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sur 353 notes
Julien, un jeune musicien de 28 ans, s'ennuie dans sa banlieue grisâtre et sans âme. Il occupe un minuscule studio à Rungis, ville bordée par l'autoroute.
Il vient de subir une rupture amoureuse et n'a quasiment pas de relations sociales.
C'est une sorte d'antihéros version Houellebecq et de beaucoup de romans contemporains de littérature française avant Madame Bovary, on s'ennuie avec lui. On vit pleinement sa morosité, sa déprime, on compatit à son manque de perspective.
Mais là où le récit devient intéressant, c'est lorsqu'il découvre le jeu de réalité virtuelle nommé Heaven, un métavers qui duplique le monde réel à l'identique de celui dans lequel nous vivons. Il s'agit bien d'un jeu ou toutes les actions les lieux les personnages sont irréels, virtuels, appelés anti humain, c'est l'Antimonde.
Une copie de notre monde qui offre toutes les actions, toutes les identités possibles. Une sorte de jeu ou l'être devient protéiforme et même le contraire de ce qu'il est dans la vie réelle.
En quelques clics et peu d'efforts le jeu enrichit les joueurs. Dès lors comparé à la vie réelle, impossible de ne pas développer des addictions et le désir toujours plus fort d'en avoir plus et plus encore. L'auteur compare ces joueurs aux travailleurs qui vont travailler laborieusement tous les matins pour un salaire dérisoire comparé aux fortunes rapidement et facilement acquises du métavers.
En cela, c'est une double critique du capitalisme financier et numérique, l'argent facile, et de l'exploitation de l'homme dans l'économie réelle.
Créé par un mégalomane psychopathe mais néanmoins visionnaire, Adrien Sterne, auquel Google déroule le tapis rouge, le jeu donne un second souffle de vie et anime notre Julien comme des millions de joueurs à travers le monde.
C'est ainsi que ce monde virtuel prend le pas sur le réel de Julien, ce monde imaginaire et magique où tout est possible et tous les désirs, des plus nobles à ceux qui font appel aux plus bas instincts peuvent être assouvis, le contraire de la réalité qu'il s'est fabriquée.
Un saut dans la toute-puissance, d'un anti-héros Julien n'a qu'un pas à faire pour devenir le super héros adulé des foules, musicien star de notre époque, une transformation radicale permise par le jeu créé par un démiurge, dieu de l'Olympe du web, calculateur (Sterner, le créateur) qui manipule ses sujets à son gré, Il fait et défait les destins, Julien en fera les frais à ses dépens.
Pour pallier les manques du monde réel, Julien s'engouffre dans ce jeu et nous entraîne avec lui dans ses réalisations les plus folles, la fable fonctionne bien et on suit avec intérêt ses péripéties ainsi que ses grandes et drôles aventures, Julien s'est bien amusé et est devenu accro.
On attend la suite à chaque chapitre, on rit bien aussi dans la scène où Julien, devenu Vangel, son avatar, affronte Donald Trump à la maison blanche aussi bien que lorsqu'il produit la chanson qui va le propulser au rang des plus grands et dans l'émission littéraire de Busnel où les protagonistes s'affrontent comme des marionnettes.
Tous les avatars peuvent être manipulés à souhait par les avatars eux-mêmes selon leur mission et par le démiurge.
On s'interroge sur les implicites du récit. La réalité est-elle si insupportable en tous points pour qu'un homme que l'on peut comparer à certains patrons des GAFAMS puissent mener les humains à devenir des antis humains, s'oublier dans le jeu virtuel, oublier le réel pour aboutir au néant et nier par là-même la vie qui a été donnée, et qu'en est-il des liens sociaux sont-ils vraiment si artificiels pour jeter ainsi le bébé avec l'eau du bain ?
Les GAFAMS ont-ils cette puissance et ce pouvoir de soumettre les êtres à leur créations virtuelles que l'on croit dérisoires parfois ? Les rendent-ils vraiment capables de s'anéantir à ce point ? Va-t-on se soumettre ainsi aux machines, va-t-on tous devenir des sortes de robots augmentés soumis aux nouveaux démiurges de l'économie du web et confondre le virtuel et le réel comme le fait Julien ?
Vont-ils vraiment nous amener à être « ensemble » tous sur le jeu, le réseau, mais « séparés » par les écrans, la volonté des puissants, etc, mais aussi seuls qu'avant si ce n'est plus, à recevoir nos doses de dopamine par écrans interposés et à déserter nos vies pour des créations technologiques tentaculaires qui nous envahissent à l'instar de celle de Sterner qui passe de l'Antimonde au Multimonde, avec toujours plus d'appât de gains et de puissance à la clé avec le monopole garanti ?
L'exposé de Nathan Devers sur les nouvelles technologies est intéressant et a au moins le mérite de nous titiller.
Cette dématérialisation extrême ne présage pas la mort d'un monde, des êtres ?
En tout cas ce roman a le mérite de poser des questions, il est plutôt polymorphe et intègre différents genres, du documentaire avec quelques questions théoriques sur la réalité virtuelle, le web, l'économie, la littérature bien sûr face à la réalité virtuelle, le devenir de la culture, de la musique, présente tout au long du roman, celui de la littérature qui s'écrit sous nos yeux.
Il peut être également un thriller, d'autant plus qu'il touche des problématiques actuelles et à venir dans un futur proche, on en a froid dans le dos d'autant plus qu'on perçoit chaque jour la réalité qui s'estompe au profit du virtuel, de la dématérialisation.
En tout cas l'intrigue nous immerge vraiment dans le jeu comme si on était nous-même dans le métavers, en cela la littérature est encore capable de rivaliser avec le jeu vidéo et nous apporte elle-même notre dose quotidienne de dopamine.
Les bémols du roman sont une absence de structuration des pensées qui nous embrouillent parfois et on a du mal à passer d'une idée à une autre. Mais l'intrigue elle-même est prenante et des questions se posent.



