J'ai entendu comme tout un chacun parler des Fralibs, mais de loin. Je m'étonnais qu'ils gagnent tout le temps au tribunal, mais que la lutte ne prenne jamais fin. J'en savais suffisamment pour trouver leur lutte légitime et l'attitude de leur direction injuste et obscène, pour vouloir les soutenir en achetant leurs produits... j'ignorais à quel point tout cela était vrai, et plus encore !
Les Unilever de Gémenos se sont formés, savent faire du thé nature ou parfumé de qualité. Une nouvelle direction arrive, installe une boîte à idées et leur demande comment faire pour améliorer la production. Quelle chance, se disent les naïfs, on va enfin nous écouter et arrêter le gâchis. A leur grande surprise, la direction met très exactement en place LE CONTRAIRE de ce que les ouvriers ont préconisé en toute bonne foi. Donc en face on ne souhaite pas vraiment que la situation de l'entreprise s'améliore : on est venu fermer et licencier...
Depuis un an environ, il ne me paraît plus aussi incroyable qu'aient régné un tel arbitraire, une telle impunité (je parle de la direction), un tel deux poids-deux mesures ; il n'empêche que c'est tout à fait vrai et que ce qui commence arriver dans les services publics (le pourrissement volontaire de secteurs sains, quel qu'en soit le coût social, pour avoir crédit à démanteler et supprimer) est depuis longtemps en vigueur dans le secteur privé... que c'est immonde, immoral, injuste !
Sur la forme de cette pièce de théâtre, je crois comprendre 36 monologues de Fralibs différents, rapportant après coup les événements dans leur ordre chronologique. Fausse versification, comme dans Charlotte, mais bien moins artificielle et qui se comprend comme la restitution du souffle du souvenir et du sentiment. J'ai beaucoup moins adhéré à la reconstitution de l'accent marseillais, façon soupline-lavandeu, qui sent l'artifice : répétition presque systématique de l'idiotisme "t'y" au lieu de "tu", comme doncque, contrairement à avecque qui est effectivement plus fréquent. Et comme c'est toujours sur les mêmes mots et avec les mêmes tournures que c'est fait, j'ai eu l'impression étrange que ce n'étaient pas 36 personnes qui parlaient mais une seule.
J'ai appris au passage avec intérêt que les thés sont désormais aromatisés aux arômes artificiels (chez Unilever, mais les Fralibs ont arrêté ça), ce qui explique que, pendant longtemps, le thé dans les boîtes en fer ne sentait plus rien : l'arôme artificiel ne se dégage qu'au contact de l'eau. Unilever a trouvé la parade en enduisant l'intérieur des boîtes d'un produit odoriférant, très dangereux pour la santé...
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