Dans son nouveau ouvrage,
Je vais passer pour un vieux con et autres petites phrases qui en disent long, l'écrivain
Philippe Delerm a mené l'enquête sur ces banalités qui, bien souvent, nous trahissent.
Si je vous ai plusieurs fois parlé sur mon blog de son fils
Vincent Delerm, que j'apprécie tout particulièrement, je connais moins l'oeuvre de son père qui n'est pas forcément de ma génération, et sa dernière parution, est visiblement assez fidèle à l'ensemble de son oeuvre, tant Delerm Sr aime décortiquer les menus détails qui nous dévoilent un monde.
Son dernier livre est donc un recueil sur les phrases que l'on prononce un peu trop facilement, en ne leur prêtant pas assez d'attention, des sortes de phrases réflexes qu'on emploie pour combler le vide de la conversation...
Philippe Delerm a pour objectif dans cet ouvrage de débusquer les travers de notre quotidien, ces petites phrases tellement banales et les situations particulièrement anodines.
Au fil des pages, on retrouve donc tout un florilège des phrases anodines et de lieux communs. Delerm, comme son films, arrive à toucher à l'universel avec ses petites phrases anodines Plusieurs fois, on se dira en lisant ces répliques amusantes et cocasses qu'il nous est arrivé de la dire ou plus souvent de l'entendre dans la bouche de nos interlocuteurs :,
Ainsi, j'ai particulièrment aimé les explications de cette phrase par exemple qu'on entend tous les étés sur les plages, surtout celles du Nord: «Quand on est dedans, elle est bonne !»
Mais Delerm vise tout aussi juste avec " Tout d'abord bonjour" (lorsque on interpelle un commercant en oubliant le mot magique), Il y a longtemps que vous attendez? "On va laissez passer les gens "( phrase type des usagers du métro parisien), "sinon, moi je peux vous emmener " (que j'ai pu entendre régulièrement en tant que non motorisé)
Si le plus souvent, le ton de Delerm se fait légerement griçant ou ironique, il arrive que ses nouvelles soient nostalgiques, ou méme émouvantes (le fameux " Les mots sont dérisoires », très souvent employé aprés un décès)…
On s'aperçoit alors qu'il faut bien souvent lire ces phrases toutes faites au second degré pour capter l'émotion sous-jacente et vraiment comprendre son interlocuteur.
Bref, le procédé est charmant, et parfaitement enrobé, mais reste quand meme au bout du compte, quelque peu anecdotique.
Une fois la chronique lue, et même si on a apprécié la justesse de l'analyse, difficile de se souvenir de quoi elle parlait. C'est sans doute le principal travers de la forme courte, et hélas, Delerm y tombe assez souvent dans ce livre qui vire vite, passé les 10 premières phrases, au procédé un peu systématique.
Par ailleurs, et un peu comme
François Bon dans son
autobiographie des objets , le livre laisse entrevoir de façon sous jacente un coté un peu réactionnaire qui interpelle quelque peu.
Delerm avait beau prendre les devants avec son titre, il passe effectivement un peu pour un vieux con en égratignant notre société actuelle et ses jeunes incultes avec une ironie qui manque un peu de subtilité. Et les expressions du foot et du tennis des années 80 avaient tellement, à l'entendre, plus d'allure que celles d'aujourd'hui!!!
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