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4,17

sur 1306 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est toujours un risque de lire un deuxième roman lorsque le premier nous a enchanté, je n'ai toutefois pas hésité longtemps, le titre, la couverture et la 4ème de couverture étant très prometteurs !
Après Christmas que j'ai donc suivi avec beaucoup de passion dans le gang des rêves, c'est Mercurio que j'ai porté dans mon coeur tout au long de ces 800 pages.
Luca di Fulvio a vraiment le don de créer des personnages que l'on ne peut oublier et auxquels on s'attache. Mercurio fait dorénavant partie de mes amis !
Dans Les enfants de Venise, on sent l'Italie à chaque page, on se promène sur la piazza San Marco, on déambule dans les petites rues et les canaux, on a aucune difficulté à visualiser Venise et même Venise au XVIème siècle !
De plus, le don de Mercurio pour se déguiser ne peut que nous faire penser au théâtre , à la Comedia del Arte, et là encore on plonge dans L'Italie !
Cette plongée dans l'Italie n'est toutefois pas l'Italie des gelati, on côtoie la maladie, le monde de la prostitution, les escroqueries, la sorcellerie, mais on se régale ! Il ne faut pas se laisser déstabiliser par les premières pages qui ne facilitent pas une immersion instantanée, un petit effort et vous serez tout de suite conquis ou ensorcelé...
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Ce que j'ai ressenti: ♫Je te promets une histoire différente des autres, J'ai tant besoin d'y croire encore…♫

« Il n'y a pas de rêves trop grands… »

Drôle d'impression que de vouloir toujours rester dans un livre, avoir envie de le terminer et en même temps ne jamais vouloir qu'il se finisse…J'aurai voulu rester à voguer indéfiniment à Venise, ramasser mon coeur en miettes que j'ai dû sans doute perdre sur un pavé, prendre la main d'un enfant des rues et lui offrir la douceur d'un regard…Peut-être oserais-je même vous chuchoter que ce livre est un chef d'oeuvre, qu'il m'a tellement émue que je peux affirmer que c'est un de mes plus grands coups de coeurs littéraires, que la plume de cet auteur est si emplie de passion, que j'ai cru défaillir lors de ce moment de lecture, mourir un peu plus pour mieux revivre l'instant d'après, et qu'en plus, elle monte en crescendo…Toute l'Italie est là: vivante, vibrante…

« La vie est simple. Quand elle devient compliquée, ça veut dire qu'on se trompe quelque part. Ne l'oublie jamais. Si la vie devient compliquée, c'est parce que c'est nous qui la compliquons. le bonheur et la souffrance, le désespoir et l'amour sont simples. Il n'y a rien de difficile. »

Il a ce goût du premier amour, celui de deux adolescents qui passent de l'enfance à l'âge adulte, et qui aime démesurément, presque avec cet élan si intense qu'il en devient dangereux, mais aussi qui va au delà de toute forme d'obstacle, qui combat dans un battement palpitant commun…L'amour tragique ou la tragédie de l'amour, en fait, peu importe c'est ce qui soulève les coeurs…En voici deux, de coeurs purs, qui d'un regard ouvre l'infiniment beau, l'infiniment romantique et qui même, cent fois contrarié se retrouvent toujours…Il y a comme une urgence à s'aimer ainsi, comme si cette intensité qui les submerge pouvait aussi bouleverser les mentalités…

« L'amour nourrit et engraisse. La haine consume et creuse. L'amour enrichit, la haine soustrait. »

