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3,93

sur 1315 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Connaissez-vous Edmund Kemper ? de mon côté, j'ignorais son existence jusqu'à la lecture de ce livre. Cet homme est un tueur en série américain, ayant commencé ses crimes à l'âge de 15 ans. Ses grands-parents furent ses premières victimes. Surnommé "l'Ogre de Santa Cruz", il est toujours emprisonné à l'heure actuelle. Marc Dugain, dans ce roman, va largement s'inspirer de la vie de Kemper afin de créer son personnage, al Kenner. Création ? Peut-être pas finalement car le destin de son personnage est semblable en tous points, ou presque, à celui du tueur. Ce serait presque une biographie romancée si ce n'était un ou deux événements qui changent. Mais alors, me demanderez-vous, qu'a-t-il d'original, ce roman ?

Ce qui m'a le plus étonnée, c'est que bien que sachant ce qu'il s'est passé, après recherches, je me suis mise, au fur et à mesure, à douter, à me demander si al était vraiment le meurtrier. le roman est conçu de telle sorte que le lecteur entre dans la psychologie (romancée, cette fois, je vous l'accorde) du jeune homme. Et c'est justement ce qui fait froid dans le dos. al est d'un calme olympien, relatant les choses sans une once de pitié, sans aucun scrupule ni esquisse de regret.

Je n'ai toujours pas lu La Chambre des officiers, qui prend la poussière depuis quelques années sur mes étagères mais je vais aller le ressortir car le style de cet auteur m'a bien plu.
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Né aux Etats-Unis en 1948, Al Kenner est le fils non désiré d'un couple mal assorti. Après le divorce parental, il se voit confier à ses grands-parents à l'adolescence. La grand-mère est castratrice, exigeante, et le grand-père ferme les yeux pour ne pas avoir d'ennuis avec sa redoutable épouse. Ces environnements destructeurs conduisent Al à l'irréparable à quinze ans. Il échoue alors à l'hôpital psychiatrique, où il est suivi par un médecin d'une grande sensibilité, aux paroles sages, apaisantes, déculpabilisatrices... On comprend vite que ce séjour sera suivi d'une longue incarcération, puisque le récit de la jeunesse d'Al alterne avec des visites d'une femme au parloir, alors qu'il a plus de soixante ans.

Brillant roman ! Parfaitement construit, riche en réflexions et dialogues pertinents, au contexte socio-politique passionnant. Un personnage hors du commun, de par sa stature, son intelligence extraordinaire et son prétendu 'manque d'empathie'. Il apparaît tout aussi fascinant et émouvant que dérangeant et répugnant. On découvre peu à peu toute l'horreur de son enfance, qui explique ses comportements surprenants et excessifs - envers les femmes en général et sa mère en particulier, mais aussi son dégoût du mouvement hippie, son attirance pour la guerre du Vietnam... Le malaise croît au cours du récit : comment Al en est-il arrivé là ? L'auteur nous y amène subtilement, après avoir fait germer quelques doutes. Et le final est époustouflant, bouleversant, terrifiant.

Cette lecture choc (un de mes coups de coeur 2012) m'a rendue impatiente de découvrir les autres ouvrages de Marc Dugain.

[l'idéal est de ne rien savoir de la trame et du personnage avant de découvrir cet ouvrage, pour qu'il revête toute la puissance qu'il mérite]
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Je n'avais pas lu la quatrième de couverture avant d'avoir lu le livre. Heureusement, car je ne l'aurai sans doute pas attaqué, les histoires de tueurs en série me repoussent. le début du livre m'a semblé très étrange mais si bien écrit qu'il m'a entrainé quasiment d'une traite vers la fin. C'est donc l'histoire vraie d'un tueur en série que nous conte Marc Dugain. Il nous entraine dans le monde de al Kenner avec la construction progressive d'une analyse de sa personnalité extrêmement bien menée, on suit sa vie sans se douter à aucun moment de ce qui va se passer.
C'est une des qualités de ce livre, si on n'a pas lu la quatrième de couverture, on ne comprend que tout à la fin que l'on a affaire à un véritable tueur en série d'une intelligence diabolique. Marc Dugain, arrive avec délicatesse à juste suggérer l'insoutenable tout à la fin du livre. Chapeau, il aurait vraiment été dommage de ne pas le lire.


