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4,13

sur 4067 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Comment rendre compte d'un tel livre qui m'a bouleversée, m'a entrainée à l'intérieur de moi-même, d'où je ressortais les yeux pleins de larmes et où j'acquiesçais à toutes les vérités formulées de façon si poétique ?

Comment dire l'indicible, la souffrance devant ce petit être inadapté au monde, né le troisième de cette famille de la montagne ?

Comment chanter l'adaptation des membres de la famille : le papa, la maman, mais surtout, surtout « l'ainé » et « la cadette », ainsi que « le dernier », né après le décès du petit bonhomme handicapé ?

Comment raconter cet émoi, ce désir de protection absolue, cette peur devant tous les dangers, devant la faiblesse, de la part de l'aîné? Cette colère aussi, cette révolte, chez la cadette ? Et cette ignorance couplée à une harmonie intense avec le monde, chez le dernier ?

Comment détailler la lutte opiniâtre des parents pour que leur petit soit « bien » ?

Comment dénoncer l'attitude du monde « normal » face à cette famille qui elle, gravit chaque jour un degré de plus dans l'adaptation face au plus fragile, au plus inadapté ?

Chaque phrase, chaque mot explose ; les étincelles s'incrustent dans mon coeur pour y brûler encore et encore.
Quelle humanité ! Quel sens de la vie !

Clara Dupont-Monod, je l'aimais beaucoup, mais avec ce roman, elle rejoint mon panthéon des écrivains que j'adore, dont je ne pourrais me défaire, car ils m'aident à vivre, à ressentir, … à m'adapter.
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C'est un bon livre auquel j'ai mis une bonne note parce que le traitement du thème est original et qu'il est superbement écrit. J'ai pourtant peu apprécié ma lecture, n'arrivant pas à trouver crédible la réaction du fils aîné ou de certains autres personnages.
Un enfant inadapté naît dans une famille, il vivra plus longtemps que ne l'avait annoncé le médecin, sans doute parce que sa courte vie aura été heureuse.
L'histoire explore les réactions des frères et de la soeur. Elle est racontée par les pierres de la maison, ce qui induit une distanciation et ça n'en est pas le seul élément.
La fin est du livre est touchante et met les larmes aux yeux.
La famille de l'enfant vit dans les Cévennes, un pays magnifiquement décrit.
Les personnages sont nommés par leur position dans la famille, père, mère, aîné… Lorsque les narratrices (les pierres) parlent de l'enfant inadapté, elles écrivent « l'enfant ». Malgré cela, je n'ai jamais été perdue. En revanche, c'est un autre des éléments de distanciation que j'ai regretté.

Lien : https://dequoilire.com/sadap..
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J'avais lu avec plaisir deux livres historiques de cette auteure.
«  Chacun compte avec sa réserve de courage » .
«  Il ne peut aimer que dans l'inquiétude » .
«  La montagne imposait son roulis »
«  La montagne avait mis un manteau orange ,moucheté de vert » .
Quelques courts extraits de ce livre magnifique, déjà tant commenté que cette chronique peut sembler superflue.
Je ferai court si je peux…..
C'est l'histoire d'un enfant différent contée délicatement, l'histoire de sa place dans la maison cévenole où il naît , racontée par sa fratrie avec tant de dignité , de tendresse que chaque phrase , chaque mot écrit par l'auteure pourrait être retranscrit avec bonheur .

Vous ne le croirez pas mais ce sont les pierres de la cour qui tissent ce qu'elles entendent et voient : «  Seuls les enfants nous utilisent ,nous nomment , nous bariolent , nous peignent, nous détournent » ..
Construction très originale , récit incroyablement sensible et doux, l'anonymat donnant une profondeur inouïe au récit .

Cette plume délicate , éblouissante nous touche en plein coeur , entre l'ainé , tendre , abimé , angoissé , brisé , fusionnel avec l'enfant , le ressenti de la cadette , dans le dégoût et la colère de celui qui a détruit malgré lui l'équilibre, et la force tranquille du dernier qui saura réconcilier les histoires .
L'auteure parle du Père , de la mère , de l'aîné, de l'enfant , de la cadette , du dernier sans les nommer , pas de détails superflus, pas de pathos ,ce qui donne une belle épaisseur aux sentiments .
Un récit touchant ,marquant , profond, où l'émotion affleure à chaque page, ,juste sublime , une écriture tellement envoûtante , qu'elle enchante , fascine le lecteur jusqu'à la dernière ligne, mêlant
les descriptions au petit point d' ancestraux paysages cévenoles, aux pierres aux reflets cuivrés , à la bonté , aux larmes , à la vie portée à bout de souffle, ni craintive , ni combattante , juste là ..

