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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai acheté La chambre des officiers dans un vide-grenier cet été et je l'ai lu d'une traite.

Voilà longtemps que je voulais lire ce roman et j'ai beaucoup aimé suivre le long retour à la vie d'Adrien dans « La chambre des officiers ». Marc Dugain nous fait pénétrer avec effroi dans les coulisses de la première guerre mondiale, à travers le sort des « gueules cassées ».

Pas de glaces au mur bien-sûr. Mais beaucoup de gémissements et de mauvaises odeurs. Les chirurgiens font ce qu'ils peuvent, ils tentent de nouvelles expériences pour redonner à ces jeunes hommes un visage moins effrayant. le temps est suspendu mais pendant ce temps la grande boucherie continue, d'autres blessés graves arrivent encore.

Les compagnons d'infortune d'Adrien sont dignes et attachants, l'écriture de Marc Dugain est sobre et efficace pour nous faire partager leur indéfectible amitié, leurs douleurs comme leurs victoires. Et toutes les premières fois. le premier regard dans la glace, le premier regard dans celui de sa femme, de sa mère ou de son enfant, la première sortie….

Mes grands-parents maternels se sont connus avant que mon grand-père parte faire son service militaire pour une durée de trois ans. Ensuite la première guerre mondiale fut déclarée. Mon grand-père fut blessé à plusieurs reprises aux jambes mais à la fin du conflit, ils ont enfin pu se marier. Que ce serait-il passé, au terme de cette belle attente s'il avait été lui aussi une « gueule cassée » ?

Ce livre est bouleversant car le sujet est d'une rare violence mais il est traité avec délicatesse. On sourit, on espère en lisant ce court roman auquel je repense souvent et que j'ai déjà prêté deux fois.

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Lorsqu'il était enfant, Marc Dugain accompagnait son grand-père à La maison des Gueules cassées de Moussy-le-Vieux, château qui avait accueilli les soldats de la Première Guerre mondiale mutilés du visage.

Dans son premier roman, La Chambre des officiers, l'auteur français retranscrit avec une étonnante précision le quotidien de ces soldats dans une narration sublime, dont les héros sont déchirants d'humanité.

Nous suivrons des personnages émouvants, ballotés entre une effroyable réalité et la lutte pour la guérison et la réhabilitation, passant par un énorme travail de résilience, dans une trame bien construite, teintée d'espoir et de solidarité.

Marc Dugain fait de ce drame de l'Histoire, matière à un roman factuel et glaçant, porteur de réflexions.
Il a un talent particulier pour révéler ce qui est profond en distillant l'écume des choses, donnant ainsi à saisir le poids de chaque minute ordinaire d'une existence.

Ce court roman nous propose des pages aussi douloureuses qu'émouvantes dans lesquelles la permanence se dispute à l'inconstance – et à l'arrachement.


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La guerre de 14-18 vécue à travers le prisme de l'hôpital militaire et de ces gueules cassées qui affluent au point que des chambrées leur sont exclusivement réservées. La chambre des officiers est l'une d'entre elles. Blessé en 1914 alors que la mobilisation était à peine achevée, Adrien Fournier, le narrateur, est la première gueule cassée à intégrer l'hôpital du Val de Grace. Pendant les cinq années qu'il va passer à l'hôpital, il va voir les lits se remplir inexorablement. Il va également nouer des amitiés et découvrir les prémices de la chirurgie esthétiques.

La sobriété de l'écriture rend ce livre particulièrement bouleversant. C'est dans ce qu'Adrien ne dit pas que toute l'absurdité de cette guerre prend son ampleur. Il ne s'attarde pas sur la souffrance et la détresse mais elles suintent dans les gestes du quotidien ainsi que dans la dérision, présente en filigrane. J'ai un peu moins aimé le dernier quart, peu après sa sortie de l'hôpital. Il s'étire selon moi un peu trop dans le temps en le survolant, à l'instar d'un épilogue. Mais c'est une très belle histoire, sensible et délicate, sur le combat de ces hommes pour reconquérir la joie de vivre, convaincus que cette guerre ne peut être que la der des der. A noter également que c'est personnellement la première fois que je vois évoquer en littérature les gueules cassées féminines, ces femmes parties soigner les blessés aux avant-postes et qui en sont revenues mutilées.
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Mardi 16 avril, Paris se réveille la gueule cassée. L'éphémère nous foudroye. Personne ne l'avait vu venir. Nous la considérions comme un acquis. Elle était à nous. Par habitude. Par ignorance, aussi. Au point de ne plus la regarder, notre Dame. Savoir sa présence, sans vraiment s'en soucier, comme si ... Une flamme, un feu, un brasier, et la flèche orgueilleuse s'effondre. Notre Dame perd ses bois. Reste une béance. Et cette constatation, le pire est évité ; elle tient bon. Tenir bon, ce long travail de résilience qu'inconsciemment nous sommes si prompt à occulter. D'où ce devoir de mémoire.