Lien : http://allectures.blogspot.f..
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C'est à la suite d'une émission télévisée sur Arte où l'auteur était invité pour parler de son dernier livre que j'ai eu envie de découvrir celui-ci.
Je savais donc d'ores et déjà qu'il s'agissait d'un récit inspiré d'une histoire vraie (c'est vraiment ce qui m'a attiré vers cet ouvrage, d'autant plus que j'en avais entendu de très bonnes critiques) et je savais également qu'il s'agissait de l'histoire d'un tueur en série mais, au départ, rien de plus.

Quel ne fut donc pas ma surprise lorsque j'ai découvert ce personnage, al Kenner, cet adolescent d'un mètre 20, possédant un Q.I. supérieur à celui d'Einstein et qui ne demandait rien d'autre que l'amour de ses parents et plus particulièrement de celui de sa mère, ce qu'elle lui a toujours refusé. D'où sa frustration d'avec les femmes, son manque d'empathie envers tout être humain ou animal et son besoin irrésistible de faire du mal à cette dernière pour lui prouver qu'il existait bel et bien. Mais, ses parents s'étant séparés et, la nouvelle femme de son père n'ayant pas voulu de lui dans leur maison, pas plus que sa mère d'ailleurs qui pourtant, hébergeait ses deux soeurs, al s'est donc retrouvé chez ses grands-parents paternel à l'âge de quinze ans et c'est à cette même époque, en 1963, le jour même de l'assassinat de Kennedy, que sa vie a viré a basculé dans l'enfer...l'enfer pour les autres puisque lui, il vivait déjà dans cette ambiance depuis sa plus tendre enfance.

Pendant une grande partie du livre, j'avoue que j'ai ressenti de la pitié pour al puisqu'au fond, il ne demander qu'une chose : que sa mère lui parle, ce qu'elle s'est également toujours refusé à faire puis, au fur et à mesure que j'avançais dans le récit, je me rendais compte que ce dernier avait en réalité été transformé en une véritable bête humain, sans le moindre repentir ni le moindre sentiment si ce n'est pour le policier Duigan et sa fille Wendy qui ont été les seuls à le considérer comme un être humain et à s'attacher à lui.

Inspiré de l'histoire d'Ed Kemper qui croupit actuellement dans la prison de Vacaville, Marc Dugain a su rendre avec un don extraordinaire, tant au niveau de l'écriture qu'au niveau de la manière dont il tourne ses paragraphes en utilisant de temps à autres le procédé du flash-back, ce qu'a pu être la vie de ce dernier et de ses malheureuses victiomes.
Un roman bouleversant pour lequel il faut avoir l'estomac bien accroché. A découvrir !
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Empathie. C'est à mon sens- avec ceux de "humour noir" - le mot qui résume le mieux mon sentiment, une fois refermé l'excellent Avenue des Géants de Marc Dugain.

Sentiment bien paradoxal car il s'agit , comme on sait, de la confession d'un schizophrène paranoïde , al Kenner dans le roman, responsable de dix meurtres, qui n'est pas né de l'imagination de Marc Dugain, mais s'inspire très largement de la vie criminelle d'Ed Kemper, l'ogre de Santa Cruz, qui a défrayé la chronique depuis le jour où il assassine à quinze ans, ses grands-parents - jour historiquement célèbre puisqu'il est aussi, par le plus grand des hasards, celui de l'assassinat de JFK. Soigné et prétendûment guéri, il poursuit sa carrière criminelle dans une Californie traversée par les mouvements de la contre-culture hippie et une Amérique déchirée par la guerre de Vietnam.

Al est un monstre:par la taille - 2,20 m- et par l'esprit -une intelligence hors du commun. Il en devient un aussi par les actes.

Mais en lui donnant la parole, qu'il s'agisse du vieux prisonnier féru de lecture face à Susan, une visiteuse unique et énamourée, ou du jeune délinquant face à ses pères de substitution - Leitner, son premier psychiatre, mort malencontreusement, trop tôt pour guérir son patient, ou le chef des enquêtes criminelles de Santa Cruz, un certain Duigan, au nom singulièrement anagrammatique de l'auteur- en lui donnant la parole, donc, le roman nous force à entrer en empathie avec cet étrange personnage.

Si le récit s'attarde sur le meurtre fondateur, il sonde beaucoup plus les pensées, dérangeantes mais souvent décapantes d'al sur la société qui l'entoure, sur son époque, les écrivains, les hommes politiques qui la marquent, et surtout son regard sur la famille, son père démissionnaire, son épouvantable mère . Les meurtres les plus sanglants sont presque passés à la trappe, et se bousculent dans les dernières pages, car l'intérêt n'est pas là.

Comme Duigan, comme Leitner , comme Susan, nous avons connu un homme.

