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sur 806 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un thriller historique qui est aussi une réflexion sur la fin de l'innocence.
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Roman très attendu de la rentrée littéraire de septembre 2017, j'avais très envie de le découvrir pour plusieurs raisons. Et c'est chose (enfin !) faite.

Tout d'abord, j'appréciais déjà l'auteur et son style d'écriture que j'avais pu découvrir par l'étonnant « La malédiction d'Edgar », évoquant la vie d'Edgar Hoover, premier directeur du FBI (le Bureau Fédéral d'Investigations américain). A l'époque, j'avais déjà dévoré ce livre.

Ensuite, parce que l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy, le 22 novembre 1963, est un épisode qui m'a marqué dès mon plus jeune âge. C'est pourquoi, j'ai vu d'innombrables reportages, films (dont le magnifique « JFK » d'Oliver Stone) et lu de multiples ouvrages. Qui ne se souvient pas d'avoir vu le court-métrage de l'exécution de JFK à Dallas, filmé par Abraham Zapruder et de l'état de choc de Jackie Kennedy dans son tailleur rose ensanglanté à l'arrière de la funèbre décapotable?

Dans le livre « Ils vont tuer Robert Kennedy », la vie des deux frères (John et Robert mais aussi du clan Kennedy) est amplement abordée à côté de la trame de fond sur ce professeur d'université qui, ayant perdu ses deux parents à un an d'intervalle dans des circonstances troubles, tente d'y apporter toute la lumière pour comprendre son histoire personnelle. Cette dernière est d'ailleurs très proche de l'Histoire avec un grand H, sans que le héros ne sache au départ vraiment la raison.

Ici encore, j'ai réellement aimé ce livre, mêlant intimement réalité et fiction. le style d'écriture de Marc Dugain n'est incontestablement pas très fluide mais chaque phrase est essentielle dans la trame de l'histoire. Ce livre ne se lit pas forcément très vite mais n'en est que plus savoureux. L'auteur tente à sa façon de démontrer la théorie du complot qui entoure les assassinats des deux frères Kennedy et ça marche. On se prend au jeu de douter de l'histoire telle que nous la connaissons et il est souvent difficile de distinguer le vrai du faux du mythe des Kennedy.

A la fois déstabilisant mais également passionnant, j'ai vraiment aimé ce livre et n'ai été que déçue d'arriver à sa fin. Autant ce livre est éloigné des thrillers que je lis habituellement, autant je l'ai apprécié et j'espère que Marc Dugain reviendra prochainement avec un autre roman de cet acabit.

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L'histoire démarre en Colombie-Britannique. le cul assis sur une souche, je me prends à regarder les pins et quelques érables pliés sous le vent. La neige tombe, la neige s'envole, mes espérances aussi. Des espoirs qui ont abandonnés toute une génération, aussi soudainement qu'un éclair venu fendre le ciel étoilé, aussi brutalement qu'une balle venue fracasser la tête d'une étoile, des morceaux de cervelle blanche, des éclaboussures de sang rouge de son mari ayant tâché la robe rose d'une brune prénommée Jackie.

Un professeur d'histoire se retrouve confronter à la grande Histoire, celle des Kennedy, à l'histoire de ces parents, morts successivement en 67 et 68. Il a 14 ans à l'époque. O'Dugain, l'auteur s'amuse avec son nom et avec les racines de son protagoniste. Des années après ce double drame, il replonge, dans le cadre d'une thèse, dans cette époque des années 60, où l'on assista à la mort d'un président, à la mort d'un futur-président, à une guerre au Vietnam, une presque-guerre avec Cuba, et une bande de hippies fleurs bleues sous LSD qui déchanteront rapidement avec la fin de la décennie, fin d'une utopie. le tout orchestré par des manipulations diverses, aussi bien de la mafia, du FBI que de la CIA. de quoi donner la foi en la politique, mais rien de surprenant vue la qualité des pantins récents qui se sont succédés à la Maison Blanche. Blanche comme la neige d'un hiver en Colombie-Britannique.

