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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un des premiers Dubois, 1987, très loin de la maîtrise narrative de Tout les Hommes n'occupent pas le monde de la même façon.
On y retrouve toutefois les marottes de l'auteur
Le jardinage
Les dentistes
Les difficultés relationnelles dans le couple
La sexualité comme rédemption
Les relations parents enfants
Le héros de Dubois s'affranchît ici des règles du politiquement correct, Il pourfend les situations établies, l'argent, la morale, la religion. Il est d'un égoïsme sans concession.
Son plus grand échec est de ne pas savoir transmettre à ses enfants les valeurs qu'il défend.
Il assiste impuissant au choix de sa femme de réaliser ses fantasmes sexuels hors du couple.
Samuel Polaris se retrouve pris à son propre piège et prétend que cela lui est égale.
Même si certaines situations paraissent invraisemblables, on ne peut qu'admirer les talents de conteurs de Dubois.
La façon dont il amène l'obsession de Polaris pour Kennedy est bluffante.
Je vous laisse découvrir comment Samuel Polaris se sortira ou replongera dans les imbroglios qu'il a lui même créés.
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Je mettrai ce roman en parallèle avec celui de Michel Houellebecq "extension du domaine de la lutte". En effet les personnages principaux de ces deux romans sont tous les deux dépressifs, au bout du rouleau à tel point qu'ils peuvent même devenir violents. C'est ainsi que Polaris dans Kenney et moi en viendra à mordre un dentiste alors que l'informaticien dans extension du domaine de la lutte giflera sa collègue de travail. Les deux apprécient les armes. Pour Polaris l'arme à feu est une alternative acceptable et pour l'informaticien d'extension du domaine de la lutte le couteau est "un allié considérable". Bien sûr une différence de taille (mais qui en fait n'en est pas une) demeure. L'un, Polaris, a une famille l'autre, l'informaticien, n'en a pas. Seulement Polaris a beau avoir une famille il n'en reste pas moins qu'il porte sur celle-ci un regard des plus pessimiste: Je vis pour ainsi dire seul, replié sur moi même. J'ai fort peu de rapports avec ma femme et mes trois enfants. Il me semble que nous ne partageons plus la même existence, que nous n'avons aucun avenir en commun." Et voilà comment une différence devient un point commun, ces deux personnages sont des solitaires.
Mais le point commun à mon sens qui les rapproche le plus c'est d'abord et avant tout la lucidité. Tous les deux, perçoivent tout de suite la vanité et la dérision des gens, l'inconsistance et la fragilité des sentiments, l'artifice qui régit les unions, le ridicule des convictions.
Bref j'ai adoré ce roman, je le recommande même aux dépressifs car il y a de l'humour noir chez Jean-Claude Dubois.
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La Feuille Volante n° 1480 – Juillet 2020.

Kennedy et moiJean-Paul Dubois – Éditions du Seuil.