J'ai du mal à qualifier une telle pépite , lumineuse, magnifique ,forte, pétrie d'humanité !
Dire que je redoutais de le lire ! .
Ce roman familial doublé d' un hymne à la vie est une superbe réussite littéraire !
Pas étonnant les trois prix reçus , bien mérités par Clara . D. M. ! .
Joli travail !
«  Chacun compte avec sa réserve de courage » .
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Tout semble aller pour le mieux dans cette famille cévenole, le nouveau-né est présenté à la famille réunie, et devant le handicap, tout est chamboulé. On ne saura jamais les noms des protagonistes, ce seront : l'aîné, la cadette et le dernier et bien sûr les parents.

Chacun va réagir à sa manière, quand il faudra se rendre compte de l'inévitable : l'enfant est atteint d'une maladie génétique rare, il ne marchera jamais, car les muscles ne fonctionnent pas, il ne voit pas. le médecin leur a prédit qu'il ne vivrait pas au-delà de ses trois ans.

Bien sûr, l'auteure évoque toutes les difficultés auxquelles se heurtent les familles : in suffisance de structures adaptées, les accès insuffisants pour les personnes à mobilité réduite, l'aide médicale et psychologique tellement limitées elles-aussi, mais ce n'est pas le propos du livre.

J'aime beaucoup les récits historiques que nous livre d'habitude Clara Dupont-Monod et j'ai eu immédiatement envie de la suivre dans ce nouveau « cadre » et elle m'a littéralement envoûtée.

J'ai beaucoup aimé ce récit : l'auteure a choisi de donner la parole aux pierres de la maison pour raconter comment les choses se passent, dans cette région des Cévennes où la nature impose ses droits, avec les rivières qui décident où elles veulent aller, avec ses inondations, ses « tempêtes ». La Nature est dure et, comme la vie, elle ne fait pas de cadeaux, reprend ses droits.

J'ai retrouvé, avec un immense plaisir, la très belle plume de Clara Dupont–Monod qui, une fois de plus, nous donne un récit puissant, plein de sensibilité, et fait réfléchir le lecteur : comment se serait-on comporté à la place de ces trois enfants : sauveur, victime, précocement adulte pour soulager les parents ?

Un grand merci à NetGalley et aux éditions qui m'ont permis de découvrir ce roman et retrouver son auteure.

#Sadapter #NetGalleyFrance

Troisième coup de coeur de cette rentrée…
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Un roman parlant d'un enfant handicapé, raconté par des pierres, sans que les noms des personnages ne soient donnés. J'avoue que j'ai hésité un peu, mais quelques belles critiques m'avaient décidée (Merci Jean-François, Yves et les autres)
Effectivement ce sont les pierres qui parlent, qui nous racontent comment cet enfant inadapté a bouleversé la vie de cette famille, et surtout la fratrie: l'ainé qui va s'en occuper tendrement, la cadette qui va se rebeller et puis porter la famille à bout de bras, et enfin le dernier qui bien que né après son décès le porte en son coeur :
« Il aurait aimé enlacer cet enfant pour le protéger. Comment était-il possible de regretter autant quelqu'un mort avant soi, se demandait-il, et cette question était un vertige. »
Ce texte aurait pu être difficile, il reste délicat, aérien. D'une écriture lumineuse, l'auteure décrit comment chacun s'est adapté à l'inadapté.
« Elle s'adaptait, sous nos yeux, comme l'avaient fait son frère, ses parents, et tant de gens avant eux, gagnant chaque fois notre admiration. Dira-t-on un jour l'agilité que développent ceux que la vie malmène, leur talent à trouver chaque fois un nouvel équilibre, dira-t-on les funambules que sont les éprouvés ? »
Ce qui m'a frappée le plus dans ces pages, c'est la profondeur de l'amour qui existe dans cette famille. Même la cadette, après avoir choisi la révolte, va changer pour sauver sa famille, la maintenir à flots et elle nous fait comprendre combien la vie a pu être compliquée pour eux.
Cet amour si bien résumé par ces quelques mots de la mère :
« Se pencha vers le père et lui dit, à voix si basse que personne ne put entendre : « Un blessé, une frondeuse, un inadapté et un sorcier. Joli travail. » Ils se sourirent. »
Joli travail, madame Clara Dupont-Monod
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Clara Dupont-Monod a remporté la semaine dernière le prix Landerneau. Elle remporte aujourd'hui le Prix Femina. Mon avis de lectrice sera une goutte d'eau au milieu de ces récompenses et des nombreux avis élogieux qui fleurissent ça et là, mais je préfère le considérer comme une pierre de l'édifice qui permettra à ce roman de briller encore et d'atteindre le coeur de milliers d'autres lecteurs. Et de pierres, il est justement question dans S'adapter : elles sont des spectatrices discrètes et des narratrices loquaces. Elles retracent la vie d'une famille cévenole dont un des enfants est né handicapé, ou plutôt « inadapté ». À ses côtés, évolue l'aîné qui ne vit que par et pour son frère, qui l'entoure d'une chaleur bienveillante et d'un amour incommensurable, qui s'oublie dans cet altruisme fascinant. La cadette, elle, s'échappe dès qu'elle le peut, elle fuit cet être pour lequel elle n'éprouve que dégoût et détestation, elle fuit son frère aîné aussi, elle veut vivre et son énergie n'est pas compatible avec l'état végétatif de celui qui monopolise l'attention de tous. Et puis il y a ce dernier enfant, celui qui vient après, dans l'ombre de celui qu'il n'a pas connu et qu'il cherche à saisir, ce dernier enfant qui resserre, sans y penser, sans le vouloir, par sa seule présence, des liens qui s'étaient étiolés…
Sans jamais tomber dans le pathos, Clara Dupont-Monod livre un roman lumineux qui explore avec une grande sensibilité le thème du handicap et les difficultés qui en découlent. Aucune réaction n'est valorisée ou dénoncée ; au contraire, chacune est présentée avec finesse et intelligence, sans jugement, et les émotions, analysées en profondeur, ne paraissent ni excessives ni faussées. Tout sonne vrai. La sincérité et l'humanité de l'autrice ne font aucun doute. La richesse du propos est en outre sublimée par un style poétique qui m'a littéralement subjuguée. Un magnifique roman !