Les enfants de Venise, et particulièrement ce quatuor de personnages apporte un souffle de candeur et de vie, pour mieux apprivoiser cette lumière d'innocence au milieu de cette misère écrasante. Mercurio est un magnifique personnage, ce petit arnaqueur vous volera aussi votre coeur, tant son intention de grandeur, est sincère. Il trompe avec panache, il se trompe avec naïveté , mais il a toujours cette flamme d'honneur qui l'anime envers et contre tout, et curieusement, il contamine dans le Bien, son entourage…Cette petite graine, est sûrement né, dans la boue fangeuse, mais il fleurit dans notre esprit, comme un petit trésor d'idéalisme…Avec ses quatre orphelins, on explore toutes les couches sociales de cette ville en expansion, et avec leur regard neuf, les failles sont encore plus perceptibles, plus malignes encore, peut être plus féroces pour notre esprit…Toute cette violence, cet éclat de chaos, cette misère, leur destin et les chemins qu'ils empruntent n'en sont que plus passionnant à suivre…

« Devenir riche, ça ne veut rien dire. Tu dois vouloir quelque chose qui nourrit le coeur. Ou tu mourras à l'intérieur. »

Luca di Fulvio a su insuffler la passion dans cette Histoire, nous faire revivre avec émotion le Venise du XVIeme siècle, avec tout le cadre politique, religieux et social. Antisémitisme, jeux de pouvoirs, corruption, inégalités et injustices sont le quotidien de cette Italie en proie au fanatisme, et cette faille entre l'Etat et l'Eglise voit ses pires détracteurs…Arpenter ses pages, c'est revivre le poids de l'Inquisition, se confronter à la pauvreté, respirer de cette misère infâme et porter un regard sans doute plus profond dans ces eaux salies par le sang de l'intolérance. Autant vous le dire de suite avant que vous ouvriez ces pages: une lecture qui ne laisse pas indemne, tellement belle qu'elle vous renversera, tellement intense que vous voguerez au souffle de la Liberté…

