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3,16

sur 227 notes
Voilà donc un roman d'aujourd'hui comme je les aime, moi qui suis parfois raillé pour mon penchant à littérature vieillote.
Car c'est bien d'un roman d'aujourd'hui dont il s'agit.
"La dictatrice" est roman d'anticipation, un roman qui attrape sa lectrice, son lecteur par la manche et qui secoue, secoue et secoue encore, jusqu'à lui faire se poser des questions qu'il ne s'était pas, ou n'avait pas envie de se poser.
Alors, bien sûr, le sujet sociétal proposé est très actuel.
Il est aujourd'hui très prisé par l'écrivain à succès.
Et, il n'est pas nécessaire, ici, de le resituer.
La quatrième de couverture de l'édition le fait très bien.
On l'aura compris le rêve européen s'est écroulé.
Une militante, devenue politique, va le recréer ...
Mais que voilà donc un roman déstabilisant, enfin !
Un roman qui interroge vraiment sans tomber dans les lieux communs, sans enfoncer les portes souvent ouvertes sur la toile.
Un roman qui ne cède pas à la facilité.
Que d'interrogations posées !
Le féminisme, la démocratie, le rapport aux autres, l'écologie, le militantisme, la douleur physique et morale, la politique, la liberté ... tout est repesé, rejaugé à l'aune des mots de Diane Ducret.
Qu'est-ce vraiment que l'eunomie ?
Ce roman est bruissant de tous les remous entrechoqués de notre monde, qu'ils soient politiques, sociaux ou environnementaux.
"La dictatrice" est bien écrit, d'un style fin mais efficace.
Il est constitué de courts chapitres, peut-être trop courts parfois.
Le vocabulaire y semble judicieusement choisi afin d'orienter le propos.
La description ne s'encombre pas d'adjectifs mais en un tour de mot, le personnage est présenté et le décor est planté, devenus bien réels, bien posés dans l'esprit du lecteur.
Le travail d'analyse, bien amené, est laissé au lecteur.
Ce roman est un roman de conséquence.
Peut-être, certainement, celle qui roule implacablement à nos pieds.
Ce roman est un roman d'interrogation et de dénonciation.
Et, malgré une lecture assez aisée, il est dur et complexe.
Aux deux tiers de l'ouvrage, quelques petites longueurs apparaissent, un passage que j'ai trouvé moins prenant.
Il semble avoir été creusé dans le récit pour y reprendre haleine, pour y ménager un temps de réflexion.
J'ai aimé aussi le clin d'oeil de l'image de cette femme portant un sac de riz.
Référence ou questionnement, ou les deux ?
A la lectrice, au lecteur de voir, de se faire une idée !
Il se peut que je relise ce roman une deuxième fois sitôt sa dernière page tournée.
Et que je le fasse, plus attentivement encore autour de son idée pivot qu'aucune femme ...
En attendant trinquons ! ...





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Marienplatz à Munich, le 8 novembre 2023. Les 27 dirigeants d'états viennent de décider le démantèlement de l'Union européenne. Une femme se distingue dans la foule. Aurore Henri se saisit d'une pierre et la lance sur un chef d'état. Emprisonnée pendant cinq ans, celle que l'on surnomme "La main" devient une figure populaire. du monde entier, des citoyens lui écrivent en lui apportant leur soutien voire même leur amour (ce n'est d'ailleurs pas sans rappeler les lettres que recevait Hitler de ses fervantes admiratrices).

A sa sortie de prison en 2029, l'Europe est en ruines : « Après l'Angleterre et la France, le continent entier se tord dans les affres de la faim. Seuls les pays ayant un accès à la Méditerranée parviennent à survivre. À l'Est, pour éviter le pire, l'Estonie, la Lituanie, la Lettonie, la Biélorussie, l'Ukraine et la Moldavie rejoignent le giron russe et cèdent leur souveraineté à l'ancienne mère patrie, qui leur donne la becquée. Dans les pays d'Europe centrale prisonniers de leurs frontières, partout, des êtres décharnés aux yeux agrandis et exorbités se laissent tomber au sol que jongent bientôt deux millions de morts. » L'Europe est désormais le Vieux continent où règnent le froid et la famine.

La riche Helen Bauer et son entourage, désirent faire d'Aurore Henri une figure politique. Progressivement, cette dernière parvient au titre de chancelière de la Nouvelle Europe, élaborant une société "eunomique" dans laquelle elle s'octroie tous les pouvoirs.

