Géopolitique du cinéma : De la mondialisation à la plateformisation

Je voudrais remercier Babelio et les Editions du Cavalier Bleu pour l'envoi de ce livre dans le cadre de l'opération Masse Critique, d'autant plus que c'est une grande et belle surprise.

Avec "Géopolitique du Cinéma", Chloé Delaporte livre un ouvrage précis et exigeant en s'adonnant avec brio à une incursion audacieuse au carrefour des domaines - économie, sociologie, sciences politiques, histoire - qui font exister et évoluer le septième art.

Ce livre se lit très facilement. Il révèle comment l'industrie du cinéma, où plutôt les industries du cinéma, se trouve en réalité au coeur d'enjeux politiques et économiques mondiaux, un théâtre où se jouent des batailles de softpower, de propagande, et de capitaux.

Delaporte décortique la guerre médiatique qui se déroule sous nos yeux entre les géants de la SVOD et les majors d'Hollywood. Cet apparent bras de fer titanesque met à la fois sous le tapis un juteux partage des capitaux et en lumière une réalité glaçante : le cinéma, un art qui s'est vu attribuer la mission sensible de raconter des histoires, est devenu un pion dans la vaste échiquier de l'ultralibéralisme et de l'hypercapitalisme.

Mais le livre ne se contente pas de dresser un état des lieux mondial, il explore également les situations locales. L'auteure nous entraîne dans un voyage à travers le monde, mettant en exergue comment le cinéma a servi et continue de servir les intérêts politiques, économiques et sociologiques des différents acteurs, tant publics que privés. Comment a évolué la système de représentation des minorités dans les films en Inde ? Quel est l'état de santé du cinéma en Amérique du Sud ? Qu'est-ce que l'exception culturelle française et quelles sont ses similitudes avec la Chine ?

Avec un style d'écriture captivant et passionné, Chloé Delaporte réussit à rendre son ouvrage accessible à tous, qu'ils soient des cinéphiles avertis ou des novices. C'est une véritable aventure dans le temps et l'espace, traversant l'histoire du cinéma depuis sa naissance jusqu'à aujourd'hui.

Et là où le livre brille le plus, c'est dans sa capacité à jeter la lumière sur des aspects souvent négligés du commentaire sur le cinéma mondial. Vous serez surpris par ce livre, très accessible à tous, très salvateur pour les amateurs de cinéma avec de multiples références filmiques et sérielles, de la pop culture aux cinémas d'auteurs plus méconnus.
Des curiosités et des informations trop rares sur des industries sous-évaluées dans notre société occidentale comme les cinémas africains, indiens ou chinois et une appréciation de l'importance du mot "pluralité" des cultures -et des industries- que j'ai particulièrement apprécié.

En définitive, "Géopolitique du Cinéma" est une oeuvre d'art en elle-même, aussi captivante et enrichissante que le film le plus accompli. Ne la manquez pas - ou, comme dirait Netflix, 'Don't Look Up' !

"Géopolitique du Cinéma, de la mondialisation à la plateformisation", de Chloé Delaporte est un essai des plus intéressant sur le lien entre les industries du cinéma et les enjeux politiques et économiques mondiaux.

Dans un style et une écriture facile à lire, Chloé Delaporte nous rappelle qu'historiquement, le cinéma a toujours été source d'enjeux, de propagande, utilisé comme arme de guerre, censuré, boycotté, il a rarement été un simple outil de divertissement.

Mais loin d'être seulement un outil stratégique, il est également une source de revenu important et par là même un acteur du monde capitaliste ultralibéral. le bras de fer actuel des géants du streaming et des studios en est un exemple flagrant.

Enfin, Chloé Delaporte aborde aussi les problématiques de la diversité culturelle, de la domination du cinéma occidental, et même des nouveaux enjeux climatiques.

Bref, vous l'aurez compris, ce livre est très complet, parsemé de références à des films et passionnant à lire.

Merci à Babelio et la maison d'édition le Cavalier Bleu de m'avoir permis de me plonger dans ces mécanismes économiques, sociologiques et politiques qu'on préfère malgré tout oublier, lorsqu'on s'assoit dans une salle de cinéma...