Je me suis attaquée à l'intégrale des "Rois Maudits" de
Maurice Druon, réunissant sept tomes, pour un total ici de 1368 pages (édition Plon). Et ce sont ces sept volumes que je vais m'essayer à commenter aujourd'hui !
Cette fresque historique fut aussi plaisante qu'intense à lire. "
Les Rois Maudits" débute peu de temps avant le bûcher du grand maître de l'Ordre des Templiers, Jacques de Molay. Selon la légende, il aurait maudit ses tourmenteurs au moment de sa mort, et ce sur treize générations.
La "prophétie" se réalise, et ceux ayant condamné à mort le grand maître le suive rapidement dans la tombe, y comprit le roi de France Philippe le Bel. Suite à cela, le royaume de France enchaîne les crises dynastiques, les héritiers au trône ne règnent qu'un temps limité, les complots pour prendre le pouvoir se multiplient, la noblesse et les classes bourgeoises se déchirent... Au point que la royauté change de branche, et passe à la famille de Valois alors que s'achève la dynastie Capétienne.
Il est très compliqué, suite à la lecture de ces sept volumes, de faire un réel étalage de tout le travail et toute la minutie dont ont fait preuve
Maurice Druon et ses collaborateurs lors de l'écriture de cette suite romanesque, ayant prit plus d'une vingtaine d'années à se réaliser.
Ici, la fiction sert le propos historique : à chaque fin de volume, on trouve une dizaine de pages réservées aux notes bibliographiques et sources diverses. Ce n'est pas seulement une intrigue politique que
Maurice Druon nous sert, mais un véritable portrait de la vie en Europe du Moyen-Âge, en France surtout, mais également en Angleterre. Querelles religieuses, comptabilité, ordonnances administratives, mode vestimentaire, habitudes gastronomiques, recherches médicales... Tout est consigné.
Il m'a toutefois été compliqué d'arriver au bout des sept volumes, mais pour des raisons qui sont plus de l'ordre du subjectif je pense, que venant réellement de la saga. 1368 pages, même avec une excellente plume, c'est long. En particulier quand l'auteur, pour mieux mettre en lumière son récit, emploie un langage soutenu avec parfois des termes techniques. J'ai vu mon intérêt s'amenuiser à partir du moment que le pouvoir quitte la dynastie Capétienne pour atterrir chez les de Valois. Et le dernier tome, qui est le seul à être relaté du point de vue d'un personnage bien identifié, et non d'un narrateur omniscient comme tous les autres, a été pour moi assez déroutant.
J'ai été agréablement étonnée au vu de l'époque dont traite les romans, ainsi que de celle à laquelle ils ont été rédigés (1955-1977), de voir que la place de la femme soit d'importance et moins "stéréotypée" que ce à quoi je m'attendais. Une des plus grandes adversaires de Robert d'Artois, personnage favori de l'auteur, est sa tante Mahaut, aussi rusée et impitoyable que lui. La reine Isabelle d'Angleterre connaît une véritable heure de gloire au moment de renverser son mari, le roi Edouard II ; on la surnomme la "louve de France". Certaines reines influencent grandement leur royal époux : c'est le cas de Clémence de Hongrie ou de Jeanne la Boiteuse.
Cela m'a moins surprise au fil de ma lecture, car les partis pris de l'auteur sont clairement montrés : plus d'une fois,
Maurice Druon montre son soutien et admiration auprès de rois réformateurs, unifiant bourgeoisie et noblesse, tel que Philippe le Bel ou son fils, Philippe V. Et à l'inverse, il n'hésite pas à faire preuve de dédain pour des rois qui ne sont rois que de nom, comme Louis X le Hutin ou les deux rois de la dynastie de Valois.
Cela ne m'étonne pas que la saga soit citée comme une des oeuvres ayant inspiré
Georges R.R. Martin pour son "Trône de Fer". Un incontournable selon moi du roman historique, que je déconseille toutefois de lire d'une traite comme j'ai pu le faire, afin de mieux le digérer.