Du bruit sous le silence

En ce lundi matin, comme tous les lundis matins, Maurice Tamboréro, demi de mêlée du Racing Club Toulousain, enfourche son vélo et pédale, le coeur léger, à travers les ruelles de Toulouse pour se rendre à son entrainement. Au feu rouge, devant une boulangerie, il s'arrête... et ne repartira plus jamais. Fauché par une balle...
En ce lundi de congé, le capitaine de police, Benoît Terrancle, prépare tranquillement un pot-au-feu lorsqu'il reçoit un appel de Mathilde, une femme rencontrée la veille, qui l'assomme au téléphone. En même temps d'écouter ses pitoyables paroles amoureuses, il appelle, de son portable, Bernard, au commissariat central. C'est alors que ce dernier, sur son écran, voit justement un vélo tomber, percutant une boulangerie dont la vitrine vole en éclats. Bien qu'en repos, Benoît décide de se rendre sur place, certain de retrouver sur les lieux son collègue, le commissaire principal, Elie Verlande. C'est à ce dernier que l'enquête sera confiée, lui tout fraîchement débarqué dans la ville rose depuis son Nord natal et ne connaissant rien aux subtilités du rugby, contrairement à Benoît, ancien rugbyman. L'ambiance entre les deux hommes va peu à peu se tendre d'autant qu'Elie commence à soupçonner certains joueurs...

Dans le monde du rugby, il n'y a visiblement pas que les coups qui pleuvent. Les balles aussi ! Touché en plein coeur, Maurice Tamboréro, rugbyman professionnel apprécié aussi bien de ses coéquipiers que des supporters, se prend une balle en plein coeur de la ville. Un tragique événement, aussi bien pour le milieu du sport que pour les Toulousains, dont le rugby est une véritable institution, presque un art de vivre. Tragique aussi pour certains de voir confier cette affaire à un "étranger" ! D'autant qu'Elie Verlande, novice en la matière, ne va pas y aller avec des pincettes. Il va d'ailleurs s'en remettre à son collègue. Un meurtre dans le milieu du sport, voilà un contexte singulier dans lequel nous plonge Pascal Dessaint. Outre une enquête finement menée, l'on se délecte des oppositions et tensions entre les deux inspecteurs, anti-héros au caractère bien trempé (frustration sportive pour l'un, amour-haine d'une mère alcoolique pour l'autre), donnant lieu à des dialogues tantôt jouissifs tantôt cyniques. Donnant la voix à tour de rôle aux deux flics, l'auteur nous immerge totalement dans les pensées de chacun.
Une mêlée sanglante, un essai marqué haut la main et une finale inattendue...

Et pan ! en plein dans le mille ! Maurice Tamboréro est abattu d'une balle dans le coeur alors qu'il se rend à l'entraînement à vélo. le meurtre fait sensation à Toulouse puisque la victime occupait le poste de demi de mêlée au Racing. le club de rugby est une institution dans la Ville rose et il domine le championnat national depuis plusieurs années. Elie Verlande, commissaire principal, est chargé de l'enquête. Originaire du Nord, débarqué depuis peu à Toulouse, il ignore tout du milieu du rugby. Il peut compter sur l'aide de son collègue Benoît Terrancle, ancien joueur, plus au fait des subtilités de ce sport et des susceptibilités locales…
L'enquête débute lentement dans un milieu de passionnés peu passionnant. Terrancle affranchit le lecteur des régions d'Oïl des différents postes et profils au sein d'une équipe de rugby. le voilà prêt à distinguer un talonneur d'un pilier mais toujours en attente de sensationnel dans une histoire qui s'essouffle. Sa patience est récompensée quand les masques commencent à tomber et que certains personnages se montrent plus retors. Et il se rappelle que si Dessaint sait manier une langue coquette, c'est pour nous brosser le portrait des esprits les plus pervers.
Le roman est bourré de clins d'œil à l'univers du polar. Il s'amuse de la célèbre distinction entre un pistolet et un revolver (tout auteur confondant le barillet et le chargeur doit passer sous les fourches caudines des amateurs de roman noir), il joue avec l'image du détective hard-boiled qui, la nuit, remonte le col de son imperméable pour symboliser le doute qui le traverse, et enfin, il pastiche et rend hommage au critique Claude Mesplède sous les traits du Commissaire Claude Mousplède, né dans la même ville que lui. Les romans de Pascal Dessaint sont parfois si sombres qu'ils en deviennent étouffants. Ce n'est pas le cas ici : les saillies, les personnages farfelus, le style soigné et le cadre toulousain agrémentent ce récit. Mon premier pas dans les terres toulousaines de l'oeuvre de Pascal Dessaint.

