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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
En 1806, à la mort de son père, Michel Adanson, sa fille Aglaé découvre les carnets de voyage de ce dernier. Botaniste passionné, ayant rêvé un temps de réaliser une encyclopédie universelle du vivant, Michel Adanson a dans sa jeunesse voyagé au Sénégal. Lorsqu'il y débarque en 1750, son objectif est d'étudier la flore locale, souhaitant répertorier le maximum d'espèces. Mais ce voyage à but scientifique va être bouleversé lorsqu'il apprend l'histoire d'une esclave qui se serait enfuie et réfugiée dans un petit village sénégalais. Intrigué, Michel Adanson va partir en quête de cette mystérieuse femme dont il ne sait si l'histoire est réelle ou légendaire.

En s'inspirant d'un personnage réel, Michel Adanson (1727-1806), David Diop nous entraîne aux confins des terres sénégalaises du 18e siècle. En suivant le périple du naturaliste, c'est tout un pan de l'histoire du Sénégal que nous découvrons. Economie de traite, rivalités franco-anglaises, arrangements avec les petits royaumes… le pays africain, concession française, est une manne pour le royaume de France qui tire bénéfice du commerce triangulaire. En ce siècle prometteur des Lumières, c'est une triste réalité que découvre alors Michel Adanson, qui s'émerveille en parallèle de la richesse des peuples autochtones et de la beauté de leur langue, le wolof, dont il finit par s'imprégner totalement. Ainsi, l'histoire de Maram, entre superstition et réalité, s'apparente aux contes que l'on peut entendre de la bouche des griots. Liée à celle ensuite d'Adanson, leur histoire apporte un souffle terriblement romantique et met à bas les préjugés de l'époque.
Avec « La porte du voyage sans retour », David Diop redonne vie à ces milliers d'enfants, de femmes et d'hommes déracinés et morts en esclaves. Toujours dans l'exigence de l'écriture, il rend également honneur à la langue de son pays d'origine où l'oralité est la transmission de tout savoir et mère de toute compréhension. Enfin, il restitue à merveille la transmission qui se fait entre un père et sa fille. Aglaé découvre sur le tard l'homme qu'était son père et cela en est d'autant plus poignant.
J'ai juste un regret sur la fin de l'histoire que je n'ai pas vraiment saisie...
Mais au final, voici un beau voyage qu'il ne faut pas manquer.
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1806. Michel Adanson se meurt et écrit à sa fille ce qu'il n'a jamais pu dire à personne. Naturaliste, au même titre que Lamarck ou Jussieu, il a vécu au Sénégal pour y observer la flore locale et y agrandir ses herbiers et autres collections en vue de la publication de son chef-d'oeuvre, L'Orbe universelle.
Mais au Sénégal, à la fin du XVIIIe siècle, c'est surtout le commerce des Noirs vers les plantations sucrières des Antilles qui se développe. Michel Adanson se retrouve happé dans des conflits qui lui sont étrangers et où il n'est que l'homme blanc inconscient qui cherche à comprendre des traditions qui le dépassent.
Le récit est à la fois soigné et précis comme une sculpture, mais aussi oral et coloré comme la narration d'un griot et nous suivons Michel Adanson de Paris à Saint-Louis du Sénégal, puis sur l'île de Gorée, cette "porte du voyage sans retour" pour nombre d'Africains, d'où il reviendra, lui, mais après avoir tout perdu.
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J'aime beaucoup la littérature francophone africaine du Mali, du Sénégal. Quelques auteurs m'ont permis d'aimer les traditions de transmission des histoires, des légendes attachées à ces pays, au travers des contes principalement.
Cependant David Diop n'est pas un africain francophone, mais un français originaire du Sénégal. Dans ce contexte, La porte du voyage sans retour m'évoque la porte des esclaves à laquelle font référence dans une de leur chanson (Gbaou) La rue Kétanou et les Ogres de Barback.

