Roman adolescent. Amour, mortalité, amitié.
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Jordane sent une boule se former dans sa gorge et, en même temps, un tremblement secouer tout son corps. La réalité se reformait autour d’elle sans son accord.
Est-ce que c’est ça, la folie? Est-ce que je suis la seule à faire ce genre de rencontre?
Il y a un instant, Jordane se croyait agressée. Quelques secondes plus tard, elle voit un fantôme qui lui demande son aide. Qu’auraient pensé sa mère ou Paul s’ils étaient entrés la minute d’avant? À la voir se démener en un combat imaginaire, tordue dans tous les sens? Quelle autre conclusion que la folie, la démence pure auraient-ils pu en tirer?
Le garçon se tient immobile dans l’attente d’une décision de Jordane. Si elle part maintenant, elle préservera sa santé mentale, sa vie sera comme avant.
Des larmes coulent sur les joues du garçon sans qu’il tente même de les essuyer.
Il pleure comme sa sœur. Élodie…
Le premier pas est difficile. Une grande partie d’elle a sauvagement envie de se sauver. De retourner dans sa chambre et de replonger dans le sommeil. Mais c’est plus fort qu’elle…
" Tout le monde cache une poignée de secrets dans un jardin privé", lui avait déjà dit sa mère pour tenter d’expliquer pourquoi elle avait tant de gens à aider. Des blessures, des regrets, des peurs, qui parfois remontent à la surface sous forme de tempête quand la vie ne nous offre qu’un chemin rocailleux pour avancer.
La jeune fille sent le cri, porté par une terreur glaciale, s’enfler dans sa poitrine alors qu’elle regarde l’intrus, planté au milieu du garage. Tremblant tel un arbre trop jeune laissé sans tuteur dans la tempête, l’adolescent au charme fou rencontré au club vidéo la fixe d’un regard noyé de larmes.
La main de Jordane lâche la poignée pour étouffer un cri. Les scènes de la veille lui reviennent tout d’un coup, chaotiques, emmêlées, un peu comme les planches désordonnées d’une bande dessinée filant à toute allure
Elle ne veut pas d’un gars qui cherche des rapprochements faciles dans un coin de sous-sol pendant que le party roule à l’étage au-dessus. Et puis, se morfondre n’est pas son genre. Jordane est le genre de fille qui regarde en avant. Et droit devant, ce qu’elle voit, c’est un commis de club vidéo beau comme un acteur de cinéma (dont elle doit absolument retrouver le nom à son retour) qui connaît tout sur les vieux films et la regarde comme si elle était une vedette.
Même si elle se sent coupable comme une enfant prise en faute, Jordane ne peut s’empêcher d’être offusquée par la réaction de Pierre Beaudais. Sans rien dire, elle s’approche de la table et récupère son cellulaire. Décidée à s’éclipser, elle se dirige vers la porte-fenêtre. Sa main est sur la poignée quand une voix se glisse dans son oreille: «Confronte-le, s’il te plaît. Il va te respecter. Confronte-le pour moi.»
Entrevue avec l'autrice Johanne Dion pour discuter de son tout dernier roman, Silence Brûlant.