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sur 4067 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un titre : « S'adapter » en référence au troisième enfant de la fratrie qui naît handicapé et qui mourra jeune.

Un bandeau : un mur en pierres, celles qui racontent l'histoire, dans cette nature majestueuse des Cévennes.

Trois chapitres : « L'aîné », « La cadette » et « le dernier », pour les trois enfants restants, ceux qui ont appris à grandir avec leurs différences.

Deux citations (parmi tant d'autres) qui peuvent montrer la poésie et la profondeur de ce court récit :

« Si un enfant va mal, il faut toujours avoir un oeil sur les autres. […] Car les bien portants ne font pas de bruit, s'adaptent aux contours cisaillants de la vie qui s'offre, épousent la forme des peines sans rien réclamer. Ils seront les gardiens du phare détestant les vagues mais tant pis, refuser serait déplacé. Un sentiment de devoir les guide. Ils se tiendront là, vigies dans la nuit noire, se débrouilleront pour n'avoir ni froid ni peur. Or, n'avoir ni froid ni peur n'est pas normal. Il faut venir vers eux. »

« Dira-t-on un jour l'agilité que développent ceux que la vie malmène, leur talent à trouver chaque fois un nouvel équilibre, dira-t-on les funambules que sont les éprouvés ? »

Ce roman est émouvant, bien écrit, sur des questionnements intemporels…

Je n'avais jamais rien lu de Clara Dupont-Monod que je ne connaissais qu'à travers les chroniques radiophoniques.

Je referme cette lecture en me disant qu'elle sera sans doute dans mes préférées de cette rentrée littéraire 2021.
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Couronné de nombreux prix littéraires, dont le "Cabri d'Or 2022" pour le dernier en date, le15 Novembre dernier, "S'adapter" de Clara Dupont-Monod est une ode à la sensibilité, à la bienveillance, à la résilience.

Comme l'autrice le précise elle-même, "ce livre est une histoire de famille, un hommage aux liens que les Cévennes entretiennent avec les personnes. La montagne accueille sans juger, comme savent le faire les Cévenols".

Court roman, l'ouvrage n'en n'est pas moins riche en émotion, construit sur le récit des 3 enfants de la famille et leur perception de l'enfant différent, de sa place dans le foyer comme dans la société car "inadapté" et de l'accès aux soins.

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Dans un hameau des Cévennes, les pierres ancestrales, telles les aîeules des villages, vont nous conter une histoire. C'est celle d'une famille comme tant d'autres : des parents, deux enfants, et un troisième qui arrive. Joie et bonheur autour du nouveau né. Mais celui-ci ne sera pas comme les autres. On dit que trop souvent les enfants sont les grands oubliés des drames. Cette fois-ci, c'est à travers eux que se dessine la petite vie de l'enfant inadapté et celle de toute sa famille. L'aîné la cadette, le dernier… une fratrie où les individus ne vivent pas de la même façon la présence de ce frère inadapté, où chacun cherche à s'adapter à une vie qui n'est pas comme les autres.


Le Prix Goncourt des lycéens est toujours un prix que j'attends avec impatience. Les lycéens savent en effet toujours récompenser les romans qui parlent avant tout au coeur. Un e nouvelle fois, leur choix est le bon. Clara Dupont-Monod aborde ici un thème douloureux et difficile – la présence d'un enfant lourdement handicapé dans la famille. Par le truchement des pierres qui entourent la maison familiale, elle nous dessine le portrait de ce frère et de cette soeur – du petit dernier ensuite - qui « s'adaptent » à leur façon, selon leur sensibilité, à cette déflagration causée par l'arrivée de ce petit-frère différent. Car « S'adapter » est avant tout l'histoire d'une fratrie, les parents n'apparaissant que sous l'oeil à chaque fois différent des uns et des autres. Pour l'aîné, déjà investi de son rôle de protecteur et toujours inquiet des plus faibles, c'est la confirmation de son rôle. Une vocation pourrait-on dire. Ce petit, il doit le protéger et le choyer. Leur relation en devient fusionnelle, leur ressemblance physique se fondant et se complétant. Ses gestes pour son frère sont bouleversants. Pour la cadette, la réaction sera celle de la colère, du dégoût et de la culpabilité. Seul un nouveau drame dans sa vie marquera l'arrêt de sa révolte et la fixera sur un nouvel objectif : rapporter la paix et la sérénité dans sa famille. le petit dernier enfin, qui ne connaîtra jamais son frère disparu avant lui, se calera dans la faille. Celle de l'avant et de l'après. Ce compagnon invisible s'installe au creux de sa vie et c'est en lui parlant, en quémandant les souvenirs de ses aînés, qu'il tisse son lien avec l'absent si présent.
C'est au coeur d'une nature puissante, au pied de la montagne surplombant la rivière, le long des drailles, que se déroule cette histoire familiale. Bruits de la nature, senteurs sauvages, sont tout autant de stimuli à l'enfant qui ne voit pas que de remèdes à ceux qui l'entourent. Dans un autre angle, le contexte social et administratif est également décrit avec sincérité. Les pierres qui racontent apportent enfin une intemporalité au récit tandis que le temps défile sous nos yeux autour de personnages qui nous sont proches alors même que l'on ne les nomme pas.

