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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est peu de dire que Paul a eu plusieurs vies, il est mort plusieurs fois. Même s' il « est peut-être d'ailleurs exagéré de parler de morts, ce serait plutôt des décrochages, de brèves sorties de route vite négociées, des temps ratés sur la mesure ; mais tout de même, le coeur de Paul s'arrête». Ce qui du reste ressemblerait à une douce ironie de ne pas avoir le bon rythme dans le coeur quand on l'a partout ailleurs. Paul, « homme de radio, musicologue, écrivain, musico-anthropologue, et d'autres noms étranges comme ça » ressent les sons, tous les sons vibrer au plus profond de sa chair. Mais c'est aussi un homme à l'oreille bleue selon son ami Casey, un homme qui « voit les teintes, les aplats, les creux». C'est peut-être pour ça que Paul a eu plusieurs vies. Les frontières de ses sens s'effritent quand celles du monde musical l'absorbent, au diapason des pulsations musicales branchées. Lyon pour commencer, Paris, New-York, Manchester, Berlin, Londres et bien d'autres, c'est un tour du monde historique à la découverte du jazz, du rock, du hip-hop, à l'affût des nouveaux sons, à la rencontre des précurseurs ou des génies : Hendricks, Monk, Joy Division, Grandmaster Flash.... La synesthésie de Paul « s'étend bien au-delà d'un mélange de couleurs et de sons, de formes et de lumière, elle gagne sa vie entière, Paul se déplace dans un lave-linge à quatre cents tours minute. »
C'est peut-être un peu de tout ça, les variations de Paul. Un homme assujetti à son oreille bleue, synesthète câblé sur le son du monde, avant tout homme libre de voyager au gré des musiques.
Mais les variations de Paul, ce sont aussi les autres. Ses amours, multiples et parfois libres aussi. Et sa famille. Non pas de ces familles ténébreuses au passé obscur ou secret, plutôt « excentrique et rayonnante » à vrai dire la famille de Paul, même si « l'on sait bien que ces adjectifs ne durent jamais longtemps, qu'il y a des virgules après, d'autres ad­jectifs et des points et des chutes, et puis des pages blanches et des livres qui s'achèvent». Juste une famille attachante et magnifique, à l'image de Paul, avec ses petites histoires d'atavisme dans une anti-saga de vrais musicologues.
Et puis derrière les variations de Paul, se cache aussi la face B plus intime d'une autobiographie sous forme de puzzle, nous révèle Pierre Ducrozet. Même si la jaquette publique dévoilera avant tout et simplement un beau roman. Vraiment. Un beau et profond livre de littérature à la prose ample et riche, sur le bon tempo narratif, qui nous fredonne la plus belle des harmonies dans un souffle jamais éteint de passion, et surtout de liberté.
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Je viens de terminer Variations de Paul et, dire que j'ai été impressionné par le récit est loin de ce que je ressens encore à propos de cette saga unique en son genre.
De quoi est-il question ? de musique mais pas que. de composition musicale mais pas que. de famille mais pas que. de transmission entre générations mais pas que. de relations parents enfants mais pas que. de spiritualité mais pas que. D'alcools et de substances illicites mais pas que. de voyages autour du monde mais pas que. Alors de quoi ?
Une phrase au détour du récit arrête le lecteur « C'est surprenant au début, mais on appelle ça la vie et on s'y fait. »
Oui ça donne une idée très précise et fidèle de ce roman.
Paul Maleval est né en 1947. Sa naissance, plus que celle de tout autre nouveau-né ( je ne spoile pas) le confronte à l'opposition entre le silence et le bruit. Il crie donc il vit.
Son père Antoine, pianiste de bar, fan de Thelonious Monk le berce dans sa musique, Paul collectionnait « ses photos dans Jazz Magazine ; » (il en avait) « autant que de Bird. »
Mais Paul, s'il ne rejette pas cet héritage est submergé par la vague du rock anglo saxon qui déferle sur l'Europe depuis l'Angleterre et les Etats Unis.
Concert de Jimy Hendrix le 9 octobre 1967 à Paris. Débauche de disques vinyles dans cette période où chaque semaine voyait un groupe sortir un album ouvrant de nouvelles voies. « (…) place la grande galette noire sur la surface plane et c'est parti Yes M'aaam (…) »
« Paul a entendu parler de Lou Reed et du Velvet Underground (…) le début lunaire de Sunday Morning qui ouvre le premier album du groupe, il est immédiatement plongé dans ce dimanche matin de lendemain de fête, légèreté des fins du monde où l'on louvoie entre les bouteilles (…) »
L'histoire de Paul Maleval est celle d'une génération qui après avoir connu le vertige des sixties et des seventies, générosité, don de soi, amour à tout vent, volonté de sortir le monde de ses rails, se retrouve avec la gueule de bois dans les eighties et fait contre mauvais fortune bon coeur.
« Il ressent assez vite une sorte de répulsion pour la décennie 1980 (…) règne du fric, de l'ostentatoire et du vulgaire, du clinquant, abêtissement général, retour aux instincts de cupidité et de domination. »
« Une culture de vestes noires et de talk-shows se constitue, de prétendu parler franc et de snobisme trois-pièves. »
Avec justesse le récit évoque Ardisson et Dechavannes.
Il passe, et « finit par éprouver une certaine tendresse pour cette légèreté guimauve, ce post-Factory décadent »
Mais la vie est ailleurs. Ses enfants Chiara et Léo assurent la continuité du lien entre lui et la musique.
Chiara fréquente le Pulp où « Il y a Susan la punk lesbienne, Virginie L écrivaine à la voix fendillée et au tee-shirt Metallica à manches retroussées (…) »
Il est vrai qu'il y a parfois du Vernon Subutex chez Paul, notamment dans sa façon de faire vivre sa musique et de faire vivre ses contemporains dans sa musique.
L'époque est différente, les sons différents, mais le coeur de ceux qui l'habitent bat au même rythme que le sien.