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Julien est prof de piano, fraîchement séparé de sa compagne, il vit à Rungis et tue l'ennui et sa colère en scrollant sans fin des vidéos sur internet.


C'est par hasard qu'il tombe sur une publicité pour "l'antimonde" un jeu video en ligne où il s'inscrit sans attendre.
Caché derrière son avatar Vangel, il va faire fortune dans l'univers du metavers . Mais quels en sont les véritables risques ? Et pour conjurer l'apocalypse informatique, quoi de mieux que la rébellion par la poésie?

C'est là toute la question à laquelle essaye de répondre Nathan Devers dans « Les liens artificiels .

Philosophe de formation, Nathan Devers fait écho à des problématiques très actuelles et métaphysiques, directement liées à nos dépendances narcissiques aux réseaux sociaux et au virtuel

L'écriture touche par sa fluidité et l'on passe un bon moment tout en se demandant sur si ce que l'on lit ressemblera vraiment à notre futur.

Nathan Devers fait mouche dans cette ère post-covid où chacun est un peu plus connecté qu'avant.

UN roman autant profond que facile d'accès; qui a longtemps figuré sur la liste du Goncourt...


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Une détestable daube, n'ayons pas peur des mots.
Une pâle copie de Houellebecq, sans style, inintéressant, à croire que les maisons d'éditions ont des étrons dans les yeux. Invraisemblable de publier et de médiatiser un recueil aussi inutile. Et la dégaine de l'auteur est insupportable. Fuyez !
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Le 7 novembre 2022, Julien Liberat se suicide en direct sur Facebook. Qu'est-ce qui a mené cet obscur jeune professeur de piano à ce geste désespéré ? Et pourquoi partager ses derniers instants avec des milliers d'Internaut ? Pour le savoir, il faut remonter quelques semaines en arrière. Julien, 28 ans, ancien surdoué du conservatoire, mène une vie décevante à ses yeux . Ses cours particuliers de piano ne sont pas à la mesure de ses compétences et son boulot ne lui apporte aucune satisfaction. Enfermé dans un rythme social digne d'un étudiant, il occupe un petit studio à Rungis, ville sans intérêt, et rumine sur sa rupture amoureuse avec May, la seule femme avec qui il aurait pu construite quelque chose. Fan de Bach et de Gainsbourg, il rêve de publier un album depuis des années mais là encore, les refus et les déceptions s'enchaînent. Au début de l'été, désoeuvré et déprimé, il se connecte à un nouveau jeu en ligne, l'Antimonde. Ce jeu, créé par Adrien Sterner, promet à chaque joueur, sous couvert d'anonymat, d'accéder à une autre existence et d'obtenir une quête d'évasion jamais égalée. Julien se connecte. C'est le début d'une nouvelle vie sous les traits de son avatar Vangel.