Je ressors plutôt mitigée de cette lecture. Après un début prometteur dressant un état des lieux dystopique d'une Europe démantelée, mon enthousiasme est quelque peu retombé. Dans cette Europe proche du chaos, le personnage d'Aurore Henri apparaît comme la figure de la sauveuse. Je n'ai pas réussi à entrer dans la profondeur de son personnage ni dans celle des personnages secondaires. L'écriture est assez simple (un peu comme dans Les indésirables de la même auteure, mais j'avais fait abstraction car l'histoire m'avait davantage transportée). J'attendais que cela démarre, pourtant, tout au long de la lecture, c'est resté sur le même ton. Je m'attendais à autre chose c'est peut-être pour cela que je suis un peu déçue. En résumé, une bonne idée de départ (d'où les 3 étoiles, pour la première partie) mais il m'a manqué quelque chose pour croire véritablement à cette dystopie. Et avec les rituels sur le sacré féminin, on m'a définitivement perdue...
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« le coeur de Munich bat d'un rythme saccadé ce 8 novembre 2023 » C'est dans ce contexte d'agitation extrême qu'apparait l'héroïne : Aurore Henri, mêmes initiales qu'Adolph Hitler et même parcours fulgurant jusqu'au pouvoir suprême.
Enfant adoptée, Aurore Henri se rebelle et connait la prison. Lorsqu'elle accède au pouvoir grâce à ses dons d'oratrice et son obstination, elle se retrouve bien seule dans l'exercice du pouvoir. Sa quête du bonheur pour tous va se mêler à celle de ses origines. Qui était donc sa mère biologique ? Elle fait d'étranges rêves où volent des papillons bleus qu'on retrouvera dans une histoire quelque peu confuse.
Aurore Henri règne à présent sur l'Union eunomique dont le drapeau rouge est frappé d'une mandragore noire, la plante des sorcières.

L'idée de ce roman avait de quoi séduire, une dystopie qui prend pour modèle la montée du national-socialisme. L'originalité est d'avoir remplacé le dictateur par …une dictatrice au féminisme excessif. Les femmes, pense-t-on, sont moins belliqueuses que les hommes et Diane Ducret va s'amuser à nous démontrer le contraire avec une héroïne pétrie de bonnes intentions et qui veut sauver l'humanité. Devenue chancelière, elle va imposer sa vision d'un monde meilleur. Mais peut-on faire le mal au nom d'un bien ?

Il est intéressant de voir comment s'installe une idéologie servie par la violence, la privation des libertés, l'embrigadement des jeunes et le dévoiement des valeurs familiale. Il peut être amusant, pour les lecteurs férus d'histoire, de chercher les épisodes calqués sur la vie du Führer, comme sa dépendance aux drogues, ce bras qui tremble, sa sexualité, ses discours. Hélas ! à la longue, ce procédé finit par lasser, voire agacer.
Avec cette idée d'une jeune femme banale promue au rang de dictatrice, je croyais me plonger dans un roman palpitant et profond, mais ma lecture n'a été que déceptions. Les personnages sont outranciers, à la psychologie peu développée. Est-ce un effet recherché par l'auteure ? Si c'est le cas, il aurait fallu pousser plus loin la parodie.
Malgré des chapitres courts avec une écriture vive, le roman souffre de longueurs et de redondances. Bref, je me suis beaucoup ennuyée. Et que dire du style que j'ai trouvé sans élégance.
Ce roman qui débute par le jet d'une pierre, cette même pierre que l'on retrouve dans le dernier chapitre, m'a laissée de marbre.
Je remercie les éditions Flammarion et Lecteur.com pour cette lecture.

