Crime et Châtiment

Est-ce que moi, j'ai tué la vieille ? C'est moi que j'ai tué, et non la vieille. Comme ça, d'un coup, c'est moi que j'ai assassiné, à jamais !... La vieille, c'est le diable qui l'a tuée, et non pas moi...

Cinquième partie, Chapitre IV.

Il faut l'attirer, et non pas le repousser. Ce n'est pas en repoussant un homme qu'on le corrige, à plus forte raison un gamin. Avec un gamin il faut être doublement prudent.

Deuxième partie, Chapitre IV.

En se trompant, on arrive à la vérité

Pierre Pétrovitch était de ces gens qui s’efforcent de se montrer aimables et sémillants en société, mais qui, sous l’influence de la moindre contrariété, perdent subitement tous leurs moyens, au point de ressembler plutôt à des sacs de farine qu’à de fringants cavaliers.

Comme Pulchérie Alexandrovna lui demandait d’une voix timide et inquiète s’il n’avait pas remarqué quelques symptômes de folie chez son fils, il répondit avec un calme et franc sourire qu’on avait fort exagéré la portée de ses paroles, que sans doute on pouvait constater chez le malade une idée fixe, quelque chose comme une monomanie, - d’autant plus que lui, Zosimoff, étudiait maintenant d’une façon spéciale cette branche si intéressante de la médecine.

- Non, ces hommes-là sont autrement faits ; un véritable " dominateur ", à qui tout est permis, écrase Toulon, fait un carnage dans Paris, " oublie " une armée en Égypte, " dépense " un demi-million d'hommes dans une campagne de Russie et s'en tire avec un calembour à Vilna ; et à cet homme, après sa mort, on élève des idoles — et c'est donc que " tout " lui est permis. Non ! ces hommes-là, manifestement, ne sont pas de chair, mais de bronze !

Troisième partie, Chapitre VI.

- Le principe ? Pourquoi donc cet idiot de Razoumikhine injuriait-il tout à l'heure les socialistes ? Ce sont des gens laborieux et pratiques ; ils s'occupent du " bonheur général "... Non, la vie ne m'est donnée qu'une fois et jamais plus elle ne me sera donnée : je ne veux pas attendre le " bonheur général ". Je veux vivre moi-même, autrement il vaut mieux ne pas vivre du tout.

Troisième partie, Chapitre VI.

- Elle a beau avoir avec la logeuse des discussions sempiternelles, elle avait envie de trouver au moins quelqu'un devant qui se vanter et parler des jours heureux du passé. Je ne la condamne pas, je ne la condamne pas, car c'est la dernière chose qui lui reste, le souvenir, tout le reste est parti en fumée ! Oui, oui, c'est une dame ardente, fière et inflexible. [...] Elle aimait son mari à la folie, mais il s'est mis à jouer aux cartes, il a passé devant un tribunal et il est mort. Sur la fin, il la battait ; et elle avait beau lui en vouloir, ce qui m'est connu de façon certaine et par des documents écrits, elle se souvient de lui jusqu'à ce jour avec des larmes et elle se sert de lui pour m'accabler, et je suis content, je suis content, parce que au moins en imagination elle se voit heureuse dans le passé...

Première partie, Chapitre II.

[...] Crois-tu donc, marchand, que ta demi-bouteille m'a procuré du plaisir? C'est la douleur, la douleur que je cherchais au fond de ce flacon, la douleur et les larmes; je les y ai trouvées et savourées.

J'ai compris alors que le pouvoir n'est donné qu'à celui qui ose se baisser pour le ramasser. Il suffit uniquement -uniquement ! - d'oser !