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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il n'est en fait pas question de guerre dans ce roman. Elle plante le décor à l'histoire de cet officier qui d'emblée reçoit un éclat d'obus dans les premières heures de la guerre de 14, le mutilant atrocement. Là il raconte, dans le "pavillon des gueules cassées" ce qu'il endure mais aussi comment il retrouva toute son humanité.
C'est un livre que j'ai trouvé sublime, émouvant sans jamais verser dans le pathos.
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Premiers jours de la guerre 14-18. Adrien, jeune officier fringant, est blessé. Il est le premier à intégrer le Val-de-Grâce, dans la chambre des officiers, là où l'on a enlevé tous les miroirs, là où l'on soigne les blessés au visage, ceux qu'on appellera plus tard les gueules cassées.

Il y restera tout le temps de la guerre, à subir interventions chirurgicales, à réapprendre à parler et à manger. Il y verra la douleur, l'espoir et le désespoir. Il subira la peur de l'extérieur, de se montrer face aux autres. Surtout, il vivra une intense histoire d'amitié avec des hommes et une femme comme lui, défigurés par la barbarie humaine.

Un livre magnifique, poignant, émouvant, servi par une plume limpide et addictive.

J'aime ces « petites » histoires,témoignages de la « grande » histoire, ces drames humains des uns face à la triste soif de pouvoir des autres.
Une très très belle découverte.
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Un aspect de la Grande Guerre qui n'a jamais été traité de façon aussi exhaustive : ceux que l'on appelait "les gueules cassées" et la place qu'ils ont pu se faire une fois revenus de la guerre. Marc Dugain arrive à nous faire croire à la capacité de résilience de quelques uns. Malgré toute la souffrance et l'horreur qui sourdent à travers une écriture sobre et maîtrisée, cet écrit est constructif et optimiste. En même temps, c'est une éloquente démonstration de l'absurdité de la guerre et de la vanité des "puissants" qui brisent des vies pour des questions d'hégémonie.
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Comme j'ai pu le dire par ailleurs, Marc Dugain est un des leaders indiscutables de la littérature française actuelle, sa seule limite tenant à la qualité variable de son inspiration.

Sa prose est toujours d'une finesse et d'une subtilité rares, d'une très grande lisibilité même pour les lecteurs les plus novices (beaucoup de dialogues, des phrases simples).

Cela n'a jamais été aussi manifeste que dans ce roman, son premier, qui le projeta tardivement sur le devant de la scène (cette oeuvre a reçu de multiples prix aussi significatifs que le prix des libraires ou celui des deux magots) au tournant du siècle, alors qu'il atteignait la quarantaine.

Lire la suite de ma critique sur le site le tourne Page
Lien : http://www.letournepage.com/..
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Aux premiers jours de guerre, en aout ou septembre 1914, le jeune lieutenant Adrien Fournier, ingénieur en génie civil est grièvement blessé à la face par un éclat de mortier allemand, alors qu'il effectuait une reconnaissance à cheval sur la Meuse avec deux autres officiers. Les éclats lui ont emporté une partie de la face et de la mâchoire.. Ses amis sont morts. Ne pouvant être soigné sur place, il sera rapatrié en véhicule sanitaire à l'hôpital militaire du Val de Grâce à Paris.... il devra supporter les conditions de transport difficiles et longues dans ces ambulances des débuts de l'automobile.
Il devient le premier patient du service destiné à accueillir les officiers blessés à la face.
Rapidement d'autres officiers le rejoindront. Il se liera d'amitié avec deux autres blessés. Il y restera quatre ans et huit mois, et subira plusieurs opérations après des anesthésies à l'éther . Des opérations de chirurgie balbutiante et expérimentales, au cours desquelles étaient tentées des greffes d'os prélevés sur des nourrissons décédés, de cartilages d'animaux...Les guerres ont toujours fait progresser la médecine et la chirurgie
"La chambre des officiers" est tout d'abord un reportage sur les conditions de soin et de vie de ces Gueules Cassées, soldats, officiers, officiers supérieurs...tous blessés soignés dans des services différents et ne se rencontrant pas, ne se fréquentant pas : l'armée ne mélangeait pas les torchons et les serviettes.
Mais c'est avant tout un livre fort sur les relations humaines.
Ces hommes au visage ravagé, au destin lié par leurs infirmités, voyaient dans l'autre l'image de ce qu'ils étaient devenus : afin de ne pas les traumatiser, tous les miroirs avaient été supprimés. Ils sont tous touchants, forts ou faibles selon les jours, selon leurs souffrances, ensemble ils s'épaulent, se soutiennent face à la forte tentation du suicide qui peut parfois surgir. de cette amitié nait en chacun d'eux la volonté d'envisager le futur, d'affronter le regard des autres et d'abord celui de la famille, la déchéance qui les guette. Par petits groupes, et à l'occasion de petites sorties en ville, ils arrivent à supporter le regard des civils, et celui des femmes : ils sont l'horreur de la guerre, ils n'ont pas eu "la chance de mourir"...ils doivent vivre avec ce regard d'autrui.
Une fois la guerre finie, une fois que la médecine et la chirurgie ne pouvaient plus rien faire pour eux, il retrouvaient la vie civile, les planqués qui avaient pu échapper à la conscription, ils devaient retrouver une place dans cette société, et malgré le manque d'hommes, retrouver leur place auprès des employeurs, trouver une épouse....
Pendant des années, ces Gueules Cassées ont eu besoin de la solidarité nationale, je me souviens que la Loterie Nationale organisait périodiquement dans les années 50-60 un tirage spécial des Gueules Cassées.
Malgré le sujet difficile, La Chambre des Officiers est un livre agréable à lire et vite lu. C'est un livre profondément humain, un livre sur l'amitié nécessaire pour surmonter bien des difficultés.
C'est aussi un livre qui doit permettre à chacun de changer son regard sur les autres, sur l'infirmité, le handicap...

