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3,58

sur 1889 notes
Je découvre sur le tard Virginie Despentes, après une première incursion plus que réussie dans son oeuvre avec la découverte du formidable Vernon Subutex. Après cet Apocalypse bébé, je commence à me demander s'il ne vaut pas mieux découvrir cette auteure "dans l'ordre", brique après brique, car j'ai eu la sensation que cet Apocalypse était une étape préliminaire d'une construction systémique plus vaste et plus aboutie dont Vernon Subutex serait l'acmé.
D'abord parce qu'y est développé l'incroyable personnage de la hyène, que l'on retrouve dans Vernon, et qui prend ici toute sa puissance et son sombre éclat.
Ensuite parce que déjà se suivent dans Apocalypse les portraits fouillés des personnages saisis dans leur réalisme sans fard, le froid modernisme d'une urbanité glauque et les analyses implacables d'une violence sociale observée depuis différents points de vue.
Mais également parce que l'ensemble est moins réussi, moins serein dans le regard, avec un final un peu too much que je n'ai pas trouvé cohérent avec le parcours de Valentyne, pas assez paumée pour ça.
Toujours est-il qu'on a là une auteure qui a des choses à dire à voix haute et le regard droit, des choses qui ne sont pas écrites comme ça ailleurs, et pour cela je vais continuer de loin en loin à la lire avec intérêt.
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Du grand Despentes.
D'abord, des portraits bluffants. Les personnages sont à dix mille lieux les uns des autres mais ramenée au niveau de chacun, la pertinence de leurs analyses n'a d'égale que le talent de Virginie Despentes pour les transcrire.
Ensuite, le souvenir que je garderai de ce roman. Je retiendrai principalement le décryptage de ce vide que tout adolescent doté d'un cerveau de plus de trois neurones est susceptible de ressentir, et qu'il cherche à remplir par une cause ou un but. Quel que soit le moyen pour y parvenir.
Moi qui aimerais tant associer systématiquement la bêtise à l'horreur, c'est pas Virginie qui va me laisser m'auto-rassurer. Et j'aime ça. Son art à nous titiller la réflexion.
Elle a pas son pareil, Despentes.
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Mon premier Virginie Despentes. Percutant. Envoûtant. Magistral.

Valentine a disparu sous les yeux de Lucie, la détective privée chargée de lui coller au train. Engagée par sa mamie. Lucie appelle à l'aide celle qu'on appelle La Hyène, une légende, pour retrouver la gamine. Un road trip qui les mènera jusqu'à Barcelone, et le retour à Paris sera… apocalyptique.

Des personnages admirables et profonds, une aventure haletante, un style bien à part, cru et addictif. Valentine fuit un père écrivain obsédé par sa carrière déclinante et qui la délaisse, une belle-mère collet monté, une grand-mère névrosée, des amis qui ne sont pas des amis. Et cherche sa mère, qui l'a abandonnée encore bébé. Souffrances et perditions sous le ciel de Paris et le soleil de Barcelone.

Virginie Despentes nous offre une analyse réaliste et glaçante de la société, une satire sans complaisance de notre monde avide de pouvoir et manipulateur, un hymne grinçant et tendre à l'adolescence, à l'abandon de soi, à l'amour et au désamour, aux marginaux et aux abîmés de la vie.

Bref, j'ai aimé, beaucoup aimé.
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Une plume incisive et crue que celle de Despentes... et j'adore ça !!! Pas de détours, pas de demi-mots, pas flafla... ça va droit au but, et j'adore ça. Cela peut heurter quelques sensibilités, mais bon, quand on sait qui est Despentes et ce qu'elle a fait, on joue le jeu et on s'y attends... Un rythme soutenu, des images fortes, une intrigue plus que captivante, un personnage principal qu'on aime.... Bref, super moment que j'ai passé.... et puis, ça se lit très rapidement !!
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Autant j'ai toujours été enthousiasmée par les livres de Despentes, autant celui-ci a fait pschitt!

L'histoire commence bien. Lucie, détective privée, doit rechercher Valentine, ado fugueuse. Elle est aidée par La Hyène, détective privée comme elle, qu'elle ne connaît pas du tout.
L'intrigue est surtout centrée sur ce duo inédit. Tout devrait normalement les séparer: l'une est expérimentée, l'autre pas; l'une est introvertie voire effacée, l'autre complètement désinhibée; l'une est lesbienne revendiquée, l'autre hétérosexuelle...
Outre le fait de chercher Valentine, cette ado en perdition que l'on dit complètement camée et nympho , le récit tourne beaucoup sur le fait que La Hyène soit lesbienne.
La découverte de Valentine fait aussi pschitt, tellement elle passe au second plan.

