Et je continue ma découverte des bande-dessinée de Delisle avec plaisir!
Cette BD m'intéressait particulièrement quand j'ai vu qu'elle avait lieu en Corée du Nord, le pays réputé pour être le plus difficile à pénétrer.
Guy Delisle va donc y rester trois mois. Trois longs mois, où il va être incapable de faire quoi que ce soit seul, ou il sera presque toujours accompagné d'un guide et d'un traducteur, ou on va lui démontrer la suprématie du partie/ de la dictature qui règne là-bas. Trois mois sans réellement avoir de discussions franches, de véritables échanges.
Et bien évidemment, on se pose la question, comme l'auteur : est-ce que les habitants y croient vraiment? A tout ce qu'on leur raconte, sur leur pays, leur président, sur le monde et les américains et l'Europe. Croient-ils vraiment à tout ça?
Le jour ou le pays va s'ouvrir au reste du monde, il va avoir mal. Comme le dit
Guy Delisle, la Corée du Sud n'a pas réellement envie de devoir prendre en charge un pays 54 fois plus pauvre que lui. Que va-t-il se passer? Quand on voit comment ils sont endoctrinés, comment ils y croient et qu'ils vénèrent leur président/dieu, je me dis qu'ils ne vont pas réussir à se libérer. Pas la génération actuelle en tout cas.
Il suffit de se souvenir du musée, où sont entreposés tous les « cadeaux » que toutes les nations du monde ont offert à la Corée du Nord et à leur leader, montrant leur profond respect et amour pour leur doctrine, c'est à la fois très drôle et effrayant. Ou encore le fait que chaque étranger doit se faire suivre tout le temps et qu'il doit à son arrivé montrer son respect au leader, en déposant un bouquet de fleur que l'interprète lui tend au moment où il atterrit au pied d'une immense statue représentant le président. J'aimerais voir leurs têtes, si on les obligeait à aller déposer des fleurs devant l'Elysée, ou la Bastille quand ils arrivent!
Il a du se sentir seul pendant ces quelques semaines…ne serait-ce que parce que les européens ne vivent absolument pas comme les asiatiques. Ce sont deux modes de vie complètement différent et la rencontre est difficile, d'autant plus difficile quand on se retrouve sous une dictature. D'ailleurs plus le temps passait, moins il arrivait à garder son calme et ses commentaires pour soi. Ses seules possibilités de montrer son désaccord est finalement de boire du coca, ou de désirer rentrer à l'hôtel en marchant plutôt qu'en taxi. Il n'aura parlé que très peu aux habitants. Ils se comptent sur le doigt de la main!
Et pourtant ils ne sont jamais seuls. il y a toujours Big Brother Kim Il-Sung qui suit tous les habitants tout le temps. Des photos sont partout (ils ont même des pins avec l'effigie des leaders à mettre sur leurs habits), ou des slogans, ou par la radio, ou par leurs patrons ou même dans la nature (un slogan peint à la main sur une falaise). Ils vivent constamment avec la propagande.
Le ton de l'auteur est parfois un peu désabusé : Il est obligé de se laisser porter, de faire finalement ce qu'on lui dit de faire.
Il le dit, il n'y a qu'un seul moment de sérénité réelle, alors qu'ils finissaient un pique-nique. Toute les tensions se sont relâchées et pendant quelques minutes, ils n'étaient que des hommes qui prenaient le soleil et se reposaient. Mais très vite, chacun a repris son identité de guide, de traducteur et d'étranger.
Il a dû être ravi de rentrer.
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Une belle bande-dessinée, très intéressante qui nous fait découvrir un pays en dictature qui n'en a pas fini de souffrir. On est content à ce moment là d'être né en Europe. Je la conseille!
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