Un monstre, sans doute, un fou, sûrement, mais viscéralement attaché à se comprendre, se connaître, s'expliquer et nous avons pour lui empathie ... et presque une forme de tendresse.

Il nous fait rire aussi avec ses aphorismes pas si saugrenus que cela.

Un Candide assassin dans une époque de bruit et de fureur, où le flower power semble complètement utopique, déjà miné par l'ombre noire de Manson.

Belles échappées en moto dans le wide wide West américain et immersion dans le trou noir et béant d'une solitude ravageuse, Avenue des Géants permet tout cela.

Un voyage palpitant, dépaysant, attachant. Une vraie réussite,
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Je connaissais Ed Kemper par les écrits de Stéphane Bourgoin, qui sans êtres variés ni très bien écrits ont le mérite d'être très bien documentés. J'avais trouvé le cas de ce tueur géant intéressant, atypique en comparaison des autres meurtriers évoqués par Bourgoin. J'ai donc naturellement été attirée par le roman de Marc Dugain. J'espérais un traitement original du sujet, autre chose qu'une banale transcription des faits ou un thriller sanguinolent. Mes attentes ont été plus que comblées.

"Avenue des géants" n'est pas un roman de gare. Dugain signe là un grand roman, de la vraie bonne littérature tout simplement. L'auteur évite les facilités, les effets racoleurs. L'écriture est belle, les dialogues fins et pertinents. le récit est très bien mené à travers une narration qui va et vient entre passé et présent. Dugain manie admirablement bien l'ellipse ce qui donnera lieu à la fin à un chapitre explicitant tous ces non-dits d'une terrible intensité qui laisse le lecteur sonné.

La principale force de Dugain est d'avoir dessiné un personnage hors du commun, totalement hors norme, qui ne rentre dans aucune case et qui pourtant sonne juste. L'auteur ne cède à aucun simplisme, al n'est ni une incarnation du mal, ni un pauvre hère irresponsable de ses actes. Dugain évite également de réduire son personnage à un sujet d'étude. le lecteur a plutôt la sensation d'être le compagnon de route d'Al, comme si on se trouvait à ses côtés sur le siège passager. D'ailleurs, al est très souvent sur la route, à moto ou en voiture. Et c'est une expérience déroutante que de devenir le compagnon de route d'un tel personnage.

Al est un être inadapté socialement, émotionnellement. Il le dira très bien à la femme qui vient le visiter dans son pénitencier :
"La liberté ne me conviendrait pas mieux que la détention. Comme la vie ne me convient pas mieux que la mort. Je suis comme beaucoup de gens, pas envie de vivre et encore moins de mourir. [...] Je suis dans un état où tout me convient et rien ne me satisfait."
C'est ce qui rend cette lecture troublante, de ressentir de l'empathie pour un personnage sans affects, sans envies, presque sans vie. L'auteur réussit l'exploit de nous le rendre extrêmement proche. Et cette impression de proximité, cette empathie (presque sympathie parfois) conjuguée au talent de Marc Dugain offre des passages qui marquent l'âme au fer rouge, des moments d'une émotion rare et intense. Je pense notamment à cette scène suffocante de violence émotionnelle où al supplie sa mère "parle moi". Ou encore, cet instant fugace où, à son propre étonnement, al ressent une émotion en écoutant un disque de Skip James.
Tout simplement sublime.
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Un homme, al Kenner, emprisonné, un géant de 2,20m , livre le récit de sa vie . Cet homme a tué ses grands-parents. Il a été interné puis considéré comme guéri et remis en liberté. Avec cette deuxième partie de vie, il a essayé de faire au mieux mais il est retombé encore plus violemment du côté où il penchait. Cet homme a réellement existé et fait partie des grands meurtriers des USA.

Le mal est-il tapi en lui comme le pense sa mère ou a-t-il été savamment semé par cette même mère, l'auteur évite bien de se prononcer. C'est une des forces de ce roman, soulever un coin du drap qui cache cet homme, nous montrer, puis reposer, soulever le drap à un autre endroit sans jamais nous montrer la totalité de l'âme du géant. Peut-on d'ailleurs jamais montrer le tout d'un être humain....Al Kenner est un individu qui a souffert, souffre et fait souffrir. Très détaché des affects, se réfugiant derrière son intelligence et une certaine morale (aussi curieux que ça paraisse), il n'est pas très facile à apprécier .

Circonstances atténuantes et perte de toute humanité dans ses actes se suivent et se heurtent , du coup on oscille entre un élan de sympathie et une franche répulsion.