Si le professeur ne se remettra jamais de la mort de ses parents, d'où des années plus tard le besoin la nécessité de se replonger dans cette sombre histoire pour comprendre, Robert Kennedy lui non plus ne se remettra jamais de celle de son frère John. Il se remémore sans cesse ce jour de novembre 1963, ses peurs et sa rage. Il sent la vérité, celle qui reste cachée à tout jamais, enfouie sous des faux rapports et des assassins convenus. La vérité ne sortira probablement jamais de ce vieux dossier texan, mais peu importe, les romans sont là pour émettre toute sorte d'hypothèses – et même crédibles - sorties de la théorie du complot. Marc Dugain m'a plongé dans ces sixties avec ce roman psychologique à la limite du thriller, avec l'art de mélanger les histoires mélancoliques, qu'elles soient Grandes ou intimes.

Après le 23 novembre 1963 et le décès de JKF, RFK le suivra à Arlington, Virginie, un soir, le 5 juin 1968. La mort des initiales célèbres.
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Ce livre ne ressemble à rien de ce que j'ai pu lire auparavant. Je ne connaissais pas Marc Dugain et j'avoue que j'ai beaucoup aimé son écriture riche, soutenue.
Ce fut un vrai moment de lecture plaisir.
Il s'agit là d'un roman fiction historique, retraçant le moment historique des années 62 à 70 environ, avant, pendant et après la mort de JFK en gros, focus sur le frère Bobby. J'ai beaucoup appris de l'histoire des Kennedy et surtout des Etats Unis durant la guerre froide, la corruption et les affaires louches dominant la politique étrangère, cette dernière menée à l'aune des intérêts économiques qu'il faut protéger coûte que coûte.
Je connaissais un minimum cette période de l'histoire américaine comme tout un chacun mais là, ce fut une plongée dans cette période qui m'a vraiment fascinée.
Le personnage principal du roman est convaincu que la mort de JFK puis RFK est liée à un complot de la CIA, et que ses propres parents dont la mort est suspecte, ont été liés à ces événements.
Il ne faut pas en dire plus!
Marc Dugain élabore un récit de fiction basés sur des faits historiques réels, une véritable enquête menée rondement, et c'est là toute la subtilité car son récit, qui s'appuie sur des faits historiques demeure de la fiction tout de même, et c'est aussi ce que le lecteur doit se rappeler chemin faisant. Des faits sont prouvés, d'autres sont reconstruits justement au regard des manques de réponse ou d'explication réelle.
Marc Dugain écrit là un récit complexe, riche, prenant, qui m'a donné envie de poursuivre ma découverte de cet auteur.
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Ils vont tuer Robert Kennedy
Marc Dugain
roman 2017 Gallimard 400p


Si ce livre n'avait pas été retenu pour le prix des lecteurs du Festival des Ecrivains du Sud, sans doute ne l'aurais-je pas lu, et ç'aurait été dommage, car c'est un livre intéressant à plusieurs égards.

Marc Dugain en fait un roman, mêlant la grande Histoire, les années soixante aux Etats-Unis, la période Kennedy, et la petite, celle d'un historien, Mark 0' Dugain, narrateur à la 1ère personne, spécialisé dans l'histoire contemporaine américaine, et notamment celle des années 60, et il a l'intime conviction que la mort de ses parents a à voir avec l'assassinat des frères Kennedy, ce qui fait qu'à l'Université on lui reproche de substituer à la rigueur historique une intuition sentimentale. Les deux récits ont leur intérêt. Et l'entrelacement des deux renforce cet intérêt.