Nathan Devers, avec « Les liens artificiels », exploite un sujet d'actualité très à la mode : le métavers. Ou comment les déçus du réel peuvent se glisser dans la peau d'un autre et vivre autrement dans un monde virtuel. Julien illustre ces personnes qui s'immergent totalement dans un monde fictif mais ô combien plus passionnant, jusqu'à oublier leur vie réelle. C'est le personnage principal – avec son avatar Vangel bien entendu, mais pas le plus intéressant. Celui qui a suscité le plus mon intérêt reste Adrien Sterner, mélange de Zuckerberg, Musk, Bezos et de Dieu bien sûr, sorte de génie narcissique, mégalo et paranoïaque. Autour de ces deux personnages gravite donc un monde totalement virtuel où les morts ressuscitent et où le pognon se gagne très facilement à coup de likes et smileys. Un monde où bien évidemment on vit un rêve éveillé et où au final, on ne fait que reproduire le monde réel. Triste bilan.
Mais une fois qu'on a dit cela, cela tourne un peu en rond cette histoire. Il y a de l'imagination, c'est sûr, mais pas d'originalité. Cela devient même parfois un peu un fourre-tout de tout ce qui se dit et s'entend sur les risques et dangers des réseaux virtuels et sociaux depuis déjà un certain temps. On a droit aussi à quelques tirades sur les autres maux de la société actuelle. L'intervention de vraies personnes dans l'histoire, comme Beigbeder ou Anne-Sophie Lapix par exemple, c'est également du déjà vu chez d'autres auteurs. Quant au style, rien de bien original non plus. En même temps, l'humour est de mise alors on ne va pas faire des ronds de jambe à chaque phrase. Mais quand même.
Nathan Devers a mis tout ce qu'il aime dans cette histoire : les références religieuses - #cnews, Bach, Gainsbourg. Aucun avis négatif là-dessus, c'était toujours bien amené dans l'intrigue. Mais alors, que retenir de ce livre ? Et bien pas grand-chose pour ma part.
Au final, je ne dirais pas que je n'ai pas aimé ni que j'ai aimé. « Les liens artificiels » est un roman qui se lit relativement bien -quelques longueurs tout de même, qui propose de l'action et des rebondissements mais qui n'apporte rien de nouveau sur le genre utilisé et la thématique exploitée. Car toutes les analyses – mystiques ou modernes, qui sont faites sur la conception de ce monde virtuel et réel où les gens vivent leur vie à côté des autres – le fameux leitmotiv du « ensemble et séparés », on en parle déjà depuis très longtemps…
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J'ai aimé la construction, l'écriture (j'aime les subjonctifs), et aussi le sujet préoccupant des réseaux sociaux.
C'est donc ce jeune Nathan- Rastignac à la tête bien faite qui squatte l'univers cathodique et à qui on demande l'avis sur tout et sur rien , qui fréquente les réseaux sociaux, et qui en dénonce avec talent les excès.
Julien , un jeune homme , habite Rungis où il donne des cours de musique. Il compense sa vie morne sur Internet , jusqu'à ce qu'il découvre un réseau social différent de ceux consultés ; c'est un nommé Sterner qui le dirige, il a créé un monde parallèle peuplé d'avatars plus vrais que nature . Julien devient Vangel, il vit par procuration des moments exaltants, devient riche, adulé par des foules ancrées derrière leurs ordinateurs, tout comme lui quand il est Julien dans la vraie vie. Mais dans ce monde inventé, la disgrâce a cours aussi et dès les premières pages on sait que cela finira mal. Un saut de l'ange déchu en quelque sorte.
Cette dystopie, bien proche de nous en fait est terrifiante mais heureusement teintée d'ironie, on comprend pourquoi Beigbeder a encensé ce bouquin, pourquoi Finky l'a certainement boudé, l'auteur de 24 ans est bien dans l'air du temps.
Il n'empêche que le métavers que l'on nous promet fait froid dans le dos, il est drôlement bien anticipé par l'auteur.
Mais, la lecture de certaines critiques (sur ce site) qui valent leur pesant de cacahuètes cela dit, donne une idée ou plutôt entérine l'idée de la férocité qui règne dans le monde feutré des lettres de St Germain des Prés.Et que je déchire l'auteur en conviant les mânes des grands Anciens, et qu'en passant j'égratigne Houellebecq, on dirait parfois des copies fraîchement sorties de Normale Sup, ou bien d'un auteur jaloux, bref, c'est jouissif , et les querelles des Goncourt et consorts semblent aller de soi dans ce monde de médisance et de jalousie.
Mais vive les livres !
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Chronique vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=iWJeV8ak8AM