Le titre fait un peu illusion. de Kennedy il n'est question qu'à travers une montre que le président américain aurait porté lors de son assassinat et que Samuel Polaris, écrivain, la quarantaine perturbée, veut forcer son psy qui la possède à lui donner. Samuel a été un écrivain flamboyant, habitué des plateaux de télé et qui, à l'époque, faisait largement vivre sa femme et ses trois enfants. Puis il a cessé d'écrire pour devenir « un auteur sympathique mais secondaire » autant dire qu'on l'a oublié et dans ce domaine il ne faut pas être absence longtemps de l'avant-scène. Est-il victime d'une période de sécheresse, du syndrome de la « page blanche » ou d'un soudain accès de paresse ? En réalité cette époque de sa vie correspond à traumatisme intime qui fait de lui un homme qui vit au jour le jour, dans une grande indifférence au regard de sa famille au point de laisser son épouse, Anna, orthophoniste, le soin de « faire bouillir la marmite ». Pire peut-être, il regarde ses trois enfants comme des étrangers qu'il souhaite peu ou prou voir partir de la maison. Pourtant il est amoureux de sa femme, l'a toujours été et aime surtout la regarder nue, lui faire l'amour et bien entendu il ne l'a jamais trompée. En revanche Anna, par lassitude, parce que cela se fait après quelques années de mariage, pour se singulariser, parce qu'elle ne l'aime pas, qu'elle est adepte du mensonge ou simplement nymphomane, s'est choisi un amant, un collègue de travail, autant dire le premier venu, un homme assez quelconque et surtout pleutre qui ne craint qu'une chose : que son épouse apprenne sa toquade et demande de divorce. Ils se voient uniquement pour le sexe, pour le plaisir, à moins que ce ne soit pour braver l'interdit, mais aucun d'eux ne voudrait de l‘autre pour époux. Pourtant Anna poursuit cette passade et finit par comprendre que Samuel s'en est aperçu depuis longtemps mais laisse faire. Ainsi entre eux un silence hypocrite s'est installé en même temps qu'un jeu malsain, Anna s'interrogeant sur la réaction éventuelle de Samuel et ce dernier fait perdurer une sorte de situation délétère. Samuel outre sa posture négative s'achète un colt ce qui ne laisse aucun doute sur ses intentions, mord gravement son dentiste qui n'est pour rien dans sa situation au seul motif qu'il lui a mal soigné une dent, fait une fixation sur la montre présidentielle, prend plaisir à déstabiliser le presque fiancé de sa fille aînée et méprise sa femme. Anna quant à elle décide de prendre un bain de mer à la fin de l'hiver, nage loin de la plage dans l'eau glacée à la recherche évidente de la noyade et ne doit la vie sauve qu'à un véliplanchiste courageux, sans pour autant que son mari s'inquiète. D'ailleurs cela fait quelque temps, qu'il s'image dans la peau d'un veuf ! Il y a donc une sorte d'équilibre malsain qui perdure dans leur couple sans que la parole ne puisse vraiment venir y donner une solution.
Au-delà de cette histoire un peu déjantée ce que je retiens c'est l'attitude de Samuel quand il prend conscience de son cocuage que rien de sa part ne justifie, qu'il s'aperçoit que son épouse lui ment, se moque de lui en permanence et qu'il ne peut lui faire aucune confiance, autrement dit que son amour pour elle n'est pas payé de retour et qu'il s'est trompé en l'épousant. Alors, déçu d'elle-même autant que de sa naïveté, il envoie tout par-dessus les moulins et adopte une attitude excentrique et asociale, à la limite de l'acceptable, comme il aurait pu se mettre à boire, à se droguer ou simplement à se suicider… C'est un homme malheureux, révolté par l'injustice qu'il vit au quotidien que nous avons sous les yeux et qui réagit d'une manière désordonnée et spontanée, sans aucune considération sociale. Il est seul et cette solitude lui est à la fois insupportable et indifférente.
Certes les choses évoluent en sa faveur, certes il les laissera en l'état, mais le mal est fait qui laissera des traces indélébiles dans sa vie et il sait maintenant de quoi est capable Anna et quoiqu'elle puisse faire pour revenir à résipiscence, quelque gage de fidélité qu'elle donne, à l'occasion son naturel reviendra au galop. Elle sait aussi que son corps est une assurance de rester auprès de lui mais il est tellement détruit qu'il n'envisage même pas un éventuel divorce et restera quand même avec sa femme. Mais il n'oubliera rien !
Je découvre petit à petit cet auteur à travers ses romans et j'ai un plaisir certain à collationner ses obsessions, la nature , la solitude, les progrès de la vieillesse, le sexe, la beauté des femmes, cette espèce de certitude de n'être pas ici, sur cette terre, à sa place, d'être quelque chose comme le bouc émissaire, celui qui, en permanence est victime de cette injustice d'autant plus inacceptable qu'elle vous est infligée par des proches. J'ai apprécié comme toujours le style fluide et l'humour de Jean-Paul Dubois parce qu'il vaut mieux rire (ou sourire) de tout, c'est souvent ce qui nous reste face à l'adversité.
Cela dit, plus je le lis plus je m'interroge sur l'effet cathartique de l'écriture.

