AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,14

sur 574 notes
5
40 avis
4
31 avis
3
10 avis
2
3 avis
1
0 avis
Ressac, en quelques mots, c'est un texte poétique à la fraicheur d'eau de rose sur du coton, une petite chaleur mauve qui parfois se fait ardente et féline. Un texte d'une féminité élégante et délicate. Un parfum, telle une infusion d'iris. Ou un endroit, celui du petit creux tendre sous les clavicules. Un trésor de peu de choses.

Cette première incursion en littérature générale de Maureen Wingrove, alias Diglee, est une réussite. Charmée par cette quête de repères, de « re-père » alors que son père de coeur, en vieillissant, devient tout autre depuis quelques mois, devient très angoissant car atteint de bipolarité. Une quête de re-père près de la mer. Une aventure solitaire sertie d'une écriture couleur violette, sépia, ciselée, poétique. Un régal !

Se couper des réseaux sociaux, sortir de cette spirale infernale qui consiste à rendre compte quotidiennement de ses faits et gestes au monde entier, respirer, vivre pour soi, rentrer en soi, réapprendre à s'ennuyer, à laisser la place en soi pour du rien, accepter d'affronter l'angoisse plutôt que de l'ensevelir. S'ancrer. Retrouver énergie et créativité. Ecrire et lire. « En échappant au lieu, j'échappe au temps et je me raccroche à la poésie ». Noble et délicate décision pour cette lyonnaise dont le métier sous les feux des projecteurs (dessinatrice et autrice de bandes dessinées bien connue) nécessite constamment de rendre compte, d'utiliser les réseaux, d'être connectée. Diglee décide ainsi de s'isoler plusieurs jours dans une Abbaye, celle de Rhuys dans le Morbihan, avec accès direct sur le chemin côtier.

Cette fuite somme toute bien gentille d'une citadine qui a tout, connue et reconnue, gâtée (c'est elle qui le dit), juste pendant quelques jours, donnant lieu ensuite à un livre du fait de la soi-disant guérison engendrée, pourrait faire sourire, pourrait nous laisser penser à une forme de grandiloquence…et pourtant…

Pourtant « Ressac », c'est une magnifique ode à la lenteur, aux bonheurs simples, aux journées seulement rythmées par les heures fixes des repas et le bruit de l'océan. le ressac des heures qu'on laisse s'égrener, le ressac des pensées qu'on laisse advenir puis repartir. Tels des nuages. Un hymne à la solitude, à l'immobilité choisie et sans compromis.
« L'énergie que je tente d'absorber, laiteuse et neptunienne, je ne la trouve que dans la solitude. C'est une force androgyne, tentaculaire et vrombissante, qui ondule et qui noie, c'est le royaume des sirènes et des abysses ».

« Ressac » c'est l'amour passionné de la littérature. Anaïs Nin notamment y est sublimement vénérée : « Je surligne, j'avale, je redessine ma charpente sous la poésie ninesque. Sa prose sent l'encens et les roses gorgées de soleil, elle fait le bruit de l'Espagne brûlée et des émois amoureux, elle a le gout d'une peau ambrée qui vient de jouir et l'odeur du papier bible, ce même mélange de sacrilège et de sublime. En cet instant, rien ne compte d'autre que ça : la littérature ».
L'amour de l'écriture dans de petits carnets, et de la peinture, aquarelles avec lesquelles Maureen Wingrove excelle et qui lui valut, de la part de son beau-père, le surnom de Diglee, clin d'oeil à Modigliani.
Lecture, écriture, peinture, l'essentiel pour vivre. Pour survivre.

« Ressac » c'est une ode à la féminité, aux figures maternelles familiales et leur héritage, au tissage multigénérationnel dont nous sommes l'étoffe, parfois étouffée. Un texte féminin et féministe. C'est aussi une très belle et émouvante allusion à l'amour d'une femme pour une autre femme, Héloïse, la muse de Diglee.

« Ressac » enfin c'est le projecteur braqué sur la Bretagne, celle du Morbihan, en plein hiver, sur l'océan purificateur : « Il me faut suivre l'étroit couloir formé par les branches d'imposants cyprès noirs : traverser l'ombre pour atteindre la lumière. J'obéis religieusement, et débouche enfin sur le paisible tableau de la grande prairie. En arrière-plan, la mer. Son ressac, comme un crissement de taffetas, agressif et apaisant à la fois ».
Des paysages de plages nues, déchiquetées par les roches noires, adoucis par les grappes jaunes et duveteuses des mimosas, le mauve des bruyères, les ajoncs dorés, et le rouge carmin des camélias, pour sertir les errances et les pensées vagabondes, des paysages de prairies vertes constellées de maisons blanches aux volets bleus.