Ma note Plaisir de Lecture 10/10

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Evidemment,sur l'étal du libraire,il fait le fier le gaillard:presque mille pages,la pile domine la concurrence de la tête et des épaules !!!Alors,il y a ceux qui s'en emparent sans même un regard aux ouvrages voisins.Ceux là ,ils ont lu "le gang des rêves "et ils font une confiance aveugle à Luca di Fulvio,l'auteur qui les a tellement transportés, promenés et dont ils ont encore en tête le superbe roman....Quant à ceux qui ne le connaissent pas,ils hésitent, bien sûr ,et ils vont consulter....les critiques sur Babelio avant de revenir en courant vers leur librairie.....
Il est toujours difficile de garder intacte la passion des lecteurs dans un second roman au thème, aux lieux,à l'époque et au personnages complètement différents, rien à voir,on repart à zéro!!!Et c'est réussi,à mon avis.
Ici,c'est Venise,la Sérénissime au XVIéme siècle. On découvre une ville brillante,bruyante,foisonnante où une population laborieuse survit tant bien que mal parmi les commerçants, les aristocrates,les têtes "couronnées".Et comme il faut bien survivre,certains s'adonnent ,avec plus ou moins de succès ,à toutes sortes de larcins ou opérations douteuses.
Les communautés juives et chrétiennes cohabitent plus ou moins facilement,souvent mal,du reste pour peu que des prédicateurs fanatiques s'en mêlent.C'est dans cette société cosmopolite que l'on va voir apparaitre nos personnages.Ils sont voleurs,arnaqueurs,soldats aubergistes,prostituées,sympathiques ou pas,violents ou tendres,corrompus ou honnêtes mais on va les suivre tout au long du roman alors vaut il mieux bien mémoriser leurs noms dès le début car il arrivera à certains de disparaître pour mieux ressurgir dans l'histoire cent pages plus tard.....
Et le récit commence et vous conduira jusqu'à la fin sans le moindre repos.Ca bouge,ça vit,ça avance à toute vitesse...Les dialogues sont nombreux, alertes,vifs.Il y a de l'action,des moments d'émotion,des situations amusantes ou stressantes.Luca di Fulvio est un sacré bon conteur dont l'imagination est sans limites.
L'étude historique que je ne jugerai pas,faute de compétences, est très instructive,le sort des juifs est particulièrement bien décrit,tout comme le pouvoir religieux,le fanatisme de l'Inquisition,la fragilité des pouvoirs politiques,les compromissions,les trahisons.Vraiment,on ne s'ennuie jamais même si,sans doute,on aurait pu éviter quelques longueurs.
Et enfin,il y a ce personnage si attachant,aux multiples visages,Mercurio,sorte de Scapin,de Gavroche.,de Titi....On l'aime ce gamin,on a envie de le voir réussir sa vie tant sa volonté, sa débrouillardise,son culot, sa soif de vivre sont grands.
Oh,je pourrais vous dire ce qu'il va devenir,bien sûr ,mais on ne l'apprend qu'à la fin,alors tout vous révéler serait vous priver de 985 pages de bonheur.Ce serait dommage,non?
Ne commencez pas cette lecture le soir si vous travaillez le lendemain...Vous risqueriez d'éteindre la lumière tard et de maudire,encore une fois,votre réveil lorsqu'il sonnera.
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De tout ! Vous trouverez de tout dans ce roman passionnant, dense, virevoltant, aux nombreux personnages.
De l'amour, de la haine, de l'amitié, de la reconnaissance, du pardon, du fanatisme, de l'entraide, de la course à l'argent au pouvoir, de la chasse aux sorcières.
Vous trouverez des putes, des mères de familles, des faux docteurs, des vrais soldats, des couturières, des nobles, des miséreux, des prêteurs sur gages, des marins….
Sans oublier des Juifs, des Chrétiens, un terreau riche aux mésententes, un terreau favorable à l'inquisition, et la création d'un ghetto.
Bref, vous découvrirez tout un monde. Celui de Venise au tout début de la Renaissance. Une Venise immonde. Un cloaque ou tout, et tous, baigne(nt) dans la boue, les excréments, les immondices. Une Venise pleine de troubles et de trublions.
Une Venise sanglante, violente, où la loi du plus fort règne en maître.
Et l'auteur, en plus de toutes ces sensations et sentiments, aiguisera vos autres sens pour voir (les descriptions de Venise sont fantastiques), sentir (les odeurs sont immondes), écouter (les rumeurs vont bon train).
Un roman très bien documenté sur la Venise du XVIe siècle, un roman théâtral digne de la Comedia del arte avec masques et déguisements, ruse et ingéniosité.
Les enfants de Venise ont tout à apprendre : le chemin de la liberté et celui de l'amour.

« Venise, 1515. Peu de villes auront connu autant d'injustices, de dangers, de misère et de vices. de liberté, aussi.
Liberté pour Mercurio, petit voleur des rues, as du déguisement, pour qui le pavé romain est devenu trop brûlant. Liberté pour Giuditta, jeune et belle Juive, dont la religion semble ici tolérée – mais pour combien de temps ?
Rien ne les vouait à s'aimer. Pourtant... Entre inquisiteurs et courtisanes, palais, coupe-gorge et canaux putrides, les amants de Venise feront mentir le destin. »
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Dire que j'ai était conquise serait un piètre mot.
J'ai découvert Venise, la pauvreté, la supercherie, la violence, la jalousie, la haine infâme contre les juifs…
Une fresque historique, ou j'ai ri, pleurer, ou les personnages méchants ou gentils, on était mes ami(e)s. Ils vont me manquer. Mon Dieu, ce fut un récit grandiose…
Les mots me manquent. Que dire d'un roman qui a hanté mes nuits, mes jours, où j'ai ralenti ma lecture de peur de lire le pire… J'ai eu des frayeurs pour eux…
C'est le deuxième livre que je lis de Luca di Fulvio, encore un auteur que je vais vénérer… Mais quand est-ce que cela va s'arrêter ? :-)

Bonne lecture !
Lien : https://angelscath.blogspot...
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Luca di Fulvio réussit la gageure de créer sur un nouveau continent un roman aussi captivant que "Le Gang des rêves".