Qu'il est loin mon pays,
Qu'il est loin. Parfois au fond de moi, se ranime
L'eau verte du Canal du Midi
Et la brique rouge des Minimes
ô Moun Païs, ô Toulouse...

Les Toulousains – au sens large – ont plusieurs choses en commun. Cette chanson de Claude Nougaro entre autre qu'ils connaissent par coeur. Tous savent vous dire où ils étaient le 21 septembre 2011 à 10:17. et tous au moins une fois sont aller sauter sur la Place du Capitole – car qui ne saute pas n'est pas... - pour fêter l'un des multiples titres de leur club. Pascal Dessaint fait une belle addition : Toulouse et le milieu du rugby. Car s'il faut déchainer les passions autour de l'esprit de ce sport, c'est ici qu'il faut situer l'intrigue.

Maurice Tamboréro, demi de mélée du Racing Club Toulousain – sic -a pris la balle. Mais ici, par de référence sportive à une quelconque mechigue libérée d'un regroupement pour un jeu au près avec les gros – ceux qui déménagent les pianos – ou un jeu avec les gazelles au large – ceux qui en jouent... du piano – Tambo a pris une balle, non pas en cuir, mais chemisée de plomb. En plein coeur – localisation anatomique - , en plein coeur de Toulouse – localisation géographique -.La rumeur se répand et on en fait des galégeades dans les bistrots de la vie. Mais les plus terrible pour les gens d'ici, c'est qu'on a confié l'affaire à un étranger. Un commissaire de Dunkerque qui vit avec sa mère. Avant que le cadavre n'est eu le temps de refroidir, la liste des avertissements est déjà longue comme le bras... Mais vous pouvez pas comprendre si vous n'êtes pas d'ici. Chez nous le rugby, c'est plus qu'une religion, c'est une mystique.
Le commissaire non plus, il comprend pas. Mais son adjoint, c'est un ancien joueur qui connait bien le milieu. Il va bien lui expliquer et à vous aussi. Mais bon c'est pas pour ça que ce c.. de commissaire il va pas commencer par soupçonner les coéquipiers de Tambo.

Ici, le Rouge et le Noir, ce n'est pas avant tout le titre d'un roman de Stendhal. Ce sont les couleurs que tout le monde soutien. Alors bien sûr toutes ces explications que donne Dessaint : Les règles, les postes, l'état d'esprit du rugby, elles sont pour nous superfétatoires. Il en profite ainsi pour égratigner aussi le mythe : Rugbyman = bourrin sans culture. Mais il rappelle aussi que les rugbymen sont des hommes. Et parfois, comme les flics de ce roman, ils ont leurs faiblesses. Il commettent des erreurs. de celles qui conduisent à prendre une balle en plein coeur...
Un milieu qui n'est pas le cadre habituel du roman policier. Ça vous changera des mannequins assassinés, des tueurs en série de blonde à forte poitrine... Bourré de références pour les connaisseurs de la chose rugbistique. Une découverte de plus pour les autres : ce qui fait vibrer la Ville Rose. Dans tout les cas : Surprise !!!
Un seul mystère restera irrésolu : le titre " du Bruit sous le Silence "...

Actualité oblige, ce roman de 1999 vient d'être réédité.
Un joueur vedette du racing club toulousain est assassiné. Deux policiers enquêtent un originaire du Nord qui ne connaît rien au rugby (comme moi) et l'autre ancien joueur.
Les novices de ce sport comme les supporters trouveront leur compte dans ce roman.
Nous suivons un récit par les deux voix de ces personnages très différents qui font le charme de ce livre.
L'ambiance est une ambiance volontairement masculine et de plus l'auteur étant également un homme , le résultat trivial m'a un peu dérangée. Les femmes n'ont pas vraiment de beaux rôles.
Reste l'enquête dans l'ambiance particulière du sport.

Un rugbyman international est assassiné. Un flic dunkerquois ignorant tout du rugby et un toulousain ancien joueur se chargent de l'enquête. Tout les sépare, peut-être même plus qu'on ne croit. La première moitié est un peu lassante et n'est que le prétexte à vous expliquer ce qu'est le rugby et à vous faire voyager dans Toulouse. La deuxième partie, un peu plus animée, vous incite à trouver les explications sur ce meurtre et efface l'image du rugbyman gendre parfait ...