©Hervé Gautier http:// hervegautier.e-monsite
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Quelle loufoquerie ! Encore un cadeau fourni par une boîte à livres !

Quand j'ai commencé à lire ce livre, j'ai tellement pensé à Bacri, qui se trouvait en photo sur la couverture, pour avoir tenu magistralement ce rôle au cinema, que je me demandais si l'auteur n'avait pas pensé à lui dès l'écriture du bouquin.

J'ai adoré Samuel Polaris et son côté décalé !
En continuant ma lecture j'ai réussi à me détacher du comédien, pour rentrer plus dans le rôle de cet homme désabusé, père de 3 enfants arrivant à l'âge adulte, et mari d'une femme le trompant avec un collègue.

Écrivain qui n'a plus rien à écrire, il traîne une sorte de mélancolie particulière et un regard acerbe sur son entourage, mais non dénué d'humour.

Il nous raconte sa vie par touches, ça m'a fait penser à du comique de situation assez proche de scènes de théâtre.

Mention spéciale à l'après-midi où il va voir l'amant de sa femme, son psy, ou quand il mord son dentiste...

Ah oui, pourquoi un tel titre ? Il convoite chez son psy une montre qui aurait pu appartenir à Kennedy... ce qui va lui donner quelques idées....

Belles phrases, belles réparties et quelques éclats de rire de temps en temps !
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Kennedy et moi est mon second Dubois après la lecture d'une vie Française que j'ai dévoré. C'est en découvrant son second roman que je suis rentré dans l'univers désopilant et fantasque de Dubois pour devenir un inconditionnel de l'auteur. Kennedy et moi est dans le top trois de ses meilleurs romans (avec bien évidemment la succession et une année sous silence.)
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Samuel Polaris, écrivain, a cessé d'écrire depuis sa participation à une émission de télévision au cours de laquelle il est resté muet aux questions de l'animateur. Il vit désormais isolé, dépressif, enfermé le plus souvent dans son bureau, malgré la présence d'Anna, sa femme, orthophoniste, sa fille Sarah étudiante en orthodontie et ses deux jumeaux passionnés de bricolages électroniques en tout genre. Malgré un environnement familial favorable, il devient acariâtre, vindicatif et méchant avec sa femme et ses enfants en se montrant hostile à tout événement les concernant. Ce personnage, excessif dans son comportement confère un humour décapant au roman et le rend sympathique. La drôlerie survient en particulier, lorsqu'il agresse la sommité de la dentisterie, lorsqu'il obtient la montre convoitée que lui a décrite son psy et surtout dans une scène proche de la fin de l'histoire que je ne divulgâcherais pas ! Jean-Paul Dubois a un vrai talent pour dénicher des personnages forts, souvent un peu en marge de la normalité et les faire vibrer pour le plus grand plaisir de ses lecteurs. Samuel, m'a fait penser au héros de « une vie française ». Une narration très agréable à vivre !
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« Hier j'ai acheté un révolver ».

Loin du western, Jean-Paul Dubois met en scène Samuel, l'écrivain qui n'écrit plus, son épouse Anna, qui tente de se consoler sur le fauteuil de son amant ORL, leur fille Sarah, future orthodontiste et son fiancé pas plus fréquentable, et leurs fils, des jumeaux, Nathan et Jacob.

Samuel (seul héros Duboisien à ne pas s'appeler Paul) mord son dentiste, braque son psychiatre, lui vole sa montre (celle de Kennedy ?), torture mentalement son futur gendre, profane une cérémonie catholique.

« Je voulais un fils et j'ai eu deux abrutis ».
« Voir évoluer ma famille, à son lever, dans son intimité, me met mal à l'aise. J'ai l'impression de porter un pull de laine à même la peau ».