Du début du 19ème siècle en France, nous repartons au siècle précédent au Sénégal suivre le voyage d'un célèbre botaniste, inspiré de Michel Adanson. Celui-ci livre à sa fille, Aglaé, à travers des lettres qu'elle trouvera à la mort de celui-ci, le récit de son voyage en Afrique.
Le récit est enrichi du regard du botaniste, agrémenté de descriptions de la flore et de la faune, qui savent ne pas être envahissantes.
Notre personnage principal, venu en blanc sur le territoire des noirs, saura se montrer ouvert d'esprit, donc prêt à découvrir l'autre tel qu'il est et pas tel qu'il le pense ou l'imagine. Ainsi il apprendra la langue locale afin de pouvoir communiquer de manière directe avec ses hôtes et ceux qu'il rencontre.
Il part à la recherche d'une jeune noire, que l'on hésite à considérer comme un MacGuffin.
Au cours du voyage notre héros connaît certaines aventures, voire des mésaventures. Avec le presque dénouement du livre, nous entrons dans une ambiance un peu différentes, où le surnaturel vient effleurer la réalité ; à moins que ce ne soit une question de point de vue bien sûr, comme dans les contes qui se comprennent différemment selon l'un des trois degrés de lecture auquel on les aborde.
Puis, sans en dire trop sur la fin, je dirais tout de même que le dénouement nous ramène tout à fait à la réalité.

Dans les avis donnés sur le livre, il y a souvent une phrase ou deux de comparaison avec Frère d'âme, du même David Diop, que je n'ai pas lu. Ce sera sûrement un voyage à entreprendre pour moi, un autre voyage avec David Diop.

Lien : https://chargedame.wordpress..
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David DIOP. La porte du voyage sans retour.

Cette porte du voyage sans retour, nous l'avons empruntée avec plaisir, accompagnant Michel ADANSON dans sa quête de plantes, de fleurs, d'arbres exotiques destinés à être implantés en France et à constituer un dictionnaire de la flore exotique. Ce récit se déroule dans la seconde moitié du XVIII ème siècle. le jeune botaniste, mandaté par la France, arpente les forêts équatoriales du Sénégal, vit au contact des autochtones. Il s'imprègne de la culture locale. Il apprend qu'une jeune fille promise à l'esclavagisme a pu échapper à ses négriers et qu'elle vit au fins fonds de cette forêt ; il se lance à la poursuite de cette esclave. Il veut la délivrer de son triste sort. Lorsqu'il la retrouve, déguisée en véritable sorcière, guérisseuse, il tombe éperdument amoureux d'elle. Elle est très belle,et, suite à son enlèvement par un marchand d'esclave, Michel va tout tenter pour lui ôter ses chaînes, il est même prêt à l'épouser. Mais il y a un problème, il est blanc et elle est noire. Il est anti-esclavagiste. Parviendra-t-il à obtenir la relaxe de cette jeune femme ? Quel sera donc son avenir ? Prise dans les mailles d'un marchand gérant le trafic des personnes, Michel pourra-t-il acheter Maram et l'affranchir ?