Lien : https://mesbelleslectures.co..
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A chaque fois que je retourne dans ma chambre d'étudiante et que je me retrouve face à ma bibliothèque, je souris toujours devant les livres qui y ont place. Je souris et j'ai envie de tous les relire. Hier soir, mon choix s'est arrêté sur La Chambre des officiers de Marc Dugain.

chambre_des_officiersMes souvenirs étaient quelques peu flous. Je me souvenais par ailleurs que ce livre m'avait beaucoup plu. de suite. Et je dois avouer que l'expérience s'est hier soir répétée. Marc Dugain nous délivre les pensées et la guerre d'Alain, blessé de guerre. Défiguré, on y découvre la guerre vue à travers les yeux d'un blessé, cloîtré dans un hôpital d'officier. D'un blessé, nous obtenons au fur et à mesure des pages une troupe de blessés. Tous défigurés. Unis par le même traumatisme, par la même guerre, ils s'opposent par ailleurs sous de nombreux autres aspects. J'aime beaucoup la plume de Marc Dugain. Cette plume donne davantage de réalisme aux propos et aux pensées d'Alain : on y découvre l'Humanité, là où l'Humanité est mise en danger : en temps de guerre. Avec brio, il s'éloigne du mélodrame. Pas de pathétique. Pas de « on sort les mouchoirs et on pleure ». Non!

C'est sans doute pour cette raison que je recommande ce roman original. Original parce qu'il traite d'une guerre trop souvent oubliée, de soldats évincés, d'une Humanité mise en danger. Comme je vous le disais plus tôt, ce roman se dévore à l'adolescence tout comme à l'âge adulte. Et si vous avez la flemme de tourner quelques pages, paraît qu'il y a un film inspiré du livre. Que demande le Peuple ?
Lien : https://leslescturesdespleen..
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Une histoire dure mais réellement belle et intense malgré ce que je pouvais en penser avant de le lire. En effet, malgré le lieu principal du récit (l'hôpital), je me suis trouvé attiré par l'histoire est ses différends protagonistes au point de le dévorer et d'essayer d'arriver toujours plus rapidement à la page suivante. Belle découverte.
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Marc Dugain nous fait sentir toute l' atrocité de cette guerre hideuse et meurtrière: Non seulement elle tue, mais elle mutile ces soldats abominablement en leur ôtant le visage.
Ces gueules cassées sont devenues le reproche vivant et constant des horreurs de la guerre.
Abel Gance leur rendra hommage, à ces mutilés de la face, dans son film " J' accuse ".
Les morts disparaissent sous la terre, les gueules cassées, non!
Comment, avec de tels cauchemars, repartir en guerre vingt ans plus tard!?
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Quoique le sujet de ce livre soit connu à l'avance, son impact sur le lecteur est très fort et durable. Dans ce court roman, Marc Dugain évoque la guerre de 1914-1918 et, plus précisément, les "gueules cassées". Ces soldats ont par hasard échappé à la mort, mais ils ont été marqués à vie par de terribles mutilations à la face, beaucoup trop visibles. le narrateur, un lieutenant nommé Adrien Fournier, est blessé dès le début des hostilités et passera toute la guerre dans un hôpital militaire. Les lésions gravissimes dont il souffre seront soignées et atténuées, grâce à de nombreuses opérations effectuées par un chirurgien compétent et proche de son patient. Mais surtout, il devra accepter que son apparence soit devenue pour autrui un objet d'effroi et de pitié; c'est pourquoi il refusera longtemps toute visite de sa famille. Toutefois, une vie sociale intense s'organise spontanément dans la chambre des officiers où il est hospitalisé; le lieutenant se lie à d'autres mutilés, notamment à Penanster et à Weil, ainsi qu'à une femme mutilée prénommée Marguerite. Il sortira seulement en avril 1919. Cette libération n'a pas que de bons côtés, loin de là ! Il faut affronter le regard des autres, retrouver du travail, et chercher la trace de Clémence, une jeune femme qu'il a aimée juste le jour de la mobilisation générale.

