mpardonnables, tous, pas un des personnages n'est là pour rattraper l'autre.
Une panoplie complète d'anti-héros tous plus englués les uns que les autres dans leur souffrance :
La fille, qui fait croire qu'elle a disparue entre autres tourments qu'elle fait endurer à son père.
Le gendre, complice du mensonge ordurier, qui a brisé deux phalanges à son bébé alors qu'il était défoncé.
L'ancienne amie du narrateur qui refuse de filer sa femme.
Cette femme, soupçonnée d'adultère, qui couche avec le délinquant qui
lui a été envoyé en filature.
Enfin, le narrateur, Francis, ancien écrivain à succès, terrassé par la perte de sa première épouse et d'une de ses filles, qui écrit par delà le gouffre : " Perdre un lecteur est pire que de recevoir cent coups de fouet. Perdre un lecteur est une terrible sanction. »
Il a aussi trompé sa femme avant de la perdre pour toujours, et il n'a pas eu le temps de s'en expliquer, de se faire pardonner...
Il devient impardonnable pour l'éternité...
Sa fille justifie le fait qu'elle ne l'appelle qu"espèce de salaud"en brandissant le journal de la défunte, et les passages ayant trait à la faute irréparable.
N'est-il pas impardonnable, cet écrivain en souffrance, quand il oublie sa fille qui se tue de drogues et de froid ? Quand il ne trouve qu'à
lui confier ses pannes d'écrivain pour renouer le dialogue avec elle?
Le roman tourne autour du pardon et de la rancune.
De la culpabilité des uns et des autres face aux évènements douloureux qui jalonnent leurs vies.
Une pirouette semble proposée : tous
impardonnables ! et hop, le tour est joué !
Tous des victimes qui se croisent et se font mal sans forcément s'en rendre compte...
Je dois dire que j'ai
lu il y a très longtemps, je ne sais plus quand... "
Bleu comme l'enfer" et "37°2 le matin".
Ces livres ne sont pas devenus pour moi des livres totem, comme certaines oeuvres de cet auteur le sont devenues pour bon nombre de lecteurs.
Les livres de Djian m'ont toujours été conseillés par des gens que j'aime bien. C'est déjà un bon point.
J'ai lu ces livres avec un certain plaisir. Ce
lui là fait partie du lot.
Mais je me suis quand même accrochée pour aller jusqu'au bout : à quelle ficelle ?
-à ce que l'auteur dit de la place de l'écriture dans la vie d'un écrivain, (un entretien très bien fait publié sur médiapart en parle dans le détail )
-et aux réflexions sur le pardon dans les relations familiales et amoureuses.
Il me vient à l'esprit, en pensant à ce livre et à son narrateur, l'image des duellistes de Bilal dans "Animal'z" (j'ai lu ces livres au même moment).
Ce sont deux êtres opposés, des inverses en miroir qui se tiennent à bonne distance l'un de l'autre quand ils ne se tirent pas dessus : "Ce
lui qui me suit est un nihiliste duelliste, comme moi. Notre art de survivre, au bout des trois premiers duels, aura consisté à ce que nos balles se neutralisent mutuellement au milieu de leur trajet... Tout ça, bien évidemment, va au-delà de la précision..."
J'ai l'impression que l'auteur
Philippe Djian et le Francis écrivain de son roman sont un peu dans ce rapport, l'un et l'autre.
Une manière élégante et esthète de donner une forme au désespoir. La vie est toujours là, mais il faudrait toujours essayer de tenir la bonne distance au risque d'en finir une bonne fois pour toute...L'écriture serait un moyen...
Philippe Djian parle dans ses interview "de tenir la note", "le diapason"... C'est donc sans doute d'autre chose qu'il s'agit...
Comme je le disais, j'ai quand même un peu de mal à suivre avec cet auteur là...
des vidéos et des liens sur le blog
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