Récit pudique et plein de poésie, d'une infinie douceur et ô combien bouleversant, « S'adapter » est une histoire de famille si intime et sensible qu'on la quitte sur la pointe des pieds.
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Une fois le roman de Clara Dupont-Monod refermé, il reste une impression de plénitude.
Tout de même étonnant alors que l'on vient d'accompagner une fratrie dont l'un des leurs est handicapé.
Non ,pas un handicapé. Comme le dit l'ainé dès les premières lignes du roman :" Un jour dans ma famille est né un enfant inadapté "
Inadapté, s'adapter. Des mots qui résonnent tout au long du roman, qui résonnent dans la montagne cévenole ou habite cette famille.
Cette famille dont le regard sera porté sur les enfants. D'abord et surtout les émotions et les ressentis des enfants. Tout passe par eux. Les parents , les adultes en retrait mais présent.
Trois enfants autour d'un être inadapté : l'ainé , la cadette et puis le dernier qui n'aura pas connu l'enfant inadapté.
Trois enfants et trois regards , trois combats , trois souffrances, trois espoirs.
L'ainé emporté par l'amour , l'empathie pour son frère . Une relation de caresse, de toucher, d'ouie. Une intiminté avec la nature et la montagne.
La cadette , elle, dans sa colère 'avoir perdu son frère ainé par la faute d'un enfant inadapté. Elle refuse tout contact avec se frère qui ne lui renvoie que souffrance physique et malformations.
Le dernier, qui lui se sent enfant de remplacement. Serait-il là si le petit frère n'avait pas été handicapé ? Quel rôle veut on lui faire jouer. Pense-t-il être un sauveur ?
Trois enfants dont la relation au frère inadapté va transformer leur vie future entre effacement et suractivité.
Avec cette fratrie, Clara Dupont-Monod nous livre un roman magnifique et lumineux , toujours sur le fil mais d'une humanité et de profondeur d'âme remarquable.
L'âme ? il faut en parler car elle irrigue ce roman et pas seulement dans le coeur des personnages
Clara Dupont-Monod n'a surement pas choisi par hasard de situer son roman dans les Cévennes. Les Cévennes ont une histoire , une âme. L'âme des camisards; des protestants, l'âme d'un pays montagneux à la vie dure. Et dans cet état d'esprit Clara Dupont-Monod a choisi de faire vivre son roman par des pierres. Les pierres mousseuses de la cour intérieure de l'habitation.
Des pierres qui parlent, qui s'émeuvent. Des pierres qui ont une âme. Des pierres dont l'ainé se sent proche.
Cet ainé si proche de son frère inadapté et si proche de la nature ,de la montagne, des pierres. Ces pierres dont il demande le soutien . Ces pierres qui font partie de cette famille. Ces pierres qui depuis des siècles protègent cette habitation.
Ce terreau humain et naturel m'a profondément touché .
Emprisonné dans son corps flasque, ce petit garçon aveugle n'a que peu de capacité pour entrer en contact avec l'autre. Et pourtant il fait parti du monde, que ce soit le monde humain ou le monde naturel.
Un supplément d'âme dont une fratrie et des pierres mousseusses s'emparent dans un grand roman.
Lien : http://auxventsdesmots.fr
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Je reste en général méfiante lorsqu'un ouvrage reçoit de nombreux prix littéraires, comme quand il obtient de trop bonnes notes sur Babelio d'ailleurs. En effet, je suis souvent à contre-courant et ma déception est à la hauteur de ce que j'en avais attendu. "S'adapter" a échappé à cette malédiction et devient mon premier gros coup de coeur de l'année.