Venise, sa noblesse, ses riches parvenus, ses commerçants, sa pauvreté extrême et ses rois de la débrouille et de l'embrouille, survivants sur le dos des premiers.

Mercurio, orphelin maltraité va construire son rêve. Survivre à Venise. Mieux s'émanciper, grandir, tenter de gagner ce qu'il y a de plus précieux : la Liberté !

L'auteur est un magicien qui vous embarque dans Venise et le destin croisé de plusieurs personnages tous très attachants, qu'ils soient riches ou brigands, orphelins ou marchands, escrocs ou médecins.

Difficile de rendre justement un avis sur un roman aussi riche. C'est un nouveau coup de coeur pour moi. Une fois de plus, quasi un millier de pages englouties le temps de le dire... méfaits du pouvoir, du fanatisme, de la misère sans espoir, des préjugés, tout est décrit avec intérêt. Les tribulations des différents personnages amènent un éclairage sur l'époque.

Une histoire romanesque à la Roméo et Juliette mais pas seulement, des amitiés viriles, des amours interdites... Cette histoire est tout à fait cinématographique.

Un page-turner ! Un second roman captivant. Comme pour le précédent, on se sent orphelin de Mercurio et Guiditta. Je suis définitivement fan de Luca di Fulvio. Très impatiente de découvrir son prochain roman !



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Si vous avez le pied marin, venez, entrez dans ce beau roman de Luca di Fulvio, sinon, à vos risques périls. On quitte souvent la terre ferme pour voguer en caraque (ah, oui, je ne vous ai pas dit, on est au 16ème siècle), en barque ou en gondole…
Nous faisons la connaissance de Mercurio, un jeune escroc qui s'enfuit de Rome vers Venise avec Benedetta et Zolfo, deux autres gamins aussi livrés à eux-mêmes que lui dans ce monde d'adultes sans bienveillance.
Nous rencontrons également Isacco da Négroponte, faux médecin, mais vrai brave type, et sa fille Giuditta. Ils voyagent eux aussi vers Venise pour pouvoir vivre sans être inquiétés. Ils sont juifs, et déjà à cette époque, être juif inspire la haine et l'intolérance.
Mercurio va croiser le regard de Giuditta…
Mais quoi ?
Lui, est un orphelin, spécialisé dans l'escroquerie en tout genre, elle, est fille de médecin (d'accord c'est un faux, mais bon...), ils n'ont même pas la religion en commun !
Et puis les menaces planent, le mal guette, épie, traque, cherche et trame contre eux.
Luca di Fulvio nous entraîne dans ce Venise de l'après Marignan, une ville fastueuse, pleine de palais, de robes colorées et de diamants. Mais il nous pousse aussi dans des endroits plus inquiétants, on respire alors les remontées de vase, d'égouts, la chair amputée qu'il faut à tout prix cautériser. On visite le quartier des prostituées, le Castellito et on est impuissant face au mal qui les ronge. On pénètre également dans l'Arsenal (mais chuuuuut, nous n'avons logiquement pas l'autorisation d'être là).
Il sait créer devant nos yeux des personnages tous plus vivants, humains que vous et moi. Shimon Baruch le juif crédule qu'on a trop piétiné, Scavamorto le fossoyeur qui exploite les enfants sans famille mais qui, finalement, a un coeur aussi, le capitaine Lanzafame de retour de Marignan, Anna del Mercato la veuve inconsolable, Frère Amadéo, Donnola, Scarabello…
Il est question d'amitié, d'amour(s), d'angoisse, de jalousie, de haine aussi…
Allez, laissez-vous tenter, si vous aimez les histoires qui ne vous laissent pas tranquille, chaussez vos bottes en caoutchouc et partez, vous aussi, rencontrer Les enfants de Venise !
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Entre Rome et Venise, entre le dénuement total et les richesses dorées, nous voilà emportés pour une intrigue romanesque sur fond historique au XVIe siècle, avec une traduction de Françoise Brun dont on ne peut rien redire !
Ce roman est avant tout une formidable histoire d'amours : amour fraternel, amour maternel et paternel, et grand Amour. Et pour cet Amour avec la majuscule, c'est celui de deux être que tout sépare.
Les personnages principaux sont nombreux, on les suit, on les délaisse le temps d'en connaître d'autres, on les retrouve, et ils finissent tous par se croiser à un moment donné. Cela multiplie les mini-intrigues et les rebondissements. Cela accélère le rythme de l'ensemble. Bref l'ennui est sans cesse repoussé au loin.
L'auteur ne ménage pas son lecteur, n'hésitant pas à décrire des scènes atroces, immondes ou cruelles. La poésie réside au fond des coeurs et il faut de la persévérance pour l'y trouver !
Plus de 600 pages sur ma liseuse, c'est un texte abondant dont on ne se lasse pas. On a bien du mal, à la fin, à abandonner les personnages…
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Michel Leiris a écrit "Traduire, c'est avoir l'honnêteté de s'en tenir à une imperfection allusive."
Et quitte à prendre une position tranchée là ce n'est plus une imperfection allusive, mais une imperfection explicite,. Pourquoi me dire direz-vous ?