« Quand je regarde ma fille traîner avec ce Brenato, quand le la vois construire sa carrière ainsi qu'un architecte édifie une arche, quand je détaille le sérieux et l'affectation de son visage, je ne retrouve rien de l'enfant insouciante et rieuse qui a grandi dans cette maison.
Je n'arrive pas à m'imaginer qu'un jour j'ai pu bercer cette femme là dans mes bras. J'ai sincèrement cru qu'en dehors de ses études Sarah prenait du bon temps. Je suis en train de me rendre compte que ses verres de trop et son pseudo-libertinage n'étaient qu'un fade rituel mondain. Elle s'encanaille, en fait, comme peuvent le faire les femmes de notaire, un oeil sur les comptes et une main posée sur les bijoux ».

« Ça te plaît vraiment d'avoir à baguer des molaires, de placer tout ce fil de fer dans la bouche des gens ? Qu'est-ce qui te pousse à faire ça ?
Elle avait secoué la tête avec un sourire affectueux légèrement condescendant.
- Mais l'argent, Papa ».

« La petite torture que je viens d'infliger à ce morveux n'est rien à côté des souffrances qu'il se prépare à faire endurer à la moitié de la ville ».

Qui part à la dérive ? Samuel ou les siens ? Leur lien ne tient qu'à un fil, mais il tient. Plus résistant que du fil dentaire.

Jean-Paul Dubois est un équilibriste.
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Ce roman est une explosion, un cri de rage, féroce, caustique et salutaire. Il est noir et jubilatoire, irrésistible et drôle. Un modèle du genre. Jean-Paul Dubois distribue les coups, comme Samuel Polaris, son héros dépressif, déchire les chairs d'un dentiste, référence obligée dans le monde de la stomatologie, à grands coups de dents… Mais derrière les sarcasmes et l'humour noir affleure la douleur d'un homme dépité devant le manque d'idéal de ses contemporains, leur bassesse et leurs compromissions, déboussolé par la trahison de son épouse, trahison dont il ne nie pas sa part de responsabilité. C'est aussi le roman d'un écrivain au point mort, lucide sur son état.

Lorsqu'on a vu l'excellent film que de Sam Karman a tiré du roman, la voix de Jean-Pierre Bacri s'impose tout au long de la lecture et on entend distinctement l'acteur ronchonner, avec son sens de la formule et sa mauvaise foi imparable, on le voit se murer dans ses silences, hausser les sourcils avec exaspération.

Vocabulaire précis, sens du rythme, intensité et originalité des scènes, vivacité des dialogues, « Kennedy et moi » est sans doute le meilleur livre pour découvrir Jean-Paul Dubois.
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Attablée dans un minuscule restaurant italien.. j'avais décidé ce jour- là de m'extraire de l'atmosphère belliqueuse et électrique post élection du personnel de mon boulot... je commandais une soupe au potirron-parmesan- basilic, puis des gnocchis à la truffe blanche, le tout accompagné d'un verre de St Joseph. Puis, je tirais de l'étagère située en face de moi « kennedy et moi »..tiens, il y a Bacri en couverture..
Je fus happée immédiatement par cette histoire d'écrivain déprimé.. L'écriture n'est jamais pesante, le ton jamais maussade.. les dialogues sont jouissifs, et ayant le visage de Bacri en tête, l'anti -héros de ce roman ne m'inspire que sympathie...J'ai apprécié l'humour décalé de ce livre, le besoin du personnage principal d'être sans concessions face à la connerie humaine..

Je me suis délectée de l'écriture de Jean Paul Dubois, la description des personnage, les lieux, les ambiances.. la magie opère.. du vrai bon roman..

Un joli moment de lecture pour moi...
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Samuel Polaris va mal. Il s'achète un revolver, consulte l'amant ORL de sa femme, mord son dentiste et se désole des voies que ses enfants devenus adultes ont choisis. A première vue, Ce quart de couverture ne m'avait pas du tout conquis mais j'ai fait confiance à l'auteur. J'ai adoré ce livre.Il y a une forme de furie dans ce roman, on ne s'ennuit pas une seule seconde. Tout s'enchaine très vite et sans même s'en rendre compte on est plongé dans un profond questionnement sur notre existence et les attentes de la société. Ce livre se lit d'une traite.
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