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Un roman surprenant sur la montée en puissance d'une femme qui, soutenue par le peuple, veut donner un idéal de vie en Europe.
Mais en oubliant l'essentiel, elle s'enfonce dans une dictature et les mécanismes sont bien décrits.
Le bémol : l'écriture assez simple.
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Je préfère arrêter la lecture de ce titre avec lequel je découvrais Diane Ducret. Je n'adhère, ni au style, ni à l'histoire.
Déjà, je ne suis pas fan de roman d'anticipation. En plus, le départ de cette dystopie est si proche de la situation politique que l'on vit actuellement, que l'histoire s'apparente plus à mes yeux à des faits prémonitoires qu'imaginaires.
Cette longue traversée des grandes villes européennes anéanties, du début, m'a tout simplement glacé le sang. L'homme est fou ! J'aurais aimé qu'une femme nous tire du néant, mais d'après les critiques, ce ne sera hélas pas le cas.
Pour moi, ce livre n'arrive pas au bon moment. Je jette l'éponge page 146. 1/2 étoile simplement pour signifier mon abandon.
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Je pourrais parler de l'écriture qui me laisse indifférente. Ou de ces chapitres inutiles qui semblent être écrits pour faire des pages.
Je pourrais...
Mais je préfère rester avec mes réflexions...
Sur un féminisme vengeur qui remplacerait très efficacement le masculinisme tant décrié aujourd'hui...
Sur la dictature du Bien. Qui n'en reste pas moins une dictature...
Parce que décider pour l'autre, parce que penser que seule notre Pensée vaut Vérité c'est liberticide. Point.
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8 novembre 2023. Au milieu de la foule amassée pour protester contre la dissolution inévitable de l'Union Européenne se trouve une femme au regard d'acier, bien décidée à se battre pour défendre son continent de la déchéance, pour restaurer la paix et l'harmonie. Un projet louable, tourné vers le bien commun et le respect de la nature, une idéologie saine et souhaitable – mais jusqu'où peut-elle se permettre d'aller pour l'imposer au plus grand nombre ?

Dans cette dystopie dramatiquement réaliste, Diane Ducret nous dépeint un monde étrangement proche du nôtre, où le totalitarisme triomphe, s'appuyant sur des crises en cascades liées à la dépendance énergique, le réchauffement climatique et la perte de sens. Aurore Henri, figure féminine dictatoriale, prête à tout pour défendre l' « eumonie« , l'harmonie suprême et le féminin sacré, n'est pas sans rappeler un autre chancelier, aux initiales identiques, lui aussi formidable orateur, à l'ascension fulgurante vers les pleins pouvoirs. Femme irrémédiablement brisée, elle puise dans son enfance malheureuse la force de tyranniser des millions de gens au nom de ses idéaux. Les figures féminines dans les romans sont rarement ambitieuses, cruelles, violentes et sans pitié, comme l'est Aurore Henri : ce ne sont pas des traits que l'on associe généralement aux femmes. Pour autant, l'auteure nous présente ici un portrait tellement vivace de sa dictatrice qu'il ne nous viendrait même pas à l'idée de questionner son réalisme.

Détournant ici le style dithyrambique propre aux communications de propagande, Diane Ducret révèle petit à petit la complexité du monde qu'elle a imaginé pour faire triompher son personnage controversé : un monde parfait où tous les aspects de la vie sont devenus « eunomiques« , pour le plus grand bonheur de tous. Sous nos yeux se déroule l'horreur de ce qui pourrait bien arriver demain, la mise en place d'un régime totalitaire que nous serions bien en peine de contrer, tant son accession au pouvoir serait subtile. Un livre glaçant où l'avenir ressemble étrangement à un passé honni, et pourtant inéluctable.
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
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Merci à la masse critique et aux éditions Flammarion pour cet envoi ! le roman avait attiré mon attention car il semblait construire ne vision féminine du pouvoir totalitaire. J'avais déjà lu le Pouvoir, qui manquait trop de subtilité pour me convaincre, je voulais retenter l'expérience avec une oeuvre qui tombait moins dans la science-fiction pour se concentrer sur l'aspect politique de l'idée.

J'ai d'abord beaucoup apprécié la structure du roman. Les chapitres sont très courts, ce qui marque bien l'aspect fulgurant de la montée en puissance d'Aurore Henri. Il m'a permis de lire le livre plus rapidement qu'escompté, mais aussi de renforcer un côté acéré, inéluctable. L'écriture en elle-même est directe et sans fioriture, sans états d'âmes, ce peut donner un sentiment de froideur qui pourrait gêner certaines lecteurs. Pour ma part, j'ai trouvé que cela s'accordait bien avec la personnalité du personnage principal.

J'ai cependant trouvé que la fin tirait un peu longueur, ce qui était une sensation paradoxale puisque les événements s'enchaînent assez vite. Mais les principales idées sont concentrées en début et milieu de roman, la fin de la lecture étant consacrée à une chute certes finalement prévisible mais dotée d'une certaine force symbolique.