Une lecture qui m'a apaisée et m'a bercée. Une lecture remplie de magie, de liens, de coïncidences, de quelques brins d'ésotérisme. Un livre que j'aimerais avoir toujours à portée de main, pour de temps à autres, relire les si nombreux passages soulignés. Multiples pages cornées et nombreux passages soulignées : signes chez moi d'un livre aimé !

« Il fait froid dehors et je serre mon livre contre moi comme un trésor. L'envie d'une tasse de thé se fait sentir. Classique synergie du livre qui appelle la boisson chaude ».


Commenter  J’apprécie          8331
Ressac, c'est casser à l'envers. Maureen Wilgrove surnommée Diglee par son beau-père nous offre un livre hérisson où chaque ligne dégage des effluves aux arômes de douceur, de magnolias, d'amour, de silence, de roses et de lune qui scintille sous un tableau de Magrit.

En février 2020, la jeune femme décide de faire un break dans sa vie, direction cinq jours de retraite en Bretagne loin du bruit et des réseaux sociaux.

« Je partirai pour faire parler les mots et faire taire mes maux. »

Son beau-père qui était comme un père pour elle vient de décéder rendant la jeune femme orpheline et vide de cet homme qui jonglait entre les sautes d'humeur engouffré qu'il était dans sa bipolarité.

« Nous pleurons un disparu qui vit sous nos yeux. C'est une mort sans cadavre. »

Là-bas, au coeur d'une nature plus vivante que jamais, Maureen réapprend à observer, à ralentir, à écouter le chant des oiseaux, la musique du silence, les éclats de poésie qui jalonnent le quotidien quand le temps s'arrête.

« Derrière moi, un vieil homme parle à un inconnu de sa volière et de ses oiseaux. Poésie. »

Maureen caresse chaque instant de cette retraite en apesanteur dans la plus parfaite immobilité. Elle attend en cueillant l'instant présent. Nous savons tous qu'au coeur d'une nature merveille, quand la solitude se fait amie, quand plus rien n'a d'importance que ce moment qui fige l'instant présent, nous savons que les maux s'exhibent tous heureux de pavaner en compagnie d'un brin de poésie. Les maux (démons, peurs, angoisses, peines,…) s'inclinent devant la pensée salvatrice, la pensée qui libère, la pensée qui respire, la pensée qui ressource.

C'est tout un art de marier en 150 petites pages le noeud complexe d'un être décomplexé sur le fil de la vie. Fil d'Ariane qui s'en va cueillir ces petites jonquilles de la vie, que ce soit la littérature, un corps qui jouit, une parole qui rassure, un sourire qui contamine. L'auteure cajole de ses mots si tendres, de ces petits riens qu'elle vénère haut et fort. Sa soif d'amour est parlante et touchante à la fois.

Ressac est un livre bonbon rose, une lecture que j'ai partagée avec mon amie Sandrine (seriallectricesv) et qui nous a permis d'élargir notre discussion aux confins de l'intime.

« L'amour sans dette est si rare, le seul peut-être qui puisse permettre un vrai miracle. »
Commenter  J’apprécie          819
Un soir de janvier, après avoir passé un Noël loin de sa famille, dans une ambiance étrange et triste, Maureen, surnommé Diglee par son beau-père, décide de s'isoler, de se protéger. Errant sur internet, elle tombe aussitôt sous le charme de l'Abbaye de Rhuys, dans le Morbihan et réserve quelques nuits là-bas. Pour se ressourcer mais aussi pour écrire, exorciser ses maux. En effet, depuis environ deux ans, son beau-père, Christian, l'effraie. Diagnostiqué bipolaire, son comportement change de jour en jour, et elle ne reconnaît plus l'homme doux et tendre qu'il était. Coup du hasard, elle part en Bretagne le lendemain d'un terrible accident de voiture de Christian qui a bien failli lui coûter la vie...