le premier nous fait entrer dans le monde des espions, et nous dégoûterait un peu plus des dessous sordides de la politique. On approche la CIA, et le redoutable Hoover, l'homme aux fiches compromettantes, qui a la haine du communisme et des Kennedy qui se moquent de lui, les mafieux blancs, l'industrie militaire, les Texans, les anti-castristes ; on apprend le plan effrayant MK Ultra, inspiré des recherches nazies, qui consiste à prendre le contrôle mental d'un individu fragile par le biais de l'hypnose, et ainsi un esprit subversif pourrait perdre son ambition. La vie d'un homme n'a aucun prix en comparaison des affaires politiques.
Le père de Jack et De Robert est un affairiste véreux, mafieux antisémite et pro-nazi. Il est l'Irlandais catholique contre le protestant britannique. Sa fortune immense repose sur des fonds salissimes. Son ambition est que ses fils accèdent au pouvoir, et il est prêt à tout pour que cette ambition se concrétise. Il achète des voix à la Mafia pour l'élection de Jack.
Jack est d'une intelligence supérieure, il réussit tout ce à quoi il touche, et il brigue la Présidence parce que l'atteindre peut lui donner du fil à retordre. Il est charismatique. Robert se sent coupable de cette fortune exorbitante et imméritée. Il est dépeint comme un adolescent attardé, idéaliste, catholique, dépressif, voire une chochotte, un futur pédé, choking la tribu Kennedy. C'est un utopiste.Il reprend à son compte la phrase de G.B.Shaw : Vous voyez le monde tel qu'il est, et vous dites : Pourquoi ? Moi, je vois un autre monde, et je me dis : Pourquoi pas ? Il a de l'empathie pour les êtres humains, bien qu'il rechigne un peu à côtoyer les pauvres. Il est hostile à la guerre du Viêt Nam. Il comprend les idées de la contre-culture, le partage, la communauté, le retour à la nature, le voyage psychédélique. Quand son frère est président, il est nommé, tout jeune, 35 ans, ministre de la Justice, et il a la charge de la vie de son frère. Jack et Robert s'entendent très bien. Jack étant tué, il s'estime coupable de n'avoir pas su le protéger. L'assassinat de Jack serait, et Robert en prend conscience immédiatement, un coup d'Etat qui ne se revendiquerait pas, auquel aurait participé l'armée, Jack étant dangereux pour ses prises de position ambiguës sur Cuba, et sa politique progressiste. C'est à cause de cela que Bobby se présentera à la présidence, contre le Républicain Nixon, de piètres réputation et moralité, et contre le démocrate Eugen Mc Carthy, et surtout parce qu'il veut changer de politique. Il est en faveur des minorités, Il est du côté des Noirs. Martin Luther King vient d'être assassiné, et même si RFK gardait ses distances avec le prix Nobel de la Paix, il n'est pas insensible à ses propositions., notamment les droits civiques pour ces minorités. Il n'est pas indifférent aux Juifs. Les Etats-Unis comme les Britanniques nouent des liens, chacun le sait, avec Israël, bien que durant la guerre les Alliés ne se soient pas beaucoup souciés du sort des Juifs. Mais Robert sait que candidat à la Présidence, il court -tragiquement et presque de façon christique- à la mort. Romain Gary, fasciné par Robert, le sait aussi.
Jack est priapique, comme tous les Kennedy, Robert un peu moins, ou il se refrène, père de 11 enfants, et substitut de Jack, selon les lois non écrites de la tribu, auprès de Jackie auprès de qui il peut se confier. A-t-il aussi pris la place de son frère auprès de Marylin Monroe, d'une intelligence incroyable, qu'il aurait fait tuer parce qu'elle menaçait de révéler des secrets sur la Baie des Cochons ?
John est surtout atteint de la maladie d'Addison, qui le conduit inéluctablement vers la mort. Marie Meyer, utilise le LSD pour atténuer ses souffrances, et prône, en accord avec lui, son utilisation pour la création d'un monde de paix.

le second récit nous fait saisir les dommages collatéraux de la grande politique. le lecteur entre dans une enquête personnelle. le père de Mark O'Dugain a un passé de résistant. Il serait responsable d'assassinats dans la Résistance à Bordeaux. de communiste il serait devenu un agent qui infiltre les communistes. ll soigne en France, en qualité de psychiatre, les déportés survivants, et met au point la technique de l'hypnose, et est reconnu pour la qualité de ses résultats. Accusé de viol par hypnose , il est obligé de s'enfuir au Canada, aidé par les services de renseignement britanniques, dont il a été un agent. Il est contacté par la CIA pour participer aux expériences du plan MK Ultra. Il refuse. du coup la mère de Mark meurt prétendument suicidée quand il a 13 ans, et son père meurt également par suicide un an plus tard. le jeune Mark souffre d'absences chroniques, après lesquelles il revient au monde réel. Mais est-ce si sûr ? Ne l'arrange-t-il pas selon ses envies ?