Bon, je pense pas trop m'avancer en disant que c'est le pire que j'aurais lu de la sélection. Un jeune vieux de 24 ans qui fustige l'internet — ça va pas beaucoup plus loin. Et en plus, même pas d'une manière intéressante, ou précise (on dirait qu'il va sur internet comme en 2010, il mentionne les NFT, les cryptomonnaies, mais de très loin, on sent qu'il s'est pas beaucoup penché sur la question). Il m'a fait penser à De Vigan en moins bien écrit, c'est dire. Un roman à thèse, avec un moralisme lourd et collant, qui ne laisse jamais le lecteur décider, qui semble tout le temps sur son épaule à lui dire « Les réseaux c'est pas très très bien» Et moi, je m'en fous qu'il soit vieux avant l'heure, je pense même que ça pourrait être passionnant si c'était attaqué avec un angle intéressant. Mais non, pas du tout, une histoire de grandeur et chute vue et revue, et particulièrement mal écrite.

On a le droit à plusieurs points de vue : celui de Julien, l'utilisateur de l'antimonde, cet univers virtuel, comme le métaverse de facebook, avec des alterégos numériques, et Steiner, le créateur — et dans ce sens, on aurait pu le rapprocher des Particules élémentaires de Houellebecq, un personnage du corps, un de l'esprit, du jargon informatique et/ou lié au monde du travail, une critique de la perte de lien entre les gens, remplacés par des simulacres et des substituts vides de sens. Oui, mais non. Parce qu'on critique assez le style plat de Houellebecq (d'ailleurs pour la vidéo que je prépare sur lui, je vais lire un travail de recherche qui démystifie ce qu'on a l'habitude d'entendre sur son style), mais Nathan Devers n'a pas un style plat. Il n'en a pas du tout. Et cette méchanceté qu'on pourrait palper dans son texte, elle vise jamais juste — parce qu'elle est vague, on ne sait pas qui exactement elle pointe, les portraits sont vagues eux-aussi, et à aucun moment ou se dit, tiens, je m'y reconnais, ou je reconnais quelqu'un comme ça, ce qui fait que ça tombe à l'eau. Même Trump, c'est vu et revu, la maison blanche en feu avec le vol d'hélicoptère, le programmateur qui finit mégalomane et cocaïnomane.

C'est très mal écrit, au mieux du mieux on le voit appliqué au-dessus de sa copie avec la langue qui sort (je pense à ses descriptions inutiles, qu'on sent comme des passages obligés — « les fleurs que la municipalité faisait planter à tour de bras afin de maximiser le bien-être des administrés » (éléments de langage creux, vague, qui ne permettent pas à l'imagination de se mettre en marche) si tu veux pas faire de descriptions, personne t'y oblige), et au pire, c'est juste raté : alambiqué, les phrases inutilement tordues pour en mettre plein la vue, par exemple, l'emploi du subjonctif imparfait ( Il faut savoir que le subjonctif imparfait est surtout employé en littérature. Qu'il est un marqueur qui dit « attention, texte littéraire »). — je veux dire que si tu emploies ce genre de temps, vaut mieux qu'à côté tu t'emmerdes un peu à soigner tes images, sinon, ça donne une impression de poudre aux yeux, d'effet de manche un peu cheap. C'est comme si tu mettais des truffes sur un bic mac. Car il est plein de tics de langage journalistiques, qui ressemblent à des béquilles, de phrases à la construction bancale ou lourde « Un couvercle de nuages condamnait l'horizon » « un climat de solitude s'abattait sur la ville » « un menton allongé en toboggan comme un croissant de lune » (pour cette dernière, j'ai envie de lui dire, choisis ton image putain), parfois, il veut jouer avec les répétitions « il pleuvait donc, et la vie pleut elle aussi. » « Une tête avec une gueule qui l'amusait d'avance », de nombreux clichés et formules toutes faites, souvent dans la même phrase « « ils brûlaient d'en avoir le coeur net », il aime aussi accumuler les locutions et les adverbes « en guise de dernière étape » « la bière de trop, celle à cause de laquelle toutes les précédentes déclenchaient soudain le mauvais aspect de leurs effets secondaires […] », et aussi les pléonasmes, sinon, ce serait pas drôle « afficionados habituels ». Donc une langue non seulement impersonnelle mais aussi maladroite ; et qui laisse songeur quant à l'intrigue principale du livre : que ce Vangel, le double de Julien le héros, devienne poète, une célébrité grâce à son art, (parce que le texte est entrecoupé de ces « poèmes »/
« Facebook aime vomir tout son flot de poubelles,
Twitter et Instagram ? Un mélange du pire »
Il y a aussi un passage assez marrant sur François Busnel « L'animateur de la Grande Librairie avait toujours voulu avoir un temps d'avance sur la littérature institutionnelle, ce qui le conduisait à s'intéresser aux avant-gardes, prenant parfois le risque de déconcerter son public ». LOL
Et ce passage donc à la grande librairie, avec Beigbeder et Finkelkraut où il se lance des fleurs et répond par avance à ses détracteurs comme à des vieux cons réac (alors que je répète que dès le début, il a une position lui-même de vieux con réac). Finkie dit « Une accumulation, plus ou moins maladroite, plus ou moins disgracieuse, de clichés redondants ».
Et Beigbeder répond « il s'efforçait de compromettre la littérature, de la mettre en danger. Et ce pour mieux la réinventer ». Rien que ça