Loin du tumulte de sa vie, de son couple, des réseaux sociaux, de son beau-père qui lui échappe, Diglee va prendre quelques jours pour elle. Rien que pour elle. La mer, la paisibilité de ce petit village breton, l'Abbaye au charme fou, la solitude, le silence … mais aussi des carnets, des cahiers, des crayons, du matériel de peinture, pour parer à l'angoisse de cette solitude mais aussi pour garder une trace. Et des rencontres, un peu hors du temps, propices aux confidences, avec les résidentes mais aussi avec les femmes artistes ou non qui comptent dans sa vie. Dans ce récit introspectif et intime, Diglee consigne, note, se rappelle tout ce qui la traverse, l'émeut, la touche avec une sensibilité à fleur de peau. Un isolement, un recueillement, un détachement d'elle-même pour mieux se retrouver. Avec une certaine douceur, elle nous offre un témoignage aussi apaisant qu'intense.
Commenter  J’apprécie          693
J'avais besoin d'une lecture courte pour tuer quelques heures en solitaire sur la plage, en cette fin d'été un peu triste par définition, période de transition par excellence vers une saison que j'aime pourtant tout autant sinon plus ; et je tombe sur ce titre au bureau de tabac du coin. Moi qui aime la solitude, les retraites, l'infinitude des paysages océaniques, qui nous mettent devant notre propre finitude, je me suis dit que ça pouvait me parler.


L'auteure (blogueuse dont vous connaissez peut-être les BD) ressent le besoin de prendre du recul sur sa vie, faire le point sur sa relation amoureuse, digérer sa nouvelle relation avec son beau-père, s'éloigner de son hyper-connectivité pour faire le vide, laisser la place à ses propres pensées, ses émotions remises à plus tard, refoulées, enfermées, évitées. Prendre un temps pour méditer, du temps pour s'ennuyer. Pour s'écouter. du temps pour soi, pour aller mieux et ainsi se rendre plus disponible aux autres, à l'écoute du monde qui nous entoure dans sa rondeur bienveillante et câline.


« 22h… Je sombre. La mer a comme avalé ma peine. Je lui ai confié mon ombre, et elle l'a mangée. »


Elle choisit une abbaye où les soeurs accueillent d'autres femmes comme elle qui, jouant le rôle d'éclats de miroir, la renverrons à l'exploration de son moi intérieur et profond - comme ce lieu ésotérique et symbolique, et les paysages apaisants et inspirant où il se trouve. Comme souvent lorsqu'on prend le temps d'être attentif au monde, on y trouve toujours des coïncidences troublantes dans lesquelles on s'empresse de voir les symboles que l'on veut et qui révèlent surtout beaucoup de choses sur nous. Mais comme dirait Kate Atkinson, les coïncidences ne sont-elles pas simplement des explications qui attendent leur heure ?


« Debout face au large, je pense aux plages comme à des morceaux de moi éternellement léchés et nettoyés par la houle. A cet instant j'ai la certitude que cette plage-ci, la plage de Port Maria, gardera pour toujours en son sable une part de celle que je suis aujourd'hui. Je me suis fondue dans ce décor, offerte à lui, j'aurais aimé me baigner nue dans cette mer pour faire peau neuve, pour qu'elle m'accouche. Au lieu de ça je lui ai laissé mes doutes, quelques larmes, et un dessin de mon amoureux. Elle a tout avalé. »


Même si on y explore moins la religion, et que l'on approche un peu plus l'ésotérisme, dans l'esprit c'est un texte qui aurait presque pu trouver sa place dans le recueil collectif, certes masculin, de Trois jours et trois nuits. J'ai été parfois séduite par certains passages que j'ai trouvés bien tournés, et dont j'ai perçu des échos de ressentis familiers ; mais, alors même que je comprends ce qu'a recherché et éprouvé l'auteure dans cette démarche, je n'ai pas non-plus été subjuguée ni par sa plume, ni par la profondeur ou l'originalité de son propos. du coup ses mots ne se sont pas toujours fait miens, et ses sentiments ne m'ont pas emportée très loin. J'ai trouvé le milieu du livre un peu mou. La fin, plus intense en émotion, a récupéré mon attention (mais elle y cite les mots d'autres auteurs au soutien des siens).


C'est typiquement le genre de livre très personnel où l'auteur s'écoute un peu parler, et qui pourra donc sembler s'adresser directement à vous si vous êtes dans le mood de l'auteure au moment de le lire (ou si subsistent fortement ancrés en vous ce genre de moments décisifs aussi intimes qu'universels), ou qui pourra vous laisser de marbre dans le cas contraire. Une simplicité qui peut toucher ou ennuyer, faire sortir le beau ou l'ennui, l'épiphanie ou la platitude. Pour ma part je n'ai fait qu'osciller entre tout ça. En discutant avec l'une de mes babélamis, je me rends compte que c'est le côté un peu cliché qui reste en surface qui ne m'a complètement séduite. Mais l'intention et l'émotion de l'auteure, qui semble au demeurant fort sympathique, ont l'air pur et bienveillant. Une respiration entre deux livres plus longs ou plus consistants ; ou les deux.