Dernière question avant la fin : comment ce jeune auteur né en 1982, parvient-il à faire frissonner un lecteur de la génération de Paul ?
Mystère de la littérature ? Talent ? Que sais-je moi ! Je ne vais pas bouder mon plaisir. Comme Paul, je reviens au silence.
Merci M Ducrozet et Bravo !
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Antoine, pianiste, a un fils, Paul né en 1947.
Paul est à part, il se construit avec la musique, il peut l'entendre - ça irait presque de soi - mais surtout voir des formes et des couleurs aussi.
Debusssy, Chet Baker, Bob Dylan, John Coltrane, la "play-list" est vaste et pour tous les goûts.
Entre Lyon, New York, Paris, c'est le tourbillon ! Il faut s'accrocher !
Garder le tempo, la mesure, le battement, le coeur lui plutôt que le métronome !
Ce livre est un enchantement ! La note qui erre, se perd, l'amour qui transcende, et trouver la note, la plus que sublime !

Et il était l'heure pour moi de le lire ici, le lieu est important et toutes mes pensées à un autre Antoine, lui aussi pianiste que je n'ai pas connu.
Rien n'est hasard... Cette fois j'en suis certain.

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Ce livre, c'est « le tourbillon de la vie », cela virevolte dans tous les sens, au son de la musique, ou mieux encore, de toutes les musiques. Paul, bercé dès son enfance par elle, part à la découverte d'artistes plus talentueux les uns que les autres. Il a un don Paul, il est synesthète. Il voit la musique en couleur. Mais pas seulement la musique mais aussi TOUS les sons, même ceux du quotidien et il n'en n'oublie aucun.

Déf. Synesthésie : Trouble de la perception dans lequel une sensation supplémentaire est ressentie dans une autre région du corps que celle qui est perçue normalement.

C'est une véritable farandole. Paul ose tout, découvre beaucoup, parcourt le monde, à la recherche de la musique unique, le son parfait. C'est une véritable tornade, il côtoiera le pire comme le meilleur, il trouvera l'amour, ou plutôt des amours, très contrariées, aura deux enfants, dont l'une vibrera au son de la musique avec son corps et l'autre sera ultra-sensible et traînera pendant longtemps un « mal à vivre ».