Un des seuls passages intéressants est celui des fourmis dans lequel il décrit une chaine youtube ou des gens font des moulages sur des fourmilières, et où je me suis dit que ce serait une idée de livre géniale de passer de chaine Youtube improbable en chaine Youtube improbable, où chaque chapitre en détaille le concept— mais non, un peu d'originalité, un peu de précision, ce serait trop demandé à Nathan Devers. On a l'impression qu'il a voulu dès le départ rester en surplomb, même pas prendre la peine d'essayer de comprendre ce qui peut attirer sur les réseaux, qui sont les figures importantes dans la vulgarisation, dans les sujets de société, dans la politique, je pense à Usul, à Nota Bene, les idoles des jeunes je dirais pour parler comme lui, bref, si tu veux parler de youtube ou d'internet en 2022, ça me parait chaud de rester que sur Norman. de ne pas s'intéresser à l'addiction à internet en tant que telle, en faisant des recherches sur le sujet, ou même, je sais pas, en trainant soi-même sur Twitter pour imiter correctement des tweets. D'avoir un peu d'empathie et prendre le parti adverse à sa thèse de départ : Leila Slimani compare l'auteur à l'avocat, et je pense qu'elle a raison, il doit épouser les limites de sa propre morale s'il veut faire quelque chose d'intéressant ; de juste. Parce que Devers prend les jeunes pour des cons illettrés, (les serveurs pour des cons illettrés aussi d'ailleurs, quand Monsieur commande son Ubereats, Kevin le livreur ose lui mettre trop de sauces — que voulez-vous, le petit personnel, c'est plus ce que c'était). Tout sonne faux, bon sang, rien ne parait crédible, rien ne parait psychologiquement, sociologiquement voire même scientifiquement tangible. Par exemple, si ces livreurs et ses restaurateurs lui proposent de la bouffe toujours immangeable, pourquoi il continue d'y aller ?

Ce qui me fait rire jaune, c'est de voir que des gens qui défonçaient le Despentes sur Babélio, (ou je viens de voir sur CNEWS) se prosternent devant ce livre, et c'est là qu'on voit que l'idéologie, la morale, ou quel que soit le nom que vous voulez donner à ce qui les animent les aveuglent sur l'esthétique, la valeur d'un texte. C'est pas Cher connard ou sa médiocrité qu'ils attaquent, mais la vision du monde de Despentes et elle-même. Et dans ce genre de cas, il m'arrive de me sentir un peu seule, de me dire, bon sang, personne n'essaie (car c'est impossible d'y arriver pleinement) d'être neutre, objectif, de rester sur le texte, de ne pas lui faire dire ce qu'il n'a pas dit, de ne pas adouber une oeuvre juste parce qu'elle dit ce qu'on veut entendre. Et j'ai peur pour la littérature, pour son avenir, parce que c'est l'autre face de la même pièce, de celle qui valide tous ces textes moyens ou mauvais au nom de ce qu'ils disent de la société, du miroir complaisant qu'ils nous tendent, ces textes qui nous brossent dans le sens du poil, qui ne remettent jamais rien en question. Et on applaudit, on applaudit parce qu'on ne s'est pas vu, ou parce qu'on a aimé ce qu'on a vu, ce nous qu'on croit unique, alors qu'il est aux yeux de ces auteurs qu'un public-cible à contenter, un public-cible à remplir avec la même malbouffe, éternellement.