« La littérature comme réponse au chaos ? Ressac, à l'envers, c'est casser. »
Commenter  J’apprécie          6528
J'étais une petite fille solitaire, amoureuse des mots ....

Maureen, après un douloureux accident qui a brisé un être cher, va faire une courte Retraite dans une Abbaye en Bretagne.
Abbaye où le mythe des amours d'Héloïse et Abélard sont bien présent.
(p.95) Amours brisés - quête immense des coeurs meurtris.

Je me suis retrouvée en Maureen qui avait une grand-mère du nom de Paula, femme éprise de liberté qui va exiger un endroit à elle seule, intime où elle n'aura que furtivement le sensation grisante d'être libre.

Maureen qui :
- ferme sa porte de chambre à clé, quand elle se trouve dans un endroit inconnu (courageuse mais pas téméraire)
- qui additionne les chiffres régulièrement pour voir si cela va tomber sur un de ses chiffres fétiches qui sera de bon augure
- qui a un piètre sens de l'orientation
- qui aime les cimetières depuis l'enfance, pour elle lieux fascinants et apaisants
- qui a toujours des problèmes avec portes et serrures
- qui retourne voir les maisons où elle a habité un temps.

La voici faisant une courte parenthèse dans sa vie, Retraite pour faire le vide.

(p.89) J'avais oublié comme le silence enserre et réconforte.

(p.21) Des semelles de vent devraient pourtant suffire pour arpenter les toits du monde.

(p.24) J'aime l'argenté rieur de ces coïncidences magiques.

(p.128) Je crois au néant et au hasard.

(p.130) Tout restait à apprendre. A désapprendre. C'est long d'abandonner une armure.

Je me suis fondue dans mes pensées, tout au long de cette lecture.
Une envoûtement enchanteur.
Mon moi profond en prenant le temps de "digérer" ce livre a parlé à mon âme, à mes manques, à mes envies de vivre un temps pour moi loin de tout.
Et j'ai envié Maureen de s'être permis ce que je ne me permet pas.
Mais quelle erreur Je Me Commet !

(p.124) Energie de feu - énergie du diable ou simplement énergie de la vie .
Commenter  J’apprécie          4316
Emprunté à ma maman et conquise par ce petit récit autobiographique absolument émouvant et totalement captivant.
On suit ces quelques jours comme cent ans, on en voudrait plus, tellement plus. Comme une envie de rester aux côtés de l'autrice, avec son écriture si belle et poétique, ses évocations si parlantes et ses émotions si pleines et entières.
Une envie de s'isoler pour se retrouver, de rencontrer dans un cadre unique des personnes tout aussi uniques, de voir cette diversité du monde par ce prisme resserré dans le temps et l'espace.
Une merveille, un écrin de liberté, de créativité, d'humanité partagée. L'impression d'avoir cheminé aux côtés de Diglee durant ses quelques jours, s'identifier sur certains côtés et surtout observer avec une tendresse infinie le monde et se retrouver soi-même à travers les mots d'une autre. A lire absolument. Lumineuse parenthèse dans le bruit du ressac.
Commenter  J’apprécie          240
Pour "Ressac", j'ai délaissé le temps d'une lecture mon amour des romans. Sans regrets aucun tant ce texte, ce récit a résonné en moi, tant il a fait vibrer certaines cordes dont je peine parfois à entendre la mélodie. Fait rare, j'ai, au cours de ma lecture, corné des pages et souligné des passages. Cela ne m'arrive presque jamais, seulement avec Jon Kalmann Stefansson et Gabriel Yacoub. Mais là, j'y étais comme obligée. Ce texte, j'y reviendrai, je sais que j'y reviendrai. Et j'y puiserai comme d'autres puisent l'eau d'une source claire. Qu'y prendrais-je? J'avoue que je ne sais pas trop, pas précisément... Des réponses, de l'inspiration, l'air du large, du vent et de la lumière. de la poésie, le rose de l'aurore et l'éclat de la lune. Un semblant de sororité. Des références et l'envie de découvrir Anaïs Nin. Des signes peut-être. Des mots sur les maux sans doute. de la musique: celle des phrases jetées ça et là par Diglee et son amour de la littérature qu'elle dit si bien.