Lien : http://aperto-libro.over-blo..
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Avez-vous remarqué comme il n'est pas besoin de beaucoup de pages pour être transporté dans un état second , au dessus du temps , entièrement avalé par l'émotion d'une lecture , une sorte de stupeur qui rend le monde autour de nous inexistant ...

C'est ce qui s'est produit avec ce court roman de Clara Dupond-Monot qui trouve d'emblée une justesse dans l'écriture , une grande délicatesse dans le ton .

L'arrivée du troisième enfant dans une famille jusque là "sans histoire" marque pour les parents la fin de l'insouciance lorsque le diagnostic ne laisse aucun doute . L'enfant sera différent ...

Le récit est conté par les pierres de cette maison cévenole marquant tout de suite l'importance de la nature dans la vie de cette famille, la montagne, , la rivière , les arbres , la maison elle-même, observateurs muets mais précieux, une présence rassurante pour chacun .

Les trois parties sont consacrées aux enfants : l'ainé , celui qui protège et dont la vie va tourner autour de l'enfant comme une lumière dont il devient l'ombre .
La soeur cadette , elle, n'est que révolte, déni . L'enfant lui a pris l'ainé , brisé l'harmonie simple de la famille .
Le dernier, celui qui arrive après et qui apprend à vivre avec la présence-absence de l'enfant.

Tout est bouleversant, les mots sont justes, débordant d'amour et d'émotion .
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Si les murs ont des oreilles, « les pierres rousses de la cour » de cette maison cévenole, quant à elles, prennent la parole pour raconter la vie d'une famille dont elles sont témoins. Mais par gratitude, elles s'intéressent aux enfants, « les seuls à les prendre pour jouets », une fratrie de trois.

Clara Dupont-Monod entre dans le vif du sujet dès la première phrase. « Un jour est né un bébé inadapté ». Après une description de l'environnement, elle détaille comment la mère a décelé les premiers signes, seulement après trois mois. le diagnostic provoque un tsunami chez les parents. Les interrogations témoignent de leur détresse : «  Pourquoi nous ? ».
Le père convoque ses deux enfants pour les en informer.