La liste des musiques qui accompagne le livre est en fin d'ouvrage, et on peut retrouver la playlist en scannant un des trois QR Code proposés. Il y a 123 titres, du plus classique, au plus hard en passant par le jazz, le rock, la techno et plus encore.

C'est foisonnant, passionnant. Pierre DUCROZET est un véritable conteur. On en redemande. C'est grâce à la critique de Bazart que j'ai lu ce livre. Dire que j'aurais pu passer à côté ! Et oui, je suis d'accord avec lui, il aurait mérité un peu plus d'attention de la part des libraires et de la presse.

En tout cas, il m'a fait vibrer ce roman !!!
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Coup de coeur

Paul est mort-né. Miraculé.
De cette première fois, ce coeur qui s'arrête puis repart quand on n'y croit plus, il en gardera une urgence, un désir, une fantaisie, qui le conduiront au bout du monde.
Au bout de tous les mondes.
Paul est synesthésique.
Les sons, pour lui, produisent des couleurs.
La musique sera sa maîtresse, son fil rouge, sa mauvaise conscience. Son échappée belle.

Sa première variation, c'est son père.
Le petit garçon amoureux fou du piano, bercé à la musique classique. Foudroyé par la decouverte du jazz.
Puis par une femme...
Comme inévitable.
A mille autre pareilles, mais voilà, une valse, un tour de piste, et puis c'est toute la vie qui est bouleversée.

Les autres variations, ce sont ses enfants bien sûr.
Son fils, Léo, fragile, Léo si vide, petit bonhomme grandit trop vite, ça laisse comme bancal, et il est où papa. Il t'aime. Oui mais il est où papa.

Sa fille Chiara, sa plus belle variation. DJ. Elle accomplira leur destin finalement, la musique, la reconnaissance, en vivre, en vivre vite, faut que ça bouscule, que ça blesse. Sinon ce n'est pas la musique. Sinon ce n'est pas la vie.

Voilà un très très beau roman, pérégrinations magiques entre les acides années 70 jusqu'à l'underground berlinois. On traverse la vie perché sur une note de musique, ça sonne juste, mélodieux, rythmique parfaite, tout en nuances. On tourne les pages comme on bat la mesure. On accélère, on revient goûter l'harmonie d'une phrase, ou deux. Ou dix !

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Le premier son tarde à venir, la première mort, et puis la vie, le premier cri.
Ensuite, les variations de paul, la musique, sa vie, tous ces sons qui emplissent son coeur tant et tant qu'il en meure, mais il revient toujours, plus léger, et il reprend sa quète.
Paul cherche le bruit du temps qui passe et à travers le temps il collectionne les sons de Mozart, Chopin, Vivaldi, du jazz, Louis Armstrong, Thélonious Monk.
Sa vie est musique, elle coule dans ses veines depuis ses parents et sera transmise à ses enfants.
Little Richard, Eddie Cochran, Gene davis, Elvis, la Mothown, les Suprêmes.
Il grandi en musique, il vit en musique, il aime en musique.
Du gramophone aux plateformes de streaming, du piano aux tables de mixage, la famille Maleval traverse un demi-siècle d' histoire musicale.
Les beatles, James brown, Bob Dylan, Miles Davis.
Tout comme paul, la plume de l'auteur est impatiente, elle trace plus vite, plus fort ce bagage trans-générationnel de passionnés obsessionnels.
Pink Floyd, Jimi Hendrix, Moustaki, Barbara.
Antoine, Paul, Chiara, ils sont tous des variations d'un même thème, tous des variations de Paul.
Taxi-girl, les Bérurier noir, DJ Herc, Grandmaster flash.
Et Chiara, comme une empreinte qu'il laisserait au monde, elle remix ces chansons qui ont scandé son passage sur la terre, elle prend la relève de Paul qui se veut plus léger et rêve de briser la malédiction qu'ils se passent comme un virus de génération en génération.

En cherchant le bruit du temps qui passe, à travers la musique, Paul a appris à vivre .

L' auteur parle d'autoportraits en puzzle, un peu de lui, de sa famille dans la famille Maleval, c'est peut-être ce qui donne à ce roman ce qu'il a de si intime et poétique.

Les variations de Paul c'est une épopée familiale, c'est fou, intense et terriblement bien écrit.
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