L'auteur ne ménage pas le lecteur, non seulement par les actes relatés mais surtout par le balancement de sentiments qu'il fait naître. Je découvre cet auteur avec ce titre et je sais que je lirais d'autres titres de lui car la lecture de ce livre fut d'une certaine manière, envoutante
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Livre qui me fait aimer la lecture.

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Souvenir de lecture
Titre : Avenue des géants
Année : 2013
Auteur : Marc Dugain
Editeur : Gallimard
Résumé : al Kenner ( de son vrai nom Ed Kemper ) est un adolescent de plus de deux mètres dont le QI dépasse celui d'Albert Einstein. al Kenner est aussi l'un des plus effroyable tueur en série que la Californie est connue. Perdu, incapable d'empathie envers quiconque, traumatisé par une mère castratrice, al assassine ses grands-parents à l'âge de 16 ans. Interné, il parvient pourtant à berner les services sociaux et s'échappe; s'engage alors une odyssée sanglante où les corps de jeunes filles vont s'amonceler sur le chemin de celui qui croupit encore aujourd'hui dans une prison californienne.
Mon humble avis: Dans ce roman traumatisant, Dugain plonge dans la psyché d'un tueur en série. Inspiré de l'histoire du terrible Edmund Kemper ( incarcéré à la prison d'état de Vacaville en Californie ) l'auteur natif du Sénégal se penche sur le cas d'un des plus fameux serial killer américain. Portrait d'un homme tourmenté mais aussi d'une Amérique traumatisée par la guerre du Vietnam, la lecture de ce roman fut pour moi une véritable découverte: oui certains auteurs Français pouvaient se hisser au niveau de leurs pairs angos-saxons pour nous livrer une oeuvre puissante, noire, ô combien marquante. Personnage abominable si l'en est, al Kenner trace sa route, accumulant les cadavres, choisissant ses victimes avec soin ( surtout pas les hippies qu'il exècre ), et le lecteur suit ces pérégrinations au plus près jusqu'à la scène de tuerie finale, horrible, indescriptible. Si les romans de sérial killer sont aujourd'hui légion, Dugain se démarque dans ce texte par une recherche sans cesse renouvelée et approfondie des motivations de Kenner. Malsain peut-être, complaisant parfois, mais en tout cas d'une efficacité rare car l'on se prend même à ressentir de l'empathie pour ce personnage complexe diagnostiqué comme schizophrène paranoïde. Kenner est un monstre sans aucun doute possible mais les pages narrant son enfance traumatisante tendent à expliquer (voir justifier?) la fureur développée par cet homme. Si encore une fois la fascination pour ce type de personnage peut paraître malsaine autant qu'elle soit servie par un texte puissant, maîtrisé et addictif. C'est assurément le cas avec ce roman qu'il est impossible de lâcher tout en n'oubliant pas que Kemper fut un tueur sans pitié, responsable de plusieurs assassinats, de multiples décapitations et de viols post mortems. Il me semble important de le rappeler tant le roman de Dugain pousse à la proximité avec celui qu'on surnomma l'ogre de Santa-Cruz. C'est cru, fascinant, parfois cocasse (malgré le propos), mais c'est surtout brillamment écrit et une première pour moi qui ne connaissais pas cet auteur à l'époque. Une belle découverte assurément. Un auteur qui ne se limite pas à empiler les scènes de meurtres mais dépeint également une Amérique malade de sa violence, une Amérique des grands espaces parcourue à moto par son principal protagoniste. Avenue des géants est assurément un bon, un grand, un très grand roman.
J'achète ? : Si tu es un habitué de ces petites chroniques tu connais surement ma passion pour des auteurs tels que Shane Stevens, RJ Ellory ou Bret Easton Ellis. Je crois ne pas être le seul à raffoler de ce type de romans réalistes et sanglants ( heureusement sinon j'aurais quelques raisons de m'inquiéter non ?) Fascination bizarre ? certainement, mais si tu es fan de ce type de littérature tu te dois d'acquérir aussi ce roman complexe et troublant. Un roman à l'image de son personnage principal : Ed kemper, un nom que tu n'es pas prêt d'oublier tu peux me croire.
Lien : http://francksbooks.wordpres..
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Un roman à suspense des plus subtiles ! Décapant !
Écouté sur Audible (non je ne veux pas faire de la publicité) lu par Bernard Métraux (qui a une voix à la Jean Gabin) vous vous laissez emporter par ce personnage intriguant. de l'empathie, de la pitié ? A la fin vous ne savez plus trop bien. Et c'est la fin qui vient vous déboussoler complètement. Très belle analyse psychologique d'un meurtrier.
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