C'est grâce à un journal intime, de Michel ADANSON, une confession écrite à l'adresse de sa fille, Aglaé que l'auteur, David DIOP, nous conte cette fabuleuse histoire d'amour impossible. Avec ses héros, nous traversons des marécages, des forêts millénaires, bivouaquons sur les plages du Sénégal et découvrons tous les mystères qui s'y cachent. Cette fuite dans les bois, un récit émaillé de mille détails sur la faune, la flore, les paysages, la façon de vivre, les coutumes, nous sommes au Sénégal lors du commerce triangulaire. Et le point de départ du déracinement, de l'exil imposé à la population noire, est située dans l'île de Gorée. Nous faisons connaissance avec cette civilisation inconnue à l'époque, découvrons les diverses tribus qui se livrent une guérilla permanente. Les personnages et leurs ambitions respectives sont ciselées. La plume de cet auteur est alerte, pointue : elle égratigne les personnalités s'enrichissant avec ce commerce particulier. Il y a beaucoup de poésie, de sensibilité et d'amour. C'est une belle page d'histoire que nous donne David. Je ne peux que vous recommander de lire ou relire, « Frère d'âme » qui couvre la première guerre mondiale. (24/09/2021).
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Les éditions du Seuil m'ont envoyé ce roman grâce à l'entremise de Babelio et je les en remercie. du même auteur, j'ai lu et apprécié Frère d'âme.
Le quatrième de couverture de ce livre en évoque bien le contenu sans en déflorer toute la magie.
L'auteur commence par la description d'un monde révolu, celui du 18ème siècle en France où un noble argenté mais sans héritier direct offrit à sa belle-fille, Aglaé, un petit château certes à rénover mais avec un parc à transformer en y plantant séquoias d'Amérique, érables, magnolias à grandes fleurs... Ainsi la fille du botaniste Michel Adanson a pu créer une serre pour y cultiver des fleurs exotiques, des hibiscus. Les quarante premières pages sont donc consacrées à Aglaé et au château de Balaine en France ainsi qu'aux derniers moments du botaniste renommé qu'était son père. La description de la vie amoureuse de quelques aristocrates de l'époque est saisissante de vérité. Mais c'est très court et ensuite, c'est le dépaysement en Afrique équatoriale française.
La suite est un roman dans le roman. Michel Adanson a légué à sa fille d'une façon un peu compliquée des carnets où il a relaté son long voyage en Afrique de l'Ouest. Au début, il n'était parti au Sénégal que pour observer sa faune et sa flore diverse et variée et petit à petit cela glisse vers une belle histoire d'amour contrarié qui se suit avec plaisir jusqu'au dénouement final. Comme le dit la chanson : il n'y a pas d'amour heureux !
J'ai eu également un gros coup de coeur pour le personnage de la guérisseuse, Ma-Anta, car elle savait écouter et elle répétait que les premiers remèdes sont à trouver dans les paroles mêmes de ceux qui exposent les symptômes de leur maladie.
J'ai enfin trouvé dans ce livre, pourtant écrit par une personne de couleur, une histoire plausible qui implique d'autres personnes aussi cupides que les Blancs attirés par le commerce des esclaves depuis l'île de Gorée vers les Antilles. C'est un passé peu glorieux de notre histoire – mais ce n'est pas le seul – et il s'avère que nos ancêtres européens ne sont pas les seuls fautifs. Il est temps de passer à autre chose.
L'écriture est belle, imagée, fluide. Bien sûr l'intrigue se passant dans un pays tropical, les descriptions de la faune et de la flore sont nombreuses et très pittoresques. Beaucoup de dépaysement et d'exotisme dans ce livre pour ma part. Une belle lecture d'été envoûtante écrite avec beaucoup de finesse et de précision.
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Si c'est le destin qui tire les ficelles, alors, je dois avouer que le titre de ce roman « La porte du voyage sans retour » a aiguisé mon intérêt. Et la quatrième de couverture m'a conforté dans mon choix de retenir ce livre auprès de ma médiathèque. Certaines quatrièmes de couverture peuvent tricher. Mais pas cette fois. J'ai donc emprunté pendant quatre jours le corps de Michel Adanson, naturaliste français (1722-1806). J'ai eu le mal de mer lorsqu'il a pris le bateau pour le Sénégal. de ces cinq années de voyages dans ce pays d'Afrique occidentale, Adanson en garde une culpabilité enracinée dans son rejet de l'esclavage. Culpabilité qu'il raconte à sa fille dans ses carnets.
Aglaé est une jeune femme moderne. Elle voue à son père un amour et un respect nés de leur complicité enfin retrouvée à la fin de la vie d'Adanson. La vie des plantes les réunissait dans la serre de son père. C'est dans son château de Balaine qu'Aglaé découvrent les carnets de son père dissimulés dans un petit meuble bas en acajou marqueté. Sur l'un des quatre tiroirs, le dessin ciselé d'un hibiscus comme un signe d'outre-tombe. Les pages de ces carnets déroulent une histoire d'amour. L'amour d'un pays en premier lieu puis l'amour d'une femme noire Maram.
Dans son périple au Sénégal, Adanson perd sa langue au profit du wolof. Cette langue comme un sortilège nous convie en un voyage passionnant dans la vie d'un homme, fait de rencontres et consacre la fin d'un état.
La reconnaissance d'un pays et de son peuple à disposer de lui-même est à mon sens la colonne vertébrale du livre. C'est un récit épique fait de silence et qui participe à la narration. C'est une expérience sensible. Une ouverture à l'autre au lieu de verser dans le repli sur soi. Ce roman est l'un de ceux que je retiendrais en mémoire pour cette année 2021.
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J'ai refermé ce livre content de l'avoir lu mais je crois que j'aurais aimé voyager encore un peu avec Michel Adanson, Maram, Ndiak, Aglaé et les autres.

J'ai découvert David Diop, comme beaucoup, avec Frères d'arme, qui m'avait laissé un peu sur ma faim. J'ai beaucoup moins de réserve sur "La porte du voyage sans retour", que je trouve plus abouti.

David Diop nous plonge en plein XVIIIe, dans les pas du naturaliste, aujourd'hui un peu oublié, Michel Adanson. C'est encore l'époque des encyclopédies, des grandes découvertes... et de l'esclavage.
Au crépuscule de son existence, le scientifique se retourne sur son passé et décide de se livrer à sa fille sur sa jeunesse et en particulier sur un séjour de quatre années qu'il fit au Sénégal et qui fit de lui l'homme taciturne qu'il fut toute sa vie.

