Blacksad. J'ai fait ta connaissance à Lyon, en 2015, en octobre. Tu trônais sagement sur le présentoir d'une médiathèque du 9ème arrondissement. Ton regard perçant ne m'a pas lâchée d'une semelle quand je me suis approchée de toi et que je t'ai saisi, puis parcouru. Ce fut le coup de coeur, le coup de foudre qui tétanise et qui fait qu'on prend le temps, qu'on s'arrête. le love at first sight pour le dessin et le scénario.
Lectrice devenue adulte, tu m'as permis de revenir à un medium que j'avais délaissé au profit du roman, des pièces de théâtre et de la poésie.
Grâce à toi, John, j'ai découvert que la BD comble les lacunes des manuels scolaires sur un passé qui ne passe (et pas qu'en France, d'ailleurs). Mais aussi que la BD dénonce et met sur le devant de la scène, à la portée de tous, un sacré tas de problèmes sociaux, politiques, historiques, écologiques. Alors je te dis un grand MERCI pour les belles rencontres, les claques, passées, présentes et à venir.
Dans ce tome 1 quelque part entre les ombres, le détective privé John Blacksad se rend sur le lieu du meurtre de Natalia, une ancienne amante. Commence alors une enquête semée d'embûches, de yeux globuleux et de...sang-froid.
La particularité de la bd est qu'elle met en scène des animaux anthropomorphes, aux États-Unis, dans les années 1950. Blacksad, beau chat noir très classe, engoncé dans son vieil imper, clope au museau blanc, apparaît en misanthrope écoeuré par la perversion de ses semblables.
Une narration omnisciente déroule le scénario de
Juan Díaz Canales sur un ton très ironique, acerbe, dénué de tout pathos: un vrai régal.
Quelques répliques, beaucoup de cases muettes et un dessin hyper expressif. le cadrage des planches donne une vraie impression d'arrêt sur image. La colorisation à l'aquarelle restitue l'atmosphère oppressante de l'enquête "vers de très hautes sphères". L'inimitable coup de crayon de
Juanjo Guarnido détaille de façon minutieuse motifs des vêtements, lieux, émotions, objets...
Blacksad figure dans mon top 3 des bd à lire absolument : je vous la recommande donc fortement.