Je suis littéralement tombée sous le charme de l'écriture de Clara Dupont-Monod que je découvre avec ce titre. On sent que chaque mot en a été pesé pour donner toute la profondeur à l'histoire sans pour autant la complexifier. Dès les premières pages, j'ai été envoutée par le décor, ces Cévennes âpres et caillouteuses, territoire à la fois hostile et protecteur qui exige beaucoup de ceux qui y vivent. La nature est très présente dans le roman car c'est elle qui façonne les hommes. Ici, on ne lutte pas, on s'adapte.
Et quelle originalité de choisir comme narratrices les pierres rouges de la maison où vit cette famille bouleversée par l'arrivée d'un enfant "inadapté". Spectatrices privilégiées et discrètes, elles vont rapporter la réaction de chaque membre de la fratrie face à cet évènement inattendu.
Clara Dupont-Monod a basé son roman sur sa propre histoire familiale. Elle ne nomme aucun des protagonistes et a divisé son livre en trois parties. Il y a d'abord la réaction de l'aîné, le solitaire, qui, tout de suite, va s'attacher à ce petit frère et se poser en ange gardien au point de s'oublier dans ce rôle. Il va s'investir totalement auprès de cet enfant auquel on ne donne qu'une faible espérance de vie, privé de tous sens sauf de l'ouïe par une maladie génétique, pour l'éveiller notamment par le toucher ou en mettant la nature à sa portée.
Et puis il y a la réaction de la cadette, celle que la colère va terrasser, l'empêchant de porter une quelconque attention au bébé. Ce nouveau venu lui vole l'amour de son frère, l'attention de ses parents, perturbe, car il lui fait honte, ses amitiés. Au décès de sa grand-mère vers laquelle elle s'est tournée, elle va prendre conscience que, si elle ne fait rien, le cocon familial va voler en éclats par épuisement général. A son tour, elle va mettre toute son énergie à aider les uns et les autres et maintenir le cap.
Enfin, il y a le dernier, qui très tôt, a compris qu'il est venu en remplacement de celui qui est parti et qui va devoir accepter de vivre avec un fantôme à son côté pour réussir à se faire une place dans cette famille unie par une épreuve du passé.

