Apocalypse bébé/
Virginie Despentes
D'emblée, on se trouve dans le vif du sujet et le style alerte, simple et percutant de l'auteur va à l'essentiel, sans fioritures. On se dit que ça va « dépoter » ! En un langage branché pour ne pas dire « chébran » des protagonistes, on avance en terrain miné au sein d'une histoire un peu glauque.
Au bout d'un moment, le branché fait plutôt place à la vulgarité et le ton qui se veut actuel c'est à dire fait de raccourcis, est sincèrement réducteur avec ses idiomes, sa syntaxe lâche avec une ponctuation fantaisiste. Les anglicismes à la mode non indispensables émaillent le récit ainsi que l'argot de bas étage. L'auteur veut choquer, c'est indéniable.
Nous est offert tout au long du livre une galerie de portraits de personnages plus ou moins sordides juxtaposés sans que l'intrigue y gagne nécessairement et progresse d'un iota. On se trouve comme au point mort : il n'y a pas de rebondissement.
Le feu de l'action initial fait place peu à peu à une braise peu active de par un style trop narratif à l'imparfait avec analepses à répétition, et le récit se traîne et le suspense en pâtit.
Je veux bien que cette production de
Virginie Despentes soit qualifiée de « littérature de consommation d'aujourd'hui » comme dit un de mes amis, mais est-ce vraiment de la littérature ? Je me pose encore la question. En effet, les personnages trop manichéens nous font vite sombrer dans l'ennui que l'intrigue assez insipide ne fait qu'accroître.
Malgré quelques hésitations, je suis allé au bout de ce roman mal ficelé car il y a quand même quelques passages qui valent le détour, notamment des digressions sur les hétéros, les bonnes soeurs et les femmes battues.
P 218 : « Les hétéros se ressemblent toutes, elles préviennent « je ne mange pas de ce pain là » alors qu'on ne leur demande rien, puis elles te sautent entre les cuisses pour te bouffer la chatte sans même te laisser le temps de réagir. »
« L'hygiène de vie austère à laquelle elle se soumettent (les bonnes soeurs), n'interdit pas l'éveil ardent d'une foi supérieure, mais encourage le plus souvent l'idiotie la plus aride. »
Quelques exemples de style :» Dans une agence de privés, faire cracher les créanciers, c'est pareil que nettoyer les chiottes. »
« A part le sexe, rien n'est plus fédérateur que la drogue. »
« L'hétérosexualité, c'est aussi naturel que l'enclos électrique dans lequel on parque les vaches. »
Quelques passages sur la société d'aujourd'hui ne manquent pas de pertinence.
La fin de l'histoire sombre dans un délire à la
Barjavel en moins bon et moins poétique avec le spectre de Big Brother en toile de fond.
Et voilà !!!Vous avez un aperçu de ce qui vous attend. Des sentines barcelonaises aux bourbillons parisiens, l'auteur nous promène en une série d'enthymèmes dont elle a le secret. Et le tout sur un rythme poussif absolument poussif.
Un pensum à éviter à mon avis !