Le roman construit également une analyse du pouvoir qui ne manque pas d'intérêt. Diane Ducret confirme qu'elle s'y connait bien en ces questions. le récit tourne principalement autour d'Aurore Henri, cette femme assez mystérieuse, ancienne reporter, qui se retrouve soudainement sur le devant de la scène dans un monde sans boussole. On a un premier ingrédient pour créer un régime policier : une figure centrale marquante et charismatique capable d'imposer son point de vue.

Ici, l'autrice fait ainsi référence à ses yeux perçants, envoûtants. Elle se présente rapidement sous la forme d'une icône quasi divine : elle aime le pouvoir, n'a pas beaucoup d'activités sexuelles comme une créature sacrée qui ne saurait être souillée par les bassesses de ce monde, elle cache ses maladies et ses douleurs... Aurore Henri a également une volonté de faire, une manière de construire ses discours grâce à une rhétorique sans faille. Elle parvient également à se placer comme un phare dans la nuit car le contexte s'y prête. Une Europe exsangue peine à survivre entre sécheresses, hiver rigoureux et relations tendues avec des voisins.

J'ai également beaucoup apprécié découvrir les éléments structurants du régime imposé par Aurore Henri. Sa société est construite sur un féminisme essentialiste qui tient du paganisme, critique à peine voilée de la misogynie des grandes religions. La vulve est célébrée, les valeurs associées au féminin comme la compassion et le soin sont portées aux nues... Il y a toute une re-construction d'un Roman National (ou plus Européen) qui propose de se construire à l'inversion de l'ancien monde, phallique et aux valeurs masculines. Aurore se place donc comme fer de lance d'une société qu'elle souhaite plus égalitaire et qui repose sur des valeurs fortes, qu'elle regroupera sous la forme d'un mode de pensée appelée Eunomie.

Pour cela, elle refont totalement les institutions et les traditions. Des fêtes sont créées à l'honneur des étapes de la vie des jeunes filles. La plus importante est sans doute celle où les jeunes filles ont les premières règles, les menstruations sont toujours taboues voire diabolisées dans de nombreuses parties du monde. Les populations sont endoctrinées très tôt à vivre un mode de vie sain en accord avec les principes de la Nature, la gestion de la famille et de la reproduction est sévère (pas plus de deux enfants par famille...). le tout est orné d'un décorum insistant qui est inspiré des mystères romains.

Mais bien sûr, la société d'Aurore Henri est loin d'être aussi idyllique qu'elle se l'imagine. Elle est liberticide. Les exécutions et punitions sont légion, la surveillance pour détecter ceux qui ne respectent pas les principes eunomiques abusives... Il est presque comique de voir qu'Aurore, sans sa paranoïa grandissante, s'étonne en enrage que tout le monde n'apprécie pas son nouvel éden. Toute cette construction est en tout cas très bien menée et pourrait être un manuel intitulé "comment construire un régime totalitaire fondé sur un culte de la personnalité en trois étapes".

Mais j'ai tout de même trouvé quelques défauts . J'ai déjà évoqué quelques éléments à la fin qui étaient assez prévisibles, du coup j'ai plus survolé le final que vraiment lu. Ensuite, certaines images manquent un peu de subtilité dans la mise en place. On a par exemple les initiales d'Aurore Henri qui, avec les autres références appuyées au IIIe Reich, rendent le parallèle trop évidents. Certains éléments sont également très exagérés, trop vite, ce qui je trouve nuit à la crédibilité de certains passages. Enfin, j'ai trouvé que les parties consacrées à la psychanalyse d'Aurore Henri n'apportaient finalement pas grand chose à l'histoire.

Malgré quelques défauts, la dictatrice est donc une dystopie intéressante et originale qui se concentre sur le point de vue de la personne à la tête du régime. Les éléments de construction du mythe sont très bien illustrés et mis en avant, démontrant comment des valeurs peuvent se transformer en cauchemar, que le pas entre l'utopie paradisiaque et la société totalitaire est aisément franchi.
Lien : https://lageekosophe.com/
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Je suis un peu sceptique en tournant la dernière page de ce roman. J'avais beaucoup d'attentes, peut-être trop justement, concernant les thèmes abordés et les personnages, notamment celui d'Aurore Henri.

