Quand Guylain Vignolles parle de lui, cela donne ceci : "J'attends le retour d'un père mort depuis vingt-huit ans, ma mère me croit cadre dans une société d'édition. Tous les soirs, je raconte ma journée à un poisson, mon boulot me dégoûte à tel point qu'il m'arrive de dégueuler tripes et boyaux,..." le héros (si, si) de ce roman est un personnage bien banal. Il végète dans ses trente-six ans, a deux amis tout aussi inadaptés que lui à la vie d'aujourd'hui et comble de désarroi, il travaille dans une usine qui broie les livres invendus... le seul moment particulier de sa journée a lieu à 6h27 quand il lit tout haut dans le métro une feuille qu'il a réussi à arracher aux âpres dents de la broyeuse... Une petite envolée de mots hasardeux qui ouvrira enfin la porte de son destin…
Quel joli petit roman ! Pourtant, ce n'était pas gagné. le début m'a semblé long, ennuyant et maussade - comme la vie de Guylain finalement. Des petits éclats de lumière s'intercale ensuite dans l'histoire et le soleil fait place à la grisaille.
Une tendresse déborde des pages. Elle n'est pas dégoulinante de mièvrerie, elle est belle, elle sonne juste. Je me suis mise en ces quelques pages à apprécier les personnages, à m'extasier devant les changements qui sont les leurs, à les regretter une fois le livre clos.
L'écriture est claire et donne un petit charme suranné à ce roman qui semble sortir de nulle part. C'est une petite bulle de bonheur dont la lecture a amené un grand sourire sur mon visage, «avec un petit air satisfait de nourrisson repu». Il ne manque plus que la caméra de
Jean-Pierre Jeunet pour le mettre en images…
Merci à Babelio et aux éditions Au diable Vauvert pour m'avoir offert ce livre dans le cadre de Masse critique.