J'ai tourné la dernière page encore sous le coup de l'émotion. C'est un roman totalement lumineux qui ne tombe jamais dans le pathos. Les sentiments sont portés par le décor. le titre magnifiquement choisi résume parfaitement toute cette histoire qui vaut largement les 5 étoiles et le 20/20.
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Clara Dupont-Monod m'a happée avec son nouveau roman S'adapter paru chez Stock pour cette rentrée littéraire 2021. Je n'avais pas prévu de le lire tout de suite, un autre roman était prévu. Mais, dès que j'ai lu la première page, je n'ai pu reposer ma liseuse que lorsque je l'ai eu fini !
Rare sont les fictions qui se penchent sur une personne en situation de handicap ! Encore plus rare sont les romans qui se placent à hauteur de la fratrie ! Clara Dupont-Monod choisit de raconter en trois chapitres, les réactions des trois enfants afin de montrer le bouleversement de leur vie, les retentissements du handicap sur leur vécu et leurs comportements. Ainsi, nous suivons l'aîné, puis la cadette et enfin le petit dernier, né après !
Comme souvent, il y a d'abord l'inquiétude des parents : une maman, Elle, qui remarque en passant une orange devant les yeux de l'Enfant, que son regard ne bouge pas comme d'ailleurs, le reste de son corps. Il ne parle pas. Il sourit. Il est silencieux la plupart du temps. « Abimé » « Inachevé » non « Inadapté » !
Il n'a pas de nom, c'est l'Enfant ! Les deux autres enfants réagissent chacun avec leur caractère, leur âge, leur personnalité, leur place dans la fratrie. Et chacun va évoluer dans ses réactions selon son vécu jusqu'à pouvoir s'inscrire dans leur vie d'adulte. A l'annonce de la cécité du bébé, le premier a arrêté d'emblée son enfance, arrêter de jouer, arrêter l'insouciance et appris à protéger et à éveiller. La seconde a gardé son enfance mais a nié l'enfant atypique pour évoluer vers la protection de l'ensemble de sa famille. Et, pour celui qui vient après, qui ne l'a pas connu, mais dont la vie toute entière sera marquée irrémédiablement par sa présence de son absence qu'il appellera « mon presque moi » et qui choisira de consoler ses parents !
Clara Dupond- Monod choisit de bâtir son récit à partir du ressenti des pierres du mur de la cour du hameau qui abrite une vie devenue extra-ordinaire où chacun apprend de l'inaptitude à vivre dans la normalité !
S'adapter est un récit hors-norme où les enfants deviennent les soutiens d'une famille en pays cévenol, pays de fierté et de courage, pays aussi protestant où on s'adresse, depuis toujours, directement à Dieu, sans intermédiaire, pays de « loyauté, endurance et pudeur ».
Tout est résumé ! La loyauté car aucun, malgré les colères, n'abandonne le combat et défend l'union de cette famille. Endurance, car tous acceptent de perdre sa normalité lorsque l'anormal rentre dans la maison. Pudeur, car personne ne se plaint, chacun sert les poings et fait face, dans la solitude de son ressenti et le respect des autres.
Comme en soutien des efforts de chacun pour surnager, les pierres assistent et nous révèlent la réalité nue des enfants. le style est haché. Les phrases sont courtes. Elles décrivent des faits, des attitudes, des comportements où les sentiments affleurent, envahissent, inondent, perturbent le lecteur dans sa soi-disant normalité.
Car, ceux qui comme moi n'auront pu résister à l'attraction d'un tel sujet, à cette façon de raconter, sans jugement, en toute honnêteté et respect, les difficultés, les différentes réactions trouveront dans S'adapter un apaisement, certainement, mais peut-être aussi réparation dans les mots énoncées souvent dans ce quotidien cachés.
La chronique avec photos ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2021/08/24/clara-dupond-monod/
Lien : https://vagabondageautourdes..
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"Un jour, dans une famille, est né un enfant inadapté. Malgré sa laideur un peu dégradante, le mot dirait pourtant la réalité d'un corps mou, d'un regard mobile et vide.
《Abîmé》serait déplacé,《inachevé》également, tant ces catégories évoquent un objet hors d'usage, bon pour la casse.
《Inadapté》suppose précisément que l'enfant existait hors du cadre fonctionnel et qu'il tenait, néanmoins, au bord des autres vies, pas complètement intégré à elles mais y prenant part malgré tout, telle l'ombre au coin d'un tableau, à la fois intruse et pourtant volonté du peintre."

"S'adapter" est le dernier roman de la journaliste Clara Dupont-Monod. Il a reçu le Prix Fémina et le Prix Goncourt des lycéens en 2021.

Dans ce livre, l'autrice parle d'une famille touchée par le handicap d'un enfant. Nous sommes alors dans les Cévennes, au coeur d'un petit village calme et paisible ouvert sur la nature, un lieu propice à la vie familiale.

Le texte est divisé en trois parties correspondant chacune à l'un des enfants de cette famille. Il ne sont pas nommés. A la première personne, ils racontent leurs sentiments envers leur frère, le regard des autres, et comment ils vivent avec le handicap. Il y a d'abord l'aîné, puis la cadette et le tout jeune, celui qui vient en dernier, après l'enfant différent.

L'aîné a une relation fusionnelle avec lui. Il ne veut jamais le laisser seul. Il lui parle, lui lit des histoires, lui tient la main. Son premier geste le matin, est d'aller le voir dans sa chambre. Il a une grande affection pour cet enfant qui ne parle pas, ne marche pas et ne réagit pas. "Il a comprit que l'ouïe, le seul sens qui fonctionnait, était un outil prodigieux. L'enfant ne pouvait ni voir, ni saisir, ni parler, mais il pouvait entendre. Par conséquent, l'aîné modula sa voix."

La cadette a un ressenti complètement inverse. Elle est révoltée et a une attitude de rejet envers son frère. Elle essaie de trouver sa place au sein de cette fratrie et doit malgré tout s'adapter.

Puis, il y a le tout jeune frère, celui qui arrive après "l'inadapté". Il est volontaire, vif et plein de vie mais son rôle au sein de la famille n'est pas très clair pour lui. Pourquoi ses parents ont-ils voulu un autre enfant ? Il s'interroge beaucoup et ressent le besoin de faire plaisir à tous.

Ce roman est vraiment très beau, humain et touchant. Il est très bien écrit grâce à une plume douce et délicate de l'autrice. J'ai beaucoup aimé la manière d'aborder le handicap d'un enfant à travers ses frères et soeurs qui doivent "s'adapter" à la situation. le fait de leur donner la parole et de les laisser s'exprimer librement est vraiment magnifique !