Bonjour,

Voici un polar : "Du bruit sous le silence" de Pascal Dessaint aux éditions Rivages.

J'ai rencontré l'auteur au salon du livre de Marmande le 7 mai 2022. J'ai été tentée par la quatrième de ce livre.

Toulouse, 1997. Maurice Tomboréro, le demi-de-mêlée du racing tombe raide mort sur la chaussée, tué par balle, alors qu'il faisait son petit tour de vélo. L'enquête est confiée à deux inspecteurs de police, l'un fraichement débarqué dans la ville rose et l'autre ancien rugbyman, né dans le sud-ouest.

Très bon roman que j'ai aimé lire. Je m'y suis sentie comme à la maison, dorlotée tel un coq en patte. J'ai retrouvée tout ce qui me rend fière d'appartenir à ce terroir, les valeurs transmises à travers le sport, l'union et le soutient d'une population soudée jusque dans le respect de l'adversaire.

Le point de vue du Ch'ti est intéressant au niveau neutralité et met à mal les arguments de l'enquêteur local qui se veut protecteur envers les siens. L'étranger essaye de s'intéresser mais les gens du milieu n'aiment pas que ce "doryphore" viennent fourrer son nez dans les affaires qui ne sont pas les siennes.

Le rugby est mis en avant, certes, puisque c'est la religion en pays toulousain. Deux voix portent ce récit, une enquête quelque peu chamboulée par les velléités d'une troisième mi-temps retenue par les femmes évidemment. Une écriture soignée, appréciable ; un hommage est rendu à Claude Mesplède via le personnage du commissaire Mousplède.

Un polar bien sympa qui mijote et se déguste sous la mêlée comme un bon bouilli : essai transformé !

Bonne lecture, amis lecteurs !

Je remercie infiniment Pascal pour la belle dédicace.
Lien : https://lecture-chronique.bl..

Paroles de rugbman : “Isole toi si tu veux, mais jamais seul.”
Une belle découverte pour les non-initiés de ce sport tellement merveilleux dans l'esprit, dans l'intelligence (si, vraiment mais je comprends parfaitement le scepticisme du profane), dans le respect et les joies qu'il apporte, loin des euphories arrogantes d'une victoire ou des viles haines des défaites dont le foot est aspergé.
Sous forme de gentil polar, situé dans la capitale de l'ovalie, il se laisse lire aussi agréablement qu'une bonne mousse se laisse partager après un bon match. En terrasse, sous le soleil. Et sans Delerm, toutes les gorgées sont bonnes...

Une intrigue qui se passe donc dans le monde du rugby dans cette belle ville de Toulouse, capitale de ce sport ( en France) ....On y voit un crime qui touche un grand joueur et 2 flics aux profils tres différents , l'un est un ancien rugbyman, l'autre ,un Chti débarqué récemment dans la ville rose et qui n'y connait rien... Ca part vite mais les stéréotypes sont nombreux et un peu usants....un moment de lecture pas désagréable mais pas un souvenir ineffaçable

Ce roman, on l'aime ou on ne l'aime pas. Ce que j'ai apprécié c'est l' immersion dans le monde du rugby avec ses bons côtés et ses risques de dérives; peut-être un peu trop exagérées. L'évocation du difficile passage de l'amateurisme au professionnalisme de la fin des années 90 est bien mis en exergue.
L'enquête vécue grâce aux explications des 2 principaux protagonistes, pas très sympathiques, est assez prenante et l'envie d'aller au dénouement augmente au fil de la lecture.
Mais ce dénouement est décevant d'autant plus qu'il est basé sur certaines incohérences. La première est de comprendre comment un non professionnel du tir, réussit il à atteindre avec une seule balle une cible mouvante avec un pistolet depuis le deuxième étage d'un immeuble. La seconde est de ne pas comprendre pourquoi l'assassin va demander en face à face à un témoin potentiel de ne pas être présent au moment de l'assassinat pour ne pas être reconnu ?!!?
L'auteur a, volontairement ou non, parfaitement choisi son cadre avec le stade toulousain dont les couleurs sont le rouge comme le sang (il y en a surtout à la fin) et le noir comme l'est l'ambiance tout au long du roman.
Un roman où les femmes n'ont pas le bon rôle à l'opposé des rues et quartiers de Toulouse où l'auteur trouve intéressant (mais pas moi) de nous perdre.
Les nordistes ne sont pas non plus montrés sous un angle très positif. L'auteur aurait-il de mauvais souvenirs de jeunesse ??
En conclusion : essai non transformé.