Et bien, je dois dire que de prime abord j'ai eu un peu de mal à comprendre pourquoi avoir sacrifié la traduction du titre original (La ragazza che toccava il cielo) par sa traduction littérale et certes plus poétique " pour une traduction plus passe-partout : " Les Enfants de Venise".

Pourquoi ce titre italien "La fille qui a touché le ciel" est devenu " Les Enfants de Venise". Mystère.....

On ne peut pas reprocher à ce titre français de coller à la réalité du livre car il s'agit bien d'une histoire d'enfant dans la Sérénissime, mais autant ce titre d'une platitude navrante cache un petit bijou de littérature.... Et ne lui rend pas service....

Revenons à l'histoire et ses protagonistes, nous voilà immergé dans un kaléidoscope de vies parallèles...
D'un côté Mercurio (le mercure ou le Mercure), Zolfo (le souffre), Ercole et Benedetta
De l'autre Yits'aq da Negroponte et Yeoudith qui deviendront Isacco da Negroponte et sa fille Giuditta.
Sans opposition leurs destins s'entrecroisent, s'entrechoquent. Ce sont des personnages qui comprendront qu'ils ont en eux les armes pour s'élever, pour améliorer leur propre condition, mais pas au détriment des autres.
"La vie est simple. Quand elle devient compliquée, ça veut dire qu'on se trompe quelque part. Ne l'oublie jamais. Si la vie devient compliquée, c'est parce que c'est nous qui la compliquons. le bonheur et la souffrance, le désespoir et l'amour sont simples. Il n'y a rien de difficile. "
Le fond historique est là aussi : la rivalité entre Rome la religieuse et Venise l'indépendante.
Nous sommes loin de la splendeur de la Cité des Doges et de ses palais de marbre, l'auteur italien Luca di Fulvio fait revivre avec maestria un milieu violent, à l'ombre du Rialto, fréquenté par de vils personnages aux noms qui semblent tout droit sortis d'un conte macabre.

