Toute préoccupation ontologique n’est pas absolument étrangère aux théories même psychologiques de la personnalité. Tantôt elles s’attachent à démontrer que l’âme n’existe pas ou qu’elle est inconcevable ou qu’elle est inutile à l’intelligence de la vie psychique; tantôt elles se défendent de faire de la métaphysique. A parler atome, force, matière, la physique ne met pas tant de façons. C’est qu’elle est une science. Le seul moyen de se garder de la métaphysique, c’est de l’ignorer et ce moyen n’est à la portée que des sciences positives. S’il n’est pas encore des plus employés en psychologie, il n’y a donc pas de quoi s’étonner.
Il est curieux de remarquer que le terme même de «psychologie» étymologiquement si parlant, a été lancé par Wolff en 1734. C’est Wolff aussi qui, le premier, a parlé de mesure en psychologie à l’occasion de sa distinction entre la psychologie empirique et la psychologie rationnelle, si mal nommée. Mais Brentano, le premier, a rompu avec la méthode de la philosophie de la nature en psychologie en faisant de la conscience l’objet formel de la psychologie.
On peut dire en effet que les relations entre la philosophie et la psychologie ont changé de direction. Depuis les origines les plus lointaines jusqu’à il y a un siècle, la psychologie était considérée comme une partie intégrante de la philosophie et n’avait pas d’existence autonome comme science distincte. Elle trouvait place dans une philosophie de la nature, et l’homme n’était étudié que comme faisant partie d’un système extrahumain.
L’importance philosophique de l’oeuvre de Piaget est aussi manifeste que son importance en psychologie expérimentale contemporaine, pour la raison générale que nous venons de souligner, c’est-à-dire les attaches profondes de toute psychologie avec la philosophie.