Alors on peut douter du tableau historique, très documenté, qu'O'Dugain dresse, ou que Dugain dresse. Cependant on garde en tête toute l'argumentation, et on n'est pas loin d'être convaincue. En outre, les deux pénètrent dans la contemporanéité, en parlant du mensonge éhonté de la famille Bush -l'aîné était à Dallas le jour du meurtre de JFK- pour envahir l'Irak, en écoutant les intérêts d'un complexe militaro-industriel, ce qui a eu pour conséquences la création de forces nihilistes terroristes, et la fusion du monde Internet avec le monde du renseignement, permettant aux Etats-Unis de tout savoir sur tout le monde . Ils parlent bien sûr de Trump, atteint du symptôme qui veut qu'il soit incapable de baiser avec une femme qui a enfanté, et dont les Russes auraient acheté l'élection. Finalement les gens qui seraient à l'origine de l'assassinat des Kennedy auraient amené Trump au pouvoir. Il y a là de quoi trembler. le livre est de fait un thriller. Ils livrent en passant une remarque sur le smartphone auquel est accro une génération pressée de savoir mais non de penser.

C'est un livre qui secoue l'esprit de certitude, comme celui de la masse populaire qui veut une réponse tout de suite, et qui empêche de mollir, le pire est toujours à venir, en nous obligeant à creuser les choses. Pourquoi le monde va-t-il mal, et pourquoi les gens tuent-ils ? Par insatisfaction et ennui. Alors ils détruisent. Ca les divertit. Mais en même temps, le livre se lit bien, et même agréablement. de plus, Marc Dugain est un expert en comparaisons. En voici une : La vérité avance à l'allure d'un archimandrite perclus de rhumatismes.
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Mark O'Dugain, Professeur d'histoire contemporaine installé au Canada, enquête sur le suicide de son père arrivé aux Etats-Unis dans les années 50. Un suicide bien inquiétant, puisque Mark a, malgré toutes les clauses des contrats perçu la prime d'assurance vie de son père. Son père psychiatre spécialisé en hypnose, condamné en France, dans les années cinquante, à cinq ans de prison pour viol sous hypnose fut cependant libéré, sur ordre de la Chancellerie quelques mois après son procès...
Mark O'Dugain, est intimement persuadé que la mort de son père maquillée en suicide, et celui de sa mère étaient intimement liés au double assassinat, sous les balles de tireurs isolés (ou pas...), des deux frères John et Robert Kennedy... Mark mène son enquête sur ce suicide, fait exhumer le cercueil de ce père qui aurait selon la thèse officielle assassiné sa mère.
Son père, sous l'autorité de la CIA, travaillait sur les manipulations mentales, sous hypnose ou sous prise de LSD ou autres drogues.
Marc Dugain nous entraine dans un texte haletant, mêlant roman et histoire, vérités et hypothèses. Un roman complexe parfois que certains lâcheront sans doute, mais qui m'a enchanté. le texte démonte les théories des deux tueurs isolés des deux frères Kennedy, des tueurs désignés, manipulés et peut-être drogués. S'ils ne l'ont pas été, les témoins l'étaient peut-être.
"Ils vont tuer Robert Kennedy" mêle et enchevêtre trois niveaux de lecture.
C'est d'abord le roman de la famille de Mark O'Dugain ... Participation de son père à la Résistance, conditions du départ de la France et de l'arrivée aux États Unis, travaux de recherche du psychiatre, ses relations avec la CIA, mort de la mère, "suicide" paternel...
Puis d'autre part, c'est l'histoire de l'arrivée au pouvoir de J.F. Kennedy, le rôle de son père milliardaire sans aucun scrupule, mêlé à la pègre et à la Mafia, un père finançant avec cet argent sale, la campagne électorale de son fils. C'est donc une partie de la grande et de la petite histoire des États Unis. La personnalité de chacun est décortiquée, addiction au sexe de John, fragilité maniacodépressive De Robert qui se serait présenté à l'élection présidentielle en sachant qu'il allait mourir... John et Robert soudés comme les doigts de la main, s'appuyant l'un l'autre.
Et enfin c'est la présentation officielle du meurtre des deux frères, le contexte de ces deux assassinats et surtout l'analyse par Mark O'Dugain, sans doute un peu le clone de Marc Dugain, des contradictions et incohérences des rapports de police.
Les deux Dugain inséparables l'un de l'autre démontent les thèses officielles et tentent de démontrer que ces deux crimes ont été liés et que le sort De Robert était écrit, et connu de ce dernier, depuis la mort de son frère John à Dallas. Derrière ces meurtres, Marc Dugain, fasciné par le clan Kennedy, retrouve, après "La malédiction d'Edgar", sa tête de turc, Edgar Hoover, patron de la CIA...La CIA commanditaire de toutes ces morts, manipulant les hommes afin d'écrire son histoire : L Histoire officielle.
Il flingue à tout-va, Bush père et fils, Johnson, commanditaire de l'attentat, et ils ne sont pas les seuls à se retrouver dans sa ligne de mire.
Les plus jeunes lecteurs liront ce livre sans doute comme un roman...les plus anciens, qui ont connu ces hommes, qui ont connu cette actualité et vu ces images, peut-être pas à la télévision, car elle était encore assez rare, retrouveront avec plaisir ces souvenirs, avec plaisir et frissons...devant dans doute une part de vérité non négligeable dans la thèse soutenue par Marc Dugain...
Un avertissement dans les toutes dernières pages :
* « Je me demande si je ne préférais pas la guerre froide à cette alliance de mafieux blancs. Mais Trump devrait se méfier. le complexe militaro-industriel l'a laissé déverser sa démagogie comme un tombereau de purin sur un champ de betteraves, mais s'il ne rentre pas dans le rang, ils sauront trouver un cinglé facilement manipulable pour lui reprocher d'avoir renié ses promesses, puis l'armer et lui faciliter l'accès au président le plus consternant de l'histoire américaine. » (P. 397)