Le début de l'ouvrage était agréable à lire, même si je l'ai trouvé un peu trop ampoulé et descriptif à mon goût. Peut-être était-ce à l'image du vieil homme solitaire qu'était devenu Michel Adanson.
Dans ces premières pages, l''auteur multiplie les descriptions, les personnages, les lieux pour mettre en place son récit. Puis nous sommes transportés en Afrique, au Sénégal. le texte se simplifie, le rythme est différent et nous suivons le jeune Adanson, 23 ans, venu découvrir un continent et surtout à la recherche d'une gloire future que ne manqueraient pas de lui assurer ses découvertes scientifiques.

Les pages sur les quatre années sénégalaises sont très agréables à lire. Elles sont intéressantes, bien écrites, entraînantes.
Nous sommes embarqués à la découverte du Sénégal, de ses populations, de ses traditions, de ses croyances et puis survient Maram Seck, "la revenante"... Qui est cette jeune femme dont on lui parle dans un village, une jeune femme qui serait parvenue à fuire l'esclavage pour revenir.
La recherche de cette femme légendaire sera le début d'un voyage pour Adanson qui le mènera loin, très loin, dans les territoires des guérisseurs, des esprits et ....de l'esclavage.

Tout le monde pensait que Michel Adanson était un vieil égoïste qui n'avait vécu que pour son travail et son rêve de publier une oeuvre le rendant immortel, son orbe universel. le récit qu'il parvient à transmettre à sa fille révélera peut-être un tout autre homme...

Un grand merci à Masse critique et aux Éditions du Seuil pour cette belle lecture.
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Michel Adanson, véritable botaniste et naturaliste français ayant vécu au XVIIIème siècle et ayant ramené de ses explorations sénégalaises, au cours d'un voyage ayant duré plusieurs années, nombre plantes et espèces d'oiseaux pour les acclimater à la France, est le point de départ du roman de David Diop. Mais la fiction remplace vite la réalité et l'Histoire, le romancier imaginant à son protagoniste un voyage beaucoup plus romanesque.

Alors qu'il vient de s'éteindre et de laisser un héritage à sa fille, Aglaé, celle-ci découvre un carnet qu'il avait gardé secret pour elle, qui conte son aventure, plus personnelle, du Sénégal, pendant laquelle les recherches botaniques pour mener à bien son projet d'Histoire Naturelle du pays africain, vont devenir, finalement, bien secondaires…

Dans ce roman qui se fait le transcripteur de cette histoire marginale de Michel Adanson, l'hommage au siècle des Lumières est prégnant, s'en inspirant tant en termes de fond que de forme.

En effet, c'est par un récit à tiroirs remarquablement imbriqués, laissant la part belle à une polyphonie narrative parfaitement menée, alternant les histoires des divers personnages, que se déroule l'intrigue principale : de la découverte du carnet par Aglaé, à la quête de son père pour retrouver une jeune femme légendaire qui aurait réussi à échapper à ses négriers avant d'arriver sur l'île de Gorée, île symbole du commerce triangulaire de l'époque, en passant par l'histoire de cette jeune femme, ou encore par celle des compagnons d'Adanson qui l'accompagnent dans cette quête… l'ensemble narratif est riche, mais se tient de bout en bout, et ne nous mène pas forcément là où l'on attend de prime abord.

Richesse de la plume de David Diop également, qui est, elle aussi, empreinte de la langue du XVIIIème, tout en rigueur et en densité classiques, tout en évocations sensibles et naturelles, très rousseauistes, de l'amour, des sensations et sentiments qu'il provoque sur le jeune botaniste, tout en ironie voltairienne et montesquienne, plus politique, qui dénonce notamment l'esclavage. Richesse enfin de cette même plume en ce qu'elle combine cette inspiration classique, qui prône le triomphe de la raison, à une inspiration animiste, davantage tournée vers les croyances et la culture sénégalaises, syncrétisant les expériences d'Adanson et de Maram, celle à l'origine de sa quête et qu'il finira par retrouver, en un amour, soudain, poétique, terriblement bouleversant.

Toute cette richesse, narrative comme stylistique, est rendue particulièrement perceptible par la lecture qu'en propose Féodor Atkine, qui manie les multiples voix narratives, temporalités, lieux… avec brio pour en conserver toutes les nuances. Ce fut vraiment, pendant ces nombreuses heures d'écoute, un régal pour les oreilles, du début à la fin.