Il y a des traditions à Noël, les pierres servent de support aux guirlandes qui accueillent les invités. Dans la montagne, on dépose des bougies pour faciliter l'atterrissage du Père Noël. Des cousines protestantes encouragent à faire preuve de «  loyauté, d'endurance et de pudeur ».
On découvre les gestes protecteurs de l'aîné pour cet enfant fragile, différent, puis le rituel qu'il adopte chaque matin, presque un rôle maternel. Cette relation fusionnelle est exemplaire. L'aîné a compris le pouvoir de la nature. Quelle scène bouleversante et lénifiante lors de cette osmose : une fois «  le corps déposé avec délicatesse à l'ombre d'un sapin, l'aîné frotte les aiguilles qui libèrent un parfum de citronnelle et les lui passe sous le nez ». « Le monde vient à eux », comme « les libellules turquoise ». Pour l'aîné, « la montagne est accueillante, comme le sont les animaux », elle permet le recul, un pas en arrière du monde ».
On comprend que dans ces lieux montagnards, l'aîné trouve un refuge, qu'il ne sera pas confronté aux regards des autres, ce qui lui épargnera aussi les réflexions cruelles, déplacées, blessantes de personnes qui manquent d'empathie, au point de lui dire : « Pourquoi garder de petits singes ? »
Il est étonnant de plonger dans ses pensées au retour du collège, soucieux du bien-être de « l'amateur du transat », des questions concernant davantage les parents. Ces mêmes inquiétudes l'habitent quand l'enfant est placé dans un établissement tenu par des soeurs, d'autant qu'il lui manque. Devant changer sa routine pour combler le vide de l'absence, il s'investit encore davantage au lycée.

Il se montre aussi protecteur envers sa cadette. Moins consciente de la réalité, cette soeur prend l'enfant pour une poupée, voire une marionnette, elle ne lui manifeste aucune tendresse. Au contraire, elle est souvent en colère , jalouse de cet enfant qui l'isole, l'empêche d'inviter ses amies et la prive d'une relation exclusive avec son aîné avec qui elle aimait «  monter vers les drailles ». Une fois elle est même surprise à donner un coup de pied dans les coussins où est étendue « la réplique ratée » de son frère aîné. La honte l'habite. Les narratrices soulignent cette attitude  « propre aux humains et aux animaux : la fragilité engendre la brutalité ». Pour la cadette, « l'enfant a pris la joie de ses parents, transformé son enfance, confisqué son frère aîné ». Sa présence encombrante la dégoûte, il est devenu le grain de sable qui a perturbé la cellule familiale.
La cadette, pour qui «  la nature est d'une cruelle indifférence », trouve, enfant, du réconfort auprès de sa grand-mère. Elle admire ses dons à reconnaître les «  piaillements d'une bergeronnette », à faire la différence entre un néflier et un prunier. Une grand-mère dévouée, qui « lui offre une normalité », lui fait découvrir des paysages grandioses », lui apprend les caractéristiques des arbres et lui raconte sa propre enfance dans les magnaneries, son voyage de noces au Portugal. Ensemble, elles ont confectionné des gaufres à l'orange et nous font saliver comme Florence Herrlemann avec les madeleines de son épistolière Hectorine. En lui offrant un yo-yo, elle lui transmet une leçon de vie : « Car dans la vie,  il y a des bas mais ça remonte toujours ».



Le bébé étant aveugle, les odeurs prennent une place primordiale, et l'aîné, pourtant seulement âgé de dix ans, a perçu leurs pouvoirs (ainsi il le caresse avec de la menthe), tout comme il accorde de l'attention aux bruits et au toucher. Ainsi il s'efforce de sensibiliser l'enfant à la pluie.
Il le familiarise avec le contact de la feutrine, des petites branches de chênes, des noisettes ou « la forme cabossée des reinettes »...
La famille fait entrer les sons de la montagne (« La maison résonne du bruit des cascades, des cloches des moutons, des bêlements, d'aboiements de chiens, de cris d'oiseaux, de tonnerre, de cigales » ). de même, on allume la radio.
Très vite est soulevée la pénurie d'établissements capables d'accepter de tels enfants quand ils grandissent, ce qui cause le désarroi des parents. Les pierres narratrices , « gardiennes de la cour », voient les parents partir des journées entières pour «  des marathons administratifs ».
En filigrane, l'aîné rend compte du parcours de combattant des parents en général face à ce « no man's land des marges »,pointant la solitude de ces familles, au point de nourrir « une haine inextinguible envers l'administration », toute cette bureaucratie.


Si la cadette, installée à Lisbonne, a mis au monde trois enfants, l'aîné trentenaire, se lie très peu et restera sans enfant. Il aurait été en permanence dévoré par l'angoisse, lui l'intranquille, qui « ne peut aimer que dans l'inquiétude » quand ses neveux et nièces sont là.
C'est seulement aux vacances que la fratrie se retrouve chez les parents.