Et donc je me demandais comment ça se faisait qu'un tel livre soit édité, j'avais jamais entendu parler de l'auteur, j'étais tellement sur le cul que je me suis dit, voyons-voir — et donc Nathan Devers, profite d'une place sous l'aile bien chaude et duveteuse de BHL. BHL qui dans un humble article invoque Beckett, Modiano, Pérec, Duras et bien d'autres figures littéraires dans le sillage desquels on sent qu'il entend inscrire son poulain. Devers, aussi jeune normalien agrégé de philo. Ben pour un normalien agrégé de philo, je m'attendais quand même à mieux. J'ai même envie de dire qu'il est à la littérature ce que BHL est à la philosophie, mais ce serait mesquin.
Lien : https://www.youtube.com/watc..
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Avec finesse et humour, l'auteur choisit, à raison, la voie du roman pour disséquer la bulle, constituée par internet et ses applications, dans laquelle s'immerge le monde. en effet, un essai aurait certainement été rébarbatif. L'écrivain monte en puissance sur le sujet puisqu'il traite du métavers, un univers parallèle, où chaque utilisateur a une autre vie, une fausse vie. Mais, tout compte fait, ne sommes-nous pas déjà entrés dans le métavers?
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Original. Audacieux. Déroutant.

Le roman s'ouvre sur un suicide “en direct” : Julien Libérat filme son visage, porteur d'un énigmatique message, avant de sauter par la fenêtre.
La veille il avait averti ses abonnés qu'ils “se souviendraient à vie” de son “geste symbolique”.

On connaît donc la fin, avant de découvrir ce qui a conduit Julien à cet acte ultime.

Une banlieue ennuyeuse, une rupture amoureuse, un job alimentaire accompli sans passion, de vagues projets qui restent embryonnaires, une vie sans relief et des journées qui se suivent et se ressemblent. Une addiction aux écrans , qui donnent l'impression d'exister.

Et un soir, une publicité pour un jeu en ligne plein de promesses. La possibilité de se créer un double et de le faire évoluer dans un monde “miroir” où l'impossible devient possible…

L'idée est chouette, et la lecture ne manque pas de soulever des questions philosophiques, éthiques, morales et sociétales. Les réseaux sociaux ne sont-ils pas par essence anti-sociaux ? le fait de se cacher derrière un pseudonyme exonère-t-il de toute mesure ? Jusqu'où les avancées technologiques peuvent-elles nous conduire ?

Nathan Devers dresse le portrait d'une génération désenchantée qui pour fuir une réalité morose cherche refuge et consolation dans une virtualité… résolument délétère et qui pourrait même se révéler dangereuse.
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Julien Libérat est un puaniste talentueux mais en mal de notoriété, il n'a réellement jamais percé dans le monde de la musique...
Appaté,comme beaucoup d'autres utilisateurs des réseaux sociaux, par le metavers Heaven, il va très rapidement y prospérer à coups d'investissements judicieux dans la crypto-monnaie, son avatar Vangel y devenant une des personnes les plus influentes...
Un scénario digne d'un épisode de Black Mirror, où toute ressemblance avec l'avènement des réseaux sociaux et Méta de Facebook n'est pas fortuite...
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Julien Libérat, la trentaine désabusée vit de petits boulots dont celui d'animateur pianistique chichement rémunéré d'une petite boite de nuit et de quelques cours particuliers qui satisfont plus les parents que les élèves. En dérivatif à sa déprime, il découvre un monde parallèle, « Heaven », un métavers imaginé par Adrien Sterner dans lequel il s'engouffre et agit en tant que Vangel, avatar qui va lui permettre de vivre des aventures extraordinaires. L'imagination délirante de l'auteur est bourrée d'humour et pose des questions débattues entre autres par Beigbeider et Finkielkraut à la grande librairie de Bunel. Monde virtuel, antimonde, planète B dans laquelle on peut s'épanouir mais aussi se perdre. Très bon roman débouchant sur des question existentielles contemporaines parfaitement envisagées par l'auteur.
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