En cette période de coupe du monde j'ai souhaité lire un roman parlant de rugby. « du bruit sous le silence » date un peu ( parution en 1999 ) mais ce titre est alléchant, il a été qualifié de premier polar dont l'action se situe dans le monde du rugby et lauréat du Grand prix de littérature policière 2000. Et puis cela va me permettre de faire connaissance avec Pascal Dessaint.

Maurice Tamboréro, demi de mêlée du Racing Club Toulousain, est assassiné en pleine rue. Tué d'une balle dans le coeur alors qu'il allait s'entraîner, à vélo. Toulouse terre de rugby, le Racing club phare, Tamboréro le meilleur joueur de l'année qui allait être sélectionné pour le tournoi des Cinq Nations ( en février 1997 elles n'étaient pas encore six ) : l'enquête s'annonce particulièrement délicate. Contre toute attente c'est le commissaire Elie Verlande qui en est chargé. Une mission piégeuse tellement le rugby est une institution locale et Elie n'y connait rien, lui qui vient du Nord. Elie veut de l'aide, il sera secondé par Benoit Verlande, lui le ballon ovale il connait.

Elie et Benoit sont les deux narrateurs. le lecteur doit être attentif pour déceler qui se cache derrière « JE ». Elie le solitaire timide qui ne semble côtoyer que sa mère envahissante et qui a traversé la France avec lui. En trois ans Elie ne s'est toujours pas fait une place à Toulouse. Avec Benoit, le local, ancien rugbyman qui connait tout le monde et que tout le monde connait y compris les journalistes, l'entente est compliquée. le lecteur connait leurs pensées respectives, notamment l'un vis-à-vis de l'autre. Ce n'est pas banal mais réussi, l'auteur s'y prend bien pour semer des zones d'ombre dans la personnalité des deux personnages principaux et intriguer le lecteur.

L'enquête est bien racontée et crédible avec autopsie, balistique, le labo de la scientifique et tous les interrogatoires menés parmi les proches de Tamboréro pour reconstituer sa vie personnelle et sa place dans le rugby. Avec le nom Tamboréro, j'ai eu du mal, Camberabero trottait dans ma tête. En plus je n'arrêtait pas de penser à Claude Mesplède après une allusion au commissaire Claude Mousplède.

Il n'y a pas mieux qu'un flic pour fouiller et explorer. Avec Elie le candide, le lecteur est comblé. Elie doit tout apprendre sur le rugby. A cette époque, les clubs évoluent vers le professionnalisme. Financièrement, c'est une révolution. Dans un grand club comme le Racing, les joueurs doivent gérer la célébrité, le fric, les filles, la concurrence entre joueurs, les blessures, la frustration d'être remplaçant après avoir été titulaire, la tentation du dopage. Les rivalités sont multiples, peuvent-elles expliquer l'assassinat de Tamboréro ? Et puis il y a les règles du jeu, Pascal Dessaint offre des passages d'anthologie, il s'y connait en rugby, « un sport d'une subtilité inouï ». le chapitre 9 est fabuleux. 9, c'était le numéro que portait Tamboréro. Pour aider à comprendre l'auteur gratifie le lecteur d'un croquis. Après cette lecture, je regarderai un match avec un autre oeil.

Elie le solitaire, le tourmenté, ne manque pas de perspicacité. Face à un monde du rugby qui la joue collectif, il oppose sa ténacité et fouille au plus profond de l'âme humaine. Il n'a pas son pareil pour mener des interrogatoires. Il sait lire entre les lignes, démêler les situations confuses. Ce polar va au fond des choses. C'est à la fois sérieux, instructif et léger lorsque Gautran et Blondeau entrent en scène. Je suis formel, il n'est jamais trop tard pour lire un polar d'autrefois.

Du bruit sous le silence - Pascal DESSAINT . Parution en 1999, Éditions Rivages/Noir n°312. ISBN 9782743604226. Réédition en mars 2017, Éditions Rivages/Noir, ISBN 9782743639297.
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