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Dans ce roman, il revient sur l'assassinat de JFK et la façon dont il est arrivé au pouvoir, ses addictions au sexe, le rôle du père Joe, maffieux antisémite, qui a magouillé pour faire élire son fils, la baie des cochons, le FBI, l'attitude de Johnson que Robert Francis Kennedy alias RFK (ou encore Bobby pour les intimes) appellera le félon.

Marc Dugain nous décrit un John flamboyant, beau gosse, décomplexé par rapport à son père, plutôt misogyne, et un Bobby réservé, timide, obsédé par sa foi catholique, qui va finir par aller au combat comme un kamikaze car il sait très bien ce qui va se passer.

Ce qui rend Bobby attachant, outre la manière dont il va chercher à comprendre le pourquoi de l'assassinat de son frère et les personnes impliquées, c'est son idéalisme, son côté adolescent toujours dans l'ombre des aînés son réel désir de justice sociale pour les pauvres, les Noirs et sa bipolarité : il est capable de s'enthousiasmer pour mieux retomber dans la dépression, ce mal qui le ronge, le pousse vers le questionnement intérieur, la foi et lui fait découvrir la philosophie existentielle, notamment Camus.

Ce qui frappe également chez lui, c'est cette culpabilité immense par rapport à l'argent, la place dans la société qu'il pense ne pas mériter: « Moins réaliste et moins fataliste que Jack, le passé sombre de leur père, un affairiste antisémite et pro-nazis qui a fait fortune dans la prohibition, fait naître chez lui un fort sentiment de culpabilité. » P 41

Mais comment trouver sa place dans une telle famille, entre le père maffieux, qui le méprisait à cause de sa maladresse lorsqu'il était enfant, allant jusqu'à le traiter de chochotte « Un tel père est-il admirable ou simplement misérable ? le pendule oscille interminablement. » P 121, la mère froide incapable d'amour, le frère aîné mort en héros au combat, et le deuxième, président martyr ? Marc Dugain a tendance parfois à nous les présenter comme des « malades mentaux » : l'addiction sexuelle et la touche dépressive de JFK, la bipolarité de Bobby, entre autres.

Le fonctionnement de cette famille est particulier pour une autre raison : « Un Kennedy succède toujours à un autre, auprès des femmes comme dans les fonctions publiques, c'est une règle non écrite de l'organisation de la tribu » P 50. de là à avancer l'hypothèse qu'il lui a succédé auprès de Marylin, de Jackie…

J'aime bien la phrase fétiche de Bobby, empruntée à George Bernard Shaw : « Vous voyez le monde tel qu'il est et vous vous dites : « Pourquoi ? », moi je rêve d'un autre monde et je me dis : « Pourquoi pas ? »

Marc Dugain revient très souvent sur le rôle de la CIA où Hoover régna en maître absolu pendant plus de cinquante ans, obnubilé par sa haine du communisme, tenant en horreur tout ce qui peut y ressembler, y compris les personnes ayant des politiques tournées vers le peuple et tente de le réduire en miettes, coups d'états, assassinats discrets ou lavages de cerveaux ou du moins manipulation d'individus fragiles…

