Ce livre est quasiment introuvable aujourd'hui. Pourquoi donc écrire encore une critique sur lui? Pour l'espoir ténu, mais vif de faire évoluer le domaine de la traduction du roumain. Il s'agit ici d'une anthologie de prose fantastique qui comprend plusieurs retraductions et deux premières traductions, de sorte que l'affirmation de l'éditeur : "ce volume contient sept petits chefs-d'oeuvre de la littérature fantastique, jamais édités en France" est quelque peu inexacte. À ma connaissance seules les traductions des nouvelles de Pavel Dan et de Barbu Delavrancea n'avaient pas encore été éditées avant la parution du présent recueil, soit avant 1993. Deuxième reproche, les titres ont tous été modifiés, sans raison, puisque tant la page de copyright que la table des matières reprennent les titres originaux en roumain. Troisième reproche : des adaptations pour les noms propres expurgés ainsi des diacritiques qui étaient cependant accessibles comme en témoignent les indications même des titres originaux.
Sur le choix des textes ce passage de l'introduction me semble en revanche très pertinent :
"La tonalité grave du premier récit (Le maître de Transylvanie) est interrompue par la nonchalance insidieuse de l'inimitable Caragiale (Le chat de l'auberge), par l'humour qui masque la sagesse du classique Ion Creanga (Le valet du paysan) pour culminer dans le grotesque d'une peur collective, en plein hiver est en pleine nuit où les loups deviennent les « émissaires » du Diable.
Le volume commence dans l'obscurité d'une forêt sans identité, mais qui est sûrement le siège du diable, pour s'achever sur l'image d'un calvaire en flammes."
La première nouvelle peut se résumer ainsi : depuis qu'un pauvre montagnard de Transylvanie s'est vu échanger son bébé par le diable, il est devenu son pourchasseur. Dans le Vieux moulin (de Gala Galaction) un jeune vaillant tue l'incarnation du diable qui se joue de lui et lui fait miroiter des richesses et des réussites, à coups de bâton.
Pour le reste, je conseille plutôt la lecture de L'effroyable suicide de la rue de la Fidélité de Ion Luca Caragiale qui contient une des nouvelles d'ici, L'auberge de Mânjoală, livre qui est encore disponible à ma connaissance.
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Évidemment, on ne peut guère ajouter foi à la parole des hommes, car nous savons le peu de cas qu’ils font de la vérité. D’autre part, je ne saurais renoncer, devant l’étrangeté de la chose, à procéder à un minutieux examen. La politique de notre empire exige que nous connaissions la raison de toute chose, en bannissant l’erreur et le doute.
(p. 76)
–Père Califar, j'ai appris que vous étiez un maître comme on n'en a jamais vu, un homme qui fait enrichir celui qui vient vous le demander. Me voilà, je suis venu pour cela.
(p. 42, Le Vieux moulin)
Depuis mon enfance j'avais appris comment coincer le diable. On fait un cercle autour de lui avec un couteau, on lui dit quelques mots à l'oreille, et il ne bouge plus, le temps qu'on veut. Seulement il faut pouvoir si on peut l'attraper !
(p. 25, Le maître de Transylvanie )
– Quel est celui qui m'arrête ? Celui de la bourse ou celui de l'église ?
(p. 178)