réapprendre, c'est à ce douloureux périple que le lecteur est conduit et qu'il devra effectuer d'une traite même si personnellement je n'y suis pas tout à fait parvenue.
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(...) C'est un roman court mais terriblement intense sur le combat d'un père et d'un enfant. le huit-clos renforce cette atmosphère pesant. Dans un contexte où la parole se libère concernant les abus sexuels au sein de l'Église, ce roman est juste. Je l'ai lu sans m'arrêter comme pour m'échapper de la douleur, comme Édouard. Comme un besoin de savoir l'indéfendable et l'inaudible. Cela pose la question de l'accompagnement des enfants victimes, de la manière de libérer la parole (...)
Lien : https://laviedevantjufr.word..
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Ca faisait longtemps qu'un livre ne m'avait pas donné autant la nausée....
Il est dur, difficile à lire, a fortiori quand on est parent. Ca faisait longtemps que je n'avais pas été obligée d'interrompre ma lecture pour prendre un autre livre. Pourtant le livre n'est pas très long.... Je ne révèle pas l'intrigue en vous disant que le sujet concerne le viol d'un enfant. le père du titre c'est à la fois le père de cet enfant, le père du père (ses souvenirs lui reviennent) et le Père, un prêtre....
Ce livre est vraiment, viscéralement difficile à lire.
Il pose la question essentielle, en tant que parent, de comment faire pour protéger ses enfants. Question sans réponse. Il est impossible de les enfermer pour que rien ne leur arrive. J'avoue que j'ai toujours des craintes quand mes filles partent en colo. Et pourtant elles partent depuis longtemps.... Heureusement que je n'ai pas lu ce livre avant leur premier départ !

Un petit bémol : la carte postale finale, je ne l'ai pas comprise, pour moi elle fausse un peu tout ce qui a été dit précédemment. Par contre les ultimes pages (le mail) : quelle triste vérité !

Une lecture utile mais douloureuse.....
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