La théorie de l'auteur sur la récupération du mouvement de la contre-culture par la CIA inondant la Californie de LSD, en décérébrant tous ceux qui s'opposaient à la guerre du Vietnam, (ou en utilisant l'hypnose) est séduisante et plaira sûrement aux complotistes. Et on s'interroge quand même sur la manière dont les USA s'acharnent à semer le trouble sur la planète : ils ont « armé » les Talibans contre l'URSS, ou la guerre d'Irak car Saddam aurait eu des armes chimiques, grâce à W (ah le fameux « Dobeulyou » des guignols) ou simplement l'Amérique du Sud…

J'ai trouvé un déséquilibre entre le récit de l'histoire des parents assassinés de Mark O'Dugain (Marc Dugain) et celui de l'histoire des Kennedy. le père du héros ressemble curieusement à Jack, résistant, passé à Londres puis espion à la solde du MI6, il doit fuir la France après la guerre car accusé de viol sous hypnose, par des personnes au comportement trouble pendant la guerre et qui meurt soi-disant par suicide… ce qui nous permet un détour par Bordeaux, puis les pseudo-résistants, le passé trouble de Mitterrand …

Je ne suis pas adepte de la théorie du complot mais je n'arrive à croire que JFK a été assassiné par un tueur isolé, Oswald, lui-même assassiné le lendemain dans les locaux de la police par un maffieux. En ce qui concerne RFK, j'ai moins réfléchi à la question, car on nous a moins matraqué avec des infos, à l'époque, car il n'était pas président.

Néanmoins, il est curieux de constater les similitudes entre les exécutions de JFK, RFK et Martin Luther King : un tueur isolé, les yeux hagards, des tirs qui se ressemblent… et de toute manière on ne saura rien tant qu'un membre de la famille Bush sera encore dans les parages.

J'ai lu ce livre en allant chercher des infos sur Internet pour vérifier ce qui était avéré et ce qui ne l'était pas, mais cela devenait fastidieux alors j'ai fini par me laisser porter par le récit… Je me suis souvent demandée en le lisant s'il n'aurait pas été préférable de lire « La malédiction d'Edgar » et « Avenue des Géants » avant…

L'auteur réussit à semer le doute chez le lecteur car il y a des vérités et des interprétations qui sèment le doute, donc objectif rempli ! comme le dit si bien Marc Dugain : « J'ai toujours considéré que la vérité est comparable à Dieu, la question n'est pas de la trouver mais de la chercher, intensément, sans intermédiaire, de bonne foi. » P 315

Dans l'ensemble, malgré mes réticences, j'ai plutôt aimé ce roman, qui a titillé ma curiosité et j'ai éprouvé beaucoup d'empathie pour Robert Kennedy que je connaissais peu, ce qui m'a donné envie d'en savoir davantage sur lui.
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Pour tout dire j'ai eu du mal à finir ce livre et je me suis même demandé si j'allais aller au bout tant cet auteur écrit de manière dense et parfois obscure : le nombre de fois ou il m'a fallu relire une phrase pour arriver à en comprendre le sens !
mais j'étais accrochée j'y suis arrivée et je ne le regrette pas je viens de découvrir un écrivain étonnant et l'envie de lire d'autres livres de lui
j'ai aimé ce mélange de fiction et d'Histoire le scénario est osé mais il fonctionne on y croit à la fin on ne sait plus si on est dans un ouvrage de fiction ou dans un documentaire
les chapitres sur les 2 assassinats le fonctionnement du FBI et de la CIA m'ont passionnée
cela m'a donné envie de me replonger dans l'histoire de cette famille Kennedy
quel monde de fous !
ce livre pose beaucoup d'interrogations dérangeant on en ressort troublé
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LC avec Bellonzo

Quand la petite histoire se mêle à la grande…..

Un sexagénaire, prof d'histoire à l'Université retourne sur les lieux de son enfance, avec Lorna son ancienne étudiante et compagne actuelle.

On apprend dans le premier chapitre qu'il a été très heureux jusqu'au moment il y a eu un drame familial. le lecteur connaitra ce drame bien plus tard et Marc Dugain nous prend par la main alternant les chapitres sur la vie de ce professeur d'université (nommé O' Dugain, son presque double ?) avec des chapitres sur la vie de John Fitzgerald Kennedy et de son frère Robert.

