Rome 1515.
Un marchand juif rentre chez lui et se fait dérober sa bourse bien garnie. Armé d'un couteau, il lutte, blesse mortellement un gros gamin simplet et Mercurio, le chef de la bande , le blesse à son tour.
Convaincu de l'avoir tué, il est contraint de fuir. Ses deux complices le suivent.
Ce sont des orphelins, abandonnés "sur la roue". Ils ne connaissent pas la moindre chaleur affective. Devenus en âge de " travailler", ils deviennent les esclaves de Scavamorto qui les attache la nuit et pour lequel ils ramassent les cadavres des indigents et les jettent dans la fosse commune.
Mercurio avait réussi à se libérer et se réfugier dans les égouts de la ville.Il a appris de la rue que le seul moyen de survivre est de penser qu'à soi-même.
Rusé, rapide,habile se travestir, c(est un artiste de l'escroquerie, du déguisement.
Donc, il faut fuir au plus vite. Ce sera pour rejoindre la Sérénissime, Venise la puissante où ils se fondront dans la foule.
On découvre Venise, ses ruelles sombres où se perdre, ses canaux puants qui se croisent et s'entrecroisent.
Venise pleine de contradictions.
L'Eglise qui essaie de gagner un poids politico-religieux, l'Eglise qui se laisse tromper par un frère fanatique qui hurle à longueur de journées sa haine des juifs, suppôts de Satan.
Et voici la création du premier ghetto. Les juifs qui vivaient librement se retrouvent "en cage", enfermés pendant la nuit sous la surveillance de gardes.
C'est un roman captivant, très bien conduit, avec les ingrédients habituels : l'amour intense, impossible, clandestin,
la jalousie amoureuse, la haine féroce qui en découle,
la haine de celui qui ne respire que pour la vengeance
et, heureusement aussi, des coeurs simples , de la bonté naturelle, authentique.
On a plusieurs types de personnages caractéristiques dont le choix est superbe, donnant à chacun d'eux un rôle déterminant pour l'histoire.
Un roman qui se lit rapidement en dépit de ses 780 pages.
Luca di Fulvio possède une parfaite maîtrise romanesque que j'avais déjà appréciée avec "
Le gang des rêves".