Après avoir regardé à la télévision les épisodes de la vérité sur l'affaire Harry Quebert, adaptation du roman éponyme de Joël Dicker dont je viens (enfin) de terminer la lecture, je me dis que certains textes pourtant livresques sont décidément plus adaptés aux écrans qu'à la lecture !
Je vais être franche tout de suite, ne tergiversons pas ; j'ai énormément souffert en lisant La vérité sur l'affaire Harry Quebert, et j'ai beaucoup râlé aussi. Ce qui n'est absolument pas dans mon habitude, encore moins en lisant.
Mais là, on a pu m'entendre dire à de très nombreuses reprises, dès le démarrage de ma lecture : « mais comment peut-on écrire comme ça ? ».
Sans compter que j'ai découvert l'assassin très rapidement.
C'est un comble pour moi qui ne suis jamais perspicace dans ce genre de recherche. Je ne développerai pas ce point, risquant ainsi de spolier la résolution de l'intrigue. le seul intérêt que j'ai d'ailleurs trouvé à ce livre réside dans la résolution de l'énigme criminelle. Seul point positif aux 670 pages.
Ce que je reproche principalement à ce roman c'est que l'ensemble sonne tout simplement faux ; tout est tellement convenu, terne. Certaines situations sont même à la limite du ridicule (le plan « machiavélique » de Marcus Goldman pour devenir « le formidable » au lycée, l'histoire d'amour principale à laquelle je n'ai pas cru un instant, etc …).
C'est aussi la narration trop souvent maladroite faisant de ce roman un texte bavard, répétitif, insipide qui m'a le plus déplu, même si j'ai cependant résisté à l'ennui pour connaître l'issue policière au décès de la jeune Nola Kellergan. Et savoir si j'avais raison !
Dès le début, la manière d'avancer dans le récit, le développement des idées, la longueur des parties… constituent un tout indigeste, parce que tout y est dit, redit et encore redit sans fin, sans que jamais l'entendement humain ne le nécessite.
Tous ceux qui n'auraient pas saisi que le héros principal manque d'inspiration, que son ami était très amoureux, et que le métier d'écrivain et le succès une fois obtenu, « c'est pas facile du tout » ont quelque souci à se faire quant à l'état de leurs neurones.
Et puis, ce mantra insupportable et si mal venu sur le métier d'écrivain, avec la redondance des questions :
Qu'est-ce qu'un grand écrivain ?
Comment vivre avec la célébrité, la notoriété ?
et surtout…
Comment écrire un livre, un vrai livre, LE livre qui fera de vous l'homme le plus heureux de la terre ?
Carrière, succès, liberté artistique. C'est rabâché sans qu'aucun point ne soit jamais analysé correctement, décrit avec subtilité. L'archétype de l'éditeur grossier et machiavélique ne nous est pas non plus épargné.
« … parce qu'écrire des livres, ce n'est pas rien : tout le monde sait écrire, mais tout le monde n'est pas écrivain. » Des phrases de ce type, il y en a à tous les coins de page. Au secours !
Amputer le texte de certains passages doublons, dessiner mieux les personnages, teinter le récit d'une atmosphère paysagée et imbibée d'émotions aurait probablement permis d'éviter les écueils précédemment décrits.
A mon goût, le film se regarde d'autant mieux que l'histoire y fonctionne grâce à l'espace obtenu. Merci les scénaristes !
Tout bon ménage de printemps se révèle dans l'art de l'épure ici offert par le réalisateur Jean-Jacques Annaud à l'histoire de Nola Kellergan et d'Harry Quebert. Merci au cinéma !
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