Or ce n'était pas à la hauteur de mes espoirs. J'ai détesté le personnage principal ainsi que son évolution. Elle semblait avoir quelques bonnes idées au début, notamment dans le domaine de l'écologie et pour les femmes, mais je ne sais pas quand tout a finalement basculé dans l'horreur et l'extrêmisme. Nous nous sommes retrouvés presque du jour au lendemain face à une ductatrice intransigeante et sans coeur, acceptant sans sourciller de faire perpétrer des massacres. Il me semble d'ailleurs avoir vu de nombreuses similitudes avec le nazisme. Aurore Henri a ainsi par exemple elle aussi son Ange de la mort.

Je trouve cette lecture glaçante avec certaines scènes ou des détails dérangeants. le pouvoir peut entraîner la folie !

Comme dans " le pouvoir" ou "Les loups", l'auteure nous montre ici qu'une femme au pouvoir ne ferait pas forcément mieux qu'un homme et peut même être plus cruelle que certains, message qui me gêne.

Lecture mitigée donc pour ma part. J'essaierai tout de même de découvrir une autre oeuvre de l'auteure pour ne pas rester sur ced impressions.
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Original,
C'est le premier mot pour ce roman qui envisage un futur tel qu'on ne l'attend pas. Pour moi la dystopie, ce sont des romans futuristes sur la guerre entre robots et hommes, les aventures d'une poignée de survivants en terre ravagée ou éventuellement une conquête spatiale, une invasion extra-terrestre qui tourne à la tragédie. Or, certainement pas ce sujet.

Qui pourrait croire qu'une femme d'ailleurs puisse prendre le pouvoir et devenir à son tour dictatrice ? Notre monde depuis les origines de l'humanité regorge de dictateurs issus des rangs de l'armée, d'hommes qui sont tous des machos, autoritaires, volages ou polygames envers leurs épouses. Point de changement mais une répétition constante à laquelle on est habitué avec les guerres en série et leur déluge de drames. D'ailleurs l'auteure prend de la distance avec son propre récit où elle imagine l'expérience de ce gouvernement typiquemt féminin. Une entorse dans l'histoire à laquelle elle ne semble pas croire elle-même car la fin se termine comme au début avec son refrain maudit : "Le feu, les cris"(premier et dernier chapt)

Pourtant, le parcours d'Aurore Henri est indéniablement atypique. Premièrement il comporte une dimension romanesque en suivant l'ascension d'une femme anonyme, d'origine plutôt modeste jusqu'au sommet du pouvoir. Aurore Henri, qui plus est, est un génie humain car elle a créée un programme politique en prison qu'elle a diffusé pour s'opposer à la déchéance mondiale, minée par la pollution, les contestations, le déclin de l'Europe et le chaos. Son idéologie est originale car elle puise ds un terreau qui est la magie en relation avec le féminin sacré, l'emblème de la mandragore alors qu'elle repose sur un principe clef, l'eunomie, qui semble être le but de sa politique. Les initiales de son nom renvoient à Adolf Hitler, autre grand dictateur du siècle dernier même si, rappelons, qu'il était loin d'être le seul à avoir suivi la pente (Franco, Pinochet, Mussolini, Bossaka, Mobutu...) ? Elle a aussi institué des brigades de sécurité, les SS1 et SS2, qui rappellent les SS et les SA. Mais à la différence d'Hitler, la politique d'Aurore Henri est justifiée par les scandales sur l'avidité des puissants qui ont éclaté en ce déb. du XXI siècle et elle applique donc qques mesures de justice contre les multinationales. Tout un programme dont la durée de vie est somme toute très brève, ce qui n'a rien avoir avec les 3,4 ou 5 décennies d'un régime dictatorial masculin conventionnel. Un temps trop court à la fois pr changer le monde et pr marquer la mémoire collective.

C'est pourquoi ce roman a le mérite de suggérer des questions de société que l'on ne se pose pas : quelle est la place de la femme dès lors qu'elle est ambitieuse, qu'elle convoite le pouvoir ds la société ? Quelle place pour la magie et peut-on croire qu'elle intervient ds l'exercice du pouvoir ? L'histoire est-elle un cycle qui est condamné à se répéter ? Les traumatismes qui se multiplient de génération en génération ne peuvent-ils pas avoir raison de nous, de notre faculté à rebondir, voir, penser et agir autrement ? Entre les lignes, il faut comprendre que le problème majeur, c'est l'espoir, cette idée phare en un monde meilleur : quelle place pour lui si nous retournons tjrs à nos grandes tragédies collectives et que nous revenons toujours en arrière, attachés à nos cruelles traditions ? A bon entendeur salut.















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