Voici comment l'auteur à l'entame du chapitre 36 relate ce qui va tout changer, le premier soir où les portes du Ghetto de Venise vont se fermer :
"« Fermez ! », commanda une voix.
Les gonds grincèrent. Les deux battants claquèrent avec un bruit sourd. On entendit crisser les cadenas, fer contre fer.
« Fermé ! », dit une voix.
« Fermé ! », dit une autre voix en écho.
Puis ce fut le silence.
La communauté juive était réunie au grand complet sur le campo del Ghetto. Il n'y avait pas eu de programme, de rendez-vous concerté. Ils s'étaient simplement retrouvés là. Et tous avaient cette expression ahurie peinte sur le visage.
C'était la première fois qu'ils étaient enfermés. Ce soir était le premier soir.
Dans le silence qui suivit la fermeture des deux grandes portes, personne ne savait que faire. Les yeux de tous étaient fixés sur les battants cadenassés de l'extérieur.
« Comme des poules dans un poulailler, fit soudain une vieille femme, d'une voix rauque. Quelle horreur. »
Et dans ce silence, tous l'entendirent.
« Tu aurais pu trouver un autre exemple », lui dit un homme à côté d'elle.
Et tous l'entendirent lui aussi.
« Comme une poignée de punaises dans une tabatière, dit alors la vieille femme. Comme une tribu de cafards dans un pot de chambre. Tu veux que je continue ? »
Une autre voix dit : « Non ».
Le silence se fit à nouveau.
Alors, l'idiot de la communauté, un gamin qui avait toujours la bouche grand ouverte et la bave au menton, commença à entonner, de sa voix disgracieuse, un vieux refrain que l'on chantait aux enfants pour les faire s'endormir : « Dans le noir il y a une lumière… elle est à l'intérieur de toi… ferme les yeux, tu la verras… »
Une petite fille de cinq ou six ans, qui se frottait les yeux de sommeil, tendit sa petite main et la mit dans celle de l'idiot.
« Ferme les yeux, tu la verras… c'est celle de l'ange qui veille sur toi… c'est la lumière du jour de demain… »
Le père du garçon, ému, prit l'autre main de son fils et la serra fort. Sa mère, à son tour, prit celle de son mari et posa la tête sur son épaule. « Chante, mon enfant, dit-elle doucement.
— … C'est la lumière du jour de demain… qui sera ton jour, mon trésor… parce que le noir est déjà une lumière à l'intérieur de toi…
— … Parce que le noir est déjà une lumière à l'intérieur de moi… », répétèrent les enfants sur le campo del Ghetto, comme le voulait la chanson.
Et les parents leur firent une caresse et les prirent par la main pendant que l'idiot chantait la fin de la chanson : « … Parce que le noir est déjà une lumière à l'intérieur de nous… parce que l'agneau a retrouvé son troupeau… Dors, mon amour, dors… n'aie pas peur, mon ange… parce qu'il n'y a pas de peur dans la lumière ».
L'un après l'autre, en silence, dans ce nouveau silence, tous les membres de la communauté se prirent par la main, sans se soucier de savoir qui était leur voisin et sans détacher leurs yeux des grandes portes barrées, et ils formèrent une chaîne qui n'avait ni début ni fin.
Alors la voix du rabbin s'éleva, émue et grave : « Demain, à l'aube, quand ils ouvriront, nous serons de nouveau une multitude. Mais ce soir nous ne sommes qu'un."

Un grand moment d'Histoire servi par une grande plume.....
Un grand moment de noirceur servi par une écriture lumineuse.....
Un grand moment de douleur qui devient poésie mélancolique....

Bref ce fut une beau moment passé avec les Enfants de Venise....
Mais ce fut encore plus beau avec l'idée de cette fille qui a touché les étoiles.....
Et je retiens ces mots de Reina la magicienne "L'amour nourrit et engraisse. La haine consume et creuse. L'amour enrichit, la haine soustrait"
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Quel talent ! J'ai adoré ce récit plein de vie et de verve ! Je ne pensais pas pouvoir m'attacher à une bande d'enfants voleurs, menteurs et comédiens et pourtant j'ai eu beaucoup de mal à les quitter. Mercurio et Giuditta, leurs amis et parents resteront longtemps dans mon coeur. Leur histoire, la vie à Venise au XVI ème siècle, tout est passionnant dans ce récit romanesque de près de 1000 pages. À lire absolument !
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