La der des Der. L'enrôlement, le chagrin des départs … au front, porté haut. Soudain le vent du boulet. L'éphémère toujours par surprise, nous rattrape. Et comme toujours la sidération suivie presqu'aussitôt par une euphorie irrépressible : on est passé à côté du pire. Mais fallait voir la gueule de l'euphorie au moment de retirer les bandages. Ah, je sais bien, allez, que la douleur physique rend la comparaison inaudible. Un long travail s'annonce pour sauver cette part de nous-mêmes, en danger. Rien n'est acquis, tout est à conquérir. Lent travail, et son cortège d'espoirs, d'angoisses, de supputations, d'essais, d'attentes, de déceptions, de rémissions, de progrès au résultat toujours surprenant, quel qu'il soit, chemin de courage.


La chambre des officiers est une histoire pleine d'humanité et de fraternité dans les temps les plus noirs. J'ai beaucoup aimé la simplicité du style, sans effets, sans excès de sensiblerie, sans pathos superflu. Bref, Marc Dugain va sobrement à l'essentiel, ce qui rend ses personnages lumineux et attachants. Certes toutes ces victimes de guerre, ces gueules cassées, n'ont pas retrouvé au Val-de-Grâce les morceaux perdus, mais certaines y ont trouvé une part d'elles-mêmes jusqu'alors inexprimée.


D'où ce billet à l'intention de mes amies et amis de Paris, de toute la France, avec cette petite citation en guise de cataplasme : p.172 « Il y avait beaucoup de tristesse dans leurs regards.
Je me serrai contre Well et lui demandai.
- Qu'est-ce qu'on va faire, maintenant ?
Il eut un long silence avant de répondre :
- On va leur apprendre la gaité. »
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Des horreurs de la première guerre mondiale, Adrien n'aura rien vu et pourtant il est le représentant direct des ravages qu'elle a pu causer… Touché par un éclat d'obus lors de sa première mission, le jeune officier est transporté à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce dans lequel il passera plusieurs années à subir de nombreuses opérations de reconstruction faciale. Car de son visage mutilé, il ne reste presque rien… La partie inférieure a été emportée par l'obus ne laissant qu'un trou béant et monstrueux… Comme tant d'autres « gueules cassées », il deviendra un cobaye pour la science, témoin et acteur dans l'avancée spectaculaire des progrès chirurgicaux.


En s'inspirant de l'histoire personnelle de son grand-père, Marc Dugain nous offre un premier roman bouleversant, consacré aux grands mutilés de la guerre, très justement nommés les « gueules cassées ». Des milliers de vies brisées, dépossédées d'une certaine façon de leur identité dont il va falloir panser les plaies, remodeler les formes et tenter d'atténuer le traumatisme dans un pays toujours en guerre, où les blessés ne cessent d'affluer.

Malgré ces visages défigurés, monstrueux, l'auteur parvient à faire ressortir toute l'humanité de ses personnages, ces officiers liés entre eux par le destin et qui se renvoient comme un miroir l'image de ce qu'ils sont devenus… Des protagonistes touchants, tendres, conscients de leur réalité et néanmoins désireux de se raccrocher à l'espoir d'un futur meilleur. L'écriture est simple, sans fioritures et néanmoins parfaitement ciselée, très forte, offrant un premier roman pour le moins réussi, rendant un hommage poignant à toutes ces figures de la première guerre mondiale !
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Nous avons tous vu des photos des Gueules cassées de la guerre de 14-18, mais une fois les plaies cicatrisées et les reconstructions effectuées. Pour ma part je n'avais jamais lu un livre qui racontait toute la souffrance et l'horreur qui précédaient ces clichés !

Marc Dugain met en scène son grand-père, officier, qui avait été blessé dès le début de la Grande Guerre sans avoir jamais croisé un Allemand ! Il passera toute la guerre au Val de Grâce à Paris, à tenter de récupérer un visage, une raison de vivre, une dignité et le courage d'affronter le regard des autres !

Ce livre est très poignant et douloureux dans ces descriptions, même si parfois j'ai plutôt eu l'impression d'être spectatrice, alors que c'est Adrien qui s'exprime. Marc Dugain a pris un peu trop de distance dans le récit, même si toutes les horreurs, la douleur et les difficultés ont été décrites.