"Ressac" raconte en quelques 160 pages la retraite que s'offre l'auteure au coeur d'une abbaye du Morbihan, battue par le vent et les embruns parce qu'elle en ressent le besoin impérieux, parce qu'autour d'elle son monde semble se disloquer, déchirement symbolisé par le mal d'un père qui se perd, d'un doux qui se laisse emporter, happé par la bipolarité.
Cette retraite bretonne, loin des siens et des réseaux sociaux, du tumulte de la ville et de la vie sociale qui demande parfois tant d'énergie, c'est un cadeau que se fait Diglee qui embarque avec elle, outre ses blessures, ses espoirs et ses questionnements, son besoin d'air et de liberté, ses carnets et ses pinceaux, un bloc notes et ses stylos. Comme une quête de soi et de sens, une respiration et une renaissance pour se guérir et puis pour écrire.

"Ressac", c'est donc le récit de cette parenthèse, d'une introspection aussi salvatrice que douloureuse. Un texte profondément intime mais qui touche à l'universel aussi. Une écriture infiniment sensible, intense, puissante et comme touchée par la grâce. Un texte pétri de rencontres aussi invraisemblables que magiques; celle d'une religieuse philosophe, d'une amoureuse divisée; celle d'Abélard aussi qui aima tant Héloïse. Ce sont les canaux de Venise hanté par les fantômes et les amours de Sand et Musset. Ce sont les notions de transmission, le poids, l'amour et les legs des aïeux, ce sont la difficulté à dessiner les contours de la féminité et du désir, la nécessité de reconnecter le corps et l'esprit, les mots aux ressentis, l'amour fou de la littérature et de la poésie, la nostalgie du temps qui passe et ces voix qu'on finit par oublier dans le halo du souvenir... Ce sont la mer, les coquillages et les fleurs, le rose et l'or, une ode à la solitude qui panse et à la nature, un hymne à la sororité. Ce sont des blessures et les maisons d'enfance qu'on ne sait pas quitter, qu'on ne quitte jamais vraiment parce que ça fait trop mal.

Un livre guérisseur et une lumineuse parenthèse au parfum de sel et de genêts.

Commenter  J’apprécie          231
Il y a ce beau-père tant aimé devenu bipolaire et tellement différent de cet homme au grand coeur qu'il était auparavant. Il y a cette blessure liée aux mots qu'il a prononcés… mais est-on responsable de ce que l'on dit quand on n'est plus soi-même ?
Alors il faut partir, trouver refuge, se protéger… Quelques recherches sur Internet… Abbaye de Rhuys, Morbihan… C'est là que Maureen ira, emportant carnets, journal intime, livres, pastels, feutres, peinture, pinceaux afin « d'être parée à toute éventualité »… C'est là qu'il faut tenter de calmer la douleur, retrouver ce que la peine lui a fait perdre d'elle-même, regagner aussi la possibilité d'être réceptive au monde, aux sensations, à l'émerveillement. « J'essaie de guérir du père par la mer. »
Ressac est le journal de cette retraite de cinq jours, l'évocation des lieux, de l'abbaye bien sûr mais aussi de cette côte fouettée par le vent et avalée par la mer déchaînée. Petit à petit les paysages bretons cèdent la place aux paysages intérieurs, à l'intimité du moi, à l'introspection, au surgissement des secrets et par là même au retour d'un certain calme, d'une forme d'apaisement et de coïncidence avec soi-même.
Un texte sensible, délicat et doux dont la prose poétique invite le lecteur à se poser, à ralentir, à contempler et à tenter de se reconquérir soi-même afin de retrouver une place dans le monde.
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
Commenter  J’apprécie          200
Une jeune femme part quelques jours effectuer une retraite, hors du monde, dans un couvent en Bretagne. C'est l'occasion pour elle de faire le point sur sa vie et ses envies. Un récit simple qui laisse un peu sur sa faim. le personnage développe peu le fil de sa réflexion, de qui est dommage.
Commenter  J’apprécie          130
Ressac c'est un tout petit livre pour un ressenti immense.
C'est un concentré presque brut de tout ce qui peut venir en tête de qui voudrait faire une courte retraite. Un exil certes mais au milieu d'autres qui ont besoin, régulièrement ou momentanément, d'une parenthèse. Un Covent de sorcières en convalescence.
Il y a de beaux mots, de chouettes références, et la mer d'hiver, la mer, la mer.
Ce n'est pas un coup de coeur non plus parce que comme tout récit il est avant tout destiné à celui qui l'écrit mais c'est une lampe tempête à déposer sur son chemin. Une suggestion de refuge. Un appel au mieux être.
Commenter  J’apprécie          130




Lecteurs (1201) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1726 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}