Au final, on retiendra le style Despentes, que l'on aime ou non, des chapitres mal coupés car trop longs et une enquête en demi-teinte.

Madame Despentes sait faire beaucoup mieux. Allez Virginie, on se ressaisit!
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Paris, Barcelone : deux détectives privées traquent une ado fugueuse, fille d'un romancier.
Ça, ce n'est que la trame de l'intrigue.
Son fil de chaîne, lui, est tissé d'innombrables rencontres, depuis les groupes de musique hardcore jusqu'à l'ultragauche, en passant par les salafistes de banlieue et la grande bourgeoisie parisienne.
À chaque étape on entend la voix de personnages hauts en couleur, dont le passé est détaillé, la personnalité exposée, disséquée, nous offrant un panorama fascinant et impitoyable de la société française des années 2000.
C'est le petit reproche que je ferais à ce roman : à force de vouloir coller à la réalité d'une époque, certains passages ont mal vieilli.
Mais c'est bien le seul reproche. Car Despentes, clairement, s'inspire de ses propres expériences pour dépeindre toute la violence de cette société.
D'ailleurs la fin du roman s'ouvre sur une dystopie d'autant plus effrayante qu'on peut en apercevoir des prémices aujourd'hui.
L'écriture m'avait ébouriffée dans King Kong Théorie. Ici dès les premières lignes le style est trépidant, essoufflé presque, et pour pouvoir tordre ainsi la langue Virginie Despentes montre à quel point elle la maîtrise superbement.
Challenge Départements (Meurthe-et-Moselle)
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Lucie est détective privée et semble s'être spécialisée dans la surveillance des adolescents. Un quotidien assez peu palpitant en somme. Jusqu'au jour où Valentine, une ado en marge, échappe à son regard dans le métro et ne réapparaît plus. Commence alors une enquête dont le sérieux la déconcerte. Ne sachant trop par où commencer, elle fait appel à la Hyène, un concentré de hargne, d'ironie et de violence – avec un soupçon de gentillesse – dans un corps de femme. de Paris à Barcelone, les recherches prennent la forme d'une satire sociale.

Comptons sur Virginie Despentes pour nous offrir un roman où la critique s'épanouit grâce à une ironie mordante et un trash des plus agréables. Ses personnages sont hauts en couleur – même les plus mous d'entre eux –, les réparties cinglantes, l'écriture décomplexée et l'histoire pas trop mal ficelée. Se dégage un arrière-goût de « trop » qui fait sourire et donne envie d'y revenir, malgré une intrigue qui ne m'a pas transportée. Juste pour le plaisir de l'irrévérence.
Lien : https://auxlivresdemesruches..
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Lire un livre de Virginie Despentes est un plaisir renouvelé pour moi, avec une plume incisive et engagée, et des personnages hauts en couleur.

"Apocalypse bébé" ne dérogera pas à la règle, j'ai beaucoup aimé cette lecture qui, sous prétexte d'une enquête sur la disparition d'une adolescente un peu marginale, est en fait une savoureuse galerie de portraits révélateurs de notre époque.

On trouve dans "Apocalypse bébé" un procédé narratif que l'on retrouvera quelques années plus tard dans "Vernon Subutex", à savoir l'alternance fréquente de personnages et d'angles de vue.

On découvre une adolescente paumée, un père écrivain frustré, une grand-mère intrusive et autoritaire, une mère absente, des détectives privés aux méthodes peu orthodoxes et une religieuse pour le moins originale.

La narratrice est Lucie, la détective privée "officielle" et, bien que décrite comme un personnage sombre et peu avenant, elle devient drôle sous la plume de l'auteure, dont les formules sont souvent bien senties.

L'épilogue est bien pensé et, même si je l'avais vu venir, n'est pas du tout décevant.