Ce récit laisse une très forte impression d'authenticité, on croirait presque à un témoignage de première main. de fait, ce livre est dédié au grand-père de l'auteur, une "gueule cassée". Mais surtout le ton employé dans le roman est très étonnant: sec, factuel, dépourvu d'amertume, infiniment éloigné de tout pathos, et pourtant sans le moindre cynisme ou cruauté. Marc Dugain choisit très pertinemment ses sujets et les traite avec une grande maîtrise. C'est un grand auteur contemporain, ce livre en est l'une des preuves.
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En 1914, le lieutenant Adrien Fournier est un beau jeune homme de 24 ans qui s'apprête à partir pour contribuer à l'effort de guerre et défendre la patrie.
Il ne verra pas ou très peu la guerre. Malheureusement pour lui, il fera partie des centaines de milliers de jeunes hommes qui en voulant accomplir leur devoir patriotique sont revenus dans un état qui n'était ni vraiment celui des vivants ni celui des morts.
Marc Dugain nous raconte le terrible quotidien d'Adrien Fournier qui restera à l'hôpital du Val-de-Grâce de 1914 à 1919 pour que les médecins tentent de reconstruire son visage. Entré dans la guerre en jeune homme, il en sortira en gueule cassée.

Ce court roman constitue (pour moi) une excellente surprise ! Il a d'abord le sujet, assez original : faire parler une gueule cassée - un thème aussi vite effleuré, aussi vite oublié lorsque j'étais en cours d'histoire. Tout le long de ces 170 pages, l'action se déroule dans des espaces fermés (principalement l'hôpital et le bordel). Des endroits qui ne constituent pas nécessairement des cocons, mais qui protègent les personnages du monde extérieur et de leurs regards ahuris et embarrassés. On le comprend bien dans les quelques scènes qui ont lieu dans la rue. La rue, si elle n'est pas vue depuis la fenêtre de l'hôpital est un lieu angoissant où l'on s'expose au yeux du monde qui lui a continué de fonctionner.

C'est surtout un roman très émouvant dans lequel on sent la profonde empathie de l'auteur pour son sujet - son propre grand-père ayant été une gueule cassée. Et bien que le sujet ne prête pas à rire, il y a malgré tout beaucoup d'humour dans cette histoire, beaucoup d'ironie notamment (l'ironie étant pas définition un regard oblique). Cet humour fait bien sûr écho aux magnifiques scènes et jeux de regard et de silence qui sont décrits.
Au-delà même de l'histoire de cette convalescence, le point de vue du personnage sur l'évolution de la France des années 1920 à 1940 était très intéressant aussi. le tout est servie par une écriture très simple mais efficace.

Je me demande bien pourquoi j'ai attendu si longtemps pour lire ce roman ! Au -delà de l'aspect littéraire et de cette touchante mise en scène de la vulnérabilité et de l'absurdité, La chambre des officiers est un hommage pudique mais sincère à tous ces jeunes hommes défigurés pour la patrie pour laquelle cette dernière s'est montrée bien ingrate.


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