Je remercie les éditions Audiolib et NetGalley de m'en avoir permis la découverte.
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Depuis ma lecture du roman de Mohamed Mbougar Sarr, lauréat du prix Goncourt 2021, j'avais envie de découvrir la plume d'un autre auteur d'origine sénégalaise, David Diop, dont on me disait grand bien. Pas de bol pour lui, sa lecture est tombée dans un moment de l'Histoire rendant difficile l'oisiveté intellectuelle nécessaire à la lecture.

La porte du voyage sans retour est un carnet de notes, un journal intime laissé par un père à sa fille, qu'elle découvrira après sa mort, caché dans un coffre. L'histoire d'un botaniste du 18e siècle, Michel Adanson, parti au Sénégal pour travailler à son projet d'encyclopédie du vivant, et de l'incroyable histoire qu'il y vécut.

À cette époque là, cette triste époque déjà, le Sénégal abritait les plus grandes concessions servant à la traite des nègres, vendus comme esclaves et qui partirent par millions vers les Amériques, du Cap Vert, de Saint Louis ou de l'île de Gorée. C'est là qu'Adanson entendra une légende, celle de Maram une jeune femme kidnappée dans un village, vendue comme esclave à Gorée et pourtant devenue femme libre, capable d'envoyer un émissaire rassurer sa famille.

Accompagné d'un jeune prince d'une tribu locale et de quelques hommes en armes, il partira à sa recherche sous couvert d'une mission scientifique et d'espionnage. Une rencontre magique, un lien aussi érotique qu'ésotérique entre cet homme blanc et cette guérisseuse callipyge à la peau d'ébène, qu'il racontera avec fébrilité dans ses carnets.

Quelle aventure que ce roman sur les côtes sénégalaises, entre les contes racontés par les griots lors d'incroyables veillées africaines, l'inhumanité de la traite négrière qui fut d'une atrocité sans égale et la délicate fascination d'Adanson pour Maram la guérisseuse et son boa qui ne la quitte jamais. Un très beau roman, une belle découverte de cet auteur que je ne peux que recommander.
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David Diop nous entraine au Sénégal sur les pas de Michael Adanson, un botaniste français (1727-1806) qui a passé plusieurs mois dans ce pays d'Afrique pour y étudier la flore locale. Il avait pour projet était d'écrire une encyclopédie universelle du vivant. Si le contexte du roman est basé sur des faits réels, l'histoire qui nous est contée est inventée. David Diop a imaginé que durant son voyage, le botaniste était pu tomber amoureux d'une jeune africaine promise à l'esclavage. Nous suivons le jeune homme de 23 ans dans un dangereux périple, à la recherche d'une jeune femme noire dont on lui a raconté l'histoire (ou du moins une version).

Michel Adanson est un homme ouvert et avide de connaitre d'autres cultures que la sienne. Il n'approuve pas l'esclavage mais à l'époque il n'est pas facile de clamer haut et fort que l'on est abolitionniste. L'expérience de ce voyage marquera l'homme à tout jamais. Il passera sa vie à tenter d'oublier cet épisode de sa jeunesse. A la fin de son existence, l'idée lui viendra d'écrire l'histoire de Mara dans un carnet. le livre commence par la découverte, par sa fille, de ce carnet...

Quand Babelio m'a proposé ce titre j'ai accepté sans hésitation. J'avais bien aimé le premier roman de l'auteur, "frère d'âme" qui se déroulait également au Sénégal. J'avais toutefois, je l'avoue, une petite appréhension vu le thème. Les romans sur l'esclavage comportent souvent (et pour cause) des scènes insoutenables. Ce n'est pas vraiment le cas ici. En effet, seuls quelques passages sont éprouvants. Le propos de l'auteur n'est pas de décrire la condition de vie des esclaves mais plutôt la période qui précède l'embarquement des malheureux. Nous ne quittons pas l'île de Gorée, surnommée "la porte du voyage sans retour". 

J'avoue avoir été un peu gênée le mélange fiction-réalité. Il est dommage, quand ils choisissent ce procédé, que les auteurs ne donne pas quelques explications dans un avant-propos (ou dans une postface s'il leur faut ménager un certains suspens). Après quelques recherches, j'ai trouvé une interview de l'auteur où il explique sa démarche (lien vers l'article).

En dépit de ce petit bémol, j'ai bien aimé ce roman assez captivant et bien écrit, qui nous entraîne aux frontières du mystérieux grâce à sa dimension de conte. 
Lien : http://www.sylire.com/2021/0..
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