Un roman dont la lecture ne peut pas laisser indifférent : on suit les méandres de la vie de Marie avec beaucoup de curiosité, même si parfois le côté décousu du texte m'a un peu gêné. L'auteure nous dresse un portrait sans concession de la société des années 80 - qui m'a fait revivre avec plaisir cette époque aussi ! - avec cette quête de l'héroïne de l'amour. Les personnages sont bien plantés. Un bon moment de lecture.
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Elle avait fini par comprendre au bout de quelques soirées de plans foireux « séduite et abandonnée » qu’une fille qui couche le premier soir n’est guère mieux considérée qu’une prostituée. Chaque fois elle s’était sentie encore plus seule que jamais. Elle s’en voulait d’avoir été trop passive, négligente et de ne pas avoir rencontré son futur mari pendant ses années d’études ; se caser avant l’âge fatidique de vingt-cinq ans était une sorte d’assurance amour comme il y a des assurances vie.
La solitude pourrait la faire tomber amoureuse si facilement, elle devait se défier de tout emballement, d’autant qu’il avait précisé qu’elle n’était que la quatrième personne qu’il rencontrait ; il voudrait sûrement voir d’autres jeunes femmes, elle ne pouvait rien contre cette concurrence ; elle était un bien comme un autre, sur le marché du célibat.
On peut escompter que lorsque certains hommes en quête de relations amoureuses ou sexuelles en viennent à passer par une agence, ou aujourd’hui par Internet, ils vont être encore plus exigeants : parce qu’ils ont payé, ils auront l’impression grisante de pouvoir choisir parmi beaucoup plus de prétendantes que dans leur vie quotidienne.
Sortir : ces gens qui ne souffraient pas de solitude n’avaient que ce mot à la bouche : « Sors de chez toi et tu ne seras plus seule ». Mais sortir où ? Dans des cafés, des boîtes de nuit, dans les rayons « homme » des grands magasins ? Il faudrait se poster dans un endroit public et attendre qu’un homme qui lui plaise l’aborde ?
Les hommes se sentent rassurés face à des filles qui sont en couple, ils se disent qu’elles ont forcément quelque chose qui mérite d’être conquis ; à l’inverse, quand une fille a dépassé l’âge fatidique de vingt-cinq ans, ils pensent (même inconsciemment) que c’est étrange qu’elle vive seule.