Après la disparition de l'enfant ,on peut se demander comment le couple va résister à cette douloureuse épreuve. La famille va-t-elle rebondir ou se disloquer ?
Vont-ils envisager de prendre le risque de donner naissance à un autre enfant, comme une « consolation »? Si un petit dernier arrive, comment va-t-il être accepté par ses aînés, d'autant que l'ombre du disparu hante les esprits et le coeur ? Laissons le lecteur découvrir le dernier volet.

La scène de la photo finale, immortalisée par la mère, redonne le sourire et espoir aux parents.


L'empreinte du lieu infuse le récit : «  Habiter là, cela voulait dire tolérer le chaos ».
L'aîné se rallie à un proverbe des Cévennes : « il ne fallait pas se révolter ».
La plume de Clara, telle une caméra, scrute les moindres détails des visages, des corps. La force du récit tient à ce que ce soient des pierres,supposées insensibles, qui réussissent à émouvoir autant le lecteur. de plus elles apportent une touche de poésie. Un récit tout en délicatesse, qui engendre l'empathie, ponctué par le verbe «  s'adapter », ce que chacun des personnages doit réussir à accomplir. On ne peut qu'être touché par ce que vit, a vécu cette famille anonyme, surtout quand on sait que l'auteure a été elle-même, éprouvée aussi par un tel drame.

L'écrivaine signe un conte intemporel, original du côté des narratrices, qui prend aux tripes.
Il atteint une portée universelle, en s'abstenant de donner des prénoms à ses personnages. Elle met en exergue un amour fraternel intense, hors norme qui connaît des fluctuations et rappelle combien le handicap n'est pas pris en compte de la même manière selon les pays. Ainsi la France accuse du retard. Clara Dupont-Monod explore aussi l'amour au sein d'une fratrie, « cet amour fin,volatil, mystérieux ,reposant sur l'instinct aiguisé d'animal » qui permet d'échanger sans mots ni gestes.
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Ce sont les pierres rousses de la cour enchâssées dans le mur qui nous font le récit. Elles sont les témoins de leur vie depuis des millénaires. Elles nous racontent l'arrivée d'un enfant handicapé dans une famille. Nous allons suivre cette histoire à travers les yeux de la fratrie. L'aîné, la cadette et le dernier, né après la disparition de ce frère différent.

Dans ce roman lumineux et délicat où la nature est omniprésente Clara Dumont-Monod, traite du sujet difficile du handicap et l'impact que cela a sur toute une famille, les parents bien-sûr mais surtout les frères et la soeur, chacun va devoir s'adapter. L'aîné qui va n'avoir de cesse de protéger ce petit frère jusqu'à en perdre son identité, la cadette qui va transformer sa colère, face à cet enfant qui accapare l'attention de tous, en une force pour empêcher la noyade de sa famille. Et le petit dernier qui vit dans l'ombre de ce frère disparu omniprésent.

Un roman sublime, un style et une écriture au service d'un sujet bouleversant, qui, à mon avis, n'a jamais été raconté d'une façon aussi intime et poétique. Difficile d'en parler davantage car « s'adapter » fait partie des récits que l'on ressent au plus profond de soi.

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Quand un enfant dit anormal apparaît, c'est plutôt compliqué pour ceux qui l'entourent. Jean-Louis Fournier dans son roman Où on va papa? déclare : "Que ceux qui n'ont jamais eu peur d'avoir un enfant anormal lèvent la main .Personne n'a levé la main .Tout le monde y pense , comme on pense à tremblement de terre , comme on pense à la fin du monde ,quelque chose qui n'arrive qu'une fois .J'ai eu deux fins du monde ."
Dans S'adapter, il est question d'un enfant inadapté. Cette histoire est racontée par les pierres de la maison (ne dit-on pas malheureux comme des pierres?) qui vont observer ce qui se passe dans ce foyer dans lequel les enfants n'ont pas de nom : L'aîné qui va porter toute son attention sur l'enfant, la cadette qui aimerait capter toute l'attention de son aîné, le dernier qui va rechercher l'attention de cet enfant qu'il ne connaît pas et puis, il y a l'enfant, pas tout à fait vivant mais pas encore mort, qui va concentrer toute la curiosité de ses frères et soeur et ce sont eux qui vont S'adapter à cette présence et c'est lui qui va leur apporter à tous la connaissance nécessaire qui le leur permettra.
Roman bourré de sensibilité, d'amour pur, écrit par une très belle plume, avec beaucoup de force, beaucoup de pudeur et sans trop s'apitoyer.
On ne peut que vibrer d'émotion à la lecture de ce beau récit qui touche à ce qu'il y a de plus intime dans une famille touchée par ce genre d'événement!
Magnifique! Coup de coeur!
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