Une très belle lecture qui frôle le coup de coeur !

Lien : http://labibliothequedemarjo..
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Ce livre, qui relate le vécu d'une fratrie confrontée au lourd handicap de l'un deux, est, à mes yeux, exceptionnel.
Très bien construit (trois chapitres, un par enfant), il donne la parole successivement au frère aîné, à la soeur cadette, puis au dernier (qui naîtra plus tard). le lecteur peut suivre le cheminement de chacun au fil des années et des événements, en s'en imprégnant en profondeur.
Ces chapitres sont remplis de sensibilité, de subtilité, de tendresse, d'humanité. Il n'y a pas de pathos, mais à travers les mots judicieusement choisis, on peut deviner la souffrance que chacun vit à sa façon. Tous ces personnages (y compris les parents que l'on découvre à travers leurs enfants) sont lumineux, forts, courageux.
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Un roman qui semble quasi unanimement apprécié des babeliotes, 199 avis à 5 étoiles sur 327, et 84 avis à 4 étoiles, c'est rare.

Alors je ne vais pas faire long pour écrire toute mon admiration et mon émotion à l'égard de ce roman bouleversant, d'une grande humanité, tendresse et justesse de ton.

Comme beaucoup d'autres, j'ai été touché par l'histoire de cette famille qui va essayer de s'adapter à cet enfant né avec une maladie génétique grave, et qui se retrouve polyhandicapé. le récit de l'adaptation des enfants, le frère ainé, la soeur cadette, et le petit dernier qui naîtra après que cet enfant incurable ne meure, avec, en arrière-plan, des parents désemparés mais qui feront face, et en toile de fond ce pays rude de montagne, ce récit est admirablement mené, raconté comme si c'étaient les pierres d'un mur qui l'avaient vu (ça m'a fait penser à certains poèmes de François Cheng, et à ces philosophies orientales qui considèrent une liaison entre l'animé et l'inanimé), superbement construit et écrit.
Pas étonnant, pour une fois, qu'il ait eu le Prix Femina 2021, ainsi que le Goncourt des lycéens.

Et puis, ça fait du bien dans ce monde de brutes et de haines multiples, de lire un livre qui raconte avec douceur et tendresse, comment dans une famille touchée par le handicap d'un proche (et il y en a beaucoup) chacune, et chacun, essaie de s'adapter comme il peut. Et ceci, sans misérabilisme, sans pathos, sans occulter que c'est tout sauf facile, mais que seul l'amour compte.
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La montagne et les pierres sont immuables. Elles sont la mémoire du temps qui échappe à l'Homme, les témoins inébranlables des vies qui s'enchaînent les unes après les autres - vies qui tentent de s'adapter aux mieux -.

" Nous, les pierres rousses de la cour, qui faisons ce récit, nous nous sommes attachés aux enfants. C'est eux que nous souhaitons raconter. Enchâssées dans le mur, nous surplombons leurs vies. Depuis des millénaires, nous sommes les témoins. Les enfants sont toujours les oubliés de l'histoire."

Cette histoire, c'est l'histoire d'une famille vivant dans les Cévennes, dans laquelle naît un enfant différent.
" Inadapté".
Un enfant qui vient bouleverser le quotidien insouciant de l'aîné et de la cadette de la fratrie.
Chacun des deux réagira, s'adaptera de manière différente face à celui qui ne voit pas, qui ne marche pas, qui ne parle pas et auquel il faudra donner des soins particuliers.

C'est avec émotion et justesse que Clara Dupond-Monod, s'inspirant de son enfance, raconte par le biais des pierres entourant la maison, cette histoire de famille bouleversante.
On ne peut rester insensible à la patience et à la dévotion de l'aîné pour son petit frère, à la colère et à la rébellion de la cadette, au courage des parents et au questionnement du dernier né dans l'ombre de ce frère handicapé qu'il n'a jamais connu.
Chacun, à sa façon, s'adapte ou comme le dit l'auteure dans un interview : " Chacun à sa façon, au contact de cet enfant, va donc se révéler inadapté mais du coup, très équipé."

C'est un roman qui laisse des traces indéniablement, qu'on soit ou non, concerné par le handicap d'un enfant.
Il donne à réfléchir sur la place de chacun face à la différence, il laisse des portes ouvertes, rassure aussi et met l'accent sur l'indéfectibilité des liens familiaux.
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