Superflue, une énième critique sur ce livre ? Sans doute mais exutoire... car pour compenser le temps passé à lire ce pavé, je ressens le besoin de rallier le club des lecteurs obstinés qui, quelque peu, se sont fait berner par l'une des promesses affichées.
La couverture du livre m'en adressait deux en effet… Avec son titre comportant les mots « vérité » et « affaire », je m'attendais à une intrigue policière, assez tarabiscotée qui plus est. Avec la mention « grand prix du roman de l'Académie française », j'espérais (j'étais en droit d'attendre me semble-t-il…oui, je suis une lectrice qui, jusqu'à présent, accordait sa confiance aux prix littéraires) une écriture de qualité. J'ai eu l'une sans avoir l'autre.
Côté intrigue, le contrat est rempli, presque trop d'ailleurs…, un peu de modération dans les rebondissements aurait été appréciable selon moi. Mais passons, c'est le levier principal d'un livre policier : chaque lecteur a la faiblesse de vouloir savoir ce qui s'est passé, ne serait-ce que pour jauger le bien-fondé de ses propres hypothèses. Et plus celles-ci sont bousculées, plus le lecteur s'obstine car le joueur, le détective sommeille en lui.
Il y a donc fort à parier que ce livre, dont le style m'a paru mauvais, n'a été que peu abandonné par ses lecteurs. Véritable exploit car le nombre de pages est conséquent.
La construction complexe, avec de multiples retours en arrière, ne figure pas parmi les plus subtiles qu'il m'ait été donné de lire mais là encore, j'accorde mon indulgence. La tentative est louable.
L'intrigue, nourrie par des rebondissements multiples et une construction savante (ou essayant de l'être) peut-elle faire oublier le style ? Pour ma part, c'est non. Pourtant, je l'ai lu jusqu'au bout, n'échappant pas à l'envie d'avoir raison sur le coupable…
Fallait-il que les dialogues amoureux soient aussi mièvres pour que l'on croie ou que l'on cautionne l'amour de ces deux personnages à l'écart d'âge dérangeant ? Fallait-il que les conversations téléphoniques avec la mère du héros soient aussi caricaturales pour essayer de nous faire sourire ? Fallait-il que l'éditeur soit un être aussi grossier et sordide pour que sa noirceur fasse ressortir la pureté supposée du personnage principal qui blanchit de sa plume l'honneur bafoué de son ami ? Une pureté négociée à un million de dollars, ça laisse perplexe...
Mais le plus agaçant, selon moi, ce sont les grandes vérités qui émaillent le livre (31 fois, rien que ça…) sur ce qui fait d'un livre, un "bon livre" et d'un écrivain, un "grand écrivain". Vu le niveau de style des pages qui encadrent ces passages, on peine à être convaincu de la légitimité de l'auteur (au passage, ce mot existe et son emploi aurait évité la répétition soûlante du mot "écrivain") en tant que conseilleur dans ce domaine. Oui, je sais bien, ce n'est pas un essai ni un ouvrage scientifique sur l'art d'écrire... mais pourquoi alourdir le livre avec ces grosses ficelles, on l'avait bien compris que Harry était le mentor de Marcus !
Là, mon indulgence n'en pouvait plus car j'ai trouvé la démarche d'un ennui profond. Franchement, qu'apprend-on ? Je cite le conseil numéro 16 : « Harry, combien de temps faut-il pour écrire un livre ? - ça dépend. – ça dépend de quoi ? – de tout ». Muni d'un renseignement aussi essentiel, on est paré !
L'ennui a cédé la place à l'agacement quand Harry, le mentor s'est mis en tête de renseigner son poulain sur les attentes supposées des lecteurs. Il lui apprend que le premier chapitre est essentiel car sinon, le lecteur n'ira pas au-delà. Ah bon ? Je ne savais pas que le premier chapitre constituait l'artefact absolu, le grand canyon rejetant sur deux rives opposées, les "j'abandonne" et les "je continue".
Autre conseil, il faut servir un dernier rebondissement, histoire de « garder jusqu'au bout son lecteur en haleine » (heu, il a passé le cap fatidique du premier chapitre, tout va bien !). Non, parfois non, quantité ne fait pas qualité, le mieux est l'ennemi du bien, point trop n'en faut, à trop vouloir..., je peux ressortir tous les adages et phrases toutes faites en la matière mais franchement ce manque de finesse va finir par lasser , comme quoi, oui, le style compte quand même un peu.
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