Côté famille du narrateur : le père du narrateur, psychiatre soignant les anciens déportés par l'hypnose est très distant, limite indifférent, sa grand-mère est juive et a survécu en France à la guerre de 40 et sa mère est irlandaise et reste plus dans l'ombre. Son père et sa grand mère ont dû quitter la France au début des années 50 pour le Canada et ils ne parlent quasiment jamais de cette époque…L'assassinat de JF Kennedy en 63, quand il a lui même 9 ans, le marque énormément.

Le narrateur, qui a seize ans à la mort de sa mère et dix-sept à la mort de son père (deux suicides étant la version officielle), est persuadé que la mort de ses parents est en lien avec celle de Robert Kennedy. C'est là qu'a résidé tout l'intérêt de ce livre pour moi : au-delà de l'enquête qu'il mène, j'ai essayé de faire la part des choses entre les évènements historiques relatés et les interprétations de ce professeur ; passionnant et quasiment impossible, je ne sais absolument pas quelle part d'invention et de réalité sont présentes dans ce roman où j'ai appris énormément de faits sur les deux Kennedy.

A un moment, on trouve l'auteur sensé et convaincant et deux pages après on a l'impression de se retrouver dans la peau d'un paranoïaque de la plus belle sorte…

En conclusion : intéressant et déstabilisant…..
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Un thriller très politique explorant l'une des multiples théories du complot autour de l'assassinat à quelques années d'écart des 2 frères Kennedy. Ce livre sombre et pessimiste est une charge sans nuances contre pêle-mêle la CIA et leur conjuration avec la mafia pour réussir un véritable coup d'état clandestin, contre les hommes politiques aux ordres du complexe militaro-industriel tout puissant comme les Bush père et fils, Nixon et autres Trumps (soupir !). Il s'affaire également à détricoter le mythe Kennedy, en mettant en exergue les faiblesses privées du wonder boy « Jack », John Kennedy et en s'attachant à détailler les failles abyssales de la personnalité tourmenté de son petit frère Bobby, assassiné durant sa course à la présidentielle. Dans le collimateur de l'auteur revient sans cesse la CIA… maître d'oeuvre des 2 assassinats selon Dugain, responsable du mouvement hippie et de la propagation de l'addiction au lsd et autres drogues (T. Leary comme agent de la CIA ?!) et autres vilenies et manipulations de masse…
Une plongée en apnée (mieux vaut se boucher le nez) dans les égouts du système politique et économique US gangrené par les mauvaises pratiques (doux euphémisme…) mêlée, et c'est l'idée intéressante, à l'histoire personnelle du héros (O'Dugain !) hanté par la mort tragique de ses parents, qui selon une enquête mené par le fils narrateur, serait en étroite relation avec l'assassinat de John Kennedy…
L'auteur alterne et entrelace grande histoire (celle du complot contre les Kennedy) et petite histoire (meurtres de ses parents)… La ficelle est parfois un peu grosse et difficile à digérer… (masquer) Passe encore que le narrateur découvre que son père, psychologue de renom spécialiste de l'hypnose, est un espion mais quand c'est la mère qui elle aussi s'avère être une espionne… (/masquer) Ces coup de théâtres un peu téléphonés sont peu crédibles, mais l'auteur s'en tire en entretenant en une ultime pirouette le doute sur la santé mentale de son héros, frappé de troubles psychotiques sévères, et qui a pu peut-être inventer ce passé, ces complots, ces assassinats…
Tous les chapitres consacrés à John Kennedy et Robert Kennedy et la possible version (très probable) de leurs assassinats commandités par la CIA et la mafia, sont bien documentés et forcément passionnants. le portrait de Bobby Kennedy, d'un homme bourré de complexes, d'hésitations, sans envergure réelle qui se lance en politique « par défaut », m'a paru plus laborieux…
L'écriture de Dugain (c'est ma première lecture d'une de ses oeuvres), assez pesante à lire, avec des répétitions constantes, des digressions nombreuses, … n'est pas forcément ma tasse de thé mais j'avoue qu'elle contribue à donner à l'ensemble une atmosphère de sombre paranoïa, collant parfaitement au sujet.


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