Merci à Babelio et aux éditions Flammarion pour l'envoi de cet exemplaire de
Ils vont tuer Robert Kennedy dans le cadre de l'opération privilégiée Masse Critique de juillet. Voici l'occasion de découvrir un livre de
Marc Dugain et ce en avant première. L'ouvrage peut être lu sans avoir mis la main sur les autres écrits de l'auteur.
De part se forme, il ne brille pas par son originalité. La couleur et la mise en page sont celles de la nouvelle revue française. Elle se résume en un mot : austère. D'un coup d'oeil, l'on parvient à identifier la collection et l'éditeur. La quatrième de couverture est suffisamment parlante sans en dévoiler de trop. La mise en page est sobre, suffisamment aérée avec des caractères de taille moyenne.
L'histoire est intéressante et riche. Nous suivons ici Mark O'Dugain, un universitaire, tourmenté qui a dû faire face aux décès de ses parents alors qu'il était adolescent. Miraculeusement mis à l'abri du besoin, le voici lancé dans une quête : enquêter sur leurs morts qu'il pense liées à l'assassinat de Robert Kennedy. Voici le fil rouge d'une plongée dans les Etats-Unis des années 60, alors même que le protagoniste vit au Canada. Quelques passages par un passé plus au moins proche apporteront quelques éléments de compréhension complémentaires.
Le roman est riche dans le sens ou il permet de lier quatre enquêtes. Les investigations relatives aux parents du protagoniste sont deux histoires en elles-mêmes. L'enquête sur l'assassinat
De Robert amène immanquablement l'auteur à s'intéresser à celui du grand frère. Il est d'ailleurs curieux de constater que cet épisode prend davantage d'importance que celui du petit frère. La vie
De Robert est plus abondamment décrite, de manière romancée, que sa tragique conclusion. Sa vie ne semble être qu'une préparation a ce qui va lui arriver.
Le titre semble donc assez mal choisi car trop réducteur. Si le lecteur s'attend à suivre les futurs assassins, il en sera pour ses frais. La démarche est plus ambitieuse. le passage d'une histoire à l'autre permet d'éviter l'ennui au risque de ressentir une certaine frustration lorsqu'un chapitre s'achève.
Le style de l'auteur est, par moments assez ardu. Certains passages se lisent avec aisance tandis que d'autres se font plus délicats. Un chapitre et certains passages sont à la limite du jargon. Ce constat est dû à une approche psychanalytique de certains événements ou personnages. Fort heureusement, ces parties-là ne sont pas les plus nombreuses, mais elles réduisent considérablement la fluidité de la lecture. L'ouvrage d'ailleurs se lit par petits bouts et exigera une certaine concentration.
Il s'agit ici d'un roman ; toutefois, comme le protagoniste est un universitaire, l'auteur lui passe le relais. le résultat est assez étonnant nous donnant l'impression d'être dans un autre support : ni un roman, ni un récit, ni un travail universitaire, mais un mélange des trois. L'absence de sources sera par contre assez embêtante. Ce sentiment s'efface toutefois à la lecture d'un dénouement surprenant. le lecteur est placé devant une drôle d'incertitude.
Le protagoniste est ici le narrateur. Il dévoile un ensemble dense, qui suit une structure qui lui est propre et à laquelle il faudra s'adapter. le style est donc intimiste et doit beaucoup à la réflexion. Les dialogues sont peu nombreux et les personnages qui participent directement à l'intrigue le sont tout autant (sinon moins). Cette approche renforce la complexité de l'ensemble.
Le démarrage est à peu près aussi ardu que la conclusion du roman tire le tout en longueur. le dénouement offre certes l'opportunité d'une relecture en introduisant une surprise (qui n'en est pas vraiment une puisque certains jalons ont été placés ici et là), mais elle arrive tout juste à rattraper le tir d'une conclusion déplacée. Après s'être intéressé aux suites de l'assassinat, l'auteur s'intéresse aux derniers présidents et à l'élection de 2016, tout en délivrant son point de vue et en en faisant le pari risqué de placer ici une prophétie. de nombreuses questions resteront sans réponse. Il n'est pas certain que tous les lecteurs soit ravi d''être ainsi frustrés… mais ils apprendront quelque chose sur eux-mêmes.
Le fond de l'ouvrage est indéniablement son point fort : l'intérêt porté sur l'entre deux Kennedy. Hélas, tout cela est également contrebalancé par une narration complexe et un ensemble assez ardu. Dans la première partie du roman, John Edgar Hoover tient une place importante. L'on ne peut que le détester et être tenté de découvrir
La malédiction d'Edgar, si ce n'est déjà fait. Mais pour cela il faudra d'abord digérer ce roman…