Mais au-delà des séquelles irréparables de l'effroyable boucherie que fut la der des ders, ce livre est rempli d'espoir, de solidarité, d'optimisme et d'amitié indéfectible !

A lire même si notre imagination ne pourra jamais aller plus loin que les mots, sans approcher la réalité subie !

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« - La der des der !
Nous avons partagé ce rire qui mettait fin à sept années d'un isolement particulier, étrange pièce de théâtre à deux décors, une salle d'hôpital militaire et le sous-sol d'une grange bretonne. »

Oui, j'y pense beaucoup à cette réflexion, la der des der. C'était normalement la der des der et pourtant cela a recommencé. Bientôt la commémoration du 8 mai et cela met dans ma bouche un goût amer. Il faut toujours faire attention, les nationalismes reprennent corps et parfois j'ai peur.

C'est particulier de découvrir un roman qui revient régulièrement sur la scène des lecteurs et de le trouver un petit peu loin des espérances qu'on y avait mises. Certes l'écriture est fluide, les personnages manquent peut-être un peu de profondeur pour moi. J'ai beaucoup préféré Les fleurs d'hiver d'Angélique Villeneuve qui traité également des gueules cassées.
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Marc Dugain dans ce premier roman très remarqué rend un magnifique hommage aux soldats dit "les gueules cassées".
Adrien F., jeune lieutenant dans le génie voit se terminer dès les premiers jours, cette boucherie ignoble que fut la première guerre mondiale, un éclat d'obus lui arrachant la partie inférieure du visage. Rappatrié sur l'hôpital militaire du Val de Grâce, il va devoir livrer une autre bataille tout aussi éprouvante et terrible, redonné à un sens à sa vie. Entre greffes, soins , Adrien se bat entre désespoir et courage. Un formidable playdoyer pour la reconnaissance de la différence, Une leçon d'amitié (avec ces compagnons de douleurs Pierre, Henri) qui vous serre la gorge, une leçon aussi d' hommes qui malgré l'insupportable retrouve goût à la vie.
D'un écriture sobre, juste, tout en retenue, Marc Dugain écrit un roman en tout point remarquable.
Dernier point, regardez l'adaptation ciné de François Dupeyron avec Eric Caravaca, très réussie.
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Adrien, le grand père de l auteur, est blessé dès les premiers jours de la première guerre mondiale. Une blessure qui lui a arraché une partie du visage et fait de lui ce qu on appellera Une gueule cassée.
Conduit à l hôpital du Val de Grâce, il inaugure la chambre des officiers d où il ne ressortira qu en 1919. Chambre qu il ne quittera que pour subir diverses interventions chirurgicales. d'autres blessés de la face arriveront aussi et on verra naître de belles amitiés entre ces hommes et aussi Marguerite infirmière blessée sur le champ de bataille.
Le livre aborde le parcours du combattant de ces hommes meurtris: la découverte de leur nouvelle apparence, le dévouement du corps médical, les balbutiements de la chirurgie esthétique, le regard des autres, la douleur, le désespoir mais aussi cette franche camaraderie et entraide entre ses compagnons d infortune.
Un roman poignant.
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Dans ce roman court et concis,Marc Dugain raconte l'itinéraire d'une gueule cassée, et c'est comme une déflagration dans mon petit monde littéraire.
La première guerre mondiale à peine commencée, le jeune lieutenant Fournier reçoit un éclat d'obus qui crée une béance au milieu de son visage. Il va passer toute la guerre dans la "chambre des officiers" de l'hôpital du Val-de-Grâce, où des médecins passionnés se réjouissent malgré eux de pouvoir expérimenter la chirurgie maxillo-faciale sur les soldats-cobayes.
Outre l'évolution des techniques chirurgicales, Marc Dugain raconte de l'intérieur la vie d'une gueule cassée : la perte des sens, la difficulté de s'exprimer, l'évitement des autres, la haine des Boches puis des généraux, et surtout l'incroyable solidarité qui unit ces compagnons d'infortune, qui veillent à s'empêcher mutuellement de se suicider quand le désespoir devient trop profond.
C'est bouleversant, sans jamais être larmoyant. Tout en sobriété, Dugain dresse le portrait d'une époque, et ouvre la réflexion sur la folie des hommes, mais aussi sur le sens du sacrifice, la résilience, et l'identité. Tout cela en 170 pages : de quoi ôter son chapeau !
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