Qui a vécu si peu que ce soit, a nécessairement cotoyé certains "autres caractères" et peut-être même une "Julie". Les traits sont si justement ébauchés que le tableau achevé finit presque toujours par correspondre à une image familière. Empreints d'un humour pudique ou d'une indulgence à peine acidulée parfois, ces portraits donnent tous, à leur façon, une leçon d'humanité. Une bienveillance sans complaisance qui décrypte au delà des particularités, un sens de l'observation directe et de l'analyse objective qui concourt à leur donner une dimension quasi ethnographique.
Il nous faut souvent observer pour croire connaître, lire la "Julie", c'est un peu apprendre à reconnaître...
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Remerciements à Labruyère! Lu certes, écrit même.
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Un bout de la Julie ?
La grande : Et elle (La Julie), qu’est ce qu’elle faisait ?
La Jeanne : Elle courait déjà ! Qu’est ce que tu veux, c’était une femme à hommes ! Remarque, mon père, le Daniel, c’était un homme à femmes, ils s’étaient bien trouvés…
La grande : Mais, dis donc, en 1917, vous étiez déjà quatre enfants puisque ma mère qui était la dernière est née en 16. Et tu me parles comme si que tu étais seule.
La Jeanne : Tu as raison… Quand je te dis que j’ai aucun souvenir. À mon avis elle les avait déjà tous envoyés à Saint-Laurent en Brionnais, dans sa famille. Ta mère, peut-être qu’elle l’a emmenée chez la tante Henriette tout de suite après sa naissance. La Zézé y était déjà. L’André, il vivait chez la mémé depuis l’âge de 3 ans, à ce qu’il m’a dit plus tard. Il avait un an et demi de plus que moi.
Il conservait des souvenirs de Lyon, lui… Il disait que la Julie partait en vadrouille en le laissant seul à l’appartement, debout devant le poêle à bois, à sécher ses brailles quand il avait pissé dedans.
La grande : Attends-moi cinq minutes, je vais mettre le four à chauffer là-bas derrière. (Parlant de loin) — voilà : laurier, sel, poivre et la crème. Au fait, c’était qui la tante Henriette ? C’était pas celle qui était folle ?
La Jeanne : C’était une sœur de la Julie qui est restée vieille fille. Mais elle était pas folle à ce moment-là, et pas vieille ! Elle était gentille. Elle avait juste passé « Catherinette ». Après, pour se marier… c’est plus difficile. Surtout avec les deux filles de sa sœur à sa charge.
La grande : En somme, toi, tu es la seule à être restée avec tes parents ?
La Jeanne : Oh, ça n’a pas duré ! Je sais que la Julie s’est fait la valise pour de bon à l’automne 17 et que mon père m’a emmenée lui-même à Saint-Laurent en Brionnais.