Sacrifice d’amour, la dernière en date, était une tragédie émouvante mêlant l’ironie et la passion. C’était l’histoire d’un roi puissant et valeureux, qui étendait son empire jusqu’à des territoires jusqu’alors insoumis. Bien qu’il remportât une bataille mémorable, son cœur était vaincu par la reine de la nation conquise et il devenait son esclave. La passion brûlante qui les poussait l’un vers l’autre consumait sans pitié tout ce que le roi avait de plus cher. Les flammes crépitantes dévoraient sa femme, ses enfants, son honneur, son renom, sa raison et jusqu’à sa couronne impériale. L’amour exigeait alors de lui le sacrifice suprême, celui de sa vie.
Frances n’était pas la fille dodue en taffetas rouge que convoitaient la plupart des hommes, mais une créature féline, fine et alerte, dotée d’un charme sensuel qui n’appartenait qu’à elle. Il voulait une rebelle et n’aurait pu trouver plus féroce que ce chat sauvage. Elle mordit et lutta tout le long de leurs ébats, laissant son empreinte sur son dos, qu’elle laboura de l’épaule jusqu’aux reins. La douleur et le plaisir se confondirent, et il connut l’extase.
Les habitudes propres à chacun étaient tolérées dans cet ample giron. Le sang était plus épais que l’eau. Un acteur désœuvré était un vagabond sans ami, abandonné dans un désert hostile ; retrouvait-il un emploi, il obtenait l’accès instantané aux conforts d’un foyer.
L’amour bien souvent exige un trop grand prix,
Car il n’est de passion sans quelque sacrifice.
Et si Cupidon est l’allié de Vénus,
Il peut, mû par l’espièglerie,
Décocher des traits par trop acérés
Et, tâchant de blesser, finir par tuer.
Dans le lit conjugal de Trinity Street, la bataille entre le corps et l’esprit faisait rage. Il n’y avait pas de soporifique pour apaiser son tourment, pas de potion pour chasser les spectres qui la hantaient. Prise dans l’éternel mystère de l’enfantement, une épouse aimante en endurait toutes les souffrances.
Keith Miles (aka Edward Marston) répond aux questions de Barbara Peters. 1/6
Non sous-titré.