Sylvain Cordurié est un des auteurs que j'apprécie particulièrement sur plusieurs de ses productions, Ravermoon, Les maîtres Inquisiteurs,
Sherlock Holmes, Oracle, et j'en passe, mais également pour ses participations dans le cadre des Terres d'Arran.
Aujourd'hui encore, avec ce tome, je retrouve ce qui me plaît chez lui mais je ne m'attendais pas à autant de noirceur de sa part, ici dans le traitement des personnages humains. Et de manière générale, depuis que le cross over des Guerres d'Arran a débuté, je trouve que les auteurs principaux portent un regard très sombre et hyper négatif sur l'humanité. À travers les bd, l'être humain est réduit à sa plus vile nature, capable des pires atrocités et des pires bassesses, quand on ne parle pas des pires horreurs, à l'encontre de ce qui lui est étranger (les Races Anciennes), ce que je traduirais ici par une dénonciation bien évidemment. Doit on voir là le résultat de notre actualité des quatre dernières années....?
Le récit en analepse de
Sylvain Cordurié nous raconte l'histoire et les motivations d'Akrith, ce Gobelin gagnant sa vie en colportant les nouvelles des Terres d'Arran aux populations. Et ce dans le contexte des Guerres d'Arran qui s'annoncent. Il se construit donc parallèlement entre le passé et le présent du personnage, passé que l'on découvre bien sûr au fur et à mesure que l'histoire avance, et qui nous permet également de cerner la personnalité et les motivations du Gobelin. Oui motivations mais j'y reviendrais plus loin.
L'auteur insiste lourdement à travers quelques flashback sur le passé d'Akrith. Ces flaskback sont marqués par l'apparition d'une silhouette sombre qui s'adresse directement au gobelin, et l'on comprend vite qu'il s'agit de sa conscience et non d'un être réel. On remarquera le travail sur la palette graphique. En effet, chaque fois que cette ombre apparaît, c'est toujours dans un environnement bleuté, et plus globalement par la suite, cette même palette est utilisé lorsque Akrith retrouvera son ancienne personnalité. Cette apparition, ce "cas de conscience" est également marquée et mis en évidence par le simple fait qu'Akrith ne lui répond jamais... Ce n'est donc pas un dialogue mais bien une prise de conscience avec lui même.
Persécuté et torturé par les humains, sa véritable personnalité ne pourra que ressurgir, même si cela reste volontaire de sa part, et l'on comprendra alors sa décision face au choix qui s'impose à lui en fin de récit.
Rejoindre les troupes de Redwin à Dal'Darum deviendra une évidence.
Ce tome s'inscrit dans le cross over des Guerres d'Arran, et à l'image des derniers tomes sortis de cette même série ou de la série Mages, il permet aux auteurs d'introduire de nouveaux personnages qui y auront un rôle essentiel à jouer.
Sylvain Cordurié signe là un tome de très bonne facture, la personnalité de son personnage étant avant tout le moteur du récit. On comprendra ou pas ses motivations, qui traduisent une véritable colère et une soif d'en découdre avec les persécuteurs (voyez y les références que vous voulez!), une soif de retrouver sa liberté, une soif de vivre... le tout est magnifiquement illustré par les planches de
Paolo Deplano, qui n'a plus rien à prouver de son talent. Il n'y a qu' à admirer la couverture, toute la hargne qu'exprime le visage d'Akrith en dit long... Chapeau également à
Vincent Powell pour son travail sur les couleurs...!