Un très bon moment de lecture, j'en redemande...
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Bon, et bien voilà je me suis faite Despentes. Ça vous choque ? Alors ne la lisez pas.
Pas tout Despentes, non bien sûr. Un brin, quelques feuilles. Faut toujours que je me la raconte...Histoire de bien me remettre en place.
Elle dérange un peu cet auteure ? Non ? Allez si. Non ? C'est chaud ou froid, en tout cas ça donne pas dans le tiède. Mais on s'en moque un peu. On fait pas partie du milieu. Alors on y va . Un peu de graisse sur les arcades. Les bandes, les gants. Allez on est sur le ring. Et ça tape, dans tout les sens. Éponge jetée dans le sceau. Ça frappe surtout. L'intrigue est là, le scénario du combat. Les bruits, la sueur, la peur, la défonce, l'approche, l'accroche, « hyper cute », détournement de mission.
Je lis : «  Road movie », je dis : ça va , on roule.
On dit «  polar », je dis : lunettes noires.
On dit : « limite pornographie », je dis : connerie !
Cash ...cash ladies.
Ce qu'elle m'a mise dans la tronche Despentes , ça m'a réveillé.
En la lisant ; je me disais «  non mais là, attends, c'est limite... », Quelques pages plus loin « elle va avoir des emmerdes », en fait j'ai réalisé que c'est ma trouille qui faisait ça. Cette trouille que je croyais hors de moi, que je disais «  pas pour moi », cette censure que j'avais avalé, bouffé, et qui avait déjà commencé à me digérer.Le camembert si ça commence pas par puer par la croûte, ça finit toujours pas périr par le coeur. C'est le coulant des noeuds de tous nos problèmes. La méchante petite tare nationale qui nous écrase la face contre le miroir. Dans les salons, y a pas un rictus d' intelligence, y a que des grimaces de soumission. Et ça c'est pareil à tous les rayons.
La trouille, cette saleté que j'avais chopé en respirant l'air du temps et qui me faisait méchamment penser qu'un auteur n'était plus totalement libre décrire tout à fait comme il le souhaitait. Faut être présentable, recevable, convenable, politiquement abordable...quitte à en devenir stérilisable, imbuvable, immangeable. Tant qu'on reste dans l'inconcevable....Tant qu'on est monnayable.
La première liberté d'expression c'est d'abord dans la tête de chacun, et surtout dans la tête du lecteur, qu'elle vient se loger. C'est là que ça commence, c'est là que ça commence à germer.
Lire Despentes ça m'a rappeler de jeter un oeil au calendrier, raison de jardinier.
Despentes, ça fait du bien, surtout par ces temps de grandes branlées inter-congénitales.
Ça déborde de la marge, c'est là que ça commence à devenir imaginable.

Astrid Shriqui Garain
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J'ai découvert Virginie Despentes avec la trilogie Vernon Subutex dont je suis déjà à la deuxième lecture tellement j'ai apprécié cet univers, peinture des moeurs de notre époque, véritable « Comédie humaine » moderne.
Avec Apocalypse Bébé, je retrouve avec infiniment de plaisir une marque, une écriture qui allie qualité et réalisme, poésie et truculence, un style qui m'embarque immédiatement.

Une intrigue très simple, point de départ et fil rouge : une adolescente a fugué et un binôme d'enquêtrices privées part sur sa piste. Ce livre est un road-movie entre Paris et Barcelone, mené tambour battant par un duo improbable, deux femmes que tout oppose, aux trousses d'une enfant perdue. Valentine est une adolescente mal dans sa vie et dans sa peau qui accumule les prises de risques ; Lucie est une jeune détective privée, hétéro, qui fait son travail consciencieusement et mène sa vie du mieux qu'elle peut… Déjà, dans Vernon Subutex, le personnage de « la hyène » m'avait fascinée : quel bonheur de la revoir ici avec ses excès, sa libido, ses postures lesbiennes et féministes… !
Le développement de l'intrigue est prétexte à d'innombrables digressions et polyphonie de points de vue. Seule Lucie s'exprime à la première personne et fédère l'ensemble sous son JE, prenant les lecteurs sous son aile, non pas protectrice car elle est souvent aussi perplexe que nous mais, du moins, présence rassurante et fil conducteur. C'est à ce personnage que l'on s'identifie, à ses ressentis que l'on se raccroche. Les changements de focalisations donnent une vision panoramique de l'histoire de Valentine et nous entrainent inexorablement vers un final percutant.
Virgine Despentes dépeint toute une société, la nôtre, et pousse ses illustrations jusque dans des retranchements que nous ne voyons pas venir ; c'est à la fois réaliste, vraisemblable et drôlement flippant. Encore une fois, c'est magistral.

J'avais choisi la version audio, lue par Nadège Piton, une véritable performeuse dans les registres du cabaret burlesque et de la satire politique. Elle prête sa voix à des émissions d'Arte et des documentaires. Sa lecture ici est parfaite, jamais dans le sur-jeu, en accord avec l'ambiance du livre : une vraie réussite.

Ma LAL (liste à lire) vient de s'étoffer